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Titre : Oeuvres complètes de Gustave Flaubert. T. 12, 2

Auteur : Flaubert, Gustave (1821-1880). Auteur du texte

Éditeur : L. Conard (Paris)

Date d'édition : 1910

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31697016g

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 18 vol. ; in-8

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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k107251t

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18098 (12)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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m'invitaient à d'autres baisers que ceux des mères, par la pensée je m'enveloppais de leurs cheveux, et je me plaçais entre leurs seins pour m'y écraser sous un étoufiement divin; j'aurais voulu être le collier qui baisait leur cou, l'agrafe qui mordait leur épaule, le vêtement qui les couvrait de tout le reste du corps. Au delà du vêtement je ne voyais plus rien, sous lui était un infini d'amour, je m'y perdais à y penser. Ces passions que j'aurais voulu avoir, je les étudiais dans les livres. La vie humaine routait, pour moi, sur deux ou trois idées, sur deux ou trois mots, autour desquels tout Je reste tournait comme des satellites autour de leur astre. J'avais ainsi peuplé mon infini d'une quantité de soleils d'or, les contes d'amour se plaçaient dans ma tête à côté des belles révolutions, les belles passions face à face des grands crimes; je songeais à la fois aux nuits étoilées des pays chauds et à l'embrasement des villes incendiées, aux lianes des forêts vierges et à la pompe des monarchies perdues, aux tombeaux et aux berceaux; murmure du flot dans les joncs, roucoulement des tourterelles sur les colombiers, bcis de myrte et senteur d'aloès, cliquetis des épées contre les cuirasses, chevaux qui piaffent, or qui reluit, étincellements de la vie, agonies des désespérés, je contemplais tout du même regard béant, comme une fourmilière qui se fût agitée à mes pieds. Mais, pardessus cette vie si mouvante à la surface, si résonnante de tant de cris différents, surgissait une immense amertume qui en était la synthèse et l'ironie.

Le soir, dans l'hiver, je m'arrêtais devant les maisons éclairées où l'on dansait, et je regardais des ombres passer derrière les rideaux rouges, j'entendais des bruits chargés de luxe, des verres qui claquaient sur des plateaux, de l'argenterie qui tintait dans des plats, et je me disais qu'il ne dépendait que de moi de prendre part à cette fête où l'on se ruait, à ce banquet où tous mangeaient; un orgueil sauvage m'en écartait,