pensée discernable. Le « seuil du monde », c'est le seuil dernier de la méditation possible, où l'esprit s'achemine de tout l'effort de son activité passionnée. Soucieux de donner à sa réflexion un caractère d'absolu, il s'est attaché à résoudre l'antinomie du temps et de l'éternité…
De cette heure-ci, vers celle-là, il n'est,
Il n'est qu'un pauvre instant — le seul ! — le dernier-né ; Peut-être, en fixant ma cécité Sur là nuit qui vient ou le jour qui point,
(Tel d'une barque on voit venir la côte au loin)
Verrai-je venir l'Eternité…
Les images tumultueuses de la vie, fébriles et palpitantes du rêve qui les suscite, ont défilé, lentes ou vives, provenues des paysages spirituels, et celles-ci ardentes, et celles-là souriantes, — celles-là surtout, les toutes simples et toutes bonnes, émanées du jardin d'enfance, du bel avril, de l'herbe neuve. Mais elles surgissent dans l'angoisse et dans le tourment de la pensée, lasse définitivement et qui hasarde son dernier battement d'aile. Et la plus douce alors, la plus tendre et apaisante se présente, à jamais câline même dans l'effarement de l'heure, —
la tienne, Mère,... Maman !...
mais, décevante elle aussi, tant elle passe lointaine avec, — elle, la familière, — son sourire d'Éternité !…
D'autres poèmes, où l'analyse est moins intense, moins extraordinaire, offrent encore d'intéressants aperçus, des trouvailles de psychologue, sans parler de leurs belles ou
charmantes qualités d'art. Ainsi, dans le poème du Porcher, il y a une très pénétrante étude du souvenir, du va-et-vient de la mémoire, de l'évocation successive