choses l'observateur le plus sagace. L'art est réaliste ou symboliste.
Or, un très grand nombre d'écrivains, aux alentours de 1885, se manifestèrent comme symbolistes. On était alors sous l'influence immédiate du réalisme, on fit donc mauvais accueil à ces novateurs imprévus ; on ne voulut voir dans leurs tentatives qu'une bizarre affectation de littérateurs désireux d'étonner le public. Mais, depuis quinze ans qu'elle dure, cette école a fait ses preuves. On lui réclame, avec impertinence, des oeuvres : elle en a donné d'admirables. En outre, il convient d'établir que la doctrine symboliste est parfaitement fondée dans ses prétentions ; que celles-ci, loin d'être déraisonnables et futiles comme on affecte de le croire, résultent au contraire d'une très profonde et très intelligente esthétique. Et surtout il me plairait de démontrer que le Symbolisme n'est pas un caprice de quelques poètes, mais une forme littéraire dont l'apparition et le développement, dans notre poésie contemporaine coïncident avec tout un ensemble de circonstances diverses qui l'expliquent et la légitiment.
La poésie parnassienne est réaliste, ainsi que le fut ; toute la littérature de cette époque-là. Très naturellement, puisqu'elle était contemporaine du grand mouvement positiviste qui, vers le temps du second Empire, emporta toute la pensée française. L'influence du positivisme se fit alors sentir dans toutes les manifestations de l'activité intellectuelle, et, tandis qu'il donnait aux sciences naturelles un prodigieux élan, tandis qu'il con¬