mètres. Maintenant seulement (4 heures) il cesse de pleuvoir.
23 mars 1915.
La maison, ma chère, vient de retentir d'un bruit de discussion entre R. et moi.
Il s'agissait de préciser un fait de la bataille de Crouy. Pendant la terrible journée de bombardement de la cote 132, R. a passé une partie de l'après-midi à l'abri dans une guitoune. Or il prétend n'y avoir passé qu'un temps minime. Je n'admets pas qu'on blague sur ces choses-là. Notez que cela n'a rien de honteux de se mettre à l'abri pendant un bombardement de ce calibre-là. Les guitounes sont faites pour cela c'est même un devoir pour les hommes des tranchées. Mais quand on s'est mis à l'abri la moitié du temps, il faut dire carrément « J'étais à l'abri n J'aurais trouvé la place de me caser, je l'aurais fait. Mais n'ayant pas trouvé et n'ayant pas voulu le faire en jouant des coudes, je puis dire, avec quelques soldats de ma section cinq ou six peut-être que nous avons été à nu dans les tranchées de la cote 132, avec nos seules musettes sur nos têtes, la journée du 9, du matin jusqu'au soir.
Midi. Je vois dans Le Matin d'aujourd'hui que je suis nommé vice-président de la Société des Gens de lettres. Cet important hommage de la part de G. Lecomte et de mes collègues me touche beaucoup, et c'est fort gentil de leur part. Mais je me demande ce qu'il faut faire. Je suis hors de condition pour le moment, d'occuper effectivement ce siège envié de vice-président, si la guerre se prolonge. Mon premier mouvement a été d'écrire à G. Lecomte en le remerciant, ainsi que le Comité, et en lui disant que je leur donnerai ma démission, si la guerre ne touche pas à sa fin dans un temps très court. Voulez-vous voir Lecomte à ce sujet, lui faire part de mon état