dîner. C'est long à tirer, des factions pareilles on a sommeil et pas très chaud mais ce n'est tout de même pas terrible. Les chaufferettes japonaises insérées dans les poches du devant de ma chemise anglaise, la rose à gauche et la bleue à droite, tiennent lieu de calorifère et de feu de bois, d'une façon extraordinaire. Chaque charbon dure de quatre à cinq heures. Quant au sommeil qui venait vers la fin de la faction, c'était après tout possible de le surmonter, et il ne faut pas confondre des ennuis de ce genre avec de vraies souffrances. Grand calme sur la ligne ennemie. A 9 heures et demie on a vu une explosion une maison qu'ils faisaient sauter pour dégager le champ visuel d'une de leurs tranchées. De la canonnade, de la fusillade, mais loin, à gauche et à droite. J'ai dormi de une heure à 6 heures environ et me suis bien reposé. A 9 heures j'ai repris la tranchée jusqu'à midi et demi. Il faisait assez froid. Repos jusqu'à 6 heures. A 6 heures prise du petit poste jusqu'à 5 heures du matin. Certes, je mentirais si je disais que j'espère y avoir très chaud le temps, si beau dans la journée d'hier, tourne au froid et au brouillard.
Je n'aurai rien de vous ce soir, nous partons avant la distribution. Ce n'est qu'en rentrant avec le jour que je pourrai prendre connaissance de ce qu'il y a dans les enveloppes à moi adressées, et surtout dans la vôtre.
J'attends avec impatience le petit pige-tout. Je vous expédierai les pellicules développées, à plat, dans les lettres. Ça nous distraira de développer quand nous serons au cantonnement de repos. Nous avons ce qu'il faut comme produits et papiers. Ce sera en effet très amusant tout cela. Il faudra, par exemple, avoir un album où vous collerez sérieusement toutes les épreuves, après les avoir bien longuement et soigneusement lavées, et que nous garderons pour nous, afin qu'il y ait une collection complète.
A propos de patrouille Non, je ne suis pas tou-