FRANCIS VIELÉ-GRIFFIN
Il n'y a pas de chanson plus gaie et plus allègre ; il n'y a pas de rêverie plus pénétrante et attristée. L'oeuvre de ce poète, d'un charme divers, est telle qu'un souriant visage voilé de pensive mélancolie.
La poésie de Vielé-Griffin séduit d'abord par son élégance et sa grâce parée. Puis on l'aperçoit très complexe, ardente, morne, joyeuse, douloureuse et réfléchie, et, dans sa douceur même, très passionnée, dans son intime recueillement très émouvante.
Elle est digne encore d'admiration pour le noble souci d'art qu'elle révèle. On la sent uniquement attentive à l'idéal qu'elle entrevoit et dont elle dédaignerait de se laisser distraire. Elle n'est point curieuse de popularité et elle ne cherche d'autre assentiment que celui d'une conscience très scrupuleuse de poète. S'adressant un jour « aux jeunes gens pressés », l'auteur de la Chevauchée d'Yeldis écrivait : « Savez-vous qu'on a peur de nommer trop haut celui qu'on estime, de peur que la gloire ne l'enlève, et le gâte, et l'annule ?… N'est-il pas de garanties contre la gloire (1) ?… »
(1) L'Ermitage, avril 1900, « Notre Gloire ».