stituait sous la forme d'une enquête critique la science de l'histoire, il livrait aussi ses méthodes aux littérateurs. Les romanciers conçoivent leur art, non plus comme une oeuvre plaisante d'imagination, mais comme une reproduction très documentée du réel. Ils observent, ils prennent des notes, ils font des expériences, et leurs : romans sont le résumé de leurs constatations. Ils s'efforcent d'être impersonnels et prétendent à ne pas déformer par leur vision spéciale l'objet de leur étude. Ils se mettent, du mieux qu'ils peuvent, dans l'état d'esprit du savant en présence de la Nature. Et s'ils n'y réussissent qu'à demi, — très heureusement, pour la plupart d'entre eux, — c'est bien contre leur gré. Du moins tâchent-ils tous d'être des observateurs « pour qui le monde extérieur existe ».
Les Parnassiens procèdent à peu près de même. Voyez leurs descriptions de la Nature. Elles sont minutieuses, précises, exactes. Elles ont la parfaite loyauté d'un inventaire bien fait. Elles n'omettent aucun détail important, elles copient consciencieusement, chaque chose à sa place, en bonne lumière, afin que nul détail ne se noie d'ombres équivoques. Les Orientales de Hugo scandalisent Leconte de Lisle, parce qu'il y trouve trop de fantaisie ; ses Orientales, à lui, sont beaucoup plus véridiques et d'une authenticité garantie. .. L'histoire ? Dans l'histoire comme dans l'exotisme, Hugo n'était pas extrêmement scrupuleux : il inventait des noms de héros pour la. rime, créait des villes pour son plaisir et combinait des luttes de peuples pour la seule joie de son imagination. Voilà de quoi choquer José-Maria de He-redia. C'est qu'entre la Légende des siècles et les Trophées, la critique historique a fait sa besogne. Et si, dans