plantée d'arbres nébuleux qui apparaît tout à coup sur la crête de la position. On voit distinctement des hommes affolés comme des bêtes traquées sauter dans les trous, courir de çà et là. Le spectacle de ces hommes traqués par le canon formidable est à ce point impressionnant que l'infirmier qui est avec moi n'en peut supporter la vue et rentre dans le trou lire le journal qu'il tient en tremblant. Puis le canon s'arrête, c'est l'attaque. Les blessés, bientôt, nous arrivent, pendant que nous subissons, à notre tour, un bombardement intense. Nous recevons alors du médecin-chef l'ordre de constituer un poste de secours plus en avant dans la première ligne allemande abandonnée par l'ennemi.
27 septembre.
Nous y allons par uji chemin défoncé, terriblement bombardés, encadrés d'obus, trébuchant et sautant par-dessus des cadavres l'un est complètement pelotonné, l'autre étendu et déshabillé sous une couche de boue on ne distingue que sa forme. Arrivés en bas du ravin, à demi à l'abri, moment d'hésitation. Où est l'endroit désigné pour le poste de secours ? On nous l'apprend. Mais comment y aller sous cette pluie d'obus ? Je m'offre pour aller le reconnaître et je viens chercher ensuite M. Demelin et les deux infirmiers qui ont relevé Plaisance, l'abbé Boulet et Duperrier. Nous entrons, après une marche à découvert, dans l'ancienne tranchée allemande, pleine de fusils Mauser, de grenades, de cartouches et "d'équipements allemands. Des cadavres sont encastrés dans les parois deux bottes dépassent, un peu plus loin, une tête.
Des blessés sont terrés dans les guitounes boches, petits trous individuels où on s'insère à grand'peine et en se traînant dans la boue.
Le bombardement allemand cesse dans la matinée. Nous sortons des abris et même de la tranchée. Je constate l'énorme bouleversement que les obus fran-