Les Positivistes se troif myst lorsqu'ils crurent pouvoir expliquer totalement Tout Connaissable en faisant abstraction de l'Inconnaisable. Ils se trompèrent lorsqu'ils crurent pouvoir établir une nette et définitive démarcation entre ces deux domaines. La séparation du Connaissable de l'Inconnaissable est un procédé commode, auquel on peut recourir pour faciliter certaines recherches particulières, parce que la pensée humaine procède analytiquement. Mais il doit être bien entendu que ce n'est là qu'une abstraction provisoire. Car le mystère n'est pas extérieur au réel, il est dans le réel même ; l'Inconnaissable ne côtoie pas le Connaissable, il le pénètre. Et, pour reprendre la comparaison de Littré, ce qu'il faut dire, ce n'est pas que le ténébreux océan batte les bords de l'île tranquille, mais plutôt que toute l'île est imprégnée des brumes épaisses qu'il dégage. Il n'y a pas seulement du mystère au delà des faits constatés, le mystère est au coeur même des stricts résultats de l'expérience.
Ces considérations suffisent pour restituer à la métaphysique ses droits. Celle-ci n'a pas seulement une raison d'être comme représentation provisoire du réel inexploré, mais elle doit s'unir intimement au positivisme le plus précis afin d'exprimer l'indéfectible union du naturel et du surnaturel.
Et telle fut la valeur profonde de la réaction qui s'est produite-en France, depuis quinze ans, en faveur de la métaphysique. Les manifestations en ont été nombreuses,