proprement parler, de cas et de modes », les cas et les modes usuels, ainsi que les désinences y afférentes, étant très loin de suffire aux exigences indéterminables de la représentation. De même, et en conséquence toujours de ce principe qu'il faut multiplier les usages du mot suivant la multiplicité phénoménale, « il n'y a pas de terme exactement adjectif ou substantif », mais tout mot peut être employé, au gré de l'écrivain, comme tel ou tel ; tout infinitif verbal peut devenir un substantif ; — tout verbe neutre peut avoir des emplois actifs, etc...
Kahn ne se borne, du reste, pas à donner ces principes comme les siens propres, mais il les considère aussi comme ceux de tous les écrivains symbolistes qui alors multipliaient les néologismes sans peut-être apercevoir nettement la loi de leurs innovations verbales.
A vrai dire, la théorie linguistique que voilà n'est pas indiscutable. L'évolution des langues humaines, telle que Kahn la présente ici, n'est pas évidente et le point de départ qu'il prend dans les écritures idéographiques est sujet à caution. Mais surtout, est-ce que le pouvoir d'un écrivain sur la langue est jamais tel qu'il puisse utilement dire : « Une modification de la langue (dans tel ou tel sens) s'impose », et proclame, par exemple, l'abolition des cas et des modes ?...
Quoi qu'il en soit, je ne sache pas que Kahn soit jamais revenu sur ces contestables théories grammaticales. Il est encore à noter qu'il ne les a pas non plus appliquées dans toute leur rigueur, et que, si l'on trouve, dans les Palais nomades, un certain nombre d'audaces conformes à ces principes, il s'est, du moins, montré, dans ses ouvrages ultérieurs, de plus en plus réservé à cet égard.