Glaciers, soleils d'argent, flot nacreux, cieux de braises, Ëchouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient des arbres tordus avec de noirs parfums! J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. Des écumes de fleurs ont béni mes dérades.
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La Mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais ainsi qu'une femme à genoux,
Presqu'île ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds Et je voguais lorsqu'à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir à reculons.
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau, Moi dont les monitors et les voiliers des Hanses N'auraient pas repéché la carcasse ivre d'eau, Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d'azur,
Qui courais taché de lunules électriques^
Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les Juillets faisaient crouler à coups de triques Les deux ultramarins aux ardents entonnoirs,