botté. Je commence à en avoir l'habitude. A Aumont, je me coucherai dans la cave, avec une botte de paille, non sans avoir fait une tranchée dans le pré pour le fortifier et défendre le jardin. Il faut acheter un chapeau neuf.
Au revoir ma fifille.
Je rouvre ma lettre après une nuit de tranche. Il ne devait pas y avoir tranche, mais il y en a eu tout de même. Pas de pluie. Ce matin, bruine et brouillasse. Pour la journée, on a quitté la tranchée et on est venu dans cette petite maison-ci. Je me suis étendu sur un sommier. Douceur inexprimable d'un sommier J'en avais perdu le souvenir. Mettre un matelas par-dessus, cela me parait un surcroît insensé de luxe 1
jeudi, 11 février IÇ15.
Je reviens de faire un beau travail un bout de tranche magnifique, « à pioches et à pelles ». Je suis tombé sur un segment où des tombereaux de vaisselle cassée furent jadis enfouis, ainsi que des boîtes de conserves antédiluviennes. Cette exhumation de fossiles fut laborieuse. Elle fut, néanmoins, au bout d'un nombre considérable de minutes, menée à bonne fin, et le dépôt de porcelaines et ferrailles en question passa doucement, par couches, du fond de la terre à la crête du talus. Aujourd'hui, je ne fais rien de tout l'après-midi. Je dormirai ensuite jusqu'à 4 heures du matin. A cette heure, nous irons, quatre soldats et un caporal, occuper le petit poste avancé de notre position. Nous resterons là toute la journée de demain, car il ne faut pas songer à en bouger tant que la lumière du jour brille au ciel et s'épand sur la Nature. S'il n'y a pas de flotte en d'autres termes, s'il ne pleut pas, – ce ne sera pas trop intenable, mais ce sont douze heures d'attention soutenue et de paralysie volontaire. Je vais bien