missante qu'on dirait, dans leur chant, la clameur même de l'âme humaine dans le tourment de ses aspirations insatiables :
Qu'il vienne à nos exils, et vers nos seins et vers nos lèvres,
le Bienvenu d'amour, sùr d'être celui-là,
qu'il vienne à notre exil
le Bienvenu d'amour, sûr d'être celui-là,
vers l'offre de nos seins gorgés et l'ardeur de nos lèvres !
Et nous irons vers lui qui vient de l'occident,
dans le frisson et dans le rire de nos dents...
D'autres sont venus déjà, avec des rires, avec des cris, faciles triomphateurs et décevants, marchands de Tyr et de Carthage, qui passaient supputant des nombres sur leurs doigts, et puis la troupe bariolée des bouffons et des astrologues, et les chevaliers en route vers les graals, et les pèlerins, besace au côté, et les Apôtres, drapés en gestes d'Évangile, et les Barbares en hordes tumultueuses, — foules diverses qui apparurent comme de vains espoirs à l'horizon vide, et ne s'arrêtèrent pas. Mais lui,
le Bienvenu d'amour, sûr d'être celui-là, viendra-t-il, quelque soir, vers l'exil de nos lèvres en le cortège des flûtes ou dans l'éclat des tambourins grondeurs et des trompettes brèves? Viendra-t-il des vergers, des glaciers ou des fleuves, doux moissonneur, lier en gerbes nos cheveux ?
Pâtre des monts de neige où, stalactites, pleurent les clairs cristaux de gel dardés et douloureux ?…
Ainsi se continue la cantilène d'amour ; elle se mêle de plaintes vagues, de cris de désir, adoucie parfois et calmée dans de brefs relâches, puis comme hallucinée du bonheur pensé plus proche, coupée d'appels, hale¬