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Titre : Dictionnaire des doublets ou doubles formes de la langue française / par Auguste Brachet

Auteur : Brachet, Auguste (1845-1898). Auteur du texte

Éditeur : A. Franck (Paris)

Date d'édition : 1868-1871

Sujet : Étymologie

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30153587k

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 2 tomes en 1 vol. ; in-8

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Description : Collection : Collection philologique. Recueil de travaux originaux ou traduits relatifs à la philologie et à l'histoire littéraire ; 2, 4

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k113221x

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-X-329 (2,4)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 20/10/2008

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COLLECTION PHILOLOGIQUE

RECUEIL

DE TRAVAUX ORIGINAUX OU TRADUITS

RELATIFS A LA

PHILOLOGIE L'HISTOIRE LITTÉRAIRE

AVEC UN AVANT-PROPOS

DE M. MICHEL BRÉAL.

DEUXIÈME FASCICULE

PARIS

LIBRAIRIE A. FRANCK

67, RUE RICHELIEU, 67


DICTIONNAIRE

DES DOUBLETS

DOUBLES FORMES DE

LA LANGUE FRANÇAISE

PAR AUGOSTE BRACHET.

PARIS LIBRAIRIE A. FRANCK

67, Rue Richelieu, 67

1868.


DU MÊME AUTEUR :

GRAMMAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE. — Paris, Hetzel, 1867. In-18.

ÉTUDE SUR BRUNEAU DE TOURS, TROUVÈRE DU XIIIe SIÈCLE. — Paris, Franck, 1865. In-8°.

Du RÔLE DES VOYELLES LATINES ATONES DANS LES LANGUES ROMANES. — Leipzig. Brockhaus, 1866.

LES UNIVERSITÉS ALLEMANDES ET LES FACULTÉS FRANÇAISES, ÉTUDES SUR LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (en préparation).

'


TABLE DES MATIÈRES

Observations préliminaires

7

PARTIE I.

Doublets d'origine savante . . . . . . . . . . . .

il

§ 1.

Persistance de l'Accent latin . . . . . . . . . . . .

13

§ 2.

Suppression de la Voyelle brève

16

§ 3.

Chute de la Consonne médiane

17

14.

Suffixes latins

19

PARTIE II.

Doublets d'origine populaire. . . . . . . . . .

25

§ 1.

Débris des anciens Dialectes . . . . . . . . . .

27

§ 2.

Restes de la déclinaison française

30

§ 3.

Confusions grammaticales

31

§ 4.

Formations inconnues. . . .. . . . . . . . . . . . .

33

PARTIE III.

Doublets d'origine étrangère

37

§ 1.

Doublets d'origine italienne. . . . . . . . . . . .

40

§ 2.

Doublets d'origine espagnole. . . . . . . . . . .

43

§ 3.

Doublets d'origine anglaise

44

Appendice

47

Index de tous les mots cités

55


Das Abflieszen alter, das Zustroemen neuer Eiemente, das haufige Auseinandergehen éines Wortes in zwei bieten der auf die Ursachen dieser Erscheinungen eindringenden Reflexion reiehlichen Stoff.

DIEZ, Gr. d. Rom, Sprachen. I, 50.

On appelle doublets les doubles dérivations d'un même mot (telles que raison et ration, venant l'un et l'autre de rationem), qui répondent d'ordinaire à deux âges différents dans l'histoire de notre langue, et auxquelles l'usage a attribué, malgré leur communauté d'origine, des sens distincts et spéciaux. Ce nom ( 1) leur fut donné au XVIIe siècle par un conseiller au présidial de Bourges, Nicolas Catherinot, qui, le premier, observa un certain nombre de ces doubléts, et en publia en 1683, une liste fort incomplète ( 2) sans pouvoir donner les raisons de ce singulier phénomène. / Depuis le XVIIe siècle, une science nouvelle est née; la philologie comparée a constaté que les mots ont une croissance et une histoire, qu'ils subissent, comme les plantes et les animaux, des transformations régulières, enfin que là comme partout la loi règne, et qu'on peut sûrement formuler des règles de dérivation d'une langue à l'autre : nous avons

1. Butet rejette le mot doublet, et appelle plus justement ces doubles formes dérivations divergentes, comme l'a fait observer M. Egger dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions (XXIV, 2e p., p. 53).

2. LES DOUBLETS DE LA LANGUE FBANÇOISE, par Nicolas Catherinot, avocat du roi et son conseiller au présidial de Bourges. — Bourges, 1682.; In-4*. — Voyez & l'Appendice page 47 l'analyse de ce livre,


exposé d'ailleurs( 1) les traits principaux de cette histoire naturelle du langage (du moins en ce qui concerne la langue française) ; pour l'étude qui nous occupe, ils fournissent à l'observateur des secours inattendus ; armé de ce microscope puissant, nous avons pu non-seulement constater l'existence d'un nombre de doublets très-supérieur à celui qu'avait réuni Catherinot(2), mais donner les causes de ce phénomène et en expliquer l'origine.

Notre langue, comme chacun sait, n'est point une création coulée d'un seul jet ; elle comprend trois idiomes distincts, ou mieux trois couches de mots superposées : un fonds d'origine populaire, et qui était complètement achevé à la fin du XIIe siècle ; un fonds d'origine savante, composé de tous les mots directement empruntés par les savants aux langues classiques ; enfin un fonds d'origine étrangère, comprenant tous les mots venus des langues modernes, par exemple de l'italien au XVIe siècle, de l'espagnol au XVIIe, de l'anglais au XIX". — Cette division sert naturellement de base à l'étude des doublets ; un radical latin donne au français un doublet si ce radical a produit dans notre langue deux mots, l'un d'origine populaire, l'autre d'origine savante; ainsi de rationem, le peuple fit raison, les savants ration ; — il y a encore doublet lorsqu'à côté d'un mot français d'origine populaire vient se placer un mot d'importation étrangère, provenant du même radical que le mot français : ainsi le latin cantata devient en français chantée, en italien cantata ; au XVIIe siècle, l'italien cantata passe les monts avec Lulli et donne à notre langue le mot cantate : chantée et cantate, provenant (la linguistique nous le montre) du même radical, forment un doublet. —

1. Dans notre Grammaire historique de la Langue française. Paris, Hetzel, 1867.

2. Le présent travail en contient plus de huit cents; celui de Catherinot cent soixante.


Enfin, il y a encore doublet, lorsqu'un même radical donne au français deux dérivés d'origine populaire ; ainsi campus a donné à la fois camp et champ ; plicare a fait en même temps plier et ployer ; on verra plus loin l'origine de ces doubles traductions populaires, qui sont à proprement parler les véritables doublets.

En résumé, on peut assigner à la production des doublets trois causes : ils peuvent être soit d'origine savante, soit d'origine populaire, soit d'origine étrangère.

OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES :

Avant d'aborder l'étude de ces trois catégories, il convient de faire les réserves suivantes :

1° Pour obtenir un champ d'observation très-exactement limité, et étudier le sujet sous toutes ses faces, nous écartons : les doublets des noms propres d'hommes ( 1) ou de villes( 2) ; les doublets de l'ancien français; nous proposant seulement de donner la liste des doublets du français moderne(3).

2° L'étude des doublets étant la constatation d'une irrégularité, la comparaison avec les doublets des autres langues romanes est ici superflue et stérile : la comparaison sert à découvrir ou à confirmer la persistance d'un phénomène ; est-on plus avancé quand on sait que viáticum donne en français voyage chez le peuple, viatique chez les

1. Tels que Jacobus qui a donné à la fois Jacques et Jacob; Maximums d'où sont venus Mesmin et Maximin; Sadulphus qui a formé Raoul et Rodolphe, etc.

2. Tels que Colonia qui donne Cologne et Coulange; Sabiniacum qui devient, suivant les provinces, Savignac, Savigny, Sevigné, etc.

3. Bien que nous ayons réuni, comme on le verra plus loin, un grand nombre de doublets de l'ancien français, nous ne les avons point admis dans le cdrps du texte, parce qu'il est impossible d'être complet en cette matière dans l'état actuel des éludes sur le vieux français, et dans l'ignorance où nous sommes des anciens dialectes de la langue d'oïl.


savants ; en italien viaggio chez le peuple, viático chez les savants; en espagnol viaje et viâtico : quelle loi en peut-on induire? On fera utilement cinq dictionnaires des doublets des cinq langues romanes ; il ne saurait y avoir un dictionnaire comparé des doublets romans) ?

3° Pour ne point grossir cette liste-outre mesure, nous ne citons en général que les radicaux, et nous laissons de côté des dérivés et les composés(1).

Le présent travail a pour but de donner une liste aussi complète que possible des doublets français, et de montrer en même temps à quelle cause ils doivent naissance. Ce point éclairci, reste à donner la date au moins approximative de l'entrée de chaque doublet dans la langue ; je remets à un autre moment cette oeuvre difficile.

5° La présente liste ne comprend que les doublets proprement dits, c'est-à-dire les doubles dérivations d'un même mot. — Quant aux doubles formes telles que « lectionem, leçon — (è)lection, » dans lesquelles le radical, devenu doublet en français, ne reste dans un des membres qu'à l'état de composé ou de dérivé, nous ne les avons point admises. Nous avons également exclu les simples variétés orthographiques telles que lis et lys, sofa et sopha, pacha et hacha, vacant et vaquant, etc... Le doublet, étant par sa définition, la bifurcation d'un mot, on ne peut rapprocher que les mots d'origine identique : volaille (volatilia), poitrail (pectoraculum), ancêtre (antecessor), bec (beccus), troublant (turbulantem), aumaille (animalia), bétail (bestialia), lumière (luminaria), cor (cornu), alun (alumen), feuille (folia), ne peuvent former de doublet avec volatile (volatilis), pectoral (pectorale), antécesseur (antecessorem), bêche (becca), turbulent (turbulentem), corne (cornua), animal (animal), bestial (bestiale), luminaire (luminare), alumine (aluminis), folio (folio).

1. Moule-module nous dispensent de citer mouler -moduler.


PARTIE I.

DOUBLETS D'ORIGINE SAVANTE.


antiphona, antienne-antiphone. angelus, ange-angelus. apprehéndere, apprendre-appréhender.

apprendre-appréhender. aube-album (1). basilica, basoche-basilique. canónicus, chanoine-canonique. cancer, chancre-cancer. chorus, choeur-chorus. clássicum, glas-classique. clavicula, cheville-clavicule. solligere, cueillir-colliger. computus, compte-comput. copula, couple-copule. cóphinus, coffre-coffin. cucúrbita, gourde (2)-cucurbite.

cúmulus, comble - combre (3)- cumul.

dactylus, datte-dactyle. débitum, dette-débit. décima, dîme-décime. décorum, décor-decorum. dictum, dit-dicton. dúctilis, douille-ductile. exámen, essaim-examen. . explicitus, exploit-explicite. exprímere, épreindre-exprimer. fábrica, forge-fabrique. factum, fait-factum. féria, foire-férie. frágilis, frêle-fragile. frémere, freindre-frémir.

à l'origine, et qui respectait l'accent latin, donna lieu à un grand nombre de doublets de ce genre : affliger, adultère, albumine, aspic, aride, calomnie, caractère, cellule, cithare, cymbale, dalmatique, débile, déprimer, domestique, épidémie, esprit, extorquer, étymologie, facteur, fistule, glandule, habile, hérétique, hernie, lecteur, lunatique, martyre, maxime, minime, rapide, rustique, symphonie, utile, véronique, etc., étaient en vieux français : afflire (affligera), avoutre (adùlter), aubun (albumen), aspe (âspis), are (àridus), chalenge (calûmnia), caraus (charàcler), ciaule (céllula), cidre (cithara), cymble (cymbalum), daumique (dalmatica), d.icble (débilis), depreinre (déprimera), domesche (doméslicus), ypidème (épidémia), espir (spirilus), estordre (exlôrquera), étymologe (élymolégia), faitre (factorem), feste (fistula), glandre (glàndula), hable (hâbilis, dans Ducange v habilius), erège (herélicus), hargne (hémia), litre (léclor), lunage (luuâlicus), martre (martyr), mesme (mâxima), merme (minima), rade (rapidus), rusle (rùsticus), chifoine (symphonia), utle (utilis), veroine (verônica), etc... Beaucoup de ces mots n'ont point coexisté dans la langue; mais nous les citons pour opposer l'une à l'autre les formes spontanées et les formes savantes.

1. Aube et album ne sont point un doublet véritable, l'un dérivant d'album, l'autre d'alba : on peut cependant les considérer comme tels, puisqu'ils ne différent que par la finale; au contraire pâtre et pasteur ne peuvent former un doublet; dans chacun d'eux, la place de l'accent est différente : l'un vient de pastorem, l'autre de pastor.

2. Par la chute du c médian : cu(c)urbita, comme le prouve le vieux français gouourde.

3. Dans les composés encombre, décembre, etc.


imprimera, empreindre-imprimer mácula, maille-macule. magister, maître-magister. májor, maire-major. medium, mi-médium (1). mobilis, meuble-mobile. módulus, moule-module. nùmerus, nombre-numéro. organum, orgue-organe. papyrus, papier-papyrus. parábola, parole-parabole. náusea (Diez), noise-nausée. pensum, poids-pensum. phantasticus, fantasque (2)fan-tastique.

(2)fan-tastique. plait-placet. plácitum, plaid-placite. plátams, plane-platane.

polypticum, poullé polyptique( 3) pólypus, poulpe-polype. pórticus, porche-portique. présbyter, prêtre-presbytère. quadragésima, carême-quadragésime.

ranúncula, grenouille-renoncule. rígidus, roide-rigide. rôtulus, rôle-rotule. sarcóphagus, cercueil - sarcophage

sarcophage scándalum, esclandre-scandale. sépia, seiche-sépia. sólidus, sou-solide (5). spátula, épaule-spatule. spínula, épingle-spinule. súrgere, sourdre-surgir. tépidus, tiède-tépide.

1. Une antre forme plus correcte est miège, terme de droit coutumier signifiant moitié.

2. La véritable forme serait fantasche.

3. M. Diez pense que police (au sens de contrat d'assurances), ne vient pas de , mais de polyptychum.

4. Sarcophagus a donné directement le vieux français sarcou.

5. La vraie forme de solidus est le vieux français soit, correspondant à l'italien soldo, à l'espagnol sueldo. Je passe sous silence les deux formes avein-dre-avenir et brimaire-brimborion, qui sont fort problématiques en tant que doublets; si aveindre vient d'abemere (gemere —geindre), il n'a plus de rapport avec avenir (advenire); quant à brimborion, il est t rès-improbable que ce mot soit uneprononciation corrompue de breviarium : cependant cette étymologie a pour elle deux passages d'auteurs du XVI" siècle où l'on voit qu'un prêtre disait ses brimborions (pour lisait son bréviaire). Voyez Calvin, Institution de la Religion chrétienne, 875, et Pasquier, Recherches, VIII, 754. — Quant au doublet pilula, perle-pilule, il est douteux, perle venant plutôt du bas-latin perula (Gloses d'Isidore), corruption du latin pirwia (iepiruin), étymologie confirmée par le portugais perula, italien, espagnol perla. — Notons encore la double forme canicula, chenille-canicule, pour la discussion de laquelle je renvoie le lecteur à l'Histoire de la Langue française de M. Liltré (II, 125). — De sâpidus, les savants ont fait sapide, tandis que le peuple avait fait sade, resté dans maussade (maliSapidus).


tibia, tige tibia. tympanum, timbre-tympan. viáticum, voyage-viatique.

vigilia, veille-vigile (?). vipera, guivre-vipère.

§ 2. SUPPRESSION DE LA VOYELLE BRÈVE.

Tout mot latin se compose d'une voyelle accentuée et de voyelles non accentuées, ou, pour abréger, d'une tonique et d'atones ; la tonique (on l'a vu) persiste toujours en français; quant aux atones, la voyelle brève qui précède immédiatement la voyelle tonique, comme u dans circ(u)láre, disparaît toujours en français dans les mots d'origine populaire — circ(u) láre devient cercler, — et persiste toujours dans les mots d'origine savante, — circuládre donne circuler : de là, un grand nombre de doublets :

ang(u)látus, anglé-angulé. aquilónem,, aiglon-aquilon. asper(i)tatem, âpreté-aspérité. auric(û)larius, oreiller-auriculaire.

cap(ï)tále, cheptel-capital.

capit(u)láre, chapitrer-capituler.

car(l)tátem, cherté-charité. cart(iù)lárium, chartrier-cartulaire.

circ(û)láre, cercler-circuler. coag(u)láre, cailler-coaguler. coll(ô)cáre, coucher-colloquer. com(ï)látus, comté-comité. cop(u)lâre, coupler-copuler. cum(&)láre, combler-cumuler(1). episc(ô)pátus, évêché-épiscopat. hered(ï)tarius, héritier - héréditaire.

hosp(t)tále, hôtel-hôpital.

1. Ajoutons à cette liste les mots tels que communiquer, comparer, considérer, cholérine, délicat, dénier, déroger, dignité, dissiper, égalité, estimer, fidélité, fermeté, gravité, hérédité, hippopotame, humilité, infirmité, interroger, littérature, médecine, réputer, vérité, qui sont plus régulièrement formés en vieux français : comenger commun(ï)care. — comprer cornp(a)rare, — consirer (consi(de)rare, — courine (chol(e)rina, — delgié del(ï)catus, — dengner den(e)gare (Marie de France, Fables, 62), — derver der(ô)gare, — deintel dign(i)tatem, — desver diss(i)pare, — igauté aequal(i)talem, — esmer aest(i)mare, — fealté fidel(i)talem, — férié fir(mï)tatem, — grieté gra(vî)tatem, — hereté haere(dï)tatem, — ypotame (hippo(p8)tamus, — humbleté humil(ï)tatem. — enferté infir(mï)talem, — enterver inter(ro)gare, — letreüre litt(c)ratura, — mécine me(dï)cina, — reterr re(pù)tare, — verté ver(i)tatem.


inquis(ï)torem, enquêteur-inquisiteur.

tnv(ô)láre, embler-envoler(1). legal(ï)tátem, loyauté-légalité. lib(è)rre, livrer-libérer. mast(i)cáre, mâcher-mastiquer. malric(u)lárius, marguillier-matriculaire.

marguillier-matriculaire. ménestrel-ministériel.

nav(i)gáre, nager-naviguer. num(é)rârius, nombrier-numéraire.

op(é)ráre, ouvrer-opérer. ossifraga, orfraie-ossifrage.

par(a)dístis, parvis-paradis (2). proed(l)catórem, prêcheur-prédicateur.

qualif(î)care, jauger-qualifier. recup(e)ráre, récouvrer-récupérer. & reg(û) latorem, régleur-régulateur remem(o)ráre, remembrer-remémorer.

remembrer-remémorer. sevrer-séparer. sim(u)láre, sembler-simuler. sing(u)láris, sanglier-singulier. soll(ï)cïlâre, soucier-solliciter. temp(ë)ráre, tremper-tempérer. vig(ï)làntem, veillant-vigilant ( 3)

§ 3. CHUTE DE LA CONSONNE MÉDIANE.

Le troisième réactif qui sert à distinguer les mots populaires des mots savants est la chute de la consonne médiane, c'est-à-dire de la consonne placée entre deux voyelles comme t dans ma(t)urus.Voici cette règle : tous les mots français qui perdent ou changent la consonne médiane sont d'origine populaire, les mots d'origine savante la conservent : ainsi le latin vo(c)alis est devenu dans le français populaire voyelle, dans le français des savants vocale. ( 4)

1. Le verbe embler est resté comme participe passé dans la locution d'emblée.

2. Cependant la forme v. fr. portas, ferait supposer que le v de parvis est.intercalaire, et qu'à l'origine c'est la consonne médiane qui a disparu, et non la voyelle brève.

3. Quant au doublet — hab(ï)tare, banter-habiter, — il est très-douteux : bi devenant ordinairement d en français (cucurbita — gourde, cubitus — coude). — Si la voyelle atone, précédant immédiatement la tonique latine, tombe en français quand elle est brève, elle persiste quand elle est longue : et cette règle ne souffre qu'un très-petit nombre d'exceptions : susp(i)cionem a donné soupçon et suspicion, — sacr(â)mentum, serment et sacrement, — ind(i)rectus, endroit et indirect, — blas(phe)mare, blâmer et blasphémer, — mon(a)sterium, moutier et monastère, — min(î)sterium, métier et ministère.

4. Adorer, affidé, chasteté, chirurgine égal, extravaguer, figuier,


abbrevia(t)orem, abrégeur-abréviateur.

abrégeur-abréviateur. avoué-avocat. a(d)amantem, aimant-diamant. arma(t)úra, armure-armature. au(g)úrium, heur-augure (1). au(g)ustus, août-auguste. bene(d)icere, bènir-bien dire. communi(c)are, communier-communiquer.

communier-communiquer. confiance - confidence.

cre(d)éntia, créance-crédence. curva(t)ura, courbure-courbature.

de(c)anátus, doyenné-décanat. deca(d)entia, déchéance - décadence.

deli(c)átus, délié-délicat. denu(d)átus, dénué-dénudé. di(g)itále, dé (déei)-digitale (2). dila(t)áre, délayer-dilater. do(t)áre, douer-doter. expli(c)átus, éployé-expliqué. ex-su(c)áre, essuyer-essucquer. fi(d)élis, féal-fidèle. fla(g)éllum, fléau-flagelle. gau(d)ere, jouir-gaudir. impli(c)áre, employer-impliquer. le(g)alis, loyal-légal. li(g)ationem, liaison-ligation. me(d)ianus, moyen-médian. na(t)alis, noël-natal. na(t)ivus, naïf-natif. pe(d)iculum, pou-pédicule (3).

flageller, graduel, lapider, légume, ligament, littérature, majesté, malédiction, mugir, pénitent, relorte, résident, satin, tribut, étaient dans notre ancienne langue : aorer a((l)orare, — affié affi(d)atus, — chastéé casti(t)atem, surgien chi(r)urgianus, — uel ae(q)ualis, — estraier extra(v)agare, — fieis fi(c)arium (Ps. Oxford, 241), — flaeler fla(g)ellare, — grael gra(d)ualis, lapier lapi(d)are, — léun le(g)ninen, — liement li(g)amentum, — leireure littera(t)ura, — maesté ma(j)estatem, — maléiçon male(d)ictionem, — muir mu(g)ire, — penéant paaeni(t)enlem, — riorte re(l)orta, — réseant resi(d)enlem, — sain se(t)anus*, — tréüt tri(b)utum.

1. Heur qui est resté dans les composés mal-heur, bon-heur, est au XIII* sieurei éur, au XII* siècle aür, et vient d'au(g)urium et non point de hora, comme l'a démontré Diez dans son Etgmologisches Woertcrbuch I, 38. s. r. augurio.

2. Sur ce doublet, qui est douteux, voyez ci-dessous, page 33, sur dédoigt.

3. Pou et pediculus sont moins éloignés qu'ils ne semblent; le vieux français est pouil, plus anciennement péouil, qui correspond exactement au latin vulgaire pé(d)ùculus, au provençal pezoth, portugais plolho, espagnol piojo, italien pedocchi. — L'ordre alphabétique nous amène & citer ici les doubles formes ministerium = métier-ministère, et monasterium. = moutier-monastère,- il n'est pas douteux que ces doublets soient exacts, mais on est indécis sur leur mode de formation, deux opinions se produisent : MM. Littré (Histoire de la langue française, II, 294), et G. Paris (Aceent latin, 20, 127), croient que cette contraction en


pe(t)álum, poêle-pétale. pre(c)aria, prière-précaire. presi(d)entia, préséance-présidence.

pre(h)ensionem, prison-préhension.

provi(d)entia, pourvoyance-providence.

pourvoyance-providence. carrure - quadrature.

re(d)emptionem, rançon-rédemption.

re(g)alis, royal-régale. ro(t)onda, ronde-rotonde. ra(d)iatus, rayé-radié. repli(c)are, replier-répliquer. scro(f)uloe, écrouelle-scrofule(). se(c)atorem, scieur-sécateur. se(c)uritatem, sûreté-sécurité. terri(t)orium, terroir-territoire. tra(d)itionem, trahison-tradition. va(g)ina, gaîne-vagin. vo(c)alis, voyelle-vocale. vo(t)are, vouer-voter.

§ 4. SUFFIXES LATINS.

Le signe distinctif du français populaire est de conserver la tonique latine, en supprimant l'atone brève, et la consonne médiane : mais pour les mots tels qu'affirmáre, incrustáre, qui n'ont ni consonne médiane, ni atone brève, et dans lesquels

métier et moutier a eu lieu par la chute de la consonne médiane », et qu'avant de dire métier et moutier, on a dit meestier mi(n)is-lerium, et moastier mo(n)asterium. — Nous croyons au contraire que la consonne médiane n'a pas disparu à l'origine, mais bien la voyelle longue précédant immédiatement la tonique, montâ)stérium, min(î)sterium (comme nous l'avons déjà dit page 17, note 3), et qu'avant de dire moutier et métier, on a dit monstier et menstier. Selon nous, l'hypothèse de MM. Littré et G. Paris est inadmissible : 1° parce que la liquide n ne tombe jamais entre deux voyelles, témoins tous les composés du mot minus : minuspretiare donne en provençal non pas me-esprezar, mais mensprezar par la chute de l'atone longue; 2° pour moutier la constatation est facile : ce mot est au XII" siècle mostier, au Xe monstier (Saint- 1 Logé, XXII), preuve que l'atone longue a disparu, non la consonne médiane, ' disparition confirmée par la forme mon(a)steriolum qui a donné Monfreuil; 3 pour ministerium, on ne trouve jamais meestier; dès le X" siècle la forme est mistier (Saint-Légé), et les textes latins du VIIIe siècle donnent misterium, comme ils donnent misdicere pour min(ü)sdicere.

1. Le type direct d'écrouelle est le bas-latin scro(f)ella. A celte liste, ajoutons ruser-refuser. Le bas-latin refutiare* donna refuser, et par la . chute de la consonne médiane reilser, dans notre ancienne langue, terme de vénerie qui s'appliquait surtout aux détours que fait le gibier pour dérober la piste aux chiens. De cette forme reüser est venu le verbe actuel ruser. — Inclavare a donné enclouer et enclaver.


l'accent latin est sur la pénultième, il faut avoir recours aux lois de permutation ; elles nous font toucher du doigt le mode de formation du français populaire, et en nous permettant de distinguer deux couches qui forment notre langue, elles fournissent une ample moisson à la recherche présente. — Avant d'énumérer ces doubles formes, donnons la liste des doublets créés à l'aide des suffixes accentués. (Je renvoie pour les suffixes atones au chapitre de l'accent latin, page 13, où tous les exemples se trouvent réunis).

Les suffixes accentués qui ont fourni des doublets à notre langue sont au nombre de trois :

10 Les suffixes en atus (français e), ata (français ée) :

agregatus, agregé-agrégat. annota, année-annate. ceratum, ciré-cérat. legatum, légué-légat, mandatus, mandé-mandat.

muscatus, muguet-muscat, oblata, oublie-oblat. plata, plie-plate, rosatos, rosé-rosat. solidatus, soldé-soudé-soldat.

2° Les suffixes en aris; arius, a, um (français ter, iere) :

agrarium. agrier-agraire. apothecamm, boutiquier-apothicaire, censitarium, censier-censitaire. centenarium, centenier-centenaire.

denarium, denier-denaire. epistolarium, épistolier-épistolaire.

hereditarius, héritier-héréditaire

molam, meulière-molaire, precaria, prière-précaire, primarium, premier-primaire, rosarium, rosier-rosaire, salarium, salière-salaire, scholaris, écolier-scolaire, summarium, sommier - som -

maire (1). vicarium, viguier-vicaire.

3° Les suffixes en ionem (français on) :

coctionem, cuisson-coction. factionem, façon-faction. trictionem, frisson-friction, fusionem, foison-fusion, inclinationem, inclinaison-inclination.

nutritionem, nourrisson-nutrition.

punctionem, poinçon-ponction, potionem, poison-potion, prehensionem, prison-préhension rationem, raison-ration.

1. Sommier, registre récapitulatif et sommaire.


redemptionem, rançon-rédemp- tensionem, tenson-tension.

tion. tonsionem, toison-tonsion.

suspicionem, soupçon-suspic... traditionem, trahison-t radition (' )

Voici les autres doublets d'origine savante, qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes :

acris, aigre-âcre. affectare, affaiter-affecter. affirmare, affermer-affirmer. axilla, aisselle-axille. arcus, arc-arche (²). orea, aire-are. articulus, orteil-article (5). assignare, asséner-assigner. assopire, assouvir-assoupir. auscultare, écouter-ausculter. advenire, avenir-advenir. adversus, averse-adverse. bitumen, béton-bitume. bulla, boule-bulle. canalis, chenal-canal. captivus, chétif-captif. carbunculus, escarboucle-carboucle.

causa, chose-cause. charta, carte-charte. cholera, colère-choléra. cippus, cep-cippe. , gouffre-golfe (4). clausa, close-clause. coementum, cément-ciment. complétée, complies-complète (4). concha, coque-conque. constantem, coûtant-constant (°). continentia, contenance - continence.

continence. grotte-crypte (7). collecta, cueillette-collecte. crassus, gras-crasse. crispare, crêper-crisper. cylindrus, calandre-cylindre. depretiare, dépriser-déprécier.

1. Ajoutons à cette liste un suffixe en itia : justilia — justesse, justice, — et deux suffixes en alis : officalis, officiel-official et partialis — partiel. parlial. — Cursarius a donné en français coursier, en italien corsare, et celui-ci nous a fourni corsaire au XVI° siècle.

2. Sur le changement de genre voyez page 14, note 1.

3. Orteil était en vieux-français orteil.

4. Sur l'emploi de gouffre pour golfe, voir Villehardouin, CXXVIII (Et chevauchièrent à une cité que l'on apele Nicomie et siel seur un goufre de mer); sur l'emploi de golfe pour gouffre, voir Charron, Sagesse, 1,20 ( Voilà les trois goulfes ou précipices d'où peu de gens se sauvent) dans Littré. Dict., ve Gouffre.

5. Compiles, en latin ecclésiastique horae completae.

6. Coûter, en vieux-fr. cousler vient de constare par le bas-latin costare comme monasterium a donné monstier, puis mostier et moutier.

7.Crypta est dans les textes mérovingiens crupta, grupta, qui a . grotte. Ais (de assis), et axe (de axis) ne peuvent former un doublet.

?


designare, dessiner-désigner. discus, dais, disque, directus, droit-direct, dispensare, dépenser-dispenser. districtus, détroit-district. diurnale, journal-diurnal. diurnum, jour-diurne. divinus, devin-divin.

divisare, deviser-diviser. elephantem, olifant-éléphant. ferocem, farouche-féroce. foris, hors-fors. gravis, grief-grave. groeca, grièche-grecque. hecticum, étique-hectique. hemina, mine-hémine. hyacinthum, jacinthe-hyacinthe. induratus, enduré-induré. infirmare, enfermer-infirmer. includere, enclore-inclure. incrassare, engraisser-encrasser. ingeniare, engeigner-ingénier(1). illuminare, enluminer-illuminer. incrustare, encroûter-incruster. integer, entier-intègre. interpausare, entreposer-interposer.

intendentem, entendant-intendant.

inversus, envers-inverse. laïcus, laï-laïque.

minare, mener-miner. minuta, menue-minute. missa, messe-mise. rmsculus, moule-muscle (2). pala, pelle-pale. palma, paume-palme. papilionem, pavillon-papillon. pausa, pose-pause. pensare, peser-penser. . paragraphe-parafe, pietatem, pitié-piété. pituita, pépie-pituite (3). pigmentum, piment-pigment. plana, plaine-plane. planus, plain-plane (4). probabilis, prouvable-probable. prcebenda, proyende-prébende. provincialis, provençal-provincial.

psalterium, psautier-psaltérion. quadrantem, cadran-carrant. quatuor, quatre-quatuor. quietus, coi-quitte. rasus, rez-ras.

recollectus, recueilli-récollet. relaxare, relacher-relaxer. respectum, répit-respect. retractare, retraiter-rétracter. rhythmus, rime-rhythme. ruptura, roture-rupture ('), salve, sauf-salve.

1.Engeigner est encore dans la Fontaine.

2. Moule, vieux-français mousle, provençal muscle, catalan musclo, du latin mûsculus.

3. Pituita, transformé par la consonnification de l'u en pitvita, pivita, a donné le portugais pivide, l'ital. pipita, l'esp. pepita, le provençal pépida, le français pépie.

4. Plain, dans plain-chant, plain-pied, etc.

5. Roture, dont le sens originaire, est ager recens proscissus (Schéler), eut ensuite celui de petite culture : le tenancier d'une roture ou roturier n'était jamais noble.


scalarium, échalier-escalier. signum, seing-signe. sinistra, senestre-sinistce. sinus, sein-sinus. sixta, sexte-sixte. spatha, épée-spathe. species, épice-espèce. stagnantem, étanchant(1)-stagnant

strictus, étroit-strict. subvenire, souvenir-subvenir. taxare, tâcher-taxer. theriaca, triaque-thériaque. valentem, vaillant-valant. ventosus, venteux-ventouse (2). vidua, veuve-vide. vitrum, verre-vitre.

1. Stagnum a donné étang, stagnare a donné estancher, puis etancher.

2. Ventosus a aussi donné ventôse, comme pluvîosa a donné pluvieuse et pluviôse. Super a donné sur en français populaire, et super dans la langue savante : surfin et superfin sont donc le même mol. — On serait tenté de rapprocher ficher de fixer, mais ces deux mots sont d'origine différente et ne peuvent former un doublet : fixer est un mot savant qui vient de fixe, formé au XVIe siècle du latin fixus, — ficher, qu'on trouve en français au XIe siècle, est un mot d'origine populaire, et vient de fig(i)care*, comme le prouvent l'italien ficcare, le portugais fincar, le prov. ficar. — Pensare a donné à la fois penser et panser, comme le prouvent : 1° l'esp. pensar, qui a ces deux sens; 2° la locution latine pensare silim, apaiser, étancher (panser) la soif. — Si l'on ne s'abstenait de citer ici les noms propres, on pourrait présenter comme doublet d'origine historique calicot et Calicut.

— lazarus, ladre-Lazare, etc... — Ajoutons à cette liste deux formes de basse latinité, filtrum (du v. haut-allemand filz), qui a donné feutre dans la langue populaire, et dont les alchimistes ont tiré filtre, — scabinus (du v. haut-allemand skepen), d'où sont venus échevin, et récemment scabin, formation toute moderne et assez inutile.




ces empreintes sont en désaccord avec l'analogie propre du français, et c'est ce qui les rend encore reconnaissables aujourd'hui. De là un certain nombre de doublets, lorsqu'à côté d'une forme française, telle que chancre, prend place une forme picarde, telle que cancre, — l'une et l'autre tirée du latin cancer.

I. DIALECTE PICARD.

Le trait distinctif du dialecte picard, qui consiste à durcir le c (cáncer = cancre), que le dialecte français adoucit (cáncer = chancre), nous permet immédiatement de constater plusieurs doublets ainsi formés :

arcare, archer-arquer (1). campania, champagne-campagne.

1. On n'a point d'exemple d'arquer antérieur au XVIe siècle, et il est plus probable que ce mot vient de l'italien arcare. — On peut joindre à cette liste les formes telles que Manchette et blanquette, — toucher et toquer, — clicher, cliquer et claquer, — qui sont évidemment identiques. Attaquer et attacher ont de même une origine commune, comme cela est visible par la locution s'attaquer à, qui est identique avec s'attacher à. D'ailleurs, l'histoire de notre langue le prouve, ces deux mots étaient indifféremment employés l'un pour l'autre : tantôt attaquer a le sens Rattacher, comme dans ces vers du XIVe siècle :

... Li mantieus qu'elle a Fu fais dedens Une isle que mers avirona, D'une ouvre sarazine; une dame l'ouvra. Une riche escarboucle le mantel ataqua.

(Bauduin de Sebourc, I, 370).

Tantôt attacher signifie attaquer, livrer un combat ; ainsi dans ce passage d'une lettre de Calvin au régent d'Angleterre : « A ce que j'entends, Monsei-» gneur, vous avez deux espèces de mutins qui se sont eslevez contre le roy » et l'estat du royaume : les uns sont gens fantastiques qui soubs couleur » de l'Évangile vouldroient mettre tout en confusion ; les autres sont gens » obstinés aux superstitions de l'Antéchrist de Rome. Tous ensemble méri» tent bien d'estre réprimés par le glayve qui vous est commis, veu qu'ils » s'attaschent non seulement au roy, mais à Dieu qui l'a assis au siège » royal, et vous a commis la protection tant de sa personne que de sa » majesté. » (Lettres de Calvin recueillies par M. Bonnet, II, 201).


campus, champ-camp. camerare, chambrer - cambrer

(voûter). cancer, chancre-cancre. cappa, chappe-cappe.

capsa, châsse-caisse. carnarium, charnier-carnier. caronia*, charogne-carogne (1). concha, coche (2)-coque.

A l'inverse du français aussi, le dialecte picard changeait en ch, les s ou c doux du latin ; le patois moderne de la Picardie dit encore dieux, tancher, baicher, pour ceux, tancer, baisser. C'est à cette origine qu'on doit rapporter les doublets tels que : laxare, laisser-lâcher, — excorticare, ècorcer (3)- écorcher, — grincher et grincer(4), etc...

II. DIALECTE NORMAND.

Où le français met oi, ai, le dialecte normand mettait :

Tantôt e : badare", bayant-béant("). — benedictus, benoît-benêt. — credentia, croyance-créance. — flagrare, flairer-fleurer.

Tantôt i : carricare, charroyer-chârrier. — deex-viare, dévoyerdévier (6). — plicare, ployer-plier.

1. Le mot n'est pas venu au XVI 0 siècle de l'italien carogna, comme on l'a cru longtemps ; il existe dans les textes picards du XII 0 siècle.

2. Coche est dans notre ancienne langue à la fois coquille et petit bateau. Une telle métaphore n'est pas rare.

3. Il est possible qu'ècorcer vienne directement d'écorce.

4. Du vieil-haut-allemand grimmison. Aux doublets déjà cités, il convient d'ajouter: virga, verge-vergue, — larga, large-largue, —franche et revenge venant l'un et l'autre de revendicare.

5. Déchet et déchoit sont dans le même cas.

6. On peut y joindre gibier et giboger, peut-être aussi colorier et colorer (colorare). — Cependant notre connaissance des anciens dialectes est tellement vague et incomplète qu'on pourrait presque aussi bien attribuer ces doubles formes au dialecte français qu'au normand; il ne faut point insister, plus qu'il ne convient, sur ces essais de classification dialectale ; et le lecteur qui voudrait transformer en affirmations précises toutes ces hypothèses très-douteuses, commettrait autant d'erreurs.


III. AUTRES DIALECTES.

Telles sont les seules traces des anciens dialectes que la science ait été jusqu'ici en état de constater dans notre langue. Nous avons reçu peu de mots des autres dialectes romans : le patois des Grisons nous a fourni le mot ranz qui s'est spécialisé pour désigner l'air que les bergers suisses jouent sur la cornemuse en conduisant les vaches, mais qui veut dire proprement rang, et a la même origine que lui. — Le patois wallon nous a, lui aussi, fourni un doublet; c'est ducasse, fête patronale de l'Église, plus anciennement dicauce, et qui est une corruption du latin dedicatio. Ducasse et dédicace sont donc le même mot. — Quant au provençal ou langue, d'oc, toute son influence s'est bornée à l'introduction d'une douzaine de mots :

birrettum, béret ( 1 ) • barrette

(pr. barretta). capitale, cheptel. captai (pr. captai).

capot, chef-cap (provençal cap). de-aurata*, dorée-dorade (pr.

dorada). fatuus, fade (2)-fat (pr. fat).

granata, grenée-grenade (pr.

grenada). magistrale, magistral - mistral

(prov, maestral). spatha, épée-espade (pr. espada). carricare, charger-carguer (pr. cargar).

§ 2. RESTES DE L'ANCIENNE DÉCLINAISON FRANÇAISE.

Nous n'avons point à expliquer ici l'origine et la formation de la déclinaison française à deux cas (continuation de la déclinaison latine) ; elle disparut à la fin du XIIIe siècle, pour des causes que nous avons étudiées ailleurs (3), et le cas-sujet

1. Beret n'est pas à proprement parler un mot français; il est d'origine béarnaise, et peut être rapproché de l'espagnol biretto.

2. Le changement du t en d (fatuum = fade), est anormal; aussi M. G. Paris propose-t-il une autre élymologie, et veut tirer fade, du latin vapidas'. comme de rapidus, sapidus, sont nés rade, sade, etc... Cette élymologie est douteuse, va latin initial ne devenant jamais fa en français, mais g dur; témoin gap de Vappincum, gué de vadum, etc...

3. Gramm. historique de la langue française, p. 150.


s'efface, cédant la place au cas-régime. Cette perte eut pour la troisième déclinaison un résultat particulier ; l'accent tonique se déplace en latin dans cette déclinaison quand le mot passe du nominatif aux cas obliques sérpens-serpmtem. Il en résulta pour la troisième déclinaison française une double forme : l'une serpe (sérpens) au cas sujet, l'autre serpent (serpéntem) au cas-régime. Au XIVe siècle, le cas régime l'emporte et le cas-sujet serpe disparaît. Dans un petit nombre de mots, les deux formes, sujet et régime, ont subsisté parallèlement, mais au lieu de rester les deux cas d'un même mot, elles devinrent des mots différents, — tels sont :

major, maire. — majórem, majeur. minor, moindre. — minórem, mineur. pástor, pâtre. — pastórem, pasteur. prúdens, prud' (1). — prudentem, prudent. sénior, sire — senióvem, seigneur (2).

D'ailleurs ces mots ne forment point de doublets véritables ; le doublet est par sa définition même la double dérivation d'un même mot; et dans le cas présent, pátre-pastéur forment par le déplacement de l'accent tonique des mots tout a fait différents l'un de l'autre.

§ 3. CONFUSIONS GRAMMATICALES.

On sait que quelques infinitifs latins en ère ont donné au français populaire deux formes l'une forte, l'autre faible, — par un déplacement fautif de l'accent latin :

cúrrere, courre-courir. gémëre, geindre-gémir. frémere, freindre-frémir.

plácëre, plaire-plaisir. quaérere, querre-quérir. sûrgére, sourdre-surgir (3).

1. Dans les composés tels que prud'homme.

2. On serait tenté d'ajouter è cette liste chantre-chanteur; mais le premier vient de cantor, le second de cantatorem

3. Aux doubles formes infinitives que nous citons, il convient d'ajouter bouffer-bouffir, et peut-être pouffer. — Je passe sous silence les formes du vieux-français tàcere, taire-taisir, placerc, plaire-plaisir, tcxcre, tistretisser, etc...


D'autres fois, le même primitif latin donne au français populaire deux infinitifs de forme différente, tout en conservant à l'accent latin sa place légitime :

crispare, crêper-crépir.

movere, mouvoir-mouver (t).

Une autre espèce de doublet, produit d'une confusion analogue, doit prendre place ici ; on sait que dans la déformation graduelle qu'a subie le latin pour devenir le français, les formes se succèdent et pour ainsi dire s'étagent avec la plus parfaite régularité : ainsi festa donne d'abord feste puis fête ; aussitôt qu'apparaît dans la langue cette dernière forme, la première disparait pour toujours ; de même pellis donne le vieux français pel qui cède bientôt la place à la forme moderne peau ; si par un accident indéterminé, l'ancienne forme pel avait persisté parallèlement à la forme peau, cette persistance aurait donné lieu à un doublet. — C'est ce qui est arrivé pour un certain nombre de mots qui coexistent à un degré de maturité, et pour ainsi dire d'âge différent.

Tels sont :

appellum*, appel-appeau. bellus*, bel-beau. collum, col-cou. follis*, fol-fou. labellus*, lambel (1)-lambeau. mollis, mol-mou.

palus, pal-pieu (2). solidare, solder-souder. stallum*, étal-étau (3). vallis, val-vau. verúculum, vrille-verrou (4).

1. La forme lambel est restée dans le Dictionnaire héraldique.

2. Pieu est dans notre ancienne langue piel, et dérive de palus. Diez s'oppose avec quelque raison à cette dérivation, et prétend que s'il existait une forme pieil, le mot correspondrait exactement à un latin piculus* (ital. picchio).

3. Étau est ici au sens de boutique. Ces deux mots viennent dn vieil haut-allemand stall.

4. Verûculum, verûclum a donné très-régulièrement le vieux français verroil, aujourd'hui verrou, comme genuculum, gemelum, a donné le vieux-français genoil, aujourd'hui genou.—D'un autre côté veruqulum adonne dans le latin vulgaire une forme corrompue vruculum, vruclum, qui est même vriclum dans les Graffiti de Pompéi, et dont vrille est le dérivé. — On ne peut point ajouter & cette liste le doublet cerveau-cerveUe, l'un vient de cerebella, l'autre de cerebettum.


dans lesquels le l latin est resté l dans les mots de l'ancien français, et n'est ; adouci en u dans les formes plus récentes.

De même dans adpastum, appas-appât, —juxtare (a)juster- ajouter(1)— bosquet-bouquet (2), le s originaire persiste dans un des termes du doublet, et est remplacé dans l'autre par un accent circonflexe.—Dans Exmota émue-émeute, — benedictus, béni, bénit, — le t disparait dans un terme et subsiste dans l'autre. — Dans laborem labour - labeur, — florere florir-fleurir, — hora or, — heure, — l'o latin répond à la diphthongue eu dans un des termes du doublet, — aux sons o, ou dans l'autre.

Un fait analogue se retrouve dans le doublet dominicella demoiselle-donzelle, — double forme qu'on ne trouve expliquée nulle part d'une manière satisfaisante, et dont voici, je crois, la solution : 1° le latin dominïcélla a perdu suivant la règle ( 3) son atone brève protonique en passant en roman et est devenu domincélla, d'où italien damigella, espagnol damisela, provençal id , français damoiselle. 2° Dominus est domnus dans le latin vulgaire, et dominicella est par suite domnicella. — En passant au roman, la forme donmïcéllus, par la chute régulière de la brève a donné domncellus, d'où italien donella, espagnol doncela, français doncele. Cette dernière forme disparut au XIVe siècle, et c'est seulement au XVIe que l'italien donzella nous fournit la forme donzelle. — Cette explication par le latin vulgaire nous dispense d'admettre la contraction directe de domïnîcélla en donzelle, contraction très-douteuse, puisqu'il est anormal que deux voyelles brèves atones disparaissent devant la voyelle tonique.

§ 4. FORMATIONS INCONNUES.

Sur les huit cents exemples de doublets que comprend le présent

1. (Ad)juxtare, bas-latin ajostare, a donné concurremment les deux formes ajouter-ajuster.

2.Bouquet, en vieux-français bousquet, bosquet, est comme le mot bosquet, un diminutif de bosc, forme première du mot bois.

3. Pour la démonstration de cette règle, voyez Grammaire-Historique de la Langue française, p. 78.


travail, nous avons reconnu et classé sept cent cinquante d'entre eux. — Cinquante autres qui sont évidemment d'origine populaire restent jusqu'à présent sans explication, faute d'avoir été soumis à une série d'observations assez exactes. La corruption, cela est certain, a joué un rôle dans plusieurs de ces doubles formes (1) ; mais le plus grand nombre a été produit, selon nous, par le mélange et la confusion des formes dialectales, et c'est dans une étude sérieuse et vraiment scientifique( 2) des dialectes de l'ancien français qu'il faudra chercher la solution de tous ces petits problèmes. — Dans l'état actuel de la science, on doit se borner à constater leur existence, et encore ne peut-on pas le faire avec certitude, car un grand nombre de ces doublets sont purement hypothétiques (3), et la philologie future pourra seule confirmer la valeur de ces rapprochements.

amantem, amant-aimant.

amatus, amé-aimé.

1. Telles que : Stamum, étain-tain, — Cathedra, cliaire-chaise (Théodore de Bèze, en 1530, se plaint de la mauvaise prononciation des Parisiens, qui disent chaise au lieu de chaire), — Grammaria', grammaire (dont grimoire est la corruption), — Catenionem', qui donne le vieux français chaaignon, lequel a produit en deux directions le mot chaînon, d'un côté, le mot chignon, de l'autre. — Juncus a donné jonc dont le diminutif jonchet a formé un doublet par la corruption de jonchet en hotwhel. — Arnica, amie-mie (par la corruption du pronom personnel m'amie, puis ma mie), — Partem, part-par (dans la locution de par le roi, par est ici une orthographe corrompue pour part, l'italien dit da parte, 'l'espagnol de parte).

2. Dans le mouvement si intéressant, qui s'est produit en France depuis dix ans pour la fondation d'une école de philologie française, l'étude des dialectes que Fallol a fondée et incitée ne pouvait être laissée de côté, et c'est avec plaisir que nous annonçons la publication prochaine de deux monographies, l'une sur le Dialecte lorrain par M. Bonnardot, l'autre sur le Dialecte biaisais, par M. Talbert.

3. Tels sont : trognon rapproché de tronçon (diminutif de tronc), — craquer présenté comme une variété dialectale de croquer, — bruire tiré de rugire, qui a aussi donné rugir, — Soccus a donné souche, et comme choc a signifié tronc d'arbre dans notre ancienne langue, on voudrait attribuer à ces deux mots une commune origine, qui est bien difficile à admettre. — Il est aussi très-douteux que tourte-tarte soient une bifurcation du latin forte. — Enfin Diez lire sournois de taciturnus (qui a donné tocllurne):


aquarium, évier-aiguière (1)• capsa, caisse-casse (²). cingulare, cingler-sangier. computare, conter-corapter. coquus, queux-gueux (3), cuculus, coucou-cocu (4). designum, dessein-dessin.

digitus, dé-doigt (5). dominas, dame (6)-dom. ericius (7), hérisson-oursin. fagina, faîne (8)-fouine. flammantem, flamant flambant. gábata, jatte-joue (9). gemelli, gémeaux-jumeaux.

1. Sur aquarium = évier, voyez ci-dessus, page 3, note 2. Aqua donna, dans certaines provinces, la forme aigue, (qui est restée dans aigue-marine), et aquaria est très-régulièrement le primitif d'aiguière. — Il est inutile de citer ici les doubles formes abonner-aborner (M. Diez a démontré que ces deux mots n'avaient point d'origine commune), accotre-accoster (celle-ci vient de costa et se rattache à côte; celle-là dérive de cote et se rattache à cotir)-, elles ne peuvent point former un doublet.

2. Nous passons sous silence le doublet besoin - besogne, l'origine commune de ces deux mots est encore inconnue. — Du vieil haut-allemand buwisc*, naquit le bas-latin boscus, provençal bosc, français bois; une forme féminine bosca devint le vieux-français busche, bûche. Citons encore d'autres primitifs germaniques fournissant une double forme au français populaire. — Du moyen haut-allemand bôzen sont venus buter-bouter, et les composés raboter-rebouter. — Du radical haut-allemand waron, dérivent garenne et varenne.

3. Au XIV siècle gueux a le sens de cuisinier, ce qui montre qu'il n'est qu'une autre forme de queux (Littré. Dict. v° Gueux).

4. Si étrange que paraisse cette assimilation, elle est exacte, et fondée sur un des traits caractéristiques de cet oiseau, ainsi défini par le scoliaste Acron (ad Horat. Sat. 6, 7) : « Cuculus, avis, hoc vitio naturali laborat, ut » ova, ubi posuerit, oblita, saepè aliéna calefaciat. »

5. Dé, vieux-français deit, correspond exactement à didus, qu'on trouve dans la loi salique pour digitus. Quant au v.-fr. déel (signifiant aussi dé), il vient de digitale, comme le prouvent l'esp. dedale, l'it. ditale.

6. Dans l'exclamation dame, débris du vieux français dame-Dieu! (Domine Deus !).

7. Par un diminutif, ericionem', d'où hérisson. — Quant à oursin, c'est une corruption d'hérisson, témoin les formes portug. ouriço, wall. ureçon, angl. urchen.

8. Cette étymologie, proposée par Bochart, se confirme par le surnom de martre des hêtres, donné à la fouine, — et surtout par le vieux français qui ne dit pas fouine, mais faine, ital.-prov. faina, cat. fagina. Un autre doublet aussi étrange est gai-geai. Cet oiseau était en v. fr. gai; de même le v. espag. dit gago pour gai et geai.

9. Gâbata devient très-régulièrement jatte, comme débita devient dette. Quant à joue, ce mot qui est en vieux français joe. et plus anciennement


gula, gueule-goule. : hominem, homme-on.

ille, il-le.

inducere, induire-enduire. li(g)ámen, lien-liane (1). vannum, pan-panne. querquedula ( 2) cercelle - sarcelle.

sarcelle. rage-rêve (3).

repropiare*, reprocher-rapprocher.

reprocher-rapprocher.

sepia, seiche-sèche. soccus, soc-socque-souche (?) sluppa, étoupe-éteuf (1). seniorem, seigneur-sieur. tabula, table-tôle (3). úpupa, houppe-huppe. ventosa, venteuse-ventouse.

jode, correspond à it. gota, prov. gaula. Or ce dernier tnot est la traduction exacte du bas-latin gduta, transformation de gdbata.

1. Le mot liane qui nous vient des colonies hispano-américaines, manque cependant à l'espagnol.

2. Querquedula a donné le bas-latin querquedla, querqnella.

3. Cette typothèse de M. Diez, qui présente rêve comme une variété dialectale de rage (parce que cdvea a donné en vieux français à la fois cage et caive), est difficilement soutenable; elle ne rend pas compte de l's du vieux français resve.

4. Pour f = p, comparez chef de caput. Le latin sluppa a aussi donné l'ail, stoff. d'où fr. étoffe.

5. Tôle, qui est en vieux français laule, correspond aii prov. taula, contraction de tabula (par le changement de tabla en tavla,) ; c'est ainsi que parabala donne parauta (parole).


PARTIE III.

DOUBLETS D'ORIGINE ÉTRANGÈRE.



L'italien, l'espagnol et l'anglais ont fourni à notre langue un assez grand nombre de doublets ; avant de les passer en revue, on doit se demander à quel signe on reconnaît qu'un mot tel que piano, par exemple, est d'origine étrangère, et qu'il a été importé dans notre langue. En tout sujet, il y a deux sortes de preuves : les unes a priori et de théorie, les autres a posteriori et de fait :

1° A priori, piano qui correspond au latin planus ne peut-être un mot d'origine française, car pl latin persiste toujours en français et ne devient jamais pi ; ex. : plorare (p/eurer), plenus (plein), plus (plus), placere (plaire),plumbum (plomb), planus (plain) ; de plus, piano est certainement un mot d'origine italienne, car c'est seulement en italien que pl latin donne pi : plorare (piorare), plenus (pieno), plus (piu), placere (piacere), plumbum (piombo).

2° A posteriori, ce résultat est confirmé par l'histoire de la langue : planus donne plain à la naissance du français (resté dans plain-chant) : l'adj. piano au sens de doux, n'apparaît dans les textes français relatifs à la musique (1) qu'à la fin du XVIe siècle, époque à laquelle il fut importé d'Italie.

1. On sait comment l'adjectif piano (doux) est venu à désigner l'instru¬


lacuna, lacune-lagune (laguna). ligare, lier-liguer (legare), metallea, maille-médaille (medaglia). opera, oeuvre-opéra (opera), palalinus, palatin-paladin (paladino). planus, plain-piano (piano), proestus, prêt-preste (presto). quadrare, carrer-cadrer (quadrare). reductus, réduit-redoute (ridotto). renegatus, renié-renégat (rinnegato). revenus, revers-revêche (revescio). scala, échelle-escale (scala). schislus, schiste-zeste (zesto) ('). staticum*, étage-stage (staggio). tenorem, teneur-ténor (tenore). tympanum, tympan-timballe (timballo). villa, ville-villa (villa), voluta, voûte-volte (volta).

Citons à part les suffixes latins en ata qui donnent ce en français, ata en italien, et l'italien à son tour devient ate, ade, en passant au français :

adcollata*, accolée-accolade (aceolata), arcata, archée-arcade (arcata). camerata, chambrée-camarade (camerata) (!). caballicata", chevauchée-cavalcade (cavalcala). cantala, chantée-cantate (eantata).

d'usage commun (opéra, piano, ténor, etc...), laissant de côté les riiots purement techniques (allegro, andante, alto, etc...).

1. Ajoutons à cette liste scorsonère (de l'italien scorsa-nera, équivalant du français écorce noire), — soprano, d'un type latin superaneus (qui a donné au français souverain). Be l'arabe torgomân (interprète) sont venus : 1° Drogman. 2° Truchement, qu'on écrivait anciennement trucheman, qu'on pourrait dériver de l'italien turcimanno, espagnol trujaman; mais les formes du vieux-français drughmant (Villehardouin LXXXVI), drugement (Joinville, 242), s'y opposent. — Le vieil haut-allemand alansa

donné le français alêne, l'italien lésina (qui signifie au propre alêne, au figuré avarice, et dans ce sens a donné au XVI* siècle le français lésine).

2. Camarade vient plutôt de l'esp. camarada que de l'italien.—Ajoutons ici : briguée-brigade (it. brigata).


cruciala*, croisée-croisade (croniala). ex-cappata', échappés-escapade (scappala). imboscata*, embusquée-embuscade (imbosnala) muscata, musquée-muscade (muscata). parata, parée-parade (parata), pommata, pommée-pommade (pommata) ('). salata, salée-salade (salata) (*). sonata, sonnée-sonate (sonata). strata, estrée-estrade (strada).

§ 2. DOUBLETS D'ORIGINE ESPAGNOLE.

L'invasion de la langue espagnole en France depuis le temps d'Henri III jusqu'à la mort de Louis XIII, laissa sur notre idiome une empreinte relativement forte; elle a créé une vingtaine. de doubles formes, par la rencontre de mots espagnols avec des mots français d'origine commune :

adjutantem, aidant-adjudant (ayudante). camerala, chambrée-camarade (camarada). capilaneusC), capitaine-capitan (capitan). . casa, chez (1)-case (casa), catena, chaîne-cadène( 5)(cadena). cilhara, cithare-guitare (guitarra). coccinella, coccinelle-cochenille (cochinilla). domina, dame-duègne (dueña). hispaniolus, épagneul (6)-espagnol (espanol). hominem, homme-hombre (hombre).

1. L'it. pommata désignait à l'origine un onguent fait de pommes d'api et de saindoux.

2. Salata, herbes qu'on mange avec du sel. — A ces formes ajoutons le doublet taillée-taillade (de it. tagliatia).

3. Capitanens (dérivé de caput), avait déjà donné au vieux-français les formes chevetaine et cataigne.

4. La forme française de casa est chez, (voyez ma Grammaire historique, p. 212), cependant case est déjà dans Ruleboeuf, p. 196; caser est dans Roncisvals, v. 5.

5. Un dérivé de cadène est cadenas.

6. La race des épagneuls (anciennement espagneul), est originaire d'Espagne. — Ajoutons à celle liste eldorado de l'espagnol el dorado, littéralement le doré.


infantem, enfant-infant (infante).

niger, noir-nègre (negro).

pannus, pan-pagne (paño).

regalis, royal-real (real).

sexta, sexte-sieste (siesta).

super-carrica*, surcharge-subrécargue (sobrecarga)

super-saltus, sursaut-soubresaut (sobresallo).

Le portugais nous a donné un seul doublet : fétiche de feitico (latin factitius) qui correspond au français factice. Quant à chamade, s'il vient du portugais chamada (latin clamata), il correspond au français clamée dans ré-elamée, ac-clamée, etc...( 1)

§ 3. DOUBLETS D'ORIGINE ANGLAISE.

L'introduction si considérable depuis quarante ans, et toujours croissante de mots anglais dans notre langue, a donné lieu aux doubles formes suivantes : beaucoup de ces mots, empruntés récemment à l'Angleterre, ne sont autre chose que des mots français importés au XIe siècle, en Angleterre, par les Normands, et qui ont aujourd'hui repassé le détroit, frappés à l'effigie saxonne :

bulla, bull-bill (bill).

capanna, cabane-cabine (cabin).

confortis*, confort comfort (comfort).

expressus, exprès-express (express).

exquadra", équerre (2)-square (square).

factionem, façon-fashion (fashion).

humorem, humeur-humour (humour).

jurata, jurée-jury (jury).

mensa, mense-mess (mess).

rupta, route-raout (rout) (3).

tostus. tôt-toast (toast) (4).

1. Le mot autodafé (portugais auto-da-fé, actum de fidem) est littéralement le français acte de foi.

2. Sur équerre, vieux-français esquerre, voyez plus haut page 41, note 6.

3. Rout signifie assemblée, comme le vieux-français route qui avait le sens de bande, compagnie d'hommes.

4. On sait que le sens primitif de l'anglais toast est rôtie (cependant


Les doublets d'origine étrangère appartiennent, on le voit, presque exclusivement à l'italien, à l'espagnol et à l'anglais ; les autres langues n'ont rien donné en ce genre ; l'allemand seul a fourni la double forme blocus-blockhaus (allemand block - haus) ; (kirsch vient du latin cerasus et est l'équivalent de cerise).

toast correspondant à tosted, représenterait plutôt un type tostatm').— Quant au rapport entre l'adverbe tôt (italien tosto, provençal tost), et le participe latin tostus (brûlé), MM. Diez et Schéler citent à l'appui l'italien caldo (tout-à eonp) du latin calidus (chaud), le vieux-français chalt-pas (passu calido), et l'allemand suisse fuss-warms (promptemenl). — Le latin solidu a donné en français soude, en italien soda. Ce dernier mot importé en Angleterre (soda-water) nous est revenu à l'état simple (soda). — Pudding est la traduction saxonne du français boudin. — Tunnel est le vieux-français tonnel, aujourd'hui tonneau.

— Stalle (anglais stall) est le français étal. —Budget, mot anglais introduit en France en 1814, est l'ancien français bougette (bourse), diminutif de bouge, du latin bulga (petit sac): Bulgas Galli sacculos vacant, nous dit Festus.

— Warrant qui est maintenant établi dans notre dictionnaire commercial est la traduction du français garant. — Jockey est une corruption de jacquet diminutif de Jacques.

PIN.



APPENDICE



Le livre de Nicolas Catherinot (Les Doublets de la Langue Françoysé) publié à Bourges en 1683, avait plus d'une fois attiré l'attention des savants, et fut signalé de nouveau par M. Marty-Laveaux, puis par M. Egger dans une note de son excellente Grammaire comparée. Voici comment Catherinot définit les doublets, fils nés d'un même père, mais de mères différentes : « J'appelle doublets les diverses traductions du même nom... » Cette recherche servira pour entendre les origines, les diffé» rences et les énergies des mots, et à quelques autres usages; » enfin c'est une curiosité. Il y a d'ordinaire un mot ancien et » un mot moderne, un mot aîné et un cadet, un bon et un » mauvais, un d'usage et un usé et hors de service... » Après quelques divagations sur de prétendus doublets grecs tirés de l'hébreu, Gatherinot aborde son sujet qu'il divise en doublets : 1° des noms propres, 2° des noms communs. Laissant de côté les premiers qui ne font point partie de cette étude, nous examinerons plus spécialement les doublets des noms communs : Catherinot en donne 468, mais en réalité son travail ne contient pas la moitié de ce nombre, parce qu'il a réuni sous le nom de doublets des mots de même famille, mais d'origine différente (mémoire et mémorial, croc et crochet), tandis que par sa définition même, le doublet est la bifurcation d'un même mot. Défalcation faite de ces doubles formes


imaginaires, il reste un noyau d'environ 160 doublets réels et exacts; les 308 autres sont faux ou inadmissibles. Sans vouloir railler la science enfantine du vénérable conseiller au présidial de Bourges, science qui était d'ailleurs celle de son temps, nous donnerons au lecteur comme spécimen de la philologie française au siècle de Louis XIV, quelques doublets pris au hasard dans le livre de Catherinot :

abacus, abaque-banc. arca, arche-barque. arma, armes-hardes. axioma, axiome-maxime. battuere, battre tuer. caballicare, chevaucher-galoper. cadentiare, cadencer-danser. debilis, débile-faible. decimare, écumer-décimer. diabolus, diable-drôle. globus, globe-bloc.

gravis, grave-brave. hydra, hydre-guivre. libellus, libelle-billet. marmor, marbre-marmot. ornare, orner-fournir-garnir. petra, pierre-bière. rapum, rêve-rave. strophari, strophe-tromper. verruca, verrue-roche. vulnerari vulnérer-navrer.

Au XVIIIe siècle, Turgot, dans un excellent article de l'Encyclopédie (1) ; au XIXe, Butet, dans sa Lexicologie (1801) ; Fuchs,

1. Bien que ce ne soit point ici le lieu, il n'est pas sans intérêt d'analyser cet article trop peu connu, et qui établit sur des bases solides la méthode et les principes de la science philologique, alors que les de Brosses et les Court de Gébelin extravaguaient encore. Turgot avait vingt-six ans quand il écrivit cet article (1753); cent ans après, paraissait le Lexicon Etymologicum de Diez (1853). On n'est pas médiocrement surpris en voyant qu'aucun des trois instruments de la philologie moderne (l'histoire, la phonétique, la comparaison), n'avait échappé à ce puissant esprit, et qu'il en avait prévu toute l'utilité :

« 1° Lorsque d'une langue primitive plusieurs se sont formées à la fois » dans différents pays, l'étude de ces différentes langues, de leurs dialectes, « des variations.qu'elles ont éprouvées, la comparaison de la manière » différente dont elles ont altéré les mêmes inflexions ou les mêmes soas » de la langue mère, en se les rendant propres ; celle des directions » opposées, si j'ose ainsi parler, suivant lesquelles elles ont détourné le » sens des mêmes expressions ; la suite de cette comparaison, dans tout le » cours de leur progrès, et dans leurs différents époques, serviront « beaucoup à donner des vues pour les origines de chacune d'entre elles-, « ainsi l'italien et le gascon, qui viennent du latin comme le français,


dans son étude sur les Langues Romanes et leur rapport avec le

» présentent souvent le mot intermédiaire entre un mot français et un mot » latin dont le passage eût paru trop brusque et trop peu vraisemblable, si » on eût voulu tirer immédiatement l'un de l'autre....

» 2° Si on veut descendre dans les détails, et considérer les différentes » suites d'altération dans tous les langages, on verra que chaque langue, et » dans chaque langue chaque dialecte, chaque peuple, chaque siècle, » changent constamment certaines lettres en d'autres lettres, et se refusent » à d'autres changements, aussi constamment usités chez leurs voisins... » Les Italiens changent I'l précédé d'une consonne en i : platea — piazza, » blanc — bianco. Les Portugais, dans les mêmes circonstances, changent » constamment cet l en r : branco. La multiplicité des règles de critique » qu'on peut former sur ce plan, et d'après les détails que fournira l'étude » des grammaires, des dialectes et des révolutions de chaque langue, est le » plus sûr moyen pour donner à l'art étymologique toute la solidité dont » il est susceptible...

» 3° Il faut rejeter tonte étymologie qu'on ne rend vraisemblable qu'à » force de suppositions multipliées. Si on propose une étymologie dans » laquelle le primitif soit tellement éloigné du dérivé, qu'il faille supposer » entre l'un et l'autre plusieurs changements intermédiaires, la vérification » la plus sûre qu'on en puisse faire sera l'examen de chacun de ces » changements. L'étymologie est bonne si la chaîne de ces altérations est » une suite de faits connus directement ou prouvés par des inductions » vraisemblables -, elle est mauvaise si l'intervalle n'est rempli que par un » tissu de suppositions gratuites. Ainsi, quoique jour soit aussi éloigné de » dies, dans la prononciation qu'alfana l'est d'equus, l'une de ces étymo» logies est ridicule et l'autre est certaine. Quelle en est la différence? Il » n'y a entre jour et dies que l'italien giorno, qui se prononce dgiorno, et » le latin diurnus, tous mots connus et usités, au lieu que fanacus, » anacus, aquus, pour dire cheval, n'ont jamais existé que dans l'imagi» nation de Ménage, »

Turgot recommande de ne point chercher tout d'abord l'origine d'un mot dans une langue étrangère ; il faut réduire ce mot à son plus simple état, en le débarrassant des préfixes et des suffixes, puis partir du radical ainsi obtenu :

« Souvent, ajoute-t-il, le résultat de celte décomposition se termine à » des mots absolument hors d'usage; il ne faut pas perdre pour cela » l'espérance de les éclaircir, sans recourir à une langue étrangère; la » langue même dont on s'occupe s'est altérée avec le temps; l'élude des » révolutions qu'elle a essuyées fera voir dans les monuments des siècles » passés ces mêmes mots dont l'usage s'est perdu et dont on a conservé les » dérivés; la lecture des anciennes chartes en découvrira beaucoup; les » dialectes ou patois usités dans les différentes provinces en contiennent » aussi un grand nombre; c'est là qu'il faut chercher."


latin (1849, page 125) ; M. Egger, dans sa Grammaire comparée (1853, page 166), rappelèrent l'attention des savants sur le

Une des branches les plus délicates et les plus fructueuses de la philologie moderne, la comparaison des métaphores populaires dont M. Dièz a su tirer tant d'admirables inductions, est signalée par Turgot, qui en découvre aussitôt l'importance :

« Pour ce qui regarde les métaphores trés-éloignées, le rapprochement des » tours semblables dans plusieurs langues très-différentes, devient alors une » preuve que cette façon détournée d'envisager l'objet était aussi nécessaire » pour pouvoir lui donner un nom, qu'elle semble bizarre au premier coup-» d'oeil. Voici un exemple assez singulier qui justifiera notre régle. Bien ne » parait d'abord plus étonnant que de voir le nom de pupilla, petite fille, » diminutif de pupa, prunelle de l'oeil. Cette élymologie devient indubitable » par le rapprochement du grec xopn qui a aussi ces deux sens, et de » l'hébreu bath-ghnain, la prunelle, et mot pour mot la fille de l'oeil : à » plus forte raison ce rapprochement est-il utile pour donner un plus grand » degré de probabilité aux étymologies, fondées sur des métaphores moins » éloignées. »

Il n'est pas jusqu'à la distinction si bien établie par Diez et Littré, des deux basses-latinités (cette qui a donné le roman, et celle qui a été faite sur le roman) qui ne se retrouve dans le travail de Turgot :

" On veut quelquefois donner à Un mot d'une langue moderne comme le » français, une origine tirée d'une langue ancienne comme le latin, qui » pendant que la nouvelle se formait était parlée et écrite dans le même pays » en qualité de langue savante. Or il faut bien prendre garde de prendre » pour des mots latins les mots nouveaux auxquels on ajoutait des termi» naisons de cette langue; soit qu'il n'y eut véritablement aucun mot latin » correspondant, soit plutôt que ce mot fut ignoré des écrivains du temps. » Faute d'avoir fait cette légère attention, Ménage a dérivé marcassin de » marcassinus et il a perpétuellement assigné pour origine à des mots » français de prétendus mots latins inconnus lorsque la langue latine était » vivante, et qui ne sont que ces mots français latinisés par des ignorants » mêmes : ce qui est en fait d'étymologie un cercle vicieux. »

L'auteur termine cet article, ou plutôt si l'on peut ainsi parler, cette prophétie philologique, en donnant à ses contemporains d'excellents conseils sur le rôle de l'histoire dans la science des langues :

« Ce sera une très-bonne loi à s'imposer, si l'on veut s'épargner bien des » conjectures frivoles, de ne s'arrêter qu'à des suppositions appuyées sur » un certain nombre d'inductions qui leur donnent déjà un commencement » de probabilité, et les tirent de la classe trop étendue des simples possi-» bililés : ainsi quoiqu'il soit vrai, en général, que tous les peuples et » toutes les langues se sont mêlés en mille manières et dans des temps » inconnus, on ne doit pas se prêter volontiers à faire venir de l'hébreu » ou de l'arabe le nom d'un village des environs de Paris. La distance des


phénomène philologique des doublets, et réunirent un certain nombre d'exemples.

» temps et des lieux est toujours une raison de douter, et il est sage de ne » franchir cet intervalle qu'en s'aidant de quelques connaissances positives » et historiques des anciennes migrations des peuples, de leurs conquêtes, » du commerce qu'ils ont entretenu les uns chez les autres.... D'après ces » principes, il n'y a aucune difficulté à remonter du français au latin.... » La date du mélange des deux peuples et des temps où les langues » anciennes ont été remplacées par de nouvelles, ne sera pas moins utile; » on ne tirera point d'une racine celtique le nom d'une ville bâtie ou d'un » art inventé sous les rois francs. »

Toutes ces sages maximes de critique historique devaient rester stériles : elles devançaient le XVIII* siècle; l'article de Turgot passa inaperçu; vingt ans après, l'Histoire naturelle de laparole par Court de Gébelin, recueil d'absurdités et de paradoxes, passait, aux yeux des savants, pour avoir épuisé la science des langues, et trouvé la clef de la formation du langage; et toutes les réflexions de Turgot sur l'abus des étymologies hébraïques ou

gauloises, n'empêchèrent point quelques années plus tard les rêveries et les

divagations des celtomanes.


B.

Bain, 40.

Bagne, 40. Balance, 40. Banc, 40. Bandière, 40. Bandit, 40. Banni, 40. Bannière, 40. Banque, 40. Barrette, 30. Basilique, 14. Basoche, 14. Bayant, 29. Béant, 29.

Beau, 32.

Beau voir, 40. Bec, 10.

Bêche, 10. Bel, 32. Belladone, 40. Belle-dame, 40. Belvédère, 40. Benêt, 29.

Béni, 33.

Bénir, 18.

Bénit, 29, 33. Benoit, 29. Béret, 30. Besogne, 35. Besoin. 35. Bestial, 10. Bétail, 10.

Béton, 21. Bien-dire, 18. Bilan, 40.

Bill, 44.

Bitume, 21. Blâmer, 17. Blanchette, 28. Blanquette, 28. Blasphémer, 17. Blockhaus, 45. Blocus. 45.

Bois, 35. Bosquet, 33. Boudin, 45. Bouffer, 31. Bouffir, 31. Bougette, 45. Boule, 21, 44. Bouquet, 33. Bouter, 35. Boutiquier, 20. Bréviaire, 15. Brigade, 42.

Briguée, 42. Brimborion, 15. Bruire, 34. Bûche, 35. Budget, 45. Bulle, 21, 44. Buter, 35.

G.

Cabane, 44. Cabine, 44. Cabriole, 41. Gadène, 43. Cadenas, 43. Cadence, 40. Cadran, 22. Cadrer, 42.

Cage, 41.

Cailler, 16.

Caisse, 29, 35. Calandre, 21. Caleçon, 41. Calmer, 39. Calomnie, 14. Calonge, 14. Calquer, 40. Camarade, 42, 43. Cambrer, 29. Gamerier, 41. Camp, 29. Campagne, 28. Canaille, 41. Canal, 21.

Cancel, 27. Cancer, 14. Cancre, 29. Canicule, 15. Canonique, 14. Cantate, 42. Cap, 30. Capitaine, 43. Capital, 16. Capitan, 43. Capituler, 16. Cappe, 29.

Captai, 30.

Captif, 21. Caractère, 14. Caraus, 14. Carboucle, 21. Carême, 15. Carguer, 30. Carnier, 29. Carogne, 29. Carrant, 22. Carrer, 42.

Carrure, 19.

Carte, 21, Cartulaire, 16.

Case, 43.

Casse, 35.

Castel, 41.

Castrat, 41. Catafalque, 41. Cataigne, 43. Caucher, 39.

Cause, 21. Cavalcade, 42. Cavalerie, 40. Cavalier, 40. Cellule, 14. Cément, 21. Censier, 20. Censitaire, 20. Centenaire, 20. Centenier, 20. Cep, 21.

Cérat, 20.

Cercelle, 36. Cercler, 16. Cercueil, 15.

Cerise, 45.

Cerveau, 32. Cervelle, 32. Chaîne, 43. Chaînon, 34. Chaire, 34.

Chaise, 34. Chalenge, 14. Chamade, 44. Chambrée, 42, 43. Chambrer, 29. Chambrière, 41. Champ, 29. Champagne, 28. Chance, 40. Chancel, 27. Chancre, 14, 26, 29. Chanoine, 14. Chantée, 42. Chanteur, 31. Chantre, 31. Chapitrer, 16. Chappe, 29. Charger, 30. Charité, 16. Charnier, 29. Charogne, 29. Charrier, 29. Charroyer, 29. Charte, 21. Chartrier. 16. Châsse, 27.

Chastée. 18.


Chasteté, 17. Château, 41. Châtré, 41. Chaucher, 40. Chausson. 41 Chef, 30.

Chenal, 21. Chenille. 15. Cheptel, 16, 30. Cherté, 16. Chétif. 21. Chevalerie, 38. Chevalier, 40. Chevauchée, 42. Chevetaine, 43. Cheville, 14. Chevreuil, 41. Chez. 43. Chiennaille, 41. Chifoine, 14. Chignon, 34. Chirurgien, 17. Choc, 34. Choeur, 14. Choléra, 21. Cholérine, 16. Chômer, 41. Chorus, 14. Chose, 21. Ciaule, 14.

Cidre, 14. Ciment, 21. Cingler. 35. Cippe, 21. Circuler, 16. Ciré, 20.

Cithare, 14, 43. Claquer, 28. Classique, 14. Clause, 21. Clavicule, 14. Clicher, 28. Cliquer. 28. Close, 21. Coaguler, 16. Coccinelle, 43. Coche, 27. Cochenille, 41. Cocher, 40. Coction, 20. Cocu, 35.

Coffin, 14. Coffre, 14. Coi, 22.

Col, 32.

Colère, 21. Collecte, 21. Colliger, 14.

Colloquer, 16.

Colorer, 29.

Colorier, 29.

Comble, 14.

Combler, 16.

Combres, 14.

Comfort, 44. Comenger, 16.

Comité, 16. Commandenr, 42. Commodore, 42. Communier, 18. Communiquer, 16, 18. Comparer, 16. Complète, 21. Complies, 21.

Comprer, 16.

Compte, 14.

Compter, 35.

Comput, 14.

Comté, 16.

Confiance, 18. Confidence, 18. Confort, 44.

Conque, 21. Considérer, 16. Consirer, 16.

Constant, 21. Contenance, 21. Conter,. 35. Continence, 21. Copule, 14.

Copuler, 16.

Coque, 21, 29.

Cor, 10.

Corne, 10.

Corsaire, 21.

Costume, 41.

Cou, 32.

Coucher, 16.

Coucou, 35.

Couple, 14.

Coupler, 16. Courbature, 18. Courbure, 18.

Courine, 16.

Courir, 31.

Contre, 31.

Coursier, 21.

Goûtant, 21.

Coutume, 41.

Craquer, 34.

Crasse, 21.

Créance, 18, 29. Crédence, 18.

Crêper, 21, 32.

Crépir, 32.

Crescendo, 41.

Crisper, 21. Croisade, 43, 64. Croisée, 43. Croissant, 41. Croquer, 34. Croyance. 29. Crypte, 21. Cucurbite, 14. Cueillette, 21. Cueillir, 14. Cuisson, 20. Cumul, 14. Cumuler, 16. Cylindre, 21. Cymbale, 14. Cymble, 14.

D.

Dactyle, 14.

Dais, 22. Dalmatique, 14. Dame, 35, 43. Datte, 14. Daumike, 14. Dé, 35.

Dé, 18, 35.

Debile, 14.

Débit, 14. Décadence, 18. Décanat, 18. Déchéance, 18. Déchet,. 27. Déchoit, 27. Décime, 14.

Décor, 14. Décorum, 14. Dédicace, 30. Deinter, 16. Délayer, 18. Délectant, 41. Délicat, 16, 18. Délié, 18.

Delgié, 16.

Déluge, 13. Demoiselle, 33, 41. Denaire, 20. Dengner, 16. Denier, 16.

Denier, 20. Dénuder, 18. Dénuer, 18. Dépenser, 22. Déprécier, 22. Dèpreindre, 14. Déprimer, 14. Déprisar, 21.

4


Déroger, 16. Derver, 16. Désigner, 22. Dessein, 35. Dessin, 35. Dessiner, 22. Desver, 16. Détroit, 22. Dette, 14.

Deux, 41.

Dévier, 29. Devin, 22. Deviser, 22. Dévoyer, 29. Diamant, 18. Dicton, 14. Dieble, 14. Digital, 18. Digitale, 18. Dignité, 16. Dilater, 18. Dilater, 18. Dilettante, 41. Diluvium, 14. Dîme, 14.

Direct, 21. Direct, 22. Dispense, 22. Disque, 21. Disque, 22. Dissiper, 16. District. 22. Dit, 14.

Dit, 39.

Dito, 39. Diurnal, 22. Diurne, 22. Divin, 22. Diviser. 21. Doge, 41.

Doigt, 35. Dom, 35. Domesche, 14. Domestique, 14. Donzelle, 33, 41. Dorade,,30. Doré, 30.

Doter, 18. Douer, 18. Douille, 14. Doyenne, 18. Drogman, 42. Droit, 22. Duc, 40. Ducasse, 30. Ducat, 41. Duché, 41. Ductile, 14.

Duègne, 43. Duo, 41.

E.

Echafaud. 41. Echalier. 23. Echappée, 43. Echelle, 42. Echevin, 23. Ecolier, 20. Ecorce noire, 42. Ecorcer, 29. Ecorcher, 29. Ecouter, 21. Ecrouelle, 19. Egal, 17.

Egalité, 16. Eldorado, 43. Eléphant, 22. Emblée, 16. Embler, 17. Embuscade, 43. Embusquée, 43. Emeute, 33. Employer. 18. Empreindre, 15. Emue. 33. Enclaver, 19. . Enclore, 22. Enclouer, 19. Encrasser, 22. Encroûter, 22. Endroit, 17. Enduire, 36. Enduré, 22. Enfant, 44. Enfermer, 21. Enferté, 16. Engigner, 22. Engraisser, 22. , Enjambe, 41. Enluminer, 22. Enquêteur, 17. Entendant, 22. Enterver, 16. Entier, 22. Entreposer, 22. Envers, 22. Envoler, 17. Epagneul, 43. Epaule, 15.

Epée, 23. 30. Epice, 23. Epidémie, 14. Epingle, 15. Episcopat, 16.

Epistolaire, 20. Epistolier, 20. Eployé, 18. Epreindre, 14. Equerre, 41, 44. Erège, 14. Escadre, 41. Escale, 42. Escalier, 23. Escapade, 43. Escarboucle, 21. Esclandre, 15. Escouade, 41. Esmer, 16. Espade, 30. Espagnol, 43. Espèce, 23.

Espir, 14.

Esprit, 14. Essuyer, 18. Essaim, 14. Essucquer, 18. Estimer, 16. Estordre, 14, Estrade, 43. Estrayer, 18. Estrée, 43.

Etage, 42.

Etam, 34.

Etal, 32, 45. Etanchant, 23. Etau, 32, 45. Eteuf, 36.

Etique, 22. Etoffe, 33. Etouppe, 36. Etroit, 23. Etymologe, 14. Etymologie, 14. Evêché, 16. Evier, 35, 13. Examen, 14. Exhalaison, 64. Exhalation, 64, Explicite, 14. Expliqué, 18. Exploit, 14. Exprès, 44. Express, 44. Exprimer, 14. Extorquer, 14. Extravaguer, 17.

F.

Fabrique, 14. Façon, 20, 44.


Facteur, 14. Factice, 44. Faction, 20. Factum, 14. Fade, 30.

Faine, 35.

Fait, 14.

Faître, 14. Fantasque, 15. Fantastique, 15. Farouche, 22. Fashion, 44. Fat, 30.

Féal, 18.

Feaute, 16. Férié, 14. Fermeté, 16. Féroce, 22. Ferté, 16.

Fesle, 14. Fétiche, 44. Feuille, 10. Feutre, 23. Ficher, 23. Fidèle, 18. Fidélité, 16. Fieis, 18. Figuier, 17. Filtre, 23. Fistule, 14. Fixer, 23. Flacler, 18. Flageller, 17, 18. Flairer, 29. Flamant, 35. Flambant, 35. Fléau, 18. Fleurer, 29. Fleurir, 33. Flestre, 14. Florir, 33.

Foire, 14. Foison, 20. Fol, 32.

Folio, 10.

Forçat, 64. Forcé, 64.

Forge, 14.

Fors, 22. Fou, 32.

Fouine, 35. Fragile, 14. Frais, 41. Freindre, 14, 31. Frêle, 14. Frémir, 19, 31. Fresque, 41. Friction, 20.

Frisson, 20. Fugue, 41. Fuie, 41. Fusion, 20.

G.

Gabie, 41. Gai, 35.

Gaine, 19. Garant, 45. Garenne, 35. Gaudir, 18. Geai, 38. Geindre, 31. Gémeau, 35. Gémir, 31. Gibier, 29. Giboyer, 29. Glandre, 14. Glandule, 14. Glas, 14 Golfe, 21. Gouffre, 21. Goule, 36. Gourde, 14. Graduel, 18. Grael, 18. Grammaire, 34. Gras, 21.

Grave, 22. Gravité, 16. Grecque, 22. Grenade, 30. Grenée, 30. Grenouille, 15. Grièche. 22. Grief, 22.

Griété, 16. Grimoire, 34. Grincer, 29. Grincher, 29. Grotte, 21. Gueule, 33. Gueule, 36. Gueux, 35. Guitare, 43. Guivre, 16.

H.

Habile, 14. Habiter, 17. Hable, 14. Hanter, 17. Hargne, 14.

Haut, 38.

Hautesse, 40. Hectique, 22. Hémine, 22. Héréditaire, 16, 20. Hérédité, 16. Hereté, 16. Hérétique, 14. Hérisson, 35. Héritier, 16, 20. Hernie, 14.

Heur, 18.

Heure, 33. Hippopotame, 16. Hombre, 43. Homme, 36, 43. Honchet, 34. Hôpital, 16.

Hors, 22.

Hôtel, 16.

Houppe, 36. Humbleté, 16. Humeur, 44. Humilité, 16. Humour, 44. Huppe, 36. Hyacinthe, 22.

I.

Igauté, 16. Il, 36.

Illuminer, 22. Impliquer, 18. Imposte, 42. Impôt, 42. Imprimer, 15. Incarnat. 42. Incarné, 42. Inclinaison, 20. Inclination, 20. Inclure, 22. Incruster, 22. Indirect, 17. Induire, 36. Indure, 21. Infant, 44. Infirmer, 21. Infirmité, 16. Ingambe, 41. Ingénier, 22. Inquisiteur, 17. Intègre, 22. Intendant, 22. Interposer, 22. Interroger, 16. Inverse, 22.


J.

Jacinthe, 22. Jacquet, 45. Jatte, 35. Jauger, 17. Jockey, 45. Jonchet, 34. Joue, 35. Jouir, 18. Jour. 22. Journal, 22. Jumeau, 35. Jurée, 44. Jury, 44. Justesse, 21. Justice, 21.

K.

Kirsch, 45.

L.

Labeur, 33. Labour, 33. Lâcher, 29. Lacune, 42. Ladre, 22. Lagune, 42. Lai, 22.

Laïque, 22. Laisser, 29. Lambeau, 32. lambel, 32. Lapider, 18. lapier, 18. Large, 29. Largue, 29. Lazare, 22. Le, 36.

Lecteur, 14. Légal, 18. Légalité, 17. Légat, 20. Légué, 20. Légume, 18. Lésine, 42. Létréitre, 16, 18. Léun, 18. Liaison, 18. Liane, 36. Libération, 64. Libérer, 17. Liement, 18.

Lien, 36.

Lier, 42.

Ligament, 18. Ligation, 18. Liguer, 42.

Lis, 10. litre, 14.

Littérature, 16, 18. Livraison, 64. Livrer, 17.

Lot, 41.

Loto, 41.

Loyal, 18.

Loyauté, 17. Lumière, 10. Luminaire, 10. Lunage, 14. Lunatique, 14. Lys, 10.

M.

Macaron, 41. Macaroni, 41. Mâcher. 17. Macule, 15. Madame, 40. Madone, 40. Maesté, 18. Magister, 15. Magistral, 30. Maille, 15, 42. Maire, 15.

Maire, 15, 31. Maître, 15. Majesté, 18. Majeur, 15, 31. Major, 15. Malédiction, 18. Maleicon, 18. Mandat, 20. Mandé, 20. Marcher, 64. Marguillier, 17. Marquer, 64. Marteau, 64. Martel, 64. Martre, 14. Martyre, 14. Mastiquer, 17. Matriculaire, 17. Maxime, 14. Mécine, 16. Médaille, 40. Médecine, 16. Médian, 18. Médium, 15.

Mener. 22. Ménestrel, 17. Mense, 44. Menue, 22. Merme, 14. Mesme, 14.

Mess, 42.

Messe, 22.

Métier, 17, 18. Meuble, 15. Meulière, 20. Mi, 15.

Mie, 34.

Miege, 15.

Mine, 22.

Miner, 22. Mineur, 31. Minime, 14. Ministère, 17, 18. Ministériel, 17. Minute, 22.

Mise, 22.

Mistral, 30. Mobile, 15. Module, 15. Moindre, 31. Mol, 32.

Molaire, 20. Morceau, 64. Monastère, 17, 18 Mou, 32.

Moule, 15, 22. Moutier, 17, 18. Mouver, 32. Mouvoir, 32. Moyen, 18.

Mugir, 18. Muguet. 20.

Muir, 18. Muscade, 43. Muscat. 20. Muscle, 22. Museau, 64. Musquée, 43.

N.

Nager, 17. Naïf, 18. Natal, 18. Natis, 18. Nausée, 15. Naviguer, 17. Nègre, 44. Noël, 18. Noir, 44. Noise, 15.


Nombre, 15. Nombrier, 17. Nourrisson, 21. Numéraire, 17. Numéro, 15. Nutrition, 20.

0.

Oblat, 20. OEuvre, 42. Official, 21. Officiel, 21. Olifant, 22. On, 35.

Opéra, 42. . Opérer, 17. Or, 33. Oreiller, 16. Orfraie, 17. Organe, 15. Orgue, 15. Orteil, 21. Ossifrague, 17. Oublie, 20. Oursin, 35. Ouvrer, 17.

P.

Pagne. 44. Pal, 30.

Paladin, 42. Palatin, 42. Pale, 22.

Palme, 22. Pan, 36, 44. Panne, 36. Panser, 23. Papier, 15. Papillon, 22. Papyrus, 15. Par, 34. Parabole, 15. Parade, 43. Paradis, 17. Parafe, 21. Paragraphe, 22. Parée, 43. Parole, 15.

Part, 34. Partial, 21. Partiel, 21. Parvis, 17. Pasteur, 14, 31. Pâtre, 14, 31. Paume, 22.

Pause, 22. Pavillon, 22. Pectoral, 10. Pedicule, 15, 18. Pelle, 22. Péneant, 18. Pénitent, 18. Penser, 31. Penser, 23. Pensum, 15, 22. Pépie, 22.

Perle, 15.

Peser, 22.

Pétale, 19.

Piano, 42.

Piété, 22.

Pieu, 30. Pigment, 22. Pigment, 22. Pilule, 15. Piment, 22.

Pitié, 22.

Pitié, 22.

Pituite, 22. Placet, 15. Placite, 15.

Plaid, 15.

Plain, 22, 42. Plaine, 22. Plaire, 31. .Plaisir, 31.

Plait, 15.

Plan, 22.

Plane, 15.

Plane, 22. Platane, 15. Plate, 20.

Plie, 20.

Plier, 29.

Ployer, 29. Poêle, 19.

Poids, 15, 22. Poinçon. 20. Poison, 20. Poison, 20. Poitrail, 10. Police, 15. Polype, 15. Polyptique, 15. Pommade, 43. Pommée. 43. Porche, 15. Portique, 15. Pose, 22.

Potion, 20. Pou, 15, 18. Pouillé, 15. Pouffer, 31.

Poulpe, 15. Pourvoyance, 19. Prébende, 22. Précaire, 19, 20. Prêcheur, 17. Prédicateur, 16. Préhension, 19, 20. Premier, 20. Presbytère, 15. Préséance, 19. Présidence, 19. Preste, 42.

Prêt, 42.

Prêtre, 15.

Prière, 19, 20. Primaire, 20. Prison, 19, 20. Probable 1, 22. Prouvable, 23. Provençal, 22. Provende, 22, Providence, 19. Provincial, 22. Prud', 31.

Prudent, 31. Psaltérion, 22. Psautier, 22. Pudding, 45. Punction, 20.

Q.

Quadragésime, 15. Quadrature, 19. Qualifier, 17. Quatre, 22. Quatuor, 22. Quérir, 31.

Querre, 31.

Queux, 35.

Quitte, 22.

R.

Raboter, 35. Bade, 14.

Radié, 19.

Rage, 36. Raison, 20. Rançon, 19, 21. Rang, 30.

Ranz, 30. Rapide, 14. Rapprocher, 36. Ras, 22.

Ration, 20.


Rayé, 19.

Réal, 44.

Rebouter, 35. Recollet, 22. Recouvrer, 17. Recueilli, 22. Récupérer; 17. Rédemption, 19, 21. Redoute, 42.

Réduit, 42. Réflection, 22. Réflexion, 22. Refuser, 19.

Régale, 19.

Régleur, 17. Régulateur, 17. Relâcher, 22. Relaxer, 22. Remembrer, 17. Remémorer, 17. Renégat, 42.

Renie, 42. Renoncule, 15. Réorte, 18.

Répit, 22.

Replier, 19. Répliquer, 19. Reprocher, 36. Réputer, 16.

Réséant, 18. Résident, 18. Respect, 22.

Reter, 16.

Retorte, 18. Retracter, 22. Retraiter, 22. Revanche, 29.

Rêve, 36.

Revêche, 42. Revenge, 29.

Revers, 42.

Rez, 22.

Rhythme, 22.

Rigide, 15.

Rime, 22.

Roide, 15.

Rôle. 15.

Ronde, 19.

Rosaire, 20.

Rosát, 20.

Rosé, 20.

Rosier. 20.

Rotonde, 19.

Rotule, 15.

Roture, 22.

Rout, 44.

Route, 44.

Royal, 44.

Royale, 19. Rugir, 34. Rupture, 22. Ruser, 19. Ruste, 14. Rustique, 14.

S.

Sacrement, 17. Sain, 18,

Salade, 43. Salaire, 20. Salée, 43. Salière, 20. Salve, 22.

Salvia, 13. Sangler, 35. Sanglier, 17. Sapide, 15. Sarcelle, 36. Sarcophage, 15. Satin, 18.

Sauf, 22.

Sauge, 13. Scabin, 23. Scandale, 15. Schiste, 42. Scieur, 19. Scolaire. 20. Scorzonère, 42. Scropule, 19. Sécateur, 19. Sèche, 15, 36. Séculaire, 20. Séculier, 20. Sécurité, 19. Seiche, 15, 36. Seigneur, 31, 36. Sein, 23.

Seing, 23. Sembler, 17. Senestre, 23. Séparer, 17. Sèpia, 15. Serment, 17. Sevrer, 17.

Sexte, 23, 44. Sieste, 44.

Sieur, 36.

Signe, 23. Simuler, 17. Singulier, 17. Sinistre, 23. Sinus, 23.

Sire, 31.

Sixte, 23.

Soc, 36.

Socque, 36.

Soda, 45.

Sofa, 10.

Sol, 15.

Soldat, 20.

Soldé, 20.

Solder, 32.

Solide, 15.

Solliciter, 17.

Soit, 15.

Sommaire, 20. Sommier, 20.

Sonate, 43.

Sonnée, 43.

Sopha, 10.

Soprano, 42.

Sou, 15.

Soubresaut, 44. Souche, 34.

Souche, 36.

Soucier, 17.

Soude, 45.

Soudé, 32, 20. Soupçon, 17, 21. Sourdre, 15, 31. Sournois, 34. Souvenir, 23. Souverain, 42.

Spathe, 23.

Spatule, 45.

Spinulé, 15.

Square, 44.

Stage, 42.

Stagnant, 23.

Stalle, 45.

Strict, 23. Subrécargue, 44, Subvenir, 23.

Suçon, 64.

Suction, 64.

Superfin, 23. Surcharge, 44.

Sûreté, 19.

Surfin, 23.

Surgien, 18. Surgir, 15, 31.

Sursaut, 44. Suspicion, 17, 21. Symphonie, 14.

T.

Table, 36. Tâcher, 23. Taciturne, 34. Taillade, 43.


Taillée, 43.

Tain, 34.

Taire, 31.

Taisir, 31.

Tarte, 34.

Taxer. 23. Tempérer, 17. Tençon, 20. Téner, 40. Teneur, 42. Ténor, 42. Tension. 21. Tenson, 21. Tépide, 15. Territoire, 19. Terroir, 19. Thériaque, 23. Tibia, 16.

Tiède, 15.

Tige, 16. Timbale, 42. Timbre, 16. Tisser, 31.

Tistre, 31.

Toast, 44.

Toison, 21.

Tôle, 36. Tonneau. 45. Tonsion, 21. Toquer, 28. Tôt, 44.

Toucher, 28. Tourte, 34. Tradition, 19, 21. Trahison, 19, 21. Treii, 18. Tremper, 17. Triaque, 23. Tribut, 18.

Trognon, 34. Tronçon, 34. Troublant, 10. Truchement, 42. Tunnel, 45. Turbulent, 10. Tympan, 42, 16.

U.

Uel, 18. Upotame, 16. Utile, 14. Utle, 14.

Y.

Vacant, 10. Vagin, 19. Vaillant, 23. Val, 32.

Valant, 23. Vaquant, 10. Varenne, 35. Vau. 32.

Veillant, 17. Veille, 16. Venteuse, 23, 36. Ventôse, 23. Ventouse, 23, 36. Verge, 29. Vergue, 29. Vérité, 16. Vermicelle, 64. Vermisseau, 64. Véroine, 14. Véronique, 14.

Verre, 23. Verrou, 32. Verte, 16. Veuve, 23. Viatique, 16. Vicaire, 20. Vide, 23. Vigilant, 17. Vigile, 16. Viguier, 20. Villa, 42.

Ville, 42. Vipère, 16. Vitre, 23. Vocale, 17, 19. Volaille, 10. Volatile, 10. Volte, 42. Voter, 19. Vouer, 19. Voûte, 42. Voyage, 16. Voyelle, 17, 19. Vrille, 32.

W.

Warrant, 45.

Y.

Ypidème, 14.

Z.

Zeste, 42.


ADDITIONS & CORRECTIONS.

P. 8, ligne 1 : d'ailleurs, lisez ailleurs.

P. 14, col. 2, ligne 4, ajoutez : Débit est plutôt le substantif verbal de débiter.

P. 18, note 1, ligne 31 : s. r, lisez s. v.

P. 21, note 1, ajoutez : exhalalionem, exhalaison-exhalation; liberationem, livraison-libération: suctionem*, suçon-suction.

P. 22, col. 2, ligne 15 : plane, lisez Plan.

P. 29, note 4, ajoutez : marche-marque du goth. marka.

P. 30. ligne 20, ajoutez : forlialus", forcé-forçat (pr. id.).

P. 32, note 4, ajoutez : martel-marteau, du lat. martellus*.

P. 33, ligne 19 : dotnnïcellus, lisez domntcella; — ligne 20 : domncellus, lisez domncella.

P. 34, note 3, ajoutez : morsellus*- morceau-museau (pour la discussion de cette étymologie, je renvoie au Dict. de Diez),

P. 35, ligne 12, note 1 : Accotre, lisez Accoter.

P. 41, ligne 11 : cresoentum, lisez crescentem.

P. 42, note 2, ajoutez : vermicellus* donna au français vermisseau, à l'italien vermicello (dont le pluriel vermicelli est devenu dans notre langue vermicelles).

P. 43, ligne 1, ajoutez : Il vaut mieux, avec M. P. Meyer, rapporter croisade au provençal crozada, qu'à l'italien; il en est de même pour donzelle. Sur bien des points d'ailleurs, une origine précise est difficile à fixer, l'influence du provençal sur notre langue ayant été peu étudiée jusqu'à présent.

P. 44, ligne 21 : bull, lisez bulle.

Nogent-le-Hotrou, imprimerie de A. Guouverneur.


DICTIONNAIRE DES DOUBLETS

ou

DOUBLES FORMES

DE LA LANGUE FRANÇAISE

AUGUSTE BRACHET

SUPPLÉMENT

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DICTIONNAIRE

DES DOUBLETS

-

SUPPLÉMENT


SUPPLÉMENT.

Les présentes additions au Dictionnaire des Doublets que j'ai publié en 1868, comprennent un peu plus de trois cents doublets nouveaux, ce qui porte à onze cents le nombre total des doubles formes déjà observées. Afin de ne pas grossir inutilement ce supplément, je renvoie le lecteur pour les preuves de chaque étymologie à mon Dictionnaire étymologique de la langue française ; je supprime aussi des répétitions sans profit (telles que mot populaire, mot savant, vieux-français, etc.), en imprimant les mots français en italique quand ils sont d'origine populaire, en capitales quand ils sont d'origine étrangère, en romain quand ils sont d'origine savante. Un astérisque indique les mots qui n'appartiennent plus qu'à l'ancien français.

Le nombre de mots qui ont donné en français, non pas deux mais trois et parfois quatre dérivations, est si considérable qu'il vaudrait peut-être mieux donner à ce phénomène philologique un autre nom que celui de doublet, inventé par Catherinot en 1683 ; le nom de dittologie (de double), proposé par K. W. L. Heyse (System der Sprachwissenschaft, § 90), est un équivalent également insuffisant.

En 1801, Butet (.Lexilogie, p. XVIII) appela plus justement ces formes des dérivations divergentes, et M. Egger, dans sa Grammaire comparée (p. 166), se range à l'opinion de Butet. Diez leur donne simplement le nom de bifurcation (Grammat. d. Rom. Sprachen, I, 50, 2e édit.). Mais cette dénomination suffit-elle à comprendre des formes, soit triples, comme ;


Affectatum, affaité, affété, affecté. Aquarium, évier, AIGUIÈRE, aquarium.

Antiquus, anti*, antif* 1, antique. Aquaticus, evage,* aquatique,

AIGAGE.

Cancer, chancre, cancre, cancer. Capitale, cheptel, CAPTAL, capital. Cithara, cidre*, GUITARE, cithare. Credentia, créance, croyance,

crédence.

Communicare, comenjer*, communier, communiquer. Concha, coque, coche, conque. Cholera, colle, colère, choiera, Capsa, châsse, casse, CAISSE. Canonicus, chanoine, canonge*,

canonique.

Capitulum, chapitre, capitule,

CAPITOUL.

Crispare, crêper, crépir², crisper. Custodem, coutre*, cuistre, custode. Domina, dame, dont (dominus),

DUÈGNE.

Delicatus, deuge*, délié, délicat. Exquadra*, équerre, ESCADRE, SQUARE.

Factitius, failis*, factice, FÉTICHE. Graeca, grièche, grecque, GRÈGUE. Hring, rang, harangue, RANZ. Homo, on, homme, HOMBRE (hominem).

(hominem).

Indicus, inde, indique, INDIGO. Major, maire, majeur, major.

Millesimum, millième, millime,

millésime.

Mansus, mès*, manse, MAS. Muscatum, musqué, muscat, MUSCADE.

Navigare, navier*, nager, naviguer. Papilionem, pavillon, papillon,

PARPAILLOT.

Pannum, pan, panne, PAGNE. Polypus, poulpe, polype, pieuvre. Pensare, peser, panser, penser. Piperata*, purée, poivrée, POIVRADE.

Pedonem", pion, pédon, PÉON. Quintana, quintaine, quintane,

CANTINE.

Quaternum, cahier, quaterne,

CASERNE. .

Replicare, replier, reployer, répliquer.

Retiolum, réseuil, réseau, résille, Spatha, épée, spathe, ESPADE, Solidatum, soudé, SOLDÉ, SOLDAT. Stallum*, étal, étau, stalle.

Sepia, seiche, sèche, SÉPIA. Spiritus, espir* 5, esprit, spirite. Sixta, sexte, sixte, SIESTE. Thyrsum, trou (de chou), thyrse,

TORSE.

Tympanum, timbre, tympan,

TIMBALE.

Votum, voeu, vote, ex-voto. Ventosus, venteuse, ventouse, ventôse.

1. Anti (de antiquus réduit à anticu*', comme ami de amieus) est au féminin antie (de antcica*, comme amie de arnica); — antif (de antiqvus*) est au féminin antive de antiqva* (comme ève de aqva").

2. Vient plutôt de crêpe directement.

3. Espir n'est peut-être que le substantif verbal du v. fr. espérer (spirare).


Soit quadruples, comme :

Benedictus, benoît, benêt, bénit, Planum, plain, plan, plane,

béni. PIANO.

Bulla, boule, bille,bulle, BILL. Persica, pêche, prisse, perse, Missum, mets, mis, MESS, messe persique.

(missa).

Pour le classement de ces additions nouvelles, j'ai conservé les anciennes divisions de mon Dictionnaire des Doublets ; j'ai mis, en outre, à profit les indications si précieuses de M. G. Paris dans la Revue critique (1868, II, 274-280), et de M. Tobler dans le Literarisches Centralblatt du 12 décembre 1868 (n° 51, p. 1426).

CHAPITRE I.

DOUBLETS D'ORIGINE SAVANTE.

§ 1. PERSISTANCE DE L'ACCENT LATIN.

Compositum, compote-composite. Custodem, cuistre-custode. Scholasticus, écotare*-scolastique Aquaticus, évage*-aquatique. Comitem, comte-comité. Implicita, emplette-implicite. Millesimum, millième-millésime. Persica, pêche-persique.

Stipula, éteule-stipule.

Imbibere, emboire-imbiber.

Mica, mie-mica. Manica, manche-manique. Gapitulum,chapitre-capitule.

Arsenicum, arsoine*-arsenie. Umbilicus, nombril-ombilic. Cholera, colle 1 (chaude colle)-colère.

Nubilis, nubble*-nubile.

Fistula, fistre*-fistule.

Glandula, glandre*-glandule. Originem, orine*-origine. Colonia, colonie-colonie.

Orbita, orde*-orbite.

Tenuis, tenve*-ténu.

Rusticus, rastre-rustique.

Lactea, laite-lactée².

Comble-cumul, dette-débit, decor-décorum ne sont point des doublets ; comble, dette, décorum, venant respectivement des formes latines cumulum, debita, decorum, tandis que « cumul,

1. Dans l'expression : en chaude colle.

2. Dans voie lactée, via lactea. Dans les autres cas lactée correspond à lactata.


débit, décor » sont les substantifs verbaux de -cumuler, -débiter, -décorer 1.

Prêtre (de presbyter), et presbytère (de presbyterium) ne se doublent point. Je ne parle point des formes telles que « elleborum, aliboron-ellébore », « requiem, reyam-requiem » qui sont de pures chimères.

2. SUPPRESSION DE LA VOYELLE BRÈVE.

Ginerarium, cendrier-cinéraire. Orbitaria, ornière'-orbitaire.

Graticulare, griller-craticuler. Stipulare, étioler-stipuler.

Ungulatum, onglë-ongaié. Compositorem, composteur- comArticulatum, artillé-articulé. positeur.

Embler*-envoler ne se doublent point, le premier répondant à involare, le second à indè-volare. Il en est de même de « mèlangemiscellanée. » Diez (Gr. II, 354, 2e édit.), tire mélange de miscêl-lanea, ce qui est tout à fait impossible, à cause de e atone. (Voy. mon étude sur le Râle des atones latines dans les langues romanes, p. 8). Mélange vient directement de mêler, comme vidange de vider, lavange de laver.

3. CHUTE DE LA CONSONNE MEDIANE.

Li(g)atura, liure-ligature. Gra(t)iculare, griller-craticuler. Pe(d)onem, pion-pedon. Pulsa(t)ivum*, poassif-pulsatif. Co(h)ortem, cour-cohorte. Procura(t)orem, procureur-procurateur.

Re(c)usare, ruser-récuser 3. Qua(t)ernum, cahier-quaterne. Fila(t)orem, fileur-filateur. Po(d)agrum, pouacre-podagre. Se(c)antem, sciante-sécante. Vo(t)um, voeu-vote.

Pa(t)ella, poêle-patelle.

Courbure (de curvatura), et courbature (de l'ancien verbe combattre 4) ne se doublent point. Le doublet « mica, mie-miche »

1. De même comble (cumulum) et décembre ne se doublent point ; le second vient d'un radical cumer qui a donné en latin cumera, cumerum.

2. V; fr. ordière, comme orde* de orbita.

3. C'est à tort que j'ai assimilé dans mon Dict. des Doublets les deux mots ruser (de recusare) et refuser (de refuliare*).

4. Courbattre est primitivement un terme de vétérinaire, comme les mots solbatu, solbature.


proposé par Tobler, n'est pas admissible, miche ne venant point du latin, mais du flamand micke (pain de froment).

§ 4. SUFFIXES LATINS.

Soit en aris (alis) -arius :

Aestuarium, étier-estuaire. Hebdomadarius, hebdomadier-hebdomadaire.

hebdomadier-hebdomadaire.

Maxillaris, mâchelier-maxillaire. Mercurialis, mercuriel-mercuriale.

Dentarium, dentier-dentaire. Saponaria*,savonnière-saponaire. Adversarius, aversier"-adversaire. Victualia, vitaille1-viruaille.

On ne peut joindre à cette liste « censitaire-censer », le premier venant de censitarius, le second (en italien censuario) vient du B. L. censarius, qui est le L. class. censuarius.

Soit de onem, ionem :

Unionem, oignon-union. Rogationes, rouvaisons* - rogations.

Suctionem, siçon-suction 2.

Soit de atus :

Formatus, formé-format.

Fluctuationem, flottaison-fluctuation.

Carbonem, charbon-carbone.

« Muguet-muscat » viennent l'un et l'autre de muscum mais ne se doublent point, étant accolés à des suffixes différents, l'un en ettus (muguet), l'autre en atus (muscat).

Ajoutons ici la liste d'un certain nombre d'autres doublets d'origine savante qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes :

1. B. L. vitaliu, d'où vilaille resté dans ravitailler.

2. Gomme dans nourrisson (nutrilionem), poinçon (punctionem), le latin passe en- français dn féminin au masculin, et du sens abstrait d'action de sucer, de nourrir, de piquer, au sens concret d'objet que l'on suce, d'être que l'on nourrit, d'instrument servant à piquer. L'ancien français disait de même le prison (prehensionem) pour caplivus ; et du substantif abstrait féminin l'élève (action d'élever) nous avons tiré le masculin élève (celui qui est élevé).


Quoestorem, quêteur-questeur. Punctuare* pointer-ponctuer. Insignia ? enseigne-insigne. Affectatum, affété-affecté.

Ovum, oeuf-ove.

Juxtare, joûter-jouxter.

Avarus, aver*-avare.

Codex, code-codex.

Quintana, quintaine-quintane. Falcare*, faucher-falquer. Scintillare, étinceler-scintiller. Callosus, galeux-calleux.

Variola, vérofe-variole.

Musculus,moule-muscle. Contractum, contrat-contracte. Aureola, auréole, loriot (aureolum).

Romanus, romain-romon.

Suavis, souef*-suave.

Intactus, entait*-intact.

Clara, glaire-claire ?

Gehenna, gêne-gehenne. Exfoliare, effeuiller-exfolier. Novella, nouvelle-novelle. Imperatricem, emperairis*-impératrice.

Tactus, tac1-tact.

Mensa, moise-mense.

Thyrsum,trou3-thyrse.

Gemelli, jumeaux-gémeaux.

Astrum, âtre-astre. 4 Citrinus, serin-citrin 5

, menois'*6-menisque.

Affermer (de ferme), et affirmer (de affirmare), sauf (de salvum) et salve (de l'impératif salve) ne se doublent point 7. Il en est de même de « enfermer-infirmer, «andouille-inductile», les ans venant de infirmare, inductile avec in préposition, les autres venant de infirmare, inductile avec in négatif.

1. Tactus (contact) est au sens de contagion, de lèpre. dans un fragment de l'itala publié par les soins de lord Asburnham (Lévitique, VIII, passim), d'où le fr. tac, lèpre des moutons, signalé par G. Paris, Revue Crit., 1. c.

2. Sur moise = mensa, cf. G. Paris dans Mèm. Soc. Linguistique, p. 291.

3. Dans l'expression trou de chou, cf. Diez, Etym. Wbch. s. v.

4. Aire, B. L. astrum, vient du v. h. allemand astrich (dallage). Les radicaux des deux mots sont différents ; la forme seule est identique.

5. Serin et citrinus ne s'accordant pas au point de vue de l'accentuation, il serait possible que serin fût un doublet de « sirène » et identique au L. siren (d'où p. e. la locution à voix; de serene, de Villon) ; mais tout cela est douteux.

6. De (croissant, de lune) est venu d'une part le v. fr. menois* pierre précieuse (comme discus-dois", friscus'-frois*), — de l'autre « ménisque » (verre de lunette concavo-convexe).

7. Cependant on trouve affirmare dans la basse-latinité au sens d'affermer.


CHAPITRE II.

DOUBLETS D'ORIGINE POPULAIRE.

§ I. DÉBRIS DES ANCIENS DIALECTES FRANÇAIS.

J'avais présenté, dans mon Dictionnaire des Doublets, les formes populaires telles que amé-aimé, amant-aimant, eharrier-char-royer, plier-ployer, créance-croyance, dévoyer-dévier, bayantbéant, comme les débris des anciens dialectes français. Avant de rectifier cette erreur manifeste, il ne sera pas inutile d'exposer ici les deux théories opposées que soutiennent sur ce point MM. Diez et Littré :

I. THÉORIE DE M. DIEZ. L'auteur de la Grammaire des Langues Romanes fut amené, par la découverte du principe de la diphthongaison des brèves accentuées, à la remarque plus générale 1 que le français exprimait l'importance relative des deux natures de voyelles en diphthonguant la tonique latine brève, et en laissant intacte la voyelle atone (ou en la changeant en e muet) : c'est pourquoi nous disons tient de ténet, et tenons de tenimus; pient de vénit, et venons de venimus ; lièvre de léporem, et levrier de lepordrius ; roi de régem et reine (v.fr. reine) de regina; poids de pésum* et peser de pesdre*; une distinction aussi délicate ne tarda point à s'obscurcir ; la lutte de l'étymologie et de l'analogie, de la tradition et de l'innovation, s'exerça dans ce domaine comme dans les autres, à mesure que s'affaiblissait dans le peuple le sentiment de la langue latine : ainsi, tandis que la vieille langue dit correctement : je pleure (pléro) explorer (ploràre), — je trouve (trôvo) et trouver (trovare'), — je poise (peso*) et peser (pesare*), — le français moderne a unifié ces deux formés et refait tantôt l'indicatif sur l'infinitif, comme dans trouver, peser, tantôt l'infinitif sur l'indicatif comme dans pleurer. A la lumière de ce principe, il est aisé de trouver l'explication des huit doublets cités au commencement de ce chapitre : amé (de amatus, comme affamé), amant

1. Grammat. der Romanischen Sprachen, I, 194-196, 3e éd.


(amantem), béant (badantem*), créance (credentia*), plier (plicare*), devier (de-ex-viare*), charrier (carricare), mécréant (minuscredentem*) sont les anciennes formes étymologiques, tandis que aimé, aimant, bayant, croyance, ployer, dévoyer, charroyer, croyant sont les formes modernes produites par l'analogie de la diphthongaison de la voyelle accentuée : aime (ámo), baye (bádo*), crois (crédo*), ploie (plico), dévoie (de-exvio), charroie (carrico), croi* (crédo).

II. THÉORIE DE M. LITTRÉ. M. Littré n'admet pas que la différence de traitement de la voyelle dans doit-devoir, espoir-espérer, lièvre-levrier, poids-peser, roi-reïne*, soit due à la différence d'accentuation, à l'étymologie en un mot, ni qu'elle ait pu s'exercer dans le sein même du dialecte français; pour lui, toutes ces doubles formes sont dues à la présence simultanée d'une forme du dialecte français, et d'une forme empruntée à l'un des dialectes voisins (picard, normand, bourguignon). L'autorité de M. Littré est si considérable, qu'il est nécessaire d'appuyer cette affirmation par des preuves empruntées à l'Histoire de la langue française (3e édit. 4 864) : « Dans l'Ile-de-France on disait pois, poiser, poisant 1; dans l'ancien normand on disait peis, peser, pesant. Ces immixtions qui rompent l'analogie sont curieuses à étudier. » (Hist. de la 1. fr., I, 65). — « Le français a pris roi qui est bourguignon à côté de reine qui est normand. » (Id. I, 127). « On voit (à propos de roi, reine, poids, pesant) que nous avons pris à droite et à. gauche et accommodé à notre guise des formes qui ne sont pas similaires. » (Id. I, 338). « Ce furent des amalgames dus aux circonstances qui déterminèrent la pression des provinces sur le Centre... Il y eut fusion et partant confusion. Nous disons poids et peser, au lieu de dire pois et poiser, comme les gens de l'Ile de France, ou peis et peser, comme les gens de Normandie. » (Id. II, 102). Et dans un autre passage (II, 115), à propos du verbe berrichon arreyer, arranger (qui est à arroi dans le même rapport que conrée* à conroi*), M. Littré contredit

1. Nous venons de voir l'inexactitude de cette assertion : l'Ile de France disait non pois, poiser, poisant, mais pois, peser, pesant. D'ailleurs, M. Littré contredit ici l'opinion de Burguy qu'il avait adoptée quelques pages plus loin (I, 120).


de nouveau à la théorie de l'accentuation : « Arreyer provient d'un substantif arroi qui a disparu du langage actuel et qui, usité dans le français de la Normandie, correspondait à arroi des autres dialectes. » (IX, 115). — Conformément à cette théorie, M. Littré, dans son Dictionnaire, tire goulot, goulu, chauderon*, béanl, bégueule, non (comme Diez) de gueule, chaudier, béer, mais de « l'ancien français goule, chaudère, béer ou bayer. » Mécréant (qui pour Diez est le participe régulier de mécroire) est pour M. Littré « la prononciation normande de croyant. » Il en résulte que les sept doublets qui nous occupent sont, d'après M. Littré, le produit de l'immixtion des dialectes : citons les explications du Dictionnaire :

« CRÉANCE, autre prononciation de croyanee et qui provient du verbe creire, tandis que croyance vient du verbe croire ; creire et croire appartiennent à des dialectes différents de l'ancienne langue. » — « CHARRIER. Charrier et charroyer sont deux formes d'un même mot suivant les anciens dialectes de la France. » Les autres doublets ne sont pas expliqués : « BÉANT ancien participe de béer, baer ou bayer. » — « PLOYER, autre forme de plier. » — « AMÉ, du L. amatus. » — « AMANT, de aimer. »

III. De ces deux théories, je me range à celle de M. Diez. Je suis d'autant plus à l'aise pour parler de la théorie de M. Littré, que je l'ai adoptée dans ma Grammaire Historique et dans mon Dictionnaire des Doublets, comme me l'ont reproché avec raison MM. Mussafia et Tobler 1, et que cette théorie des dialectes peul en entraîner d'autres après moi. Non-seulement elle empêche de comprendre les lois de la dérivation française, mais les formes dialectales qu'elle exige sont purement hypothétiques 2. Aussi M, Littré renvoie-t-il, sans autre explication, de grenetier à grain, de perron à pierre, de collerette à collier, de chenet à chien, etc. Cette explication, la loi de balancement de la tonique et de l'atone l'aurait fournie sans peine.

1. L'un dans la Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung de Kuhn (XVII, 392), l'autre dans le Literarisches Centralbtait (1868, n° 51, p. 1426).

2. Tandis que M. Diez regarde lièvre, pierre, collier comme les vrais primitifs de levrier, perron, collerette, elc. M. Littré cherche, pour expliquer ces dérivés, des formes anciennes levre, perre, coller, que le principe de diphthongaison des brèves accentuées empêche de jamais rencontrer.


§ 2. IMPORTATIONS DES AUTRES DIALECTES.

Le dialecte de l'île de Guernesey (normand presque pur) nous a donné le mot pieuvre qui vient de polypus et forme un doublet avec poulpe et polype. (Par transposition pol[y]pus, pol'pus donne la forme poplus d'où le provençal poupre, et l'ancien guernesiais peuvre devenu plus tard pieuvre, comme loeus devint leu puis lieu).

Nous sommes redevables au patois de la Suisse romande de châlet et crétin qui fournissent les doublets : castellettum", châ-telet-châlet ; — christianum, chrétien-crétin (le cretin ou chrétin ne peut commettre de péchés ; on appelle de même les idiots des innocents1).

§ 3. RESTES DE L'ANCIENNE DÉCLINAISON FRANÇAISE.

homo, on, — hominem, homme. cium*? romant (auj. roman)?

trovator*, trouvère,— trovatorem", draco, drac, — draconem, dratrouveur.

dratrouveur. romanicia*, romance, — romani- brachium, bras,—brachia, brasse.

§ 4. CONFUSIONS GRAMMATICALES ET ANALOGIES.

Un certain nombre de verbes paroxytons en ère ont été traités en ère par le latin rustique, d'où les doubles formes populaires :

Tacere, taire-laisir*. Lucere, luire-luisir*. Nocere, nuire-nuisir*. Ardere, ardre*-ardoir*.

Movere, muevre*-mouvoir. Placere, plaire-plaisir. Licere, loire*-loisir. Manere, maindre*-manoir.

On voit que les formes en ère ont disparu du français moderne ou n'y ont le plus souvent persisté qu'à l'état de substantifs (loisir, plaisir, manoir) .

A ces formes déplaçant l'accent, nous pouvons ajouter : il-lum, il, illum, le; pàlpebra palpre*-paupière.

1. Le mot ranz (doublet de rang) n'est point rhétoroman comme je l'avais dit dans mon Dict. des Doublets ; Tobler le considère avec plus de raison comme fribourgeois (cf. Bridel,Glossaire du patois de la Suisse romande, p. 313).


Fleurer n'est probablement qu'une simple corruption de flairer sous l'influence de fleur.

On trouve parfois deux modes de formation ; cicer peut ou garder le r final et donner le v. fr. ceire qui est dans le Livre des Rois, ou négliger cet r et donner chiche.

J'ai donné précédemment le catalogue d'un certain nombre de doublets produits par la présence simultanée de deux mots populaires qui coexistent à un degré de maturité et pour ainsi dire d'âge différent ; on peut y ajouter :

sigillum, sceau-scel. non, ne-non.

de-ex-rationare*? déraisonner-déraisnier.

déraisonner-déraisnier. ou retiolum, réseau-résille,

réseau-résille, ? palus, pal-pieu ? martellus, martel1-marteau. secare, scier-soyer, seyer ? inrotulare*, enrôler, enrouler

Giconia, soigne*-cigogne 2. Centesimus, centième-centime. Decimus, dixième-décime. Portatorem*, porteur-porteux. Millesimum, milliéme-millime. Falcatorem*, faucheur-faucheux. Filatorem*, fleur-filou.

De même pour gabeleur-gabelou, Violonneur-violonneux.

On ne peut joindre à cette liste baie-bague : baie qui est un mot ancien vient de bacca par la disparition insolite de ce réduit à c puis à i (comme dans essuyer de excuccare, braie de bracca) ; bague (qu'on n'a point trouvé avant le XVe siècle) vient de bacca sans que cette dérivation soit bien assurée. Le doublet proposé par 6. Paris dans la Revue Critique « exclusa, écluse-exclue » n'est point admissible; « exclue » ne vient point de exclusa ; il eût été

1. Dans l'expression martel en tête. On ne peut joindre verrou (de veru-culum) cl vrille (de vericla*); labour (subst. verbal de labourer), et labeur (de laborem). — Ajouter (de adjuxtare*) et ajuster (de juste) ne se doublent point. Il en est de même, comme l'a remarqué Tobler, de émue (vieux fr. exmeue*, de exmota*) avec émeute (vieux fr. esmuete, de exmovita, cf. Diez, Etym. Wbch., v° moto).

2. Cigogne que l'on trouve dès le XIIIe siècle est loin d'être une forme régulière et populaire ; le vieux français soigne persiste dans le dérivé moderne soignole (piston de pompe), du L. ciconiola. On trouve ciconia dans Isidore de Séville, au sens de bascule d'un puits, de perche mobile pour puiser l'eau, d'où l'espagnol ciguena (piston de pompe). On retrouve d'ailleurs Soignole dans plusieurs noms de lieux, que les anciens documents désignent par Ciconiola. Cf. Quicherat, Noms de Lieux, 81, 82.


Bastita*, bâtie-BASTIDE (pr. BASTIDA).

Bastonata*, batonnée-BASTONADE . Bitumen, bitume-BÉTON(pr.BETUN). Laudemia*, louange-LOSANGE (pr. LAUZENGA 1).

Rasata", rasée-RASABE (pr. RAZADA). Piperata*, purée-POIVRADE (pr. PEBRADA).

Comitatus,. comté-COMTAT (pr. COMTAT).

Rotare, rouer-RODER (pr. RODAR).

Rotulata*, roulée-ROULADE(pr. ROLLADA).

Trovatorem*, trouveur-TROUBADOUR

trouveur-TROUBADOUR mod. TROUBADOUR.) Juratus, juré-JURAT (pr. JURAT), Muscata, musquée-MUSCADE (pr.

MUSCADA 2). Catena,chaine-CADÈNE (pr.CADENA). Muscatum, musqué-MUSGAT (pr. MUSCAT) .

Vicarius, vicaire-VIGUIER (pr. VIGUIER) .

§ 2. DOUBLETS D'ORIGINE ITALIENNE.

Tous les doublets ci-dessous ne remontent pas au-delà du xve siècle :

barica*, v. fr. barge, barche-BARQUE (it. BARCA).

flebilis, faible-FLÉBILE (it. FLEBILE).

Scarp*, écharpe-ESCARPE (it. SCARPA).

Cuppulam, cupule-COUPOLE (it. CUPOLA).

caronia*, charogne-CAROGNE (it. CAROGNA) 3.

uï cîfran, chiffre-ZÉRO (it. ZÉRO).

turc dioûann, divan-DOUANE (it. DOGANA, DOANA).

barcarolla*, barquerolle-BARCAROLLE (it. BARCAROLLA).

caponem, chapon-CAPON (it. CAPPONE). 1

rota, roue-ROTE (it. ROTA).

solidare, .souder-SOLDER (it. SOLDARE).

saltarella*, sauterelle-SALTARELLE (it. SALTARELLA).

thyrsum, thyrse, TORSE (it. TORSO).

caballus, cheval-CAVALE, (it. CAVALLO).

1. Sur ce mot passé en français à l'époque de la poésie courtoise, voy. Diez, Etym. Wbch. s. v.

2. Muscade ne vient pas de l'italien, puisqu'on trouve déjà noix mugade au xm° s. (I. Rom. de la Rose, v. 1343).

3. CAROGNE nous est venu au xvi" siècle par la comédie italienne. L'ancienne forme picarde carogne que l'on trouve au XIIe s. n'est pas employée au sens figuré.


pastillus, pastille-PASTEL (it. PASTELLO, petit pain de couleur broyée dans l'eau).

Du grec -(buis), la forme (boîte), d'où par le génitif le bas-latin pyxida, puxida que l'on trouve au VIIIe siècle sous la forme buxida, buxda, qui a donné d'une part le fr. boiste, boîte, — d'autre part l'italien busto (tronc humain par assimilation à un coffre) d'où, au XVIe siècle, le terme de sculpture buste.

Vertueux-VIRTUOSE forment-ils un doublet? Je le crois, sans l'affirmer. VIRTUOSE vient certainement de virtuosus qui est dans Prudence; mais pour se rattacher au même original latin, vertueux (qui est un mot populaire) devrait être verteux 1 ; la présence de l'u français fait croire à la chute d'une consonne médiane qui persiste encore dans le provençal vertudos, du L. virtutosus*.

On ne peut joindre à cette liste croissant-CRESCENDO, le premier venant du L. crescentem, et le second étant une forme de gérondif. Enfin Diez ayant remarqué que tiois ne peut venir de theotiscus 2, ce mot ne forme point un doublet avec TUDESQUE venu de l'it. TEDESCO (L. theotiscum).

§ 3. DOUBLETS D'ORIGINE ESPAGNOLE.

Juncta, jointe-JUNTE (esp. JUNTA) .

salata, salée-SALADE (esp. SALADA).

graecas, greeques-GRÈGUES (esp. GRIEGOS, GREGUESCOS).

indicum, indique-INDIGO (esp. INDIGO).

pedonem, pion-PÉON (esp. PEON).

On peut y joindre ALGUAZIL-ARGOUSIN , dont le dernier terme (écrit au XVI° siècle algosan) est une corruption du premier.

Le portugais nous a fourni le doublet : materia, matière-MADÈRE (les navigateurs qui découvrirent cette île en 1419 lui donnèrent le nom de Madeira à cause des bois dont elle était couverte) : le portug. madeira vient du L. materia (au sens de bois de charpente).

1. Par la réduction régulière de l'hiatus uo à o duos, dos, deux; — suos, sos, ses, etc...

2. A cause de la forme féminine tioise qui eût été ùoische venant de theotma; tiois dérive d'un type theoiensis*.


§ 4. DOUBLETS D'ORIGINE ANGLAISE.

Outre coquus, queux-COQ (angl. COOK), et Missum mets-MESS (angl. MESS) 1, on peut ajouter aux doublets précédemment cités des formes telles que boeuf rôti qui correspond à ROSBIF (de l'angl. BOSTBEEF qui est pour roasted beef ), —VEBDICT (du L. verè dîctum) correspondant au français voire dit.

§ 5. DOUBLETS EMPBUNTÉS A D'AUTBES LANGUES. . Aux doublets allemands, nous pouvons ajouter « speculumESPIÈGLE»

speculumESPIÈGLE»

Aux doublets sémitiques 3 échec-SCHAH, — et aussi gabelleCABALE (que Dozy identifie dans la nouvelle édition du Glossaire d'Engelmann, p. 75, s. v. alcabala).

1. Le doublet « mensa, mense-MESS », donné dans le Dict. des Doublets, est faux.

2. On sait que le L. spéculum, a donné l'allemand Spiegel (miroir). Pour le rapport de Spiegel au français espiègle, voy. mon Dictionnaire Etymologique.

3. C'est à tort que M. G. Paris, dans la Rev. Crit. .(1. c.), place « gehenna gene-géhenne » dans les doublets d'origine sémitique ; dans un Dictionnaire de Doublets français, ce mot qui est dans Tertullien et dans la Vulgale et vient directement du grec yésvva (transcrit par les Septante de ,l'hébreu gehinnom) doit nécessairement être placé dans les mots d'origine latine ; autant vaudrait dire que nous avons en français des doublets aryens.

Nogent-le-Rotrou, imprimerie de A. Gouverneur.


APPENDICE.

ÉTYMOLOGIE DE CADEAU. (Voy. ci-dessus, p. 13, note 7).

On sait quelle est l'étymologie reçue de ce mot : « traits enchaînés ou entrelacés dont les maîtres d'écriture ornent leurs modèles ; puis, par extension, choses inutiles et de pure fantaisie, puis divertissements, et enfin don. Au sens de traits d'écriture entrelacés, cadeau vient du L. catellus, diminutif de catena (chaîne). » Ménage est l'auteur de cette étymologie, qui depuis a été reproduite sans discussion par Diez, Schéler et Littré.

Avant d'en rechercher l'exactitude, voyons, par les anciens dictionnaires, quel est le sens originaire du mot cadeau :

En 1549, R. Estienne donne le mot dans son Dict. fr.-latin : « CADEAU, cadeler des lettres. »

En 1604, Nicot, dans son Thrésor : CADEAU est une grande lettre capitale... Litera majuscula. CADELFR est faire un cadeau. »

En 1655, Borel, dans ses Antiquités gauloises : « CADEAU. .. grosse lettre; paraphe;... ornements que les maîtres d'écriture mettent autour de leurs exemples. »

En 1681, Richelet, dans son Dictionnaire :" CADEAU, traits de plume des maîtres d'écriture; — 2" chose spécieuse et inutile", faire des cadeaux; — 3° grand repas, donner des cadeaux aux dames. » On voit ici la transition de sens nettement marquée. Le dernier sens de repas, de fête, particulièrement de fête donnée aux dames, est très-fréquent dans Molière (voy. Lexique de Génin), et Lafontaine (dans ses Lettres, XXI) : « Dieu me gard de feu et d'eau, De mauvais vin dans un cadeau, De maîtresse ayant trop d'esprit.... ». Le sens de don n'apparaît pas encore ; M. Littré sous la rubrique ; Don, présent que l'on fait à quelqu'un, prétend l'avoir trouvé dès 1685, et cite cet exemple d'une comédie de Montfteury (Femme juge et partie, 3, 2. en 1685) ; « Quoi ! parce que des sots se piquent du pompeux appareil d'un cadeau nuptial, il faut faire comme eux. » On voit qu'ici le mot ne signifie point présent, don, mais fête de noces. D'ailleurs ce qui rend l'hypothèse de M. Littré peu probable, c'est que les dictionnaires postérieurs ne font jusqu'en 1762 aucune mention du sens de don, de présent. (L'Académie de 1694, 1718, 1740, le Furetière de 1690, le Trévoux de 1704, 1743 se bornent à reproduire le sens donné par Richelet en 1681.)

En résumé la série des sens est celle-ci ; lettres majuscules et ornées, puis ornements d'écriture (paraphes et enchainements de

traits), d'où le sens de futilités, et superfluités ; puis de divertisse¬


ments offerts aux dames; postérieurement présent fait aux dames, et enfin présent en général.

Le sens primitif de cadeau ou cadel étant lettre majuscule, on voit que le mot n'a rien à faire avec catellus, qui signifie une petite chaîne. Les majuscules sont désignées sous le nom de capitanete dans le recueil de Lachmann, Gromatici veteres, Berlin, 1848 , p. 362. Eckehardus junior (De cas. S. Gatti. ch. I. d. DC. ) les appelle capitulares. Le sens de tête du mot étant l'idée principale de ces dénominations, je tire cadel d'un mot analogue, capitellum (diminutif de caput) qui est dans Végèce et St Jérôme. Capitellum donne cadel comme capitastrum* donne cadastre, comme capitettum donne cadet, par l'influence provençale; d'autre part, le L. capitellum. donne la forme savante chapitel (aujourd'hui chapiteau) dont Littré ne cite pas d'exemples antérieurs au XVe siècle, et qui eut été chatel dans le français populaire1.— D'où finalement le doublet : capitellum, chapiteau-CADEAU.

chapiteau-CADEAU.

1. Capitellum a donné au français populaire chadel, que l'on treave au sens de capitaine, dans la Chronique des Ducs de Normandie, I, 279, v. 5636 : Dunt si s'esteient esloignié E départi de lur chadel, De Bon le buen, le proz, le bel.

Quant au changement de t latin précédé d'une consonne en d, on retrouve cette permutation îrrégulière dans cuider (cog'tare*), aider (aj'tare*), malade (male-aptus*; aussi ate' il est vrai); il faut supposer que dans ces mots le t s'était déjà changé en d dans le latin vulgaire, comme le prouve la forme connue didus (Loi Salique, édit. Pardessus, p. 351) pour digitns.

Du substantif chadel est venu le verbe chadeler (conduire, diriger), qui s'est transformé en chaeler (Cbron. de Jordan Fanlosme, XXII, v. 3), par la chute du d que le français a traité comme un d latin médial.

CORRECTIONS.

P. 2,1. 2. Aiguière vient en réalité de aquaria. Mais je le place sous la rubrique aquarium, avec ce sous-entendu (que l'on retrouvera plusieurs fois dans ce Supplément, ainsi que d'autres

P. 11, 1. 12. Supprimer decimus, centesimus, mil qui les suivent Décima, centesimum, mille r français que dîme, centième, millième; dixi de dix, et n'a pas de rapport avec decimum forme savante de decimum, d'après laquelle Métrique ont forgé par analogie centime et m lignes 2 et 3 de la p. 2.

P. 12,1. 15. Ajoutez : fallere-faillir, falloir-, mand


INDEX.

A.

ABRICOT, 12.

adversaire, 5. affaité, 2. affecté, 2. affermer, 6. affété, 2. affirmer, 6. AIGAGE, 2. AIGUIÈRE, 2, 18. aimé, 7. ajouter, 11. ajuster, 11. ALCADE, 12. ALFANGE, 12. ALGUAZIL, 12, 15. aliboron, 4. amant, 7. amé*, 7. anche, 13. andouille, 6. anti*, 2. antif, 2. antique, 2. aquarium, 2. aquatique, 2, 3. ardoir*, 10. ardre*, 10. ARGOUSIN, 15. arsenic, 3. arsoine*, 3. articuler, 4. artillè', 4. astre, 6. âtre. 6. auréole, 6. avare, 6. aver*, 6. aversier*, 5.

B.

bague, 11. baie, 11. BARCAROLLE, 14.

barche*, 14. BARQUE, 14. BARQUEROLLE, 14. BASTIDE. 14. BASTONNADE, 14. bâtie, 14. bâtonnée, 14. bayant, 7. bénit, 3. BÉTON, 14. bitume, 14. boeuf, 16. boîte, 15. border, 12. bras, 10. brasse, 10. broder, 12. bulle, 3. BUSTE, 15.

G.

CABALE, 16. CABANS, 13. CADEAU, 13, 17. CADÈNE, 14. cahier, 2, 4. CAÏD, 12.

CAISSE, 2, calleux, 6. cancer, 2. cancre, 2. CANGIAR, 12. canonge*, 2. canonique, 2.

CANTINE. 2.

capital, 2. CAPITOUL, 2. capitule, 2, 3.

CAPON, 14.

CARTAL, 2. carboné, 5. CARBONNADE, 13. CAROGNE, 14. CASAQUE, 13. CASERNE, 2, 13. CAVALE, 14. ceire*, 11. cendrier, 4. censier, 5. censitaire, 5. centiéme, 11, 18. centime, 11, 18. chainon, 12. CHALET, 10. chancre, 2. chanoine, 2. chapiteau, 13, 17. chapitre. 2, 3. chapon, 14. charbon, 5. charbonnée, 13. charrier, 7. châtelet, 10. Chavanne, 13. cheptel, 2. , cheval, 14. chiau*, 13. chiche, 11. chiffré, 14. chignon, 12. choiera, 2. chrétien, 10. cidre*, 2. cigogne, 11.


cinéraire, 4. cithare, 2. citrin, 6. claire, 6. code, 6. codex, 6. cohorte, 4. colère, 2. colle, 2. colonge, 3. colonie, 3. comble, 3, 4. comité, 3. communier, 2. composite, 3. compositeur. 4. composteur, 4. compote, 3. COMTAT, 14. comte, 3. comté, 14. contracte, 6. contrat, 6. COQ, 16. coque, 2. COSAQUE, 13. COTON, 12. COUPOLE, 14. cour, 4. courbature, 4. contre*, 2. craticuler, 4. CRAVATE, 13. créance, 2, 7. crêper, 2. CRESCENDO, 15.

CRÉTIN, 2. CROATE, 13. croissant, 15 cuistre, 3, 2. cumul, 3. cupule, 14. custode, 3,2.

D.

dame, 2. débit, 3. décime, 11, 18. décombre, 4. décor, 3. décorum, 3. délié, 2. dentaire, 5. dentier, 5. déraisnier*, 11. déraisonner, 11. dette, 3.

dévier, 7. dévoyer, 7. dit, 16. DIVAN, 14. dixième, 11, 18. DOUANE. 14. drac, 10. dragon, 10, 12.

E.

écaille, 12. écale, 12. écharpe, 14. échec, 16. échine, 13. écluse, 11. écolâtre*, 3. effeuiller, 6. ellébore, 4. embler, 4. emboire*, 3. émeute, 11. emperairis*, 6. emplette, 3. émue, 11. enfermer, 6. enrôler, 11. enrouler, 11. enseigne, 6. entait*, 6, envoler, 4. épée, 2. ESCADRE, 2. escarpe, 14. esclave, 13. ESPIÈGLE, 16. espir*, 2. esprit, 2, esquine, 13. estragon, 12. estuaire, 5. étal, 2. éteule, 3. étier, 5. étinceler, 6. étioler, 4. évage*, 2, 3. évier, 2. exaucer, 12. exclue, 12. exfolier, 6. exhausser, 12.

F.

factice, 2. faible, 14.

faillir, 18. faitis*, 2. falloir, 18. falquer, 6. faucher, 6. faucheur, 11. faucheux, 11. FÉTICHE, 2. filateur, 4. fileur, 4, 11. filou, 11. fistre*, 3. fistule, 3. ' flairer, 11. flébile, 14. fleurer, 11. flottaison, 5. fluctuation, 5. for, 12. format, 5. formé, 5. fors, 12. fouace, 13. FOUGASSE, 13.

fur, 12.

G.

gabeleur, 11. gabelou, 11. gabelle, 16. galeux, 6. gazon, 13. géhenne, 6.16. gémeaux, 6. gêne, 6,16. glaire, 6. glandre*, 3. glandule, 3. graticuler, 4. i grecque, 2, 13, 15. GRÈGUES, 2, 15. griffer, 13. griller, 4. grimper, 13. gripper, 13.

GUITARE, 2.

H.

hanche, 13. harangue, 2, 13. hebdomadaire, 5. hebdomadier, 5. hermine, 13. HOMERE, 2. homme, 2, 10. hongre, 13.


hoqueton, 12. hors, 12.

J.

il, 10. imbiber, 2. impératrice, 6.

inde, 2. INDIGO, 2, 15. indique, 2, 15. inductile, 6. infirmer, 6. insigne, 6. intact, 6.

J.

jointe, 15. jouter, 6. jouxter, 6. jumeaux, 6.

JUNTE, 15. JURAT, 14. juré, 14.

L.

labeur, 11. labour, 11. lactée, 3. ladre, 13. laîche, 12. laite. 3. le, 10. lèche, 12. ligature, 4. lige, 12. liure, 4. loire*, 10. loisir, 10. loriot, 6. LOSANGE, 14. louange, 14. luire*, 10. luisir*, 10.

M.

mâchelier, 5. MADÈRE, 15. moindre*, 10. maire, 2. manoir, 10. manche, 3. manger, 18. manique, 3. manjuer*, 18.

manse, 2. marteau, 11. MAS, 2. matière, 15. maxillaire, 5. mélange, 4. menisque, 6. menais*, 6. mense, 6, 16. mercurial, 5. mercuriel, 5. mès", 2. MESS, 3,16. messe, 3, 12. mets, 3, 12, 16. muevre*, 10. mica, 3. 4. miche, 4. mie, 3, 4. millésime 2, 18. millième, 2, 18. millime, 2,18. mis, 3,12. miscellanée, 4. mise, 12. moise, 6. moule, 6. mouvoir, 10. muevre*, 10. muguet, 5. MUSCADE, 2, 14. MUSCAT, 2, 5, 14. muscle, 6. musquée, 14.

N.

naviguer, 2. ne, 11. niche, 13. nique, 13. nombril, 3. non, 11. nourrisson, 5. nouvelle, 6. novelle, 6. nubile, 3. nuble*, 3. nuire, 10. nuisir*, 10.

0.

oeuf, 6. oignon, 5. ombilic, 3. on, 2, 10. onglé, 4.

ongulé, 4. orbitaire, 4. orbite, 3. orde*, 3. orine*, 3. origine, 3. ornière*, 4. ove, 6.

P.

paien, 12. pal, 11. palpre*, 10. pan, 2. PANADE, 13. panée, 13. papillon, 2, 13. PARPAILLOT, 2, 13. PASSADE, 13. passée, 13, PASTEL, 15.

pastille, 15. patelle, 4. paupière, 10. paysan, 12. péche, 3, 12. pedon, 2, 4. PELADE. 13. pelée, 13. PÉON, 2, 15. perronnelle, 13. pers, 12. perse, 3. persique, 3. peser, 2. pieu, 11. pieuvre, 2, 10. pion, 2, 4, 15. plaire, 10. plaisir, 10. plan, 3. plier, 7. podagre, 4. poêle, 4. poinçon, 5. pointer, 6. POIVRADE, 2, 14. poivrée, 2, 12. ponctuer, 6. porteur, 11. pouacre, 4. poulpe, 2,10. poussif, 4. presbytère, 4. presse, 3, 12. prêtre, 4. prison, 5.


procurateur, 4.

procureur, 4. pulsatif, 4. purée, 2, 12, 13, 14.

Q.

quaterne, 2, 4,13. questeur, 6. quéteur, 6. queux, 16. quintaine, 2, 6. quintane*, 2, 6.

R.

RADIS. 13. rais*, 13. rang, 2, 10, 13. RANZ, 2, 10. rapprocher, 12.

RASADE, 14.

rasée, 14. récuser, 4. refuser, 4. replier, 2. répliquer, 2. reployer, 2. reprocher, 12. requiem, 4. requin, 4. réseau, 2, 11. réseuil, 2, 11. résille, 2, 11. RÔDER, 14. rogations, 5. romain, 6. roman, 6, 10. romance, 10. ROSBIF, 16. ROTE, 14.

rustique, 3. rustre, 3.

S.

SALADE, 15. SALTARELLE, 14.

salve, 6. saponaire, 5. sauf, 6. sauterelle, 14. savornière, 5. sceau, 11. scel, 11. SCHAH, 16. sciante, 4. scier, 11. scintiller, 6. scolastique, 3. sécante, 4. seiche, 2. séide, 13. serin, 6. seyer, 11. sirène, 6. sixte, 2. slave, 13. soigne*, 11. soignole, 11. SOLDAT, 2.

SOLDER, 14. somme, 12. son, 12, souder. 14. souef, 6. soyer, 11. spéculum, 16. spirite, 2. stipule, 3. stipuler, 4. suave, 6. suçon, 5. suction, 5.

T.

tac, 6. tact, 6.

taire, 10. taisir*, 10. tampon, 13. tapon, 13. ténu, 3. tenue*, 3. tét, 12. tête, 12.

thyrse, 2, 6, 14. timbre, 2. tiois*, 15. TORSE, 2, ,14. trou, 2, 6. TROUBADOUR, 14. trouvère, 10. trouveur, 10, 14. truie, 13. tudesque, 15.

D.

Union, 5.

V.

variole, 6. vase, 13. venteux, 2. VERDICT, 16. vérole, 6. verrou, 11. vertueux, 15. vicaire, 14. victuaille, 5. VIGUIER, 14. violonneux, 11. VIRTUOSE, 15. vitaille*, 5. VIZIR, 12. voeu, 2.

voire, 16. vote, 2. voto (ex), 2. vrille, 11.

Z.

ZÉRO, 14.


TABLE DES MATIÈRES.

Observations préliminaires

1

CHAP. I.

Doublets d'origine savante

3

§ 1.

Persistance de l'Accent latin. . . . . . . . . . .

3

§ 2.

Suppression de la Voyelle brève

4

§ 3.

Chute de la Consonne médiane . . . . . . . . . . . . .

4

§ 4.

Suffixes latins . . . . . . . . . . . . . . . .

5

CHAP. H.

Doublets d'origine populaire

7

§ 1.

Débris des anciens Dialectes français ....

7

§ 2.

Importations des autres dialectes

10

§ 3.

Restes de la déclinaison française

10

§ 4.

Confusions grammaticales. . . . . . . . . . . . . .

10

CHAP. III.

Doublets d'origine étrangère . . .

. . 13

§ 1.

Doublets d'origine provençale ......

13

§ 2.

Doublets d'origine italienne

14

§ 3.

Doublets d'origine espagnole

15

§ 4.

Doublets d'origine anglaise

16

§ 5.

Doublets empruntés à d'autres langues.

[texte manquant]

Appendice et Corrections. . . . . . . . . . .

[texte manquant]

Index de tous les mots cités. . .

[texte manquant]

Nogent-le-Rotrou, imprimerie de A. Gouverneur.


DICTIONNAIRE

DES DOUBLETS

SUPPLÉMENT


SUPPLÉMENT.

Les présentes additions au Dictionnaire des Doublets que j'ai publié en 1868, comprennent un peu plus de trois cents doublets nouveaux, ce qui porte à onze cents le nombre total des doubles formes déjà observées. Afin de ne pas grossir inutilement ce supplément, je renvoie le lecteur pour les preuves de chaque étymologie à mon Dictionnaire étymologique de la langue française ; je supprime aussi des répétitions sans profit (telles que mot populaire, mot savant, vieux-français, etc.), en imprimant les mots français en italique quand ils sont d'origine populaire, en capitales quand ils sont d'origine étrangère, en romain quand ils sont d'origine savante. Un astérisque indique les mots qui n'appartiennent plus qu'à l'ancien français.

Le nombre de mots qui ont donné en français, non pas deux mais trois et parfois quatre dérivations, est si considérable qu'il vaudrait peut-être mieux donner à ce phénomène philologique un autre nom que celui de doublet, inventé par Catherinot en 1683 ; le nom de dittologie (de double), proposé par K. W. L. Heyse (System der Sprachwissenschaft, § 90), est un équivalent également insuffisant.

En 1801, Butet (Lexilogie, p. XVIII) appela plus justement ces formes des dérivations divergentes, et M. Egger, dans sa Grammaire comparée (p. 166), se range à l'opinion de Butet. Diez leur donne simplement le nom de bifurcation (Grammat. d. Rom. Sprachen, I, 80, 2e édit.). Mais cette dénomination suffit-elle à comprendre des formes, soit triples, comme :


Affectatum, affaité, affété, affecté. Aquarium, évier, AIGUIÈRE, aquarium.

Antiquus, anti*, antif* 1, antique. Aquaticus, evage,* aquatique,

AIGAGE.

Cancer, chancre, cancre, cancer. Capitale, cheptel, CAPTAL, capital. Cithara, cidre*, GUITARE, cithare, Credentia, créance, croyance,

crédence.

Communicare, comenjer*, communier, communiquer. Concha, coque, coche, conque. Cholera, colle, colère, choiera. Capsa, châsse, casse, CAISSE. Canonicus, chanoine, canonge*,

canonique.

Capitulum, chapitre, capitule,

CAPITOUL.

Crispare, crêper, crépir², crisper. Custodem,coutre*,cuistre,custode. Domina, dame, dom (dominus),

DUÈGNE.

Delicatus, deuge*, délié, délicat. Exquadra*, équerre, ESCADRE,

SQUARE.

Factitius, faitis*, factice, FÉTICHE. Graeca, grièche, grecque, GRÈGUE. Hring, rang, harangue, RANZ. Homo, on, homme, HOMBRE (hominem).

(hominem).

Indicus, inde, indique, INDIGO. Major, maire, majeur, major.

Millesimum, millième, millime,

millésime.

Mansus, mès*, manse, MAS. Muscatum, musqué, muscat, MUSCADE.

Navigare,navier*, nager, naviguer. Papilionem, pavillon, papillon,

PARPAILLOT.

Pannum, pan, panne, PAGNE. Polypus, poulpe, polype,-pieuvre. Pensare, peser, panser, penser. Piperata*, purée, poivrée, POIVRADE.

Pedonem", pion, pédon, PÉON. Quintana, quintaine, quintane, CANTINE.

Quaternum, cahier, quaterne,

CASERNE.

Replicare, replier, reployer, répliquer.

Retiolum, réseuil, réseau, résille, Spatha, épée, spathe, ESPADE. Solidatum, soudé, SOLDÉ, SOLDAT. Stallum*, étal, étau, stalle.

Sepia, seiche, sèche, SÉPIA. Spiritus, espir* 5, esprit, spirite. Sixta, sexcte, sixte, SIESTE. Thyrsum, trou (de chou), thyrse,

TORSE.

Tympanum, timbre, tympan,

TIMBALE.

Votum, voeu, vote, ex-voto. Ventosus, venteux, ventouse, ventôse.

1. Anti (de antiquus réduit à anticus*, comme ami de amicus) est au féminin antie (de antica*, comme amie de arnica)-, — antif (de antiqvus*) est au féminin antive de antiqva* (comme ève de aqva*).

2. Vient plutôt de crêpe directement.

3. Espir n'est peut-être que le substantif verbal du v. fr. espirer (spirare).


Soit quadruples, comme :

Benedictos, benoît, benêt, bénit, Planum, plain, plan, plane,

béni. PIANO.

Bulla, boule, bille, bulle, BILL. Persica, pêche, prêsse, perse, Missum, mets, mis, MESS, messe persique.

(missa).

Pour le classement de ces additions nouvelles, j'ai conservé les anciennes divisions de mon Dictionnaire des Doublets; j'ai mis,' en outre, à profit les indications si précieuses de M. G. Paris dans la Revue critique (1868, II, 274-280), et de M. Tobler dans le Literarisches Centralblatt du 12 décembre 1868 (n° 51, p. 1426).

CHAPITRE I.

DOUBLETS D'ORIGINE SAVANTE.

§ 1. PERSISTANCE DE L'ACCENT LATIN.

Compositum, compote-composite. Custodem, cuistre-custode. Scholastieus,écolatre*-scolastique Aquaticus, évage*-aquatique. Comitem, comte-comité. Implicita, emplette- implicite. Millesimum, millième-millésime. Persica, pêche-persique.

Stipula, éteule-stipule.

Imbibere, emboire-imbiber.

Mica, mie-mica.

Manica, marache-manique. Capitulum, chapitre-capitule.

Arsenicum, orsoine*-arsenic. Umbilicus, nombril-ombilic. Choiera, colle (chaude colle)-colère.

Nubilis, nuble*-nubile.

Fistula, fistre*-fistule.

Glandula, glandre*-glandule. Originem, orine*-origine. Colonia, colonge-colonie.

Orbita, orde*-orbite.

Tenuis, tenve*-ténu.

Rusticus, rustre-rustique.

Lactea, laite-lactée 2.

Comble-cumul, dette-débit, decor-décorum ne sont point des doublets ; comble, dette, décorum venant respectivement des formes latines cumulum, debita, decorum, tandis que « cumul,

1. Dans l'expression : en chaude colle.

2. Dans voie lactée, via lactea. Dans les autres cas lactée correspond à lactata.


débit, décor » sont les substantifs verbaux de -cumuler, -débiter, -décorer 1.

Prêtre (de presbyter), et presbytère (de presbyterium) ne se doublent point. Je ne parle point des formes telles que « elleborum, aliboron-ellébore », « requiem, requin-requiem » qui sont de pures chimères.

2. SUPPRESSION DE LA VOYELLE BRÈVE.

Cinerarium, cendrier-cinéraire.

Craticulare, gritter-craticuier.

Ungulatum, onglé-ongulé.

Articulatum, artillé-articulé.

Orbitaria, ornière2-orbitaire.

Stipulare, étioler-stipuler.

Compositorem, composteur-compositeur.

Embler*-envoler ne se doublent point, te premier répondant à involare, le second à indè-volare. Il en est de même de « mélangemiscellanée. » Diez (Gr. II, 354, 2e édit.), lire mélange de miscêllanea, ce qui est tout à fait impossible, à cause de e atone. (Voy. mon étude sur le Râle des atones latines dans les langues romanes, p. 8). Mélange vient directement de mêler, comme vidange de vider, lavange de laver.

§ 3. CHUTE DE LA CONSONNE MÉDIANE.

Li(g)atura, liure-ligature. Cra(t)iculare, griller-cralieuler. Pe(d)onem, pion-pedon. Pulsa(t)ivum*, poussif-pulsatif. Co(h)ortem, cour-cohorte. Procura(t)orem, procureur-procurateur.

Re(c)usare, raser-recuser 5. Qua(t)ernum, cahier-quaterne. Fila(t)orem, fileur-filateur. Po(d)agrum, pouacre-podagre. Se(c)antem, sciante-sécante. Vo(t)um, voeu-vote.

Pa(t)ella, poête-patelle.

Courbure (de curvatura)., et courbature (de l'ancien verbe coubattre 4) ne se doublent point. Le doublet « mica, mie-miche »

1. De même comble (cumulum) et décombre ne se doublent point ; le second vient d'un radical cumer qui a donné en latin cuntera, cumerum.

2. V. £r. ordière, comme orde* de orbita.

3. C'est à tort que j'ai assimilé dans mon Dict. des Doublets les deux mots ruser (de recusare) et refuser (de refutiare"),

4. Combattre est primitivement un terme de vétérinaire, comme les mots solbatu, solbature.


proposé par Tobler, n'est pas admissible, miche ne venant point du latin, mais du flamand micke (pain de froment).

§ 4. SUFFIXES LATINS.

Soit en aris (alis) -arius :

Aestuarium, étier-estuaire. Hebdomadarius, hebdomadier-hebdomadaire.

hebdomadier-hebdomadaire.

Maxillaris, mâchelier-maxillaire. Mercurialis, mercuriel-mercuriale.

Dentarium, dewtier-dentaire. Saponaria*, savonnière-saponaire. Adversarius, aversier*-adversaire. Victualia, vitaille4-victuaille.

On ne peut joindre à cette liste « censitaire-censier », le premier venant de censitarius, le second (en italien censuario) vient du B. L. censarius, qui est le L. class. censuarius.

Soit de onem, ionem :

Unionem, oignon-union.

Rogationes, rouvaisons*-rogations.

Suctionem, suçon-suction 2.

Fluctuationem, flottaison-fluctuation.

Carbonem, charbon-carbone.

Soit de atus :

Formatus, formé-format.

« Muguet-muscat » viennent l'un et l'autre de muscum mais ne se doublent point, étant accolés à des suffixes différents, l'un en ettus (muguet), l'autre en atus (muscat).

Ajoutons ici la liste d'un certain nombre d'autres doublets d'origine savante qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes :

t. B. L. vitalia, d'où vitaille resté dans ravitailler.

2. Comme dans nourrisson (nutritionem), poinçon (punctionem), le latin passe en français du féminin au masculin, et du sens abstrait d'action de sucer, de nourrir, de piquer, au sens concret d'objet que l'on suce, d'être que l'on nourrit, d'instrument servant à piquer. L'ancien français disait de même le prison (prehensionem) pour captivus ; et du substantif abstrait féminin l'élève (action d'élever) nous avons tiré le masculin élève (celui qui est élevé).


Quoestorem, quêteur- questeur. Punctuare* poiter-ponctuer. Insignia ? enseigne-insigne. Affectatum, affété-affecté.

Ovum, oeuf-oxe.

Juxtare, joûter-jouxter.

Avarus, aver*- avare.

Codex, code-codex.

Quintana, quintaine-quintame. Falcare*, faucher-falquer. Scintillare, élinceler-scintiller. Callosus, galeux-calleux.

Variola, vérole- variole.

Musculus, moule-muscle. Contractum, contrat-contracte. Aureola, auréole, loriot (aureolum).

Romanus, romain-roman.

Suavis, souef*-suave.

Intactus, entait*-intact.

Clara, glaire-claire ?

Gehenna, gêne-gehenne. Exfoliare, effeuiller-exfolier. Novella, nouvelle-novelle. Imperatricem, emperairis*-impératrice.

Tactus, tac1-tact.

Mensa, miose²-mense.

Thyrsum, trou 3-thyrse.

Gemelli, jumeaux-gémeaux. Astrum, âtre-astre 4 Citrinus, serm-citrin 5.

, menois*6-ménisque.

Affermer (de ferme), et affirmer (de affirmare), sauf (de salvum) et salve (de l'impératif salve) ne se doublent point 7. Il en est de même de « enfermer-infirmer, andouille-inductile », les uns venant de infirmare, inductile avec in préposition, les autres venant de infirmare, inductile avec in négatif.

1. Tactus (contact) est au sens de contagion, de lèpre dans un fragment de l'Itala publié par les soins de lord Asburnham (Lévitique, VIII, passim), d'où le fr. tac, lèpre des moutons, signalé par G. Paris, Revue Crit., 1. c.

2. Sur moise = mensa, cf. G. Paris dans Mém. Soc. Linguistique, p. 291.

3. Dans l'expression trou de chou, cf. Diez, Etym. Wbch. s. v.

4. Atre, B. L. astrum, vient du v. h. allemand astrich (dallage). Les radicaux des deux mots sont différents ; la forme seule est identique.

5. Serin et citrinus ne s'accordant pas au point de vue de l'accentuation, il serait possible que serin fût un doublet de « sirène » et identique au L. siren (d'où p. e. la locution à voix de serene, de Villon) ; mais tout cela est douteux.

6. De ; (croissant, de lune) est venu d'une part le v. fr. menois*, pierre précieuse (comme discus-dois*, friscus'-frcis"), — de l'autre « ménisque » (verre de lunette concavo-convexe).

7. Cependant on trouve affirmare dans la basse-latinité au sens d'affermer.


CHAPITRE II.

DOUBLETS D'ORIGINE POPULAIRE.

§ I. DÉBRIS DES ANCIENS DIALECTES FRANÇAIS.

J'avais présenté, dans mon Dictionnaire des Doublets, les formes populaires telles que amé-aimé, amant-aimant, charrier-charroyer, plier-ployer, créance-croyance, dévoyer-dévier, bayantbéant, comme les débris des anciens dialectes français. Avant de rectifier cette erreur manifeste, il ne sera pas inutile d'exposer ici les deux théories opposées que soutiennent sur ce point MM. Diez et Littré :

1. THÉORIE DE M. DIEZ. L'auteur de la Grammaire des Langues Romanes fut amené, par la découverte du principe de la diphthongaison des brèves accentuées, à la remarque plus générale 1 que le français exprimait l'importance relative des deux natures de voyelles en diphthonguant la tonique latine brève, et en laissant intacte la voyelle atone (ou en la changeant en e muet) : c'est pourquoi nous disons tient de ténet, et tenons de tenimus; vient de vénit, et venons de venimus; lièvre de lèporem, et levrier de lepordrius; roi de règem et reine (v. fr. reine) de reglna ; poids de pésum" et peser de pesdre*; une distinction aussi délicate ne larda point à s'obscurcir ; la lutte de l'étymologie et de l'analogie, de la tradition et de l'innovation, s'exerça dans ce domaine comme dans les autres, à mesure que s'affaiblissait dans le peuple le sentiment de la langue latine : ainsi, tandis que la vieille langue dit correctement : je pleure (pléro) et plorer (plorâre), — je trouve (trôvo') et trouver (trovare'), —je poise (peso*) et peser (pesare*), — le français moderne a unifié ces deux formes et refait tantôt l'indicatif sur l'infinitif, comme dans trouver, peser, tantôt l'infinitif sur l'indicatif comme dans pleurer. A la lumière de ce principe, il est aisé de trouver l'explication des huit doublets cités au commencement de ce chapitre : amée (de amàtus, comme affamé), amant

1. Grammaf. der Romanischen Sprachen, I, 194-196, 3° éd.


(amantem), béant (badântem*), créance (credentia*), plier (plicâre*), devier (de-ex-vidre"), charrier (carricâre), mécréant (minuscredentem*) sont les anciennes formes étymologiques, tandis que aimé, aimant, basant, croyance, ployer, dévoyer, charroyer, croyant sont les formes modernes produites par l'analogie de la diphthongaison de la voyelle accentuée: «ime (âmo),baye (bâdo*), crois (crédo*), ploie (plico), dévoie (de-exvio), charnoie (carrico), croi* (crédo).

II. THÉORIE DE M. LITTRÉ. M. Littré n'admet pas que la différence de traitement de la voyelle dans doit-devoir, espoir-espérer, lièvre-levrier, poids-peser, roi-reïne*, soit due à la différence d'accentuation, à l'étymologie en un mot, ni qu'elle ait pu s'exercer dans le sein même du dialecte français; pour lui, toutes ces doubles formes sont dues à la présence simultanée d'une forme du dialecte français, et d'une forme empruntée à l'un des dialectes voisins (picard, normand, bourguignon). L'autorité de M. Littré est si considérable, qu'il est nécessaire d'appuyer cette affirmation par des preuves empruntées à l'Histoire de la langue française (3. édit. 1864) : « Dans l'Ile-de-France on disait pois, poiser, poisant; dans l'ancien normand on disait peis, peser, pesant. Ces immixtions qui rompent l'analogie sont curieuses à étudier. » (Hist. de la 1. fr., I, 65). — « Le français a pris roi qui est bourguignon à côté de reine qui est normand. » (Id. I, 127). « On voit (à propos de roi, reine, poids, pesant) que nous avons pris à droite et à gauche et accommodé à notre guise des formes qui ne sont pas similaires. » (Id. I, 338). « Ce furent des amalgames dus aux circonstances qui déterminèrent la pression), des provinces sur le Centre... Il y eut fusion et partant confusion. Nom disons poids et peser, au lieu de dire pois et poiser, comme les gens de l'Ile de France, ou peis et peser, comme les gens de Normandie. » (Id. II, 102). Et dans un autre passage (II, 115), à propos du verbe berrichon arreyer, arranger (qui est à arroi dans le même rapport que conréer* à conroi*), M. Littré contredit

1. Nous venons de voir l'inexactitude de cette assertion : l'Ile de France disait non pois, poiser, poisant, mais pois, peser, pesnnt. D'ailleurs, M. Littré contredit ici l'opinion de Burguy qu'il avait adoptée quelques pages plus loin (I, 120).


de nouveau à la théorie de l'accentuation : « Arreyer provient d'un substantif arroi qui a disparu du langage actuel et qui, usité dans le français de la Normandie, correspondait à arroi des autres dialectes. » (IX, 145). — Conformément à cette théorie, M. Littré, dans son Dictionnaire, tire goulot, goulu, chauderon*, béanl, bégueule, non (comme Diez) de gueule, chaudier, béer, mais de « l'ancien français goule, chaudère, béer ou bayer. " Mécréant (qui pour Diez est le participe régulier de mécroire) est pour M. Littré « la prononciation normande de croyant. » Il en résulte que les sept doublets qui nous occupent sont, d'après M. Littré, le produit de l'immixtion des dialectes : citons les explications du Dictionnaire :

« CRÉANCE, autre prononciation de croyance et qui provient du verbe creire, tandis que croyance vient du verbe croire ; creire et croire appartiennent à des dialectes différents de l'ancienne langue. » — « CHARRIER. Charrier et charroyer sont deux formes d'un même mot suivant les anciens dialectes de la France. » Les autres doublets ne sont pas expliqués : « BÉANT ancien participe de béer, baer ou bayer. » — « PLOYER, autre forme de plier. » — « AME, du L. amatus. » — « AMANT, de aimer. »

m. De ces deux théories, je me range à celle de M. Diez. Je suis d'autant plus à l'aise pour parler de la théorie de M. Littré, que je l'ai adoptée dans ma Grammaire Historique et dans mon Dictionnaire des Doublets, comme me l'ont reproché avec raison MM. Mussafia et Tobler 1, et que cette théorie des dialectes peut en entraîner d'autres après moi. Non-seulement elle empêche de comprendre les lois de la dérivation française, mais les formes dialectales qu'elle exige sont purement hypothétiques 2. Aussi M. Littré renvoie-t-il, sans autre explication, de grenetier à grain, de perron à pierre, de collerette à collier, de chenet à chien, etc. Cette explication, la loi de balancement de la tonique et de l'atone l'aurait fournie sans peine.

1. L'un dans la Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung de Kuhn (XVII, 392), l'autre dans le Literarisches Centralblatt (1868, n" 51, p. 1426).

2. Tandis que M. Diez regarde lièvre, pierre, collier comme les vrais primitifs de levrier, perron, collerette, etc. M. Littré cherche, pour expliquer ces dérivés, des formes anciennes levre, perre, coller, que le principe de diphthongaison des brèves accentuées empêche de jamais rencontrer.


§ 2. IMPORTATIONS DES AUTRES DIALECTES.

Le dialecte de l'île de Guernesey (normand presque pur) nous a donné le mot pieuvre qui vient de polypus et forme un doublet avec poulpe et polype. (Par transposition pôl[y]pus, pol'pus donne la forme poplus d'où le provençal poupre, et l'ancien guernesiais peuvre devenu plus tard pieuvre, comme locus devint leu puis lieu).

Nous sommes redoutables au patois de la Suisse romande de châlet et crétin qui fournissent les doublets : castellettum*, châtelet-châlet ; — christianurn, chrétien-crétin (le crétin ou chrétin ne peut commettre de péchés ; on appelle de même les idiots des innocents1).

§ 3. RESTES DE L'ANCIENNE DÉCLINAISON FRANÇAISE.

homo, on, — hominem, homme.

trovator*, trouvère,— trovatorem",

trouveur.

romanicia*. romance, — romanicium*?

romanicium*? (auj. roman) ?

draco, drac, — dracônem, dragon¬

brachium, bras,—brachia, brasse.

§ 4. CONFUSIONS GRAMMATICALES ET ANALOGIES.

Un certain nombre de verbes paroxytons en ère ont été traités en ère par le latin rustique, d'où les doubles formes populaires :

Tacere, taire-laisir*.

Lucere, luire-luisir*.

Nocere, nuite-nuisir*.

Ardere, ardr*'-ardoir*.

Movere, muevre*-mouvoir.

Placere, plaire plaisir.

Licere, loire*-loisir.

Manere, moindre*-manoir.

On voit que les formes en ère ont disparu du français moderne ou n'y ont le plus souvent persisté qu'à l'état de substantifs (loisir, plaisir, manoir).

A ces formes déplaçant l'accent, nous pouvons ajouter : il-lum, il, illum, le; pâlpebra palpre*-paupière.

1 Le mol ranz (doublet de rang) n'est point rhétoroman comme je l'avais dit dans mon Dict. des Doublets ; Tobler le considère avec plus de raison comme fribourgeois (cf. Bridel, Glossaire du patois de la Suisse romande, p. 313).


Fleurer n'est probablement qu'une simple corruption de flairer sous l'influence de fleur.

On trouve parfois deux modes de formation ; cicer peut ou garder le r final et donner le v. fr. ceire qui est dans le Livre des Rois, ou négliger cet r et donner chiche.

J'ai donné précédemment le catalogue d'un certain nombre de doublets produits par la présence simultanée de deux mots populaires qui coexistent à un degré de maturité et pour ainsi dire d'âge différent ; on peut y ajouter :

sigillum, sceau-scel. non, ne-non.

de-ex-rationare*? déraisonner-déraisnier.

déraisonner-déraisnier. ou retiolum, réseau-résille,

réseau-résille, ? palus, pal-pieu ? martellus, martel1-marteau. secare, scier-soyer, seyer ? inrotulare*, enrôler, enrouler

Ciconia, soigne*-cigogne². Centesimus, centième-centime. Decimus, dixième-décime. Portatorem*, porteur-porteux. Millesimum, milliéme-millime. Falcatorem*, faucheur-faucheux. Filatorem*, fileur-filou.

De même pour gabeleur-gabelou, Violonneur-violonneux.

On ne peut joindre à cette liste baie-bague : baie qui est un mot ancien vient de bucca par la disparition insolite de ce réduit à c puis à i (comme dans essuyer de excuccare, broie de bracca) ; bague (qu'on n'a point trouvé avant le XVe siècle) vient de bacca sans que cette dérivation soit bien assurée. Le doublet proposé par G. Paris dans la Revue Critique « exclusa, écluse-exclue » n'est point admissible; « exclue » ne vient point de exclusa ; il eût été

1. Dans l'expression martel en tête. On ne peut joindre verrou (de veruculum) et vrille (de vericla*)-, labour (subst, verbal de labourer), et labeur (de laborem). — Ajouter (de adjuxtare*) ét ajuster (de juste) ne se doublent point. Il en est de même, comme l'a remarqué Tobler, de émue (vieux fr. exmene', de exmota") avec émeute (vieux fr. esmuete, de exmovita, cf. Diez, Etym. Wbch., v° mota).

2. Cigogne que l'on trouve dès le XIIIe siècle est loin d'être une forme régulière et populaire ; le vieux français soigne persiste dans le dérivé moderne soignole (piston de pompe), du L. ciconiola. On trouve ciconia dans Isidore de Séville, au sens de bascule d'un puits, de perche mobile pour puiser l'eau, d'où l'espagnol ciguena (piston de pompe). On retrouve d'ailleurs Soignole dans plusieurs noms de lieux, que les anciens documents désignent par Ciconiola. Cf. Quicherat, Noms de Lieux, 81, 82.


au moins éçlose dans la forme populaire (par le retour à exclausa), ou dans la forme savante excluse, s médial ne disparaissant jamais; excluse est encore dans Racine, Bajazet, 3, 3 : « Pourquoi de ce conseil moi seule suis-je excluse ?» A cette forme a succédé exclue, forme française faite sur exclu 1. Il en est de même du doublet païen-paysan proposé par Max-Müller (Lectures, tr. fr. II, 349); païen vient directement du L. paganus, tandis que paysan est un dérivé français .de pays (du L. pagensis) ; paysan qui correspond à un type latin pagensianus* ne peut pas plus se doubler avec païen de paganus que Chatenay (de castanetum) avec châtaigneraie (de châtaignier),(pas Quercy (de quercinetum*) avec chesnaie (de chêne).

Citons encore quelques doublets formés de mots également anciens et populaires, soit d'origine latine :

Missa, messe-mise.

Exaltiare, exaucer-exhausser. Forum, for, fur².

Summum, son-somme (summa). Testa, tête-têt (testum*).

Missum, mis-mets 3.

Foras, fors-hors.

Draconem, dragon-estragon Piperata, purée-poivrée. Persica, pêche-presse 5. Persica, pêche-pers 6.

Soit d'origine germanique :

V. h. a. Lista, laiche-lèche. — Skaija, écale-ecaille.

Bòrdon, border-broder. Ledig, lige-lège.

t. Un autre doublet (proposé par le même auteur), coton (de l'arabe kûton) et hoqueton (v. fr. auqueton alqueton* de l'arabe al-kôton) ne peut être accepté À cause de la présence de l'article dans un des termes du doublet; autant vaudrait dire que alcade et caïd, — abricot et précoce, — alguazil et vizir, — alfange et cangiar, — forment des doublets ; dans ces limites, toute la langue française passerait dans le présent dictionnaire. — Chaînon (de chaîne) et chignon (de catenionem*), — reprocher (de repropiare*), et rapprocher (de re-adpropiare*) ne se doublent point.

2. Dans au fur et à mesure.

3. Mets, v. fr. mes, it. messo, angl. mess; on trouve dans le B. L. missorium signif. un plat.

4. Cf. Diez, Etym. Wbch. s. v. targone.

5. Presse est en catalan presseg, forme qui conserve le c latin.

6. Pers, couleur de pêche, violet. G. Paris fait sur ce mot la juste remarque que l'Académie s'est trompée en lui assignant pour signification : « couleur entre le vert et le bleu. »


Tap (v. h. a- zapf) tapon-tampon. Waso, vase-gazon 1.

Hring, rang-harangue.

Skina, esquine-échine. Ancha, anche-hanche. Nyck, niche-nique.

Si je n'omettais les doublets formés d'un nom propre et d'un nom commun, il faudrait citer ici ladre et Lazare, calicot et Calicut, gaze et Gaza, colonie et Cologne, cravate et Croate, esclave et Slave, grièche et grecque, casaque et Cosaque 2, perronnelle et Petronille ou Pernelle 3, séide et Saïd, truie et Troie, cabane et Chavannes, hermine et Arménie, hongre et Hongrie, etc.

CHAPITRE III.

DOUBLETS D'ORIGINE ÉTRANGÈRE.

§ 1. DOUBLETS D'ORIGINE PROVENÇALE.

Pilata* pelée-PELADE (pr. PELADA).

Quaterna 4, quaterne-CASERNE (pr. CAZERNA).

Carbonata, charbonnée-CARBONADE (p. CARBONADA).

Panata*, panée-PANADE (pr. PAMADA).

Papilionem 5, papillon-PARPAILLOT

(pr. PARPAILLOUN).

Passata*, passée-PASSADE (pr. PASSADA).

Radicem, raïs-RADIS (pr. RADITZ).

Focacia 6, fouace-FOUGASSE (pr.

FOGASSA).

Catellus, chael-CADEAU (pr. CADEL.

1. On ne peut pas y joindre grimper et griffer, bien qu'ils proviennent du même radical germanique, sous des formes différentes : gripper, grimper viennent du golli. grîpan; — griffer, du v. h. allem. grifan.

2. G. Paris. Casaque désigne au XVIe siècle le manteau des cavaliers.

3. S. Petronilla est au moyen-âge S. Perronelle qui s'est plus tard contracté en Pemelle.

4. Cf. sur ce mot la démonstration si décisive de G. Paris.

5. Parpaillot, qui signifie papillon, désigna les hérétiques par allusion aux bûchers où ils venaient se brûler.

6. Dans le terme de pyrotechnie fougasse de poudre.

7. Le v. fr. chael (petit chien) se retrouve aujourd'hui dans le patois tourangeau sous la forme chiau. — Depuis l'impression de ce travail, j'ai démontré (dans les Mémoires de la Soc. de Linguistique) que cadeau ne peut venir de catellum, mais de capitellum, et que le vrai doublet de cadeau serait chapiteau.


Bastita*, bâtie-BASTIDE (pr. BASTIDA).

Bastonata*, batonnée-BASTONADE. Bitumen,bitume-BÉTON(pr.BETUN).

Laudemia*, louange-LOSANGE (pr.

LAUZENGA 1).

Rasata* rasée-RASADE (pr. RAZADA). Piperata*, purée-POIVRADE (pr. PEBRADA).

Comitatus, comté-COMTATA (pr. COMTAT).

Rotare, reuer-RODER (pr. RODAR).

Rotulata", roulée-ROULADE (pr. ROI. LADA).

Trovatorem*, trouveur-TROUBA-DOUR (pr. mod. TROUBADOUR.)

Juratus, juré-JURAT (pr. JURAT),

Musoata, musquée-MUSCADE (pr. MUSCADA2).

Catena,chaine-CADÈNE (pr.CADENA).

Muscatum, musqué-MUSCAT (pr. MUSCAT).

Vicarius, vicaire-VIGUIER (pr. viGUIER) .

§ 2. DOUBLETS D'ORIGINE ITALIENNE.

Tous les doublets ci-dessous ne remontent pas au-delà du xve siècle :

barica* V. fr. barge, barche-BARQUE (it. BARCA).

flebilis, faible-FLÉBILE (it. FLEBILE).

Scarp*, écharpe-ESCARPE (it. SCARPA).

Cuppulam, cupule-COUPOLE (it. CUPOLA).

caronia*, charogne-CAROGNE (it. CAROGNA) 3.

ar. cifran, chiffre-ZERO (it. ZÉRO).

turc dioûann, divan-DOUANE (it. DOGANA, DOANA).

barcarolla*, barquerolle-BARCAROLLE (it. BARCAROLLA).

caponem, chapon-CAPON (it. CAPPONE).

rota, roue-ROTE (it. ROTA).

solidare, souder-SOLDER (it. SOLDARE).

saltarella*, sauterelle-SALTARELLE (it. SALTARELLA).

thyrsum, thyrse, TORSE (it. TOSSO).

caballus, cheval-ckxux. (it. CAYALLO).

1. Sur ce mot passé en français à l'époque de la poésie courtoise, voy. Diez, Etym. Wbch. s. v.

2. Muscade ne vient pas de l'italien, puisqu'on trouve déjà noix mugade au XIIIe s. (I. Rom. de la Rose, v. 1343).

3. CAROQNE nous est venu au XVIe siècle par la comédie italienne. L'ancienne forme picarde carogne que l'on trouve au XIIe s. n'est pas employée au sens figuré.


pastillus, pastille-PASTEL (it. PASTELLO, petit pain de couleur broyée dans l'eau).

Du grec (buis), la forme (boîte), d'où par le génitif le bas-latin pyxida, puxida que l'on trouve au VIIIe siècle sous la forme buxida, buxda, qui a donné d'une part le fr. boiste, boite, — d'autre part l'italien busto (tronc humain par assimilation à un coffre) d'où, au xvie siècle, le terme de sculpture buste.

Vertueux-VIRTUOSE forment-ils un doublet? Je le crois, sans l'affirmer. VIRTUOSE vient certainement de virtuosus qui est dans Prudence; mais pour se rattacher au même original latin, vertueux (qui est un mot populaire) devrait être verteux 1 ; la présence de l'u français fait croire à la chute d'une consonne médiane qui persiste encore dans le provençal vertudos, du L. virtutosus*.

On ne peut joindre à cette liste croissant--CRESCENDO, le premier venant du L. crescentem, et le second étant une forme de gérondif. Enfin Diez ayant remarqué que tiois ne peut venir de theotiscus 2, ce mot ne forme point un doublet avec TUDESQIIE venu de l'it. TEDESCO (L. theotiscum).

§ 3. DOUBLETS D'ORIGINE ESPAGNOLE.

Juncta, jointe-JUNTE (esp. JUNTA).

salata, salée-SALADE (esp. SALADA).

graecas, grecques-GRÈGUES (esp. GRIEGOS, GREGCESCOS).

indicum, indique-INDIGO (esp. INDIGO).

pedonem, pion-PÉON (esp. PEON).

On peut y joindre ALGUAZIL-ARGOUSIN , dont le dernier terme (écrit au XVIe siècle algosan) est une corruption du premier.

Le portugais nous a fourni le doublet : materia, matière-MADÈRE (les navigateurs qui découvrirent cette île en 1419 lui donnèrent le nom de Madeira à cause des bois dont elle était couverte) : le portug. madeira vient du L. materia (au sens de bois de charpente).

1. Par la réduction régulière de l'hiatus uo à o : duos, dos, deux ; — suos, sos, ses, etc...

2. A cause de la ferme féminine tioise qui eût été tioische venant de theotisca; tiois dérive d'un type theotensis*.


§ 4. DOUBLETS D'ORIGINE ANGLAISE.

Outre coquus, queux-coq (angl. COOK), et Missum mets-MESS (angl. MESS) 1, on peut ajouter aux doublets précédemment cités des formes telles que boeuf rôti qui correspond à ROSBIF (de l'angl. ROSTBEEF qui est pour roasted beef), —VERDICT (du L. verè dictum) correspondant au français voire dit.

§ 5. DOUBLETS EMPRUNTÉS A D'AUTRES LANGUES.

Aux doublets allemands, nous pouvons ajouter « speculumESPIÈGLE,

speculumESPIÈGLE, 2.

Aux doublets sémitiques 3 échec-SCRAH, — et aussi gabelleCABALE (que Dozy identifie dans la nouvelle édition du Glossaire d'Engelmann, p. 75, s. v. alcabala).

1. Le doublet « mensa, mense-MESS », donné dans le Dict. des Doublets, est faux.

2. On sait que le L. speculum a donné l'allemand Spiegel (miroir). Pour le rapport de Spiegel au français espiègle, voy. mon Dictionnaire Etymologique.

3. C'est à tort que M. G. Paris, dans la Rev. Crit, (1. c.), place « gehenna gêne-géhenne » dans les doublets d'origine sémitique ; dans un Dictionnaire de Doublets français, ce mot qui est dans Tertullien et dans la Vulgate et vient directement du grec (transcrit par les Septante de l'hébreu gehinnom) doit nécessairement être placé dans les mots d'origine latine ; autant vaudrait dire que nous avons en français des doublets aryens.

Nogent-le-Rotrou, imprimerie de A. Gouverneur.


APPENDICE.

ÉTYMOLOGIE DE CADEAU.

(Voy. ci-dessus, p. 13, note7).

On sait quelle est l'étymologie reçue de ce mot : « traits enchaînés ou entrelacés dont les maîtres d'écriture ornent leurs modèles ; puis, par extension, choses inutiles et de pure fantaisie, puis divertissements, et enfin don. Au sens de traits d'écriture entrelacés, cadeau vient du L. catellus, diminutif de catena (chaîne). » Ménage est l'auteur de cette étymologie, qui depuis a été reproduite sans discussion par Diez, Schéler et Littré.

Avant d'en rechercher l'exactitude, voyons, par les anciens dictionnaires, quel est le sens originaire du mot cadeau :

En 1549, R. Estienne donne le mot dans son Dict. fr.-latin : « CADEAU, cadeler des lettres. »

En 1604, Nicot, dans son Thrésor : CADEAU est une grande lettre capitale... Citera majuscuîa. CADELER est faire un cadeau. »

En 1655, Borel, dans ses Antiquités gauloises : « CADEAU. .. grosse lettre; paraphe;... ornements que les maîtres d'écriture mettent autour de leurs exemples. »

En 1681, Richelet, dans son Dictionnaire : « CADEAU, traits de plume des maîtres d'écriture; — 2° chose spécieuse et inutile: faire des cadeaux; — 3°grand repas, donner des cadeaux aux dames. » On voit ici la transition de sens nettement marquée. Le dernier sens de repas, de fête, particulièrement de fête donnée aux dames, est très-fréquent dans Molière (voy. Lexique de Génin), et Lafontaine (dans ses Lettres, XXI) : « Dieu me gard de feu et d'eau, De mauvais vin dans un cadeau, De maîtresse ayant trop d'esprit.... ». Le sens de don n'apparaît pas encore : M. Littré sous la rubrique : Don, présent que l'on fait à quelqu'un, prétend l'avoir trouvé dès 1685, et cite cet exemple d'une comédie de Montfleury (Femme juge et partie, 3, 2. en 1685) : « Quoi ! parce que des sots se piquent du pompeux appareil d'un cadeau nuptial, il faut faire comme eux. » On voit qu'ici le mot ne signifie point présent, don, mais fête de noces. D'ailleurs ce qui rend l'hypothèse de M. Littré peu probable, c'est que les dictionnaires postérieurs ne font jusqu'en 1762 aucune mention du sens de don, de présent. (L'Académie de 1694, 1718, 1740, le Furetière de 1690, le Trévoux de 1704, 1743 se bornent à reproduire le sens donné par Richelet en 1681.)

En résumé la série des sens est celle-ci : lettres majuscules et

ornées, puis ornements paraphe et enchainements de

traits), d'où le sens de futilité et superfluités ; puis de divertisse¬


ments offerts aux dames; postérieurement présent fait aux dames, et enfin présent en général.

Le sens primitif de cadeau ou cadel étant lettre majuscule, on voit que le mot n'a rien à faire avec catellus, qui signifie une petite chaîne. Les majuscules sont désignées sous le nom de capitaneoe dans le recueil de Lachmann, Gromalici veteres, Berlin, 1848, p. 362. Eckehardus junior (De cas. S. Galli. ch. I. d. DG.) les appelle capitulares. Le sens de tête du mot étant l'idée principale de ces dénominations, je tire cadel d'un mot analogue, capitellum (diminutif de caput) qui est dans Végèce et St Jérôme. Capitellum donne cadel comme capitastrum* donne cadastre, comme copitettum* donne cadet, par l'influence provençale; d'autre part, le L. capitellum donne la forme savante chapitel (aujourd'hui chapiteau) dont Littré ne cite pas d'exemples antérieurs au xve siècle, et qui eut été chatel dans le français populaire1.— D'où finalement le doublet : capitellum, chapiteau-CADEAU.

chapiteau-CADEAU.

1. Capitellum a donné au français populaire chadel, que l'on trouve au sens de capitaine, dans la Chronique des Sucs de Normandie, I, 279, v. 5636 : Dunt si s'esteient esloignié E departi de lur chadel, De Rou le buen, le proz, le bel.

Quant au changement de t latin précédé d'une consonne en d, on retrouve cette permutation irrégulière dans cuider (cog'tare*), aider (aj'tare*), malade (male-aptus*; aussi ate* il est vrai); il faut supposer que dans ces mots le t s'était déjà changé en d dans le latin vulgaire, comme le prouve la forme connue didus (Loi Salique, édit. Pardessus, p. 351) pour dig'tus.

Du substantif chadel est venu le verbe chadeler (conduire, diriger), qui s'est transformé en chaeler (Chron. de Jordan Fantosme, XXII, v. 3), par la chute du d que le français a traité comme un d latin médial.

CORRECTIONS.

P. 2, 1. 2. Aiguière vient en réalité de aquaria. Mais je le place sous la rubrique aquarium, avec ce sous-entendu (que l'on retrouvera plusieurs fois dans ce Supplément, ainsi que d'autres abréviations élémentaires).

P. 11, 1. 12. Supprimer deeimus, centesimus, millesimus et les dérivations qui les suivent Décima, centesimum, millesimum n'ont pu donner en français que dîme, centième, millième; dixième est un dérivé français de dix, et n'a pas de rapport avec decimum. Quant à décime, c'est une forme savante de decimum, d'après laquelle les inventeurs du Système Métrique ont forgé par analogie centime et millime. Supprim. aussi les lignes 2 et 3 de la p. 2.

P. 12,1. 15. Ajoutez : fallere-faillir, falloir ; manducare-manjuer*, manger.


INDEX.

A.

ABRICOT, 12.

adversaire, 5. affaité, 2. affecté, 2. affermer, 6. affété, 2. affirmer, 6.

AIGAGE, 2. AIGUIÈRE, 2, 18. aimé, 7. ajouter, II. ajuster, 11. ALCADE, 12.

ALFANGE, 12. ALGUAZIL, 12, 15. aliboron, 4. amant, 7. amé*, 7. anche, 13. andouille, 6. anti*, 2. antif, 2. antique, 2. aquarium, 2. aquatique, 2, 3. ardoir*, 10. ardre*, 10. ARGOUSIN, 15. arsenic, 3. arsoine*, 3. articuler, 4. artillé*, 4. astre, 6. âtre, 6. auréole, 6. avare, 6. aver*, 6. aversier*, 5.

B.

bague, 11. baie, 11.

BARCAROLLE, 14. barche*, 14. BARQUE, 14. BARQUEROLLE, 14. BASTIDE. 14. BASTONNADE, 14. bâtie, 14. bâtonnée, 14. bayant, 7. bénit, 3. BÉTON, 14. bitume, 14. boeuf, 16. boîte, 15. border, 12. bras, 10. brasse, 10. broder, 12. bulle, 3. BUSTE, 15.

C.

CABALE, 16. CABANE, 13. CADEAU, 13, 17. GADÈNE, 14. cahier, 2, 4. CAÏD, 12.

CAISSE, 2.

calleux, 6. cancer, 2. cancre, 2.

CANGIAR, 12.

canonge*, 2. canonique, 2.

CANTINE. 2. capital, 2. CAPITOUL, 2. capitule, 2, 3. CAPON, 14.

CAPTAI, 2.

carboné, 5.

CARBONNADE, 13. CAROGNE, 14. CASAQUE, 13. CASERNE, 2, 13. CAVALE, 14. ceire*, 11. cendrier, 4. censier, 5. censitaire, 5. centiéme, 11, 18. centime, 11, 18. chainon, 12. CHALET, 10. chancre, 2. chanoine, 2. chapiteau, 13, 17. chapitre. 2, 3. chapon, 14. charbon, 5. charbonnée, 13. charrier, 7. châtelet, 10. Chavanne, 13. cheptel, 2. cheval, 14. chiau*, 13. chiche, 11. chiffré, 14. chignon, 12.

cholera, 2. chrétien, 10. cidre*, 2. cigogne, 11.


cinéraire, 4. cithare, 2. citrin, 6. claire, 6. code, 6. codex, 6. cohorte, 4. colère, 2. colle, 2. colonge, 3. colonie, 3. comble, 3, 4. comité, 3. communier, 2. composite, 3. compositeur, 4. composteur, 4. compote, 3. COMTAT, 14. comte, 3. comté, 14. contracte, 6. contrat, 6. COQ, 16. coque, 2. COSAQUE, 13. COTON, 12. COUPOLE, 14. cour, 4. courbature, 4. contre*, 2. craticuler, 4. CRAVATE, 13. créance, 2, 7. crêper, 2.

CRESCENDO, 15. CRÉTIN, 2. CROATE. 13. croissant, 15. cuistre, 3, 2. cumul, 3. cupule, 14. custode, 3,2.

D.

dame, 2. débit, 3. décime, 11, 18. décombre, 4. décor, 3. décorum, 3. délié, 2. dentaire, 5. dentier, 5. déraisnier*, 11. déraisonner, 11. dette, 3.

dévier, 7. dévoyer, 7. dit, 16. DIVAN, 14. dixième, 11, 18. DOUANE. 14. drac, 10. dragon, 10, 12.

E.

écaille, 12. écale, 12. écharpe, 14. échec, 16. échine, 13. écluse, 11. écolâtre*, 3. effeuiller, 6. ellébore, 4. embler, 4. emboire*, 3. émeute, 11. emperairis*, 6. emplette, 3. émue, 11. enfermer, 6. enrôler, 11. enrouler, 11. enseigne, 6. entait*, 6. envoler, 4. épée, 2. ESCADRE, 2. escarpe, 14. esclave, 13. ESPIÈGLE, 16. espir*, 2. esprit, 2. esquine, 13. estragon, 12. estuaire, 5. étal, 2. éteule, 3. étier, 5. étinceler, 6. étioler, 4. évage*, 2, 3. évier, 2. exaucer, 12. exclue, 12. exfolier, 6. exhausser, 12.

F.

factice, 2. faible, 14.

faillir, 18. faitis*, 2. falloir. 18. falquer, 6. faucher, 6. faucheur, 11. faucheux, 11. FÉTICHE, 2. filateur, 4. fileur, 4, 11. filou, 11. fistre*, 3. fistule, 3.' flairer, 11. flébile, 14. fleurer, 11. - flottaison, 5. fluctuation, 5. for, 12. format, 5. formé, 5. fors, 12. fouace, 13. FOUGASSE, 13. fur, 12.

G.

gabeleur, 11. gabelou, 11. gabelle, 16. galeux, 6. gazon, 13. géhenne, 6,16. gémeaux, 6. gêne, 6,16. glaire, 6. glandre*, 3. glandule, 3. graticuler, 4. grecque, 2, 13, 15. GRÈGUES, 2, 15. griffer, 13. griller, 4. grimper, 13. gripper, 13. GUITARE, 2.

H.

hanche, 13. harangue, 2, 13. hebdomadaire, 5. hebdomadier, 5. hermine, 13. HOMERE, 2. homme, 2,10. . hongre, 13.


hoqueton, 12. hors, 12.

I.

il, 10. imbiber, 2. impératrice, 6. inde, 2. INDIGO, 2, 15. indique, 2, 15. inductile, 6. infirmer, 6. insigne, 6. intact, 6.

J.

jointe, 15, jouter, 6. jouxter, 6. jumeaux, 6. JUNTE, 15. JURAT, 14. juré, 14.

L.

labeur, 11. labour, 11. lactée, 3. ladre, 13, laîehe, 12. laite. 3. le, 10. lèche, 12. ligature, 4. tige, 12. liure, 4. loire*, 10. loisir, 10. loriot, 6. LOSANGE, 14. louange, 14, luire*, 10. luisir*, 10.

M.

mâchelier, 5. MADÈRE, 15. moindre*, 10. maire, 2. manoir, 10. manche, 3. manger, 18. manique, 3. manjuer*, 18.

manse, 2. marteau, 11. MAS, 2. matière, 15. maxillaire, 5. mélange, 4. menisque, 6. menois*, 6. mense, 6, 16. mercurial, 5. mercuriel, 5. mès", 2. MESS, 3,16. messe, 3, 12. mets, 3, 12, 16. muevre*, 10. mica, 3, 4. miche, 4. mie, 3, 4. millésime 2, 18. millième, 2, 18. millime, 2,18. mis, 3,12. miscellanée, 4. mise, 12. moise, 6. moule, 6. mouvoir, 10. muevre*, 10. muguet, 5. MUSCADE, 2, 14. MUSCAT, 2, 5, 14. muscle, 6. musquée, 14.

N.

naviguer, 2. ne, 11. niche, 13. nique, 13. nombril, 3. non, 11. nourrisson, 5. nouvelle, 6. novelle, 6. nubile, 3. nuble*, 3. nuire, 10. nuisir*, 10.

0.

oeuf, 6. oignon, 5. ombilic, 3. on, 2, 10. onglé, 4.

ongulé, 4. orbitaire, 4. orbite, 3. orde*. 3. orine*, 3. origine, 3. ornière*, 4. ove, 6.

P.

paien, 12. pal, 11. palpre*, 10. pan, 2. PANADE, 13. panée, 13. papillon, 2, 13. PARPAILLOT, 2, 13. PASSADE, 13. passée, 13.

PASTEL, 15. pastille, 15. patelle, 4. paupière, 10. paysan, 12. péche, 3, 12. pedon, 2, 4. PELADE. 13. pelée, 13. PÉON, 2, 15. perronnelle, 13. pers, 12. perse, 3. persique, 3. peser, 2. pieu, 11, pieuvre, 2, 10. pion, 2, 4, 15. plaire, 10. plaisir, 10. plan, 3. plier, 7. podagre, 4. poêle, 4. poinçon, 5. pointer, 6. POIVRADE, 2, 14. poivrée, 2,12. ponctuer. 6. porteur, 11. pouacre, 4. poulpe, 2,10. poussif, 4. presbytère, 4. presse, 3, 12. prêtre, 4. prison, 5.


procurateur, 4. procureur, 4. pulsatif, 4. purée, 2, 12, 13, 14.

Q.

quaterne, 2, 4, 13. questeur, 6. quêteur, C. queux, 16. quintaine, 2, 6. quintane*, 2, 6.

R.

RADIS, 13. rais*, 13. rang, 2, 10, 13. RANZ, 2, 10. rapprocher, 12. RASADE, 14. rasée, 14. récuser, 4. refuser, 4. replier, 2. répliquer, 2. reployer, 2. reprocher, 12. requiem, 4. requin, 4. réseau, 2, 11. réseuil, 2, 11. résille, 2, 11. RÔDER, 14. rogations, 5. romain, 6. roman, 6, 10. romance, 10. ROSBIF. 16. ROTE, 14. rôti, 16. roue, 14. rouer. 14. ROULADE, 14. roulée*, 14. rouvaisons, 5. ruser, 4.

rustique, 3. rustre, 3.

S.

SALADE, 15. SALTARELLE, 14.

salve, 6. saponaire, 5. sauf, 6. sauterelle, 14. savonnière, 5. sceau, 11. scel, 11. SCHAH, 16. sciante, 4. scier, 11. scintiller, 6. scolastique, 3. sécante, 4. seiche, 2. séide, 13. serin, 6. seyer, 11. sirène, 6. sixte, 2. slave, 13. soigne*, 11. soignole, 11. SOLDAT, 2. SOLDER, 14. somme, 12. son, 12. souder. 14. souef*, 6. soyer, 11. spéculum, 16. spirite, 2. stipule, 3. stipuler, 4. suave, 6. suçon, 5. suction, 5.

T.

taire, 10. taisir*, 10. tampon, 13. tapon, 13. ténu, 3. tenue*, 3. tét, 12. tête, 12.

thyrse, 2, 6, 14. timbre, 2. tiois*, 15.

TORSE, 2, 14. trou, 2, 6.

TROUBADOUR, 14. trouvère, 10. trouveur, 10, 14. truie, 13. tudesque, 15.

U.

Union, 5.

V.

variole, 6. vase, 13. venteux, 2. VERDICT, 16. vérole, 6. verrou, 11. vertueux, 15. vicaire, 14. victuaille, 5. VIGUIER, 14. violonneux, 11. VIRTUOSE, 15. vitaille*, 5. VIZIR, 12. , voeu, 2. voire, 16. vote, 2.

voto (ex), 2. vrille, 11.

Z.

ZÉRO, 14.


TABLE DES MATIÈRES.

Observations préliminaires

1

CHAP. I.

Doublets d'origine savante

3

§ 1.

Persistance de l'Accent latin

3

§ 2.

Suppression de la Voyelle brève

4

§ 3.

Chute de la Consonne médiane. . . . . . . . . . . .

4

§ 4.

Sullixes latins. . . . . . . . . . . . . . . . .

5

CHAP. H.

Doublets d'origine populaire

7

§ 1.

Débris des anciens Dialectes français . . . .

7

§ 2.

Importations des autres dialectes. . . . . . . . .

10

§ 3.

Restes de la déclinaison française

10

§ 4.

Confusions grammaticales .......

10

CHAP. m.

Doublets d'origine étrangère

13

§ 1.

Doublets d'origine provençale

13

§ 2.

Doublets d'origine italienne . . . . . .. . . . . . . .

14

§ 3.

Doublets d'origine espagnole

15

§ 4.

Doublets d'origine anglaise

16

§ 5.

Doublets empruntés à d'autres langues. . . .

16

Appendice et Corre.

17

Index de tous les mots cités. . . . . . . . .

19

Mogent-le-Rotrou, imprimerie de A. Gouverneur.