faire place à de l'espoir contraire. Tenez, depuis ce. matin, le temps se remet quelque peu, après une sale nuit de pluie continuelle et de pataugement fangeux. On se chauffe l'échine par les chemins tout en regardant avec précaution, par crainte d'enlisement, d'où on arrache et où on pose les pieds. Nous allons avoir mauvaise route8 mais un ciel acceptable et même une petite fraîcheur douce assez avantageuse pour faire cet après-midi les six kilomètres qui nous séparent de C.s (*) où nous séjournerons huit jours, selon le programme dont je vous adressai le plan et la marche. Déjà, du reste, on fait des paquets, on range dans la bonne place chaque chose dont on se sert pour la dernière fois.
Je vous envoie quatre pellicules à laver, et à prendre un bon exemplaire de chaque pour album. 9 septembre 1915 (carte).
Je vous écris debout, appuyé sur le talus de la tranche. Bonne petite brise, souli. Hier, c'était l'automne, aujourd'hui c'est le printemps. Ce qui est excellent, c'est que les permissionnaires partent en masse et, grâce à ce système, les délais se rappetissent. Peut-être, après tout, n'aurai-je pas à attendre longtemps.
Avez-vous déjà le paquet ? Non, pas encore sans doute. Moi, en tout cas, je n'ai pas non plus le mirifique envoi annoncé.
On reçoit les lettres. Deux Ça va, ça va, ça va. Je suis très satisfait. D'autant plus que j'espère que vous en recevez plusieurs également, en ce moment, Je suis dans un abri à sis pieds sous terre, cette foisci. Nous sommes coude à coude avec un tas de camarades et assez empilés autour d'une lampe à acéty(*) Cuffies.