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Titre : Archives marocaines : publication de la Mission scientifique du Maroc

Auteur : Mission scientifique du Maroc. Auteur du texte

Auteur : Maroc. Résidence générale de la République française. Auteur du texte

Éditeur : E. Leroux (Paris)

Éditeur : P. GeuthnerP. Geuthner (Paris)

Éditeur : H. ChampionH. Champion (Paris)

Date d'édition : 1926

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32701470c

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32701470c/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1926

Description : 1926 (VOL26).

Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique

Description : Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient

Description : Collection numérique : Thème : Les échanges

Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique

Description : Collection numérique : Protectorats et mandat français

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k106590g

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-O3J-166

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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ARCHIVES MAROCAINES

VOLUME XXVI


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DIRECTION DES AFFAIRES INDIGÈNES ET DU SERVICE DES RENSEIGNEMENTS (SECTION SOCIOLOGIQUE)

VOLUME XXVI

EL-MAQSAD

(VIES DES SAINTS DU RÎF) DE

'ABD EL-HAQQ EL-BÂDISÎ TRADUCTION ANNOTÉE DE G. S. COLIN

PARIS

LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION 5, QUAI MALAQUAIS (VIe)

1926


INTRODUCTION

Le Maqsad, dont on trouvera plus loin la traduction, est un recueil de biographies de saints du Rîf, ayant vécu au vie/xne et au viie/xme siècles.

Rédigé en l'année 711 (1311-12), cet ouvrage se trouve placé, historiquement, immédiatement à la suite du Ta&awwuf d'Et-Tâdilî (rédigé en 617/1220-21), et l'auteur nous apprend lui-même que c'est à l'imitation de ce dernier qu'il composa son recueil. Le Maqsad constitue donc avec Et-TaSawwuf1, El-Minhâg el-wâdih* et Y Uns elfaqlr*, l'une des toutes premières sources spéciales où nous puissions puiser actuellement des renseignements abondants et détaillés sur la vie religieuse ancienne du Maroc, plus particulièrement sur le développement du culte des saints ainsi que sur l'apparition des confréries religieuses*. 1. Et-TaSawwuf, ild ri§âl et-tasawwuf, par Abu Ya'qûb Yûsuf ibn Yahyâ ibn 'îsà ibn 'Abd er-Rahmân et-Tâdilî, connu sous l'appellation de Ibn ez-Zayyât. Achevé de composer en Pû-1qa'da 617 (janvier 1221).

2. El-Minhâjf el-wâdih, ft tahqîq karamât Abî Muhammad Çâlih, par Ahmad ibn Ibrahim ibn Ahmad ibn Ab! Muhammad Çâlih ibn Yanzâran el-Mâgîrî (qui était vivant, au Caire, en 698 1298-99).

3. Uns el-faqir wa-'izz el-haqîr, par Ahmad ibn el-Hatîb Ibn Qunfûd. Cet ouvrage fut rédigé à Constantine au mois de Muharram de l'an 787 (février-mars 1385); l'auteur mourut en 807 (1404-05) ou en 810 (1407-08).

4. A ces trois textes, il conviendrait d'ajouter le Kitdb manâqib el-auliyd wa-silat sulûk el-asfiyâ, par 'Ait ibn Muhammad elMarrâkuSÎ (qui était à Bâdis en l'une des dix années qui précédèrent 640 /1242-43), mais qui ne semble pas autrement connu que par les passages qu'en cite le Maqçad.


A ce seul titre déjà, le Maqsad aurait mérité d'être traduit mais il offre en outre, comme la plupart des ouvrages de même inspiration, une riche moisson de menus détails historiques, géographiques, économiques et psychologiques qui, s'ils intéressent moins l'hagiographie, n'en constituent pas moins, tels que l'auteur nous les présente datés, localisés et encadrés, des documents d'un grand prix pour le sociologue.

Il ne faudrait d'ailleurs pas s'exagérer la valeur réelle des ouvrages d'hagiographie marocaine, même au seul point de vue des croyances et des pratiques religieuses populaires. D'autres1 ont déjà montré qu'à quelque époque qu'ils appartiennent, qu'ils relatent les traits édifiants (manâqib) de la vie d'un saint homme ou détaillent les biographies (tarâgim) de personnages religieux appartenant à diverses catégories (tabaqât), les différents traités de ce genre sont, avant tout, l'œuvre de pieux lettrés musulmans qui les ont écrits dans un but d'édification, afin d'aviver l'islamisme trop tiède de leurs coreligionnaires. On conçoit facilement dès lors qu'ils se soient efforcés de bannir de leurs ouvrages tout ce qui pouvait sembler s'écarter de la stricte orthodoxie musulmane et aurait pu, par la suite, servir de prétexte ou d'excuse à des pratiques plus ou moins païennes de combien de détails précieux sur les cultes naturalistes, le matriarcat, les devins, l'usage de la langue berbère, les survivances judaïsantes, romaines et chrétiennes, cette précaution ne nous a-t-elle pas privés? Ce ne sont là malheureusement que des regrets stériles. On ne doit plus guère espérer retrouver, s'ils ont jamais réellement été écrits, les textes religieux berbères, adaptations du Coran et autres, dont les historiens arabes nous ont gardé le souvenir. Nous en sommes réduits à essayer de 1. H. Basset, Littérature des Berbères, p. 273 Lévi- Provençal, Historiens des Chorfa, p. 49-50.


tirer le meilleur parti possible des documents, arabisés et islamisés, qui nous ont été conservés. Ceux de la série à laquelle appartient le Maqsad, antérieurs au mouvement sans doute un peu artificiel et vraisemblablement d'origine politique qui a suivi l'enseignement d'Es-Sâdilî, méritent tout particulièrement de retenir l'attention des marocanisants.

I

L'AUTEUR

Le nom complet de l'auteur du Maqsad est Abû Muhammad 'Abd el-Haqq b. Ismâ'îl b. Ahmad b. Muhammad b. el-Hadir. b. Qais b. Sa'd b. 'Ubâda, el-Bâdisî el-Garnâtî el-Hazragî.

De la série de ses ethniques, qui étaient déjà ceux de son grand-père Ahmad (cf. p. 128), il résulte qu'il appartenait à une fameuse famille arabe d'Ansâr, les Banû Hazrag. Des éléments de cette famille étaient venus s'établir en Andalousie, à Grenade1, d'où certains membres avaient dû, gagner Bâdis, sur la rive africaine. Les parents de l'auteur devaient jouir dans cette ville d'une certaine considération, puisqu'il nous apprend (cf. p. 128) que son grand-père Ahmad ibn Muhammad y fut imâm et hailb, et qu'il succéda dans cette dernière fonction à son oncle paternel, Ahnad ibn el-Hadir; d'autre part, le père de l'auteur, Ismâ'îl b. Ahmad, professait à la grande-mosquée de Bâdis un cours sur El-Gallâb (cf. p. 146) et exerça les fonctions de qâdî (cf. p. 136).

Je n'ai pu retrouver la date de la naissance de l'auteur, pas plus d'ailleurs que celle de sa mort tout ce qu'indique 1. Se souvenir que les Banû Nasr ou Banû-1-Ahmar, rois de Grenade, prétendaient se rattacher également aux Banû Hazrag.


le Maqsad, source unique de mes informations sur ce point, c'est que son père était né en 614 /1217-18(cf. p. 129), et qu'il était lui-même encore vivant en 722/1322-23 (cf. p. 163).

Dans sa jeunesse, l'auteur accompagna son père à Fès et à Ceuta, puis à Gassâsa (p. 107, 108, 139) ce voyage, qui se place vraisemblablement entre 635 /1237 et 674 /1275, avait pour but le rachat de femmes de leur famille, qui avaient été enlevées et emmenées en captivité par des corsaires chrétiens. Un autre passage du Maqsad (p. 134) nous apprend que l'auteur fit un séjour à Ceuta au cours duquel il fréquenta le « maître » Abu 'Abd Allâh ed-Dabbâg. Durant son séjour à Bâdis, l'auteur semble s'être livré, tout au moins temporairement, au négoce c'est ainsi que, dans la biographie 39, il nous indique qu'il se rendit un jour au marché de Tâfarsît avec des tissus qu'il se proposait d'y vendre. Dans la biographie 45, on le trouve à Hagar Tâfazzâ, chez les Marnîsa, et possesseur d'une bête de somme sans doute s'y livrait-il également à quelque trafic.

Plus tard, en 683/1284-85, nous retrouvons l'auteur à Fès, où il étudiait la Mudawwana sous la direction du « maître » Ishâq b. Mathar el-Waryâgalî (cf. n. 352) il habitait encore Fès, à la Ville Blanche semble-t-il, en 722/1322-23 (cf. p. 163).

Il

L'ŒUVRE

Le titre complet de l'ouvrage, selon les manuscrits que j'ai pu consulter, est le suivant El-Maqsad eë-Sarîf, wal-manza' el-lafif, Il dikr sulahâ' er-IÎ! c'est-à-dire « La


noble intention et le but subtil, relatifs à la mention des personnages vertueux du Rif »*.

A l'heure actuelle, le Maqsad est le seul ouvrage que nous possédions de 'Abd el-Haqq el-Bâdisî; il est même bien possible qu'il soit le seul qu'il ait jamais composé, et l'on n'y rencontre nulle part d'allusion à d'autres travaux. C'est l'exemple et les lacunes du Taëawwuf d'Ibn EzZayyât et-Tâdilî, nous apprend lui-même l'auteur dans son introduction, qui l'ont incité à composer son Maqsad. Et-Tâdilî en effet, avait bien composé un vaste recueil de biographies des « maîtres » faisant partie des Masâmida mais son œuvre était limitée, dans l'espace, à la région de Marrâkech et, dans le temps, il s'était arrêté à l'année 616 (1219-20) en s'abstenant de mentionner aucun des personnages vivants à son époque.

Le Rîf, que l'auteur du Maqsad fait s'étendre entre les deux villes de Ceuta et de Tlemcen, s'était trouvé négligé par Et-Tâdilî sans doute parce que, trop éloigné de son habitat, il n'en avait pu joindre aucun des habitants et qu'il avait été privé de toute information à son sujet. « Et pourtant, dit 'Abd el-Haqq el-Bâdisî, une grande quantité de saints parmi les plus célèbres ont résidé dans le Rîf à l'époque d'Ibn ez-Zayyât, avant et après. » Il fut donc d'avis de compléter le beau travail que celui-ci nous a laissé, en citant sommairement ceux des saints du Rîf qu'il est un devoir de faire connaître, s'attendant bien 1. Dans la notice terminale due à 'Abd el-Muhaimin el-Hadramt (cf. p. 163), l'ouvrage est appelé El-Maqsad eS-Sarîffî-t-ta'rîf bisulahâ" er-Rîf et c'est ce titre-ci qu'a adopté le copiste de T pour son en-tête. Le membre de phrase ft-t-ia'rtf bi- « relatifs à l'indication de n a très sensiblement la même valeur que Il dikr « relatifs à la mention n, mais cette autre forme de titre pourrait faire confondre, au premier abord, l'ouvrage de 'Abd el-Haqq elBâdisî avec El-Maqfad [fl-t-ta'rlf bi-sayyid-nâ Ibn 'Abd Allah Ahmad] que cite l'auteur de la Saliva parmi ses sources (III, p. 360, 70) sans en indiquer l'auteur.


à ce qu'Ibn ez-Zayyât, lorsqu'il sera ressuscité pour le Jugement dernier et qu'il aura connaissance de ce travail, déclamera ce vers d'El-Ma'arrî

« Et il m'incombe de faire ma prière après qu'elle a passé, puisque je ne l'ai pas accomplie en son temps. » El-Bâdisî donne en tête de son ouvrage des Prolégomènes destinés à dissiper toute incertitude pouvant exister sur le sens de certains termes et qui forment les deux premières parties du Maqsad.

La première est divisée en quatre chapitres 1. Le saint et la sainteté. Répartition des saints en trois catégories.

2. Le faqlr et la « pauvreté ».

3. La théosophie et le théosophe.

4. Preuve des prodiges des saints.

La deuxième est consacrée tout entière à la preuve de la vie d'El-Halir.

La troisième, seule traduite ici, donne l'énumération des « maîtres », d'entre les personnages vertueux du Rîf, ayant existé depuis l'époque de l' « axe » Abu Madyan jusqu'à celle de l'auteur. Si l'un d'eux a eu un « maître » en Orient ou si, en s'y rendant, il a été témoin de prodiges, ces renseignements ont été ajoutés pour compléter sa biographie. Suivant encore l'exemple d'Ibn ez-Zayyât, l'auteur a fait suivre chaque biographie d'une courte pièce de vers dont le sens est en rapport avec les vertus du personnage biographié.

L'apparition de ce genre de littérature, nouveau pour le Maroc', doit être attribué au mouvement mystique popu1. L'Orient en effet possédait déjà, notamment, la Hilua d'Abû Nu'aim el-Isfahânî (m. 430/1038), la Risâla d'El-QuSairî (m. 465/ 1 1074) et les fabaqdt es-?ûftya d'El-Harawî (m. 481 /1088).


laire dont le Maroc fut le théâtre au vie /xne siècle et que déterminèrent les puissantes campagnes réformistes des Almoravides et des Almohades. Jusque-là en effet, la théosophie arabe d'Occident paraît avoir été exclusivement le fait de théoriciens de talent, surtout andalous, plus préoccupés, semble-t-il, de brillante dialectique et de pure philosophie spéculative que des fins pratiques de la réforme de la morale individuelle ou de l'acquisition de la sérénité de l'âme par la méditation, la vie dévote et la pénitence je veux parler ici des théosophes andalous du caractère d'Ibn el-'Arabî, d'Ibn Rusd et d'Ibn Sab'în. Cependant, lorsque, sous l'influence des propagandes almoravides puis almohades, le mouvement religieux musulman commença à s'intensifier et à pénétrer plus profondément les couches populaires marocaines, des mystiques locaux sortis eux-mêmes du peuple, durent rapidement éprouver le besoin de mettre à la portée de leurs frustes coreligionnaires, sous une forme simple et attrayante, les principes essentiels de l'éthique et de la mystique musulmanes telles que les ascètes et les théosophes orientaux les avaient élaborées. De là l'apparition de ces traités divisés ordinairement en deux sections d'abord, un compendium1 exposant ce que sont les Saints, leurs prodiges et leurs visions, ce que sont les fuqarâ, les sûflya, ce qu'est El-Hadir, et expliquant le principal du lexique technique usité par les mystiques; ensuite, et c'est d'ordinaire la partie la plus développée, vient une énumération de vies de saints, appartenant à une même période ou à une même contrée, et qui, par leurs détails édifiants, constituent un véritable manuel de théosophie en action.

1. Il est à noter que les sujets des prolégomènes écrits par 'Abd el-ftaqq el-Bâdisî ont été repris et traités avec des détails et des références analogues par Ibn Haldûn. Cf. Prolég., trad., t. I, p. 189-194 Sur les miracles; t. III, p. 85-114 Du soufisme; p. 114-121 La science de l'interprétation des songes.


Il s'agit donc, en somme, d'un effort de vulgarisation de la science religieuse et, plus spécialement, du mysticisme, dans le but de rendre ce dernier plus populaire et plus pittoresque, et de permettre par là aux âmes simples d'y prendre intérêt et de s'y attacher.

Si simpliste qu'elle puisse nous paraître aujourd'hui, cette littérature devait pourtant être tout à fait en harmonie avec le mouvement mystique marocain de l'époque. Si l'on cherche en effet à préciser en quoi consistaient réellement les « enseignements » transmis par les « maîtres » les plus réputés, et par quoi ils se différenciaient les uns des autres, on ne découvre, en fin d'analyse, que quelques maximes bien simplistes sur la vanité de ce bas monde et sur le mérite du renoncementl.

C'est qu'il ne s'agit plus ici, comme en Orient, d'intellects syriens ou persans affinés par les antiques cultures grecque ou iranienne nous avons en réalité affaire à des mattres berbères, plus ou moins arabisés il est vrai, par leur séjour dans les villes d'Orient à l'occasion du pèlerinage à la Mecque, et leurs auditeurs, qui deviendront leurs disciples, sont eux-mêmes d'autres Berbères, plus frustes encore. Plusieurs passages du TaScavwuf établissent ainsi indubitablement que le célèbre saint Abû Ya'azzâ el-Hazmîrî, l'un des « maîtres » d'Abû Madyan, ne connaissait pas l'arabe et ne pouvait communiquer avec ses visiteurs arabophones que par l'intermédiaire d'un interprète; aussi est-on en droit de se demander en quoi consistait l'enseignement théosophique donné par ce personnage, forcément très peu islamisé, et qui devait bien plus agir par des exemples personnels de piété ou par des prodiges 1. « Toute la doctrine professée par Abù Madyan peut se résumer dans ce vers qu'il répétait souvent, selon Yahya ibn ÇUddûn « Dis Allah 1 et abandonne tout ce qui est matière ou s'y rattache, si tu désires atteindre le vrai but n (A. Bel, in Enc. de l'Islam, art. Abu Madyan, p. 101, col. gauche).


que par des instructions théoriques1. D'ailleurs, d'après ce que nous commençons à entrevoir de la mentalité religieuse des Berbères, ces derniers, dans leur fréquentation des saints, devaient en général beaucoup moins chercher à s'instruire dans la foi islamique qu'essayer de s'approprier tout ou partie de leur pouvoir magique personnel, de leur « baraka » cette mentalité est assurément pour beaucoup dans la tendance marquée qu'a eue la mystique populaire marocaine à évoluer vers l'hagiolâtrie et à recouvrir par là de nombreuses survivances des anciennes pratiques païennes.

En dehors des détails intéressant la sociologie, l'histoire et la géographie, il se dégage de l'étude du Maqsad trois faits principaux qui valent d'être notés.

1° Sur les quarante-huit personnages biographiés, dix-huit ont pu être reconnus et identifiés (Nos 1, 2, 3, 5, 6, 8, 11, 12, 22, 23, 25, 30, 31, 40, 42, 43, 46, 48). Sur les trente autres, douze furent enterrés dans des localités aujourd'hui ruinées ou profondément transformées trois à Ceuta (nos 7, 16, 35), huit à Bâdis (n°S 9, 15, 18, 21, 32, 37, 44, 47), un à El-Mazimma (nO 19), ce qui explique que je n'aie pu les retrouver. Quant aux dix-huit restants qui, pour le plus grand nombre, ont été enterrés dans les tribus du Maroc septentrional, il est certain que lorsque les circonstances politiques l'autoriseront, l'exploration du pays permettra d'en identifier plusieurs. Ainsi donc, sur quarante-huit personnages vertueux, dont la plupart furent contemporains de l'auteur du Maqsad, dix-huit au moins sont devenus des saints et les tombes de plusieurs constituent de nos jours encore les sanctuaires 1. Cf. Michaux-Bellaire, Les confréries religieuses au Maroc, p. 37-38.


les plus vénérés du Maroc méditerranéen Sîdi Ftûh, Sîdi 1-hâdg S'îd, Sîdi Bû-Ya'qûb, Sîdi 1-hâdg tfassûn, Sîdi Bû-Dâud, Sîdi 'Alî bën Mâhôh, auxquels il convient d'ajouter Sîdi Brâhîm ël-Uryâgli, enterré à Fès. 2° Il semble que l'ère des « saints », qui correspond naturellement à la période où le mouvement théosophique fut le plus intense, se soit ouverte au retour, chez les Tamsâmân, d'Abû Dâwûd (m. 578/1182-83), rapportant l'enseignement de l'andalous Abû Madyan, pour se fermer comme le note Ibn Haldûn (cf. infra, n. 469a) à la mort d'Abû Ya'qûb el-Bâdisî (première moitié du vme-xive siècle) elle est donc comprise tout entière dans le Maqsad. Cet arrêt du mouvement théosophique doit avoir des causes multiples qu'il serait intéressant de rechercher et d'examiner en détail. Dès maintenant cependant, il est permis de l'attribuer pour une part importante à la décadence de l'Andalousie et à l'interruption des rapports avec les milieux intellectuels de ce pays. Jusque vers la fin des Marinides en effet, la région méditerranéenne, du Maroc compta des centres urbains florissants dont les principaux étaient Ceuta, Bâdis et Gassâsa. Ces villes, dont une grande partie de la population avait une origine andalouse, étaient, dans les domaines politique, économique et intellectuel, en relations constantes avec la péninsule dont la mer les rapprochait beaucoup plus qu'elle ne les séparait. Quand cette liaison vint à cesser, le Rîf demeura dans la situation d'une fleur qui, détachée de la plante qui lui a donné naissance et privée de la sève qui la nourrissait, ne tarde pas à se faner et à mourir. Ceuta, qui devait à son rôle de trait d'union entre l'Europe et l'Afrique d'être un centre intellectuel plein de vigueur, aurait peut-être réussi, malgré sa situation excentrique, à maintenir un mouvement religieux, scientifique et littéraire dans le Nord du Maroc. Malheureusement, par une coïncidence funeste, cette ville fut conquise par les Portugais en 1415 et, depuis, les


Musulmans ne purent jamais s'en ressaisir. De plus, devant l'audace des corsaires chrétiens dont l'activité et la hardiesse sont déjà attestées en maints passages du Maqsad, l'élément andalous qui habitait les petites villes de la côte, trop exposées aux coups de main, dut se replier sur les villes de l'intérieur.

Enfin, lorsqu'au ixe /xve siècle, un nouveau mouvement religieux naquit au Maroc comme conséquence des attaques victorieuses des Portugais et à la suite des vigoureuses prédications d'El-Gazûlî, le littoral méditerranéen paraît être demeuré en dehors de la renaissance religieuse et théosophique qui s'en suivit, le mouvement intéressant seulement la région atlantique et la partie occidentale du massif des Jbâla que menaçaient principalement les entreprises des Infidèles.

Abandonnées ainsi à elles-mêmes et privées de tout vivifiant apport extérieur, isolées de Fès par un massif montagneux difficile à traverser, sacrifiées en outre par le pouvoir central qui voyait sans déplaisir la sauvagerie et l'anarchie de ces populations constituer une solide marche couvrant l'empire vers le Nord, les tribus à peine islamisées des Crumâra et surtout celles du Rîf retombèrent dans l'ignorance et dans la barbarie où nous les voyons aujourd'hui et d'où le mouvement théosophique déclenché par Abû Madyan avait failli les faire sortir.

3° De tous les personnages biographiés ou cités accidentellement dans le Maqsad, un seul (n° 45) est qualifié de Sarlf. Or, tous ceux d'entre eux que nous retrouvons maintenant comme faisant l'objet d'un culte sont considérés comme ayant été des descendants de Mahomet et leurs descendants authentiques ou usurpateurs se parent du même titre1. Il semble bien que dans la menta1. Cette tendance n'est pas particulière à la région méditerranéenne du Maroc. Et-Tâdill qui, dans son TaSawwuf (écrit en 617 1220-21) cite plus de 260 saints ou saintes ayant vécu dans la


lité des frustes populations de ces contrées les notions de « savant », de « saint », de « thaumaturge » et de « descendant du Prophète soient complémentaires et difficilement séparables. D'autre part, il est certain que le traitement de faveur et les exemptions de charges fiscales accordés aux Surafâ par les gouvernements, à partir de la fin des Marînides, ont dû contribuer pour beaucoup à la propagation de ce titre.

Sauf pour ce qui a trait à la vie de 'Ali ibn Muhammad el-Marrâkuêî, toute la documentation de l'auteur du Maqsad est d'origine orale elle lui fut d'autant plus aisée à recueillir qu'il s'était borné à l'étude des saints du Rîf et, plus spécialement, à ceux de la région de Bâdis, sa ville natale. Il s'ensuit que la narration personnelle de l'auteur tient proportionnellement très peu de place dans son ouvrage elle y est introduite par la formule L'auteur a dit, tracée en caractères plus grands et d'ordinaire à l'encre de couleur. L'auteur, d'ailleurs, ne prend la parole que pour préciser ou rectifier un détail, donner son opinion personnelle sur un fait ou encore pour fournir des renseignements biographiques sur des membres de sa famille. Il n'oublie jamais de citer avec la plus grande précision le nom de ses informateurs, ainsi que les circonstances de temps et de lieu dans lesquelles il recueillit leurs renseignements on retrouve sans peine dans cette méthode, appliquée à l'histoire, l'influence de la stricte discipline des critiques de hadît-s; il est permis en passant de regretter que les historiographes marocains ne se soient pas toujours astreints à continuer cette tradition d'honnêteté littéraire.

région de Marrâkech, le Tftdlâ, la Tâmasnâ et chez les Dukkâla, ne mentionne pas un seul ëarîf, pas même parmi les membres de la célèbre famille (aujourd'hui Sarîflenne) des Banû Amgâr de Tît-an-Fïtr.


L'absence de témoignages historiques, contemporains ou même postérieurs, rend à peu près impossible, à six siècles de distance, de se représenter quelle put être l'importance du Maqsad lors de son apparition et quelle fut l'influence qu'il exerça par la suite sur les milieux marocains il est pourtant symptomatique de constater qu'un lettré distingué de la valeur de 'Abd el-Muhaimin el-Hadramî (cf. p. 163) ait tenu à étudier cet ouvrage sous la direction de son auteur et qu'un autre lettré, le juriste Yahyâ ibn el'Azafî, en ait, après étude, obtenu la licence de l'enseigner et de le commenter.

Muhammad ibn Ga'far el-Kattânî est, à ma connaissance, le seul auteur indigène qui ait utilisé le Maqsad. C'est à cet ouvrage en effet que, dans sa Salwal el-Anfâs, il a emprunté une grande partie des renseignements qu'il fournit sur Abû Muhammad Sâlih el-Haskûrî (II, p. 43, d'après les biographies de Sulaimân el-Gu'ûnî et de Ishâq ibn Mathar el-Waryâgalî), sur Ishâq ibn Mathar el-Waryâgalî (III, 144) et sur Yahyâ ibn Hassûn el-Bâdisî (III, 317). Dans ces quatre passages, notre texte est dénommé El- Maqsad el-wartf; mais plus loin (III, 358), dans la liste (sous le 5) des sources auxquelles l'auteur de la Salwa indique avoir puisé, une note marginale corrige warlf en Sartf, ce qui nous ramène au titre donné par les manuscrits que j'ai pu consulter.

III

LES MANUSCRITS

J'ai eu à ma disposition trois manuscrits du Maqsad. 1° Le premier appartient à la Bibliothèque de la Section Sociologique de la Direction des Affaires Indigènes et du Service des Renseignements, actuellement établie à Tanger il est contenu dans un recueil qui y figure sous le


n° 2637 de l'inventaire général et porte le n° 497 de la section arabe. Je l'ai désigné par le sigle (T).

Le recueil1 qui renferme ce texte du Maqsad fait partie du groupe de manuscrits achetés à Fès en 1906 par G. Salmon, chef de la Mission Scientifique du Maroc, et par M. Michaux-Bellaire, son collaborateur. Voici en quels termes G. Salmon s'exprimait dans le rapport qu'il rédigea à son retour de voyage « Le recueil décrit sous le n° 2 contient, outre les biographies de plusieurs saints de Fès, un très important ouvrage, inconnu jusqu'ici, sur les marabouts du Rif. Les détails contenus dans les quatrevingts pages de cet opuscule sont inconnus et donneront matière à une importante étude sur le maraboutisme dans le Rîf ».

Ce recueil de textes religieux ou hagiographiques a été copié, et sans doute aussi réuni, par Muhammad ibn Qâsim ibn 'Abd es-Salâm el-Bâdisî, copiste et libraire qui fut bien connu à Fès l'explicit du Maqsad nous apprend qu'il en acheva la copie le 17 du mois de Dû-1-Qa'da 1314 (20 avril 1897).

L'écriture du manuscrit, du beau type fâsî, est petite, élégante et fort soignée. Non content d'encadrer le texte de chaque page d'un filet bleu et de deux filets rouges, le copiste a tracé à l'encre de couleur, rouge, bleue ou verte, les titres des chapitres ainsi que les mots en vedette de plus, il a consciencieusement noté les lacunes par un « Blanc dans l'original »2 inscrit en marge, et un « sic" » interlinéaire indique au lecteur les mots douteux. Cette copie est excellente à tous égards les noms propres de personnes et de lieux y sont correctement orthographiés et ont été le plus souvent munis des signes mar1. On trouvera la liste des différents textes dont il se compose in Archives Marocaines, vol. VII (1906), p. 480.

2. baydd fî-l-asl.

3. kadd.


quant les voyelles brèves je n'y ai découvert que fort peu d'erreurs de copiste et c'est sur elle que la présente traduction est basée. On ne peut lui reprocher que d'être acéphale, car il lui manque environ une page qui devait contenir la doxologie et le début de l'introduction de l'auteur.

Le second des manuscrits dont j'ai pu disposer appartient à la Bibliothèque de l'Institut des Hautes-Études Marocaines de Rabat. Je n'insisterai pas davantage sur ce texte qui appartient à la même famille que le précédent et qui a été étudié en détail par M. Lévi-Provençal, au point de vue bibliographique, dans ses Manuscrits arabes de Rabat (p. 140-141), et dans ses Historiens des Chorja (p. 221-222) au point de vue historique.

J'ai désigné ce manuscrit par le sigle (R) il est en général moins correct que T, et de nombreux noms propres, spécialement berbères, y ont été délibérément supprimés par quelque copiste ignorant et peu scrupuleux. Il m'a cependant servi à contrôler divers passages douteux de T\

En étudiant de près ce texte de Rabat, j'ai pu constater que l'une des sources d'erreurs y consiste dans la mauvaise audition de copistes écrivant sous la dictée. J'ai en effet relevé trois passages2 où une lettre qâf a permuté avec un hamza la seule explication de ce phénomène me semble être que celui qui dictait le texte au copiste suivait la prononciation courante chez les citadins du Maroc du Nord8 qui transforment l'occlusive arrière-vélaire sourde 1. Cette copie présente d'assez nombreuses additions marginales tirées d'un manuscrit de la famille à laquelle appartient F. 2. P. 21,1. 3 JL.MI, pour Jlk-j)l p. 53,1. 8 j>, pour \J> p. 98, 1. 13 (^l, pour ^IJ^M.

3. D'après des informateurs indigènes, cette prononciation serait depuis quelques années en voie de régression sensible parmi la population masculine. On peut voir dans ce fait soit l'influence


(q) en une attaque vocalique forte ('), et que le copiste n'a pas su rétablir la graphie classique.

3° La si riche bibliothèque de Si 'Abd el-Hayy el-Kattânî, à Fès, possède également une copie du Maqsad que son érudit propriétaire a bien voulu mettre à ma disposition c'est, selon toute vraisemblance, celle qu'a utilisée l'auteur de la Saliva. Bien écrite et correctement copiée, elle a le grand avantage d'appartenir à une famille de manuscrits autre que celle de R et de T. S'il lui manque les biographies numérotées 35 et 36 dans ces derniers, elle rachète amplement cette lacune par un supplément de renseignements, topographiques et autres de plus, chacune des anecdotes y est relatée dans des termes différents mais parallèles, ce qui fournit une précieuse liste de synonymes. J'ai désigné ce manuscrit par le sigle (F) j'en ai donné les variantes dans les notes et j'en ai intercalé les additions dans le texte de la traduction sous la forme suivante [F+ .].

J'ai dû enfin à l'obligeance de Sî Ga'far ibn Ahmad ibn Hâlid en-Nâsirî, d'apprendre l'existence, à Rabat, chez un lettré indigène, d'un quatrième manuscrit du Maqsad. Bien que signalé par mon informateur comme étant en fort mauvais état et présentant de nombreuses lacunes, il m'aurait été néanmoins précieux en raison de son ancienneté probable malheureusement, des circonstances indépendantes de ma volonté ne m'ont pas permis de le consulter.

de la facilité plus grande des communications entre citadins et ruraux, soit plutôt que les hommes, étant obligés par la vie moderne à vivre de plus en plus en dehors de leurs foyers, éprouvent une certaine pudeur à employer devant des étrangers une prononciation qui est avant tout l'apanage des femmes et des enfants, et à laquelle ils reviennent volontiers eux-mêmes dès qu'ils se retrouvent en famille.


Tel qu'il nous a été transmis par les copistes, le Maqsad est écrit dans une bonne langue classique, correcte, simple et claire. On y rencontre cependant un certain nombre de provincialismes1 que je me suis attaché à signaler et à expliquer dans les notes sur ce point, les synonymies fournies par F sont fort précieuses. La plupart de ces vulgarismes paraissent d'origine andalouse (on pourrait même préciser grenadine) et sont donnés par P. de Alcala, détail caractéristique de l'influence exercée par l'Andalousie sur la langue du Maroc du Nord.

1. Ils ont été réunis dans un index spécial.

LA LANGUE

IV


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Brèves a; i; u.

Longues â; t; J û.

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TROISIÈME PARTIE

COMPRENANT L'INDICATION DES « MAITRES > COMPTANT PARMI

LES PERSONNAGES VERTUEUX DU RÎF

Tout ce que j'ai mentionné dans ce qui précède1 n'est qu'un préambule pour cette partie, qui en est la résultante, puisque, conformément à l'indication qui fut fournie au commencement du livre, le but que l'on s'est donné est de mentionner les « maîtres », les personnages méritants, les saints, qui résidèrent dans le Rîf, région située entre les deux villes de Ceuta et de Tlemcenl.

Puisse Dieu nous être propice grâce à notre dessein d'écrire cet ouvrage et grâce à notre amitié pour ceux qui y sont cités 1 Puisse-t-Il [au jour du Jugement dernier] nous placer au nombre de ceux qui seront rassemblés dans leur cortège et qui, pour avoir fait abandon de ce bas-monde et y avoir renoncé, seront comptés dans leur total 1

1. Abu Dâwûd Muzâhim.

Le premier d'entre eux est T « axe »», le gnostique, le saint, Abû Dâwûd Muzâhim, le modèle des « maîtres » en « états » mystiques et en paroles.

Son descendant4, le « maître » et juriste vertueux Abû 'Aqîl 'Abd er-Razzâq6, fils de 'Abd el-Wâhid, fils du « maître » et pèlerin Abû Ishâq Ibrâhîm, fils de 'Isa, fils d'Abû Dâwûd, m'a raconté ceci Mon aïeul Abû Dâwûd, dit-il,


avait pour nom Muzâhim, fils de 'Ali, fils de Ga'far, fils de 'Alî, fils de Sulaimân, fils d'Abû cAzîz, fils d'Abû Harbîl, fils de Wartardâ', fils de Yaslîtan7, fils de Battûy et Battûy est fils de Gânâ», fils de Qais.

Les Battûya*, a-t-on dit, commencent à la rivière de Nakûr [F+ qui dépend de la région d'El-Mazimma], et se terminent à la Moulouya. Les Banû Wartardâ font partie des Battûya et sont situés sur le littoral de la mer, dans la partie qui fait face à El-Mazimma10, à l'Est de cette localité; c'est dans leur pays que se trouve le cap faisant saillie dans la mer et qui est connu sous le nom de Tarf Taglâl11. Ces lieux faisaient partie de la région dépendant de la ville de Nakûr", la très grande ville que possédaient les Banû Sâlih" himyarites; elle est maintenant ruinée et il n'en subsiste que les vestiges. Mon aïeul Abu Dâwûd, a dit Abû 'Aqîl, sortit de son pays, chez les Banû Wartardâ, alors qu'il était petit, pour aller dans la péninsule d'Andalousie. Le « maître » nous a dit que son séjour dans ce pays fut de plus de vingt années consacrées à l'étude de la science. Lorsqu'il eut fini d'y séjourner, il revint d'Andalousie et se joignit au « maître » Abu Madyan el-Andalusî qui est enterré maintenant à El-'Ubbâd de Tlemcen et dont il fut un disciple. Il revint ensuite dans son pays et ne quitta plus son logis, qui était situé sur le littoral attenant à Taglâl1*, à quatre15 parasanges16 d'El-Mazimma.

Il fonda alors un ermitage17 sur le littoral, en un lieu où il y avait à craindre de la part des Chrétiens18 devant, en effet, était une source où ceux-ci, se livrant à la course sur mer, ne cessaient de venir puiser de l'eau; il habita cependant cet ermitage sans interruption jusqu'à sa mort et, après lui, le pèlerin Ibrahim1» y demeura, ainsi que le détail en viendra, si Dieu veut.

Abû Dâwûd, a dit Abû 'Aqîl, fut l'auteur de prodiges dont la renommée et la célébrité dans le pays des Battûya


sont suffisantes pour que les gens se dispensent d'enquêter au sujet de la liste des informateurs successifs qui les ont transmis (isnâd). Mon grand-père; le pèlerin Ibrahim, éprouvait une grande gêne lorsque l'on en mentionnait quelqu'un et, quand il en entendait relater, il feignait d'être inattentif de crainte qu'à cause de celà il ne fût saisi d'un peu d'orgueil. Il en est de même pour moi maintenant et, si ce n'était que je sois interrogé sur une affaire déterminée où je ne puis me récuser, je n'aurais certes pas répondu à propos de rien de cela.

Abû 'Aqîl a dit Parmi les prodiges du « maître » Abû Dâwûd qui ont acquis une célébrité atteignant le degré de la transmission ininterrompue (tawâtur) bien plus, qui l'ont dépassée, puisque la foule en fut témoin et parmi ce que les générations postérieures en ont rapporté d'après les générations antérieures, il y a l'incident qui lui advint avec les Chrétiens lorsque ceux-ci l'enlevèrent de l'ermitage qu'il s'était occupé de construire et qu'il habita sa vie durant.

Le premier venu10 parmi les Band Wartardâ, a dit Abû 'Aqîl, ainsi que mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm (qui avait pu connaître son grand-père, Abu Dâwûd, dans le giron de qui il avait été élevé) m'ont tous raconté ceci Tandis que le « maître » Abu Dâwûd, au moment du sahar, procédait aux offices nocturnes (tahag<jud) dans son ermitage, les ennemis venus par mer11 (que Dieu les rompe 1) fondirent sur lui à l'improviste et l'enlevèrent, prisonnier. Mais, lorsqu'il fut parvenu dans le brigantin" et qu'ils voulurent partir en l'emmenant, le bateau s'immobilisa" ils restèrent donc à se démener sur mer jusqu'au matin, [F+ et ils se trouvèrent alors au même endroit où ils étaient lorsque le « maître » Abu Dâwûd avait été transporté auprès d'eux]. Ayant essayé de donner tout leur effort et n'ayant rien pu faire, ils surent que tout ce qui leur arrivait avait pour cause le « maître » qu'ils avaient enlevé de l'er-


mitage. « Lève-toi, lui dirent-ils alors, car tu es libre 1 Je ne partirai pas, répondit-il, avant que vous ayiez libéré chacun des prisonniers que vous avez avec vous t » Ils les relâchèrent donc.

Yahyâ ibn 'Alî el-Gassâsî, qui assistait au récit d'Abû 'Aqil, dit ceci La nouvelle m'est parvenue que lorsque le « maître » fut descendu du brigantin ainsi que les prisonniers qui s'y trouvaient avec lui, le bateau se refusa encore à se mettre en marche et que les Chrétiens lui firent des gestes marquant la supplication et l'humiliation [F+ voulant dire qu'il leur laissât continuer leur route] il leur fit alors signe que ses deux sandales étaient restées auprès d'eux, dans le brigantin. (Plus exactement, dit Abû 'Aqîl, c'était son bâton qui y était demeuré.) Lorsque les Chrétiens lui eurent lancé ce qui était resté, que ce soit ses deux sandales ou bien son bâton, dirent les deux informateurs, il leur fit de la main un signe [F+ leur navire se mit en marche rapidement (nahad)] et ils partirent en se hâtant.

Sa capture par l'ennemi, dit Abu 'Aqîl, fut un trait de sagesse de la part de Dieu en vue de la délivrance des Musulmans qui étaient demeurés prisonniers dans le brigantin, car il ne cessa [F+ de se livrer à la dévotion] dans cet ermitage [F+ jusqu'à sa mort, ainsi que son petit-fils, mon grand-père Ibrâhîm], tandis que les Chrétiens passaient auprès à chaque instant or, ils ne furent jamais capables d'en rien tirer. [F+ Nous ne vîmes jamais un ennemi venu par mer l'enlever d'assaut (yatasawwar 'alaihâj, malgré qu'il fût apparent et bien en évidence, et que tous ceux qui passaient par le littoral le vissent]. Tu verras, dans la biographie (rasm) du pèlerin Ibrâhîm, son petitfils, des faits corroborant celui-ci relativement à la protection accordée par Dieu à cet ermitage.

Abû 'Aqîl a dit que 'Isa ibn Hammû ibn 'Abd Allah el-Yaslîtanî" lui avait raconté ceci, rapportant les paroles


de son père, Hammû, l'un des voisins du « maître » Abu Dâwûd Je vis, dit-il, Abû Dâwûd, après qu'il eut perdu la vue, alors qu'il était assis dans un champ il avait jeté son manteau" [F+ au soleil] et les perdrix en picoraient les poux" devant lui.

Yahyâ ibn *Alî (F+ el-Gassâsî] m'a raconté ceci d'après son père [F+ 'Alî] Je fus témoin oculaire, dit celui-ci, que les perdrix picoraient les poux sur le vêtement du « maître » Abu Dâwûd. Comme, un jour, j'étais présent tandis qu'elles les y picoraient, sa femme lui dit « Donnemoi une seule de ces perdrix 1 » Mais il lui répondit, en manière de plaisanterie « Je ne donne à personne aucune de mes perdrix 1 ».

Abû 'Aqîl a dit que le « maître perdit la vue à la fin de son existence parce que, ayant vu du bétail (mâêiya) lui appartenant brouter, au moment de leur pousse, les bourgeons d'arbres également à lui, il en fut peiné or, ce bétail [F+ qui était composé de chèvres (ma'zl) ] périt à l'instant*8. « 0 mon Maître dit-il alors, l'esprit contrarié, je viens de subir un dommage du fait de ma vue débarrasse-m'en donc 1 Et il perdit aussitôt la vue. Yahyâ ibn 'Alî [F+ el-Gassâsî] a dit qu'il ne pouvait voir de ses yeux quelqu'un commettre une action interdite" sans que [F+ celui qui la commettait] pérît. « 0 mon Maître, dit-il alors, tu as fait de ma vue une cause de dommage pour la nation de Mahomet débarrasse-m'en donc! 1 D Et il perdit la vue.]

Mon père, dit-il, m'a raconté ceci, d'après l'un des voisins du « maître » Abû Dâwûd, nommé Yahyâ ibn Luqmân Deux bêtes de somme, dit ce dernier, de celles du « maître D Abû Dâwûd, causèrent du dommage (asâbat) à des céréales m'appartenant et je m'en plaignis à leur propriétaire. « Je les ai châtiées », me répondit-il. Or, le lion les mangea toutes deux cette nuit-là.

Yahyâ ibn 'Ali (F+ el-Gassâsîl a dit que Mûsâ, fils de


Markâb" ibn 'Isa el-Bulundî (Markâb était l'un des plus grands disciples du « maître » Abû Dâwûd) lui avait raconté ceci La nouvelle parvint au « maître » Abu Dâwûd que le « maître » Abû Zaid ibn Hiba", le juriste [F+ vertueux et] ascétique (son « frère », sous le rapport du « maître », puisque leur « maître » à tous deux était Abû Madyan), lorsque quelqu'un lui faisait du tort, prononçait contre lui une invocation et que celui-ci périssait [F+ à l'instant]. Le « maître » Abû Dâwûd, dit-il, partit alors de son pays, chez les Battûya, pour se rendre auprès du « maître » Abû Zaid qui se trouvait dans le sien, chez les Mazyât82, qui font partie de la région de Fès. « 0 Abu Zaid, lui dit-il, fais le bien mais ne fais pas de mal 1 Puis, revenant sur ses pas, il retourna dans son pays.

Abû 'Aqîl m'a raconté, d'après son grand-père, le pèlerin Ibrahim, que l'un des princes33, fils de 'Abd el-Mu'min [F+ ibn 'Alî34], avait été atteint d'un mal que l'on dit avoir été la lèpre (bâtas) et son cas réduisit les médecins à l'impuissance. Comme on lui avait dit qu'il existait, dans le pays des Battûya, un « maître » [F+ vertueux] du nom d'Abû Dâwûd, sur le compte de qui la renommée avait publié qu'il guérissait les maux et les infirmités, il l'envoya chercher et expédia, avec l'un de ses serviteurs, un chevalaa [F+ excellent (râ'i')\ afin que l'on amenât dessus jusqu'à lui, à la cour de Marrâkech, le « maître n Abû Dâwûd. Lorsque l'envoyé eut atteint celui-ci avec l'ordre et le cheval « A votre disposition, lui dit-il, je me conforme à l'ordre du Commandeur des Croyants et j'arrive à lui 1 Monte donc sur le cheval dit l'envoyé. Je ne le monterai pas 1 répondit-il. Tu ne peux pourtant t'en dispenser car je force l'allure et tu n'es pas capable d'aller avec moi, à pied. J'ai auprès de moi une ânesse, lui répliqua le « maître », qui me permet de me passer de ce cheval. L'ânesse ne marche pas de la même allure que le cheval, lui dit encore l'envoyé [F+ on m'a ordonné


de presser l'allure tu ne peux donc m'accompagner avec cette ânesse et il n'est pas possible que je te laisse derrière moi] ». Le « maître » Abû Dâwûd lui dit alors « Pars! 1 Tu ne passeras la nuit en aucun endroit sans m'y trouver »* L'envoyé, dit-il, partit donc en forçant l'allure et il n'atteignit pas une halte (manzil) sans y trouver le « maître » Abû Dâwûd [F+ qui l'avait devancé], ce dont il s'émerveillait alors comme de juste. Lorsqu'il fut parvenu [F+ à Marrâkech, l'envoyé se rendit] auprès du Commandeur des Croyants, l'avisa de l'arrivée du « maître » Abû Dâwûd et lui décrivit les façons d'agir dont il avait été témoin de sa part; le Commandeur des Croyants s'en réjouit et sut que c'était un homme à prodiges. Quand il fut en sa présence, il lui fit connaître le mal qui était en lui. [F+ « Certes, lui dit-il, il y a en mon corps un mal qui a lassé les médecins mais, moi, j'espère en ta baraka pour le guérir]. Comme tu le vois, lui répondit le « maître », j'ai perdu la vue, mais fais ce que je vais te dire peut-être Dieu placera-t-il en cela ta guérison 1 » Puis, ayant pris de sa salive" sur l'index de sa main droite, il dit au Commandeur des Croyants « Prends, de ta main, mon index que voici et pose-le88 sur l'endroit où est ce mal » » Le souverain fit cela plusieurs fois, dit-il, tandis que le « maître remettait de sa salive sur son index le Commandeur des Croyants guérit à l'instant et en ressentit une joie immense; il ordonna de distribuer une grosse somme d'argent aux pauvres et aux malheureux, ainsi que de préparer de la nourriture en abondance pour les gens de l'élite comme pour ceux du commun. Ensuite, il commanda de donner au « maître » Abû Dâwûd une somme importante, mais celui-ci se refusa à l'accepter. « 0 prince lui dit-il, je possède [F+ en fait de terre] l'équivalent de la paume de la main dont le tiers*' est constitué par des pierres (il voulait parler d'un champ qui lui appartenait [F+ auprès de sa maison]) c'est lui qui me dispense de prendre ton argent;


je me suis chargé de le travailler et mon Patron s'est chargé de le faire prospérer 1 Puis, l'ayant laissé, il s'en alla d'auprès de lui.

Or, l'un des ministres du souverain suivit sa trace, ayant à la main l'équivalent d'un boisseau (sa') de dirhams*0, et parmi les enfants du « maître » Abû Dâwûd, son fils Yûsuf l'avait accompagné. Ayant alors appelé celuici, le ministre lui dit « Le « maître » n'a pas accepté la récompense du Commandeur des Croyants, mais prends, toi, ces dirham-s, afin de t'en aider à vivre 1 » [F+ et il les accepta en cachette de son père]. Lorsqu'il les eut pris, dit l'informateur, qu'ils furent passés dans sa main [F+ et qu'il eut rejoint le « maître »] « Tu as pris son cadeau, lui dit celui-ci en tournant la tête vers lui que Dieu te fasse mourir pauvre 1 » (Plus exactement, a dit Yahyâ ibn 'Alî, lorsqu'il fut proche de lui avec les dirham-s dans le pan de son vêtement, le « maître » lui dit « Tu as pris l'argent du sultan, Satan 1 Que Dieu te fasse mourir pauvret ») Or, dirent les deux informateurs, il n'avait pas fini l'année que cet argent était parti d'entre ses mains et, parmi [F+ tous] les enfants d'Abû Dâwûd, il ne cessa d'être pauvre et gêné jusqu'à ce qu'il mourût.

[F+ Abu 'Aqîl a dit C'est ma grand-mère, Sitt elBanât, qui m'a raconté l'histoire des dirham-s qu'accepta Yûsuf ainsi que ce [ qui est relatif à sa pauvreté et à son dénuement. ]

'Azîza, l'épouse de 'îsà, a dit Abû 'Aqîl, était une vieille femme vertueuse qui avait pu connaître le « maître Abd Dâwûd et elle était la mère de mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm. Avec l'âge, elle était devenue trop faible pour se livrer à aucune des occupations domestiques" ni aux autres travaux, si ce n'est à la mouture car elle s'y livrait autant qu'elle voulait sans en ressentir ni peine ni fatigue, [F+ et elle moulait des quantités que les jeunes femmes étaient incapables de moudre]. « Dans mon jeune âge, dit-elle


comme on lui en faisait l'observation, j'étais jeune mariée" dans le logis** de 'îsà, le fils du « maître » Abu Dâwûd or, ce dernier étant entré un jour auprès de moi tandis que je moulais du grain qui nous appartenait, posa sa main avec moi sur la poignée de la meule et lui fit faire quelques tours le travail de la mouture (mu'nat et-tahn) me devint léger à partir de ce moment-là et je ne me soucie pas de son intensité, quelque degré qu'elle atteigne. D Abu 'Aqîl m'a raconté ceci d'après son grand-père, le pèlerin Ibrahim, qui le tenait de son grand-père, Abu Dâwûd L'emplacement de l'ermitage qu'Abû Dâwûd s'était occupé de construire était un terrain vague" appartenant à l'un des Banû Wartardâ [F+ qui était de nos voisins]. « Je priais en cet endroit, dit Abû Dâwûd, et je m'en allais. Son propriétaire venait alors me trouver et me disait « 0 Abû Dâwûd 1 Je viens de trouver sur mon terrain un mihrâb" construit sur l'emplacement où tu fais ta prière qui donc l'a construit? Je n'en ai pas connaissance »", lui répondais-je, et l'homme le démolissait du pied [F+ et s'en allait]. Or, quand il revenait, le lendemain, il le retrouvait construit. Lorsque l'affaire eut trop duré à sa guise [F+ et qu'il eut reconnu ma sincérité], il me dit « Ceci a certainement un caractère merveilleux. Toi, à mon avis, tu es sincère quand tu dis que tu ne le construis pas il n'est donc construit que dans un dessein quelconque. Peut-être que ce que l'on désire de cet endroit, c'est qu'il soit une mosquée je l'offre à Dieu, fais-y donc ce que tu voudras » J'y construisis alors cet ermitage, dit Abû Dâwûd".

Le « maître », a dit Abû 'Aqîl, s'employa avec zèle à le construire en briques et en [F + bon] bois, choisi et importé, faisant en sorte que le plafond fût d'un travail solide et décoré de peintures (zawâq). Il y dépensa une somme importante et un groupe de personnes vertueuses et aisées l'aidèrent dans cette construction aussi, lorsque l'ermitage


fut achevé, était-il d'une perfection et d'une solidité extrêmes. Puisse Dieu leur être utile à tous, en considération de cet ermitage et de l'intention qu'ils eurent à son égard 1 Abû 'Aqîl a dit que son grand-père Ibrahim lui avait raconté ceci Lorsque mon grand-père, le « maître » Abu Dâwûd, fut en présence de la mort, tandis que j'étais à son chevet, il me dit « 0 mon enfant, o Ibrâhîm 1 Dieu a accepté l'invocation que j'avais prononcée à ton sujet et il m'a procuré, grâce à toi, la fraîcheur de mon œil puisque tu as appris par cœur le Livre de Dieu il t'incombe de le psalmodier, car quel excellent intermédiaire c'est1'» 1 » Abû 'Aqîl a dit Mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm, ne cessa de psalmodier le Livre de Dieu, nuit et jour, assis et debout, allant et venant, et il ne ralentissait pas sa psalmodie la durée d'un clin d'œil. 'Isa, le fils d'Abû Dâwûd, étant mort du vivant de son père, Abû Dâwûd, laissa son fils, le pèlerin Ibrâhîm, encore petit, dans le giron du « maître » Abu Dâwûd, qui l'éleva, le garda sous sa tutelle et lui fit étudier le Livre de Dieu. De même, dit Abu 'Aqîl, mon père, 'Abd el-Wâhid, trépassa du vivant de mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm, et me laissa, petit, dans son giron; celui-ci m'éleva, me garda sous sa tutelle et me fit étudier le Coran. Le « maître » Abu Dâwûd mourut en l'année 578 (118283), laissant le pèlerin Ibrâhîm âgé de dix-huit ans". 2. Abû Zakarlyd Markâb ibn 'îsà d-Bulundf. [F + (Bulund, c'est le fils de Yaslîtîn). Il faisait partie des Battûya et son habitation (maskan) était à la montée de TâbalhâSat" qui dépend du pays des Banû Bulund; c'est la très grande montée qui sert de séparation entre ces derniers et le Tamsâmân.]

Il était disciple d'Abû Dâwûd. Celui-ci « vivifiait »«> la nuit dans son ermitage, soit comme imâm, soit dirigé


par un imdm son disciple Markâb savait par cœur le Livre de Dieu et il le plaçait comme imâm dans ses prières nocturnes [F+ par admiration pour la beauté de sa récitation et la grandeur de sa dévotion]. TI habitait loin de lui [F+ et il y avait deux parasanges, ou davantage, entre le logis de Markâb et l'ermitage.]

Abu 'Aqîl m'a raconté ceci d'après le « maître » vertueux Abû 'Imrân Mûsâ ibn Zakarîyâ ibn Markâb qui le tenait de son père, qui le tenait lui-même de son grand-père Selon la coutume, dit Markâb, je vins une nuit à l'ermitage du « maître » Abu Dâwûd, comme celui-ci faisait ses prières surérogatoires et que ses compagnons étaient derrière lui. Saisissant donc l'occasion de faire ces prières sous sa direction, je me dissimulai quelque part, parmi les gens»1. Mais, lorsque le « maître » eut prononcé la formule du tasltm, il me dit, en se retournant de mon côté « Lève-toi et fais nous faire la prière comme imâm, 6 Markâb I » [F+ Sachant alors qu'il lui avait été fait une « révélation » (mukâSafa) à mon sujet, je me levai, me portai en avant et leur fis faire la prière.] Une autre nuit, dit-il, je vins à l'ermitage en question un lion [F+ énorme] me rencontra en chemin et gronda dans ma direction comme s'il m'eût adressé la parole. « Que t'a dit ce lion qui [F-f t'a rencontré en chemin, au moment où il] a grondé dans ta direction? me demanda le « maître » [F+ Abû Dâwûd] lorsque je fus entré auprès de lui. Je ne sais, répondis-je. Il t'a dit, reprit-il Salue Abu Dâwûd lit »

Yahyâ ibn 'Alî [F+ qui assistait au cours d'Abû 'Aqîl lorsqu'il me fit ce récit, raconta que le « maître Abû 'Imrân lui avait ajouté, d'après son père, que Markâb dit encore « Et le « maître Abû Dâwûd m'Japprit que ce lion que j'avais rencontré, était le pèlerin Hassûn elBaqqiwî5' qui, à mon intention, s'était métamorphosé en lion.


3. Abu Ibrahim Ismâ'll ibn Sayyid en-Nâs el-Battiwl", de la tribu des Banû 'îsî".

[F+ Un groupe de personnes, parmi lesquelles le « maître » Abû 'Imrân ibn 'Âbd es-Salâm, m'a raconté sur lui qu'il fut l'auteur de prodiges dont furent témoins les gens de l'élite et ceux du commun. Il est le disciple du « maître » Abû Dâwûd et il se fixa à l'endroit connu sous le nom de Tâzrût qui dépend du pays des Banû 'îsî; c'est là qu'il mourut et sa tombe s'y trouve, dans un cimetière (rauda) situé du côté de la qibla de la mosquée qui est là-bas, à l'extérieur de la forteresse (hisn). Cette forteresse est une redoute (ma'qit)** d'accès difficile où les Banû 'îsî se retranchent lorsque les tribus l'emportent sur eux celles-ci les bloquent alors du côté du cimetière du a maître » Ibrâhîm. Si les Banû 'îsî sortent de la zone du cimetière, leurs ennemis leur tuent et leur capturent tout ce qu'ils veulent; mais quand ils demeurent dans cette zone et que leurs ennemis parviennent jusqu'à eux, les Banû 'îsî leur infligent les mêmes pertes. Lorsque les contingents arrivés (wufûd) sont devenus nombreux et qu'ils désirent conquérir la forteresse pour y établir leur domination, la limite à laquelle ils parviennent est le cimetière ensuite, lorsqu'ils l'ont atteint, ils sont mis en déroute. Parfois, à ce moment-là, ils prononcent le takblr et disent « 0 baraka de notre seigneur Ibrâhîm »] [F+ Abû 'Imrân Mûsâ ibn 'Abd es-Salâm m'a raconté que parmi la somme de ses prodiges, il y a celui-ci n était l'un des disciples du « maître » Abu Dâwûd; son propre disciple, le « maître »] Abu 'Abd Allâh el-Yastîtanî était sorti, dans sa jeunesse et orphelin, de son pays, les Banû Yastîtan", et s'était fixé'8 dans la montagne des Banû 'îsî; l'un de ceux-ci se l'était adjoint et l'avait pris à gages pour faire pâturer des moutons


qu'il avait. Devenu pubère, on5" lui fit aimer la dévotion*0, sous forme de prière et de jeûne, dans la montagne des Banû "îsî [F+ il jeûnait le jour en cachette et faisait l'aumône de son déjeuner; parfois même, il jeûnait sans discontinuer durant plusieurs jours et faisait alors l'aumône de son déjeuner et de son dîner.] Nul n'en avait connaissance. Or, il fut fait à Abû Ibrâhîm Ismâ'îl une « révélation » à son sujet; [F+ il l'appela, après que la période de son engagement (igâra) fut achevée, et se l'adjoignit]. Dieu compléta alors Sa grâce à son égard en en faisant le disciple de ce « maître ». [F+ La baraka de celui-ci apparut très rapidement sur lui et ses prodiges sont nombreux].

Il est enterré au rocher" des Banû 'îsî.

4. Abd 'Abd Allâh Muhammad ibn Donnas". [F+ Il était de la tribu des Battûya et comptait parmi les disciples du « maître Abû Dâwûd.]

Il se dissimulait au vulgaire en transformant son costume. Muhammad ibn Daunâs, m'a raconté Abû 'Aqîl, portait le costume des Berbères'1 du commun, [F+ un manteau de laine à rayures de pourpre], et il se mettait un coutelas en bandoulière par dessus son manteau, ce qui faisait s'imaginer à quiconque le voyait que c'était un détrousseur (lass) ou un brigand (muhârib). Il procédait à la prière du subh en se servant de l'ablution faite pour le dernier 'Uâ*

Mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm, m'a raconté ceci J'avais entendu parler d'Abû 'Abd Allâh avant de le rencontrer. [F+ J'avais l'âme (el.bâtin) pleine de lui, mais je ne connaissais pas d'endroit où l'aller trouver.] Or, un jour, il vint à moi en visiteur. Il s'était mis un sarrâf" (F+ c'est un grand coutelas) en bandoulière par dessus son manteau et avait placé un capuchon"


[F+ grossier] sur sa tête. [F+ Il salua et s'assit, dans l'accoutrement que j'ai décrit]. Lorsque je l'eus vu, je le reconnus; je le conduisis à la chambre [F+ et me réjouis de sa venue]. « J'ai, me dit-il, un mal de tête que seul du henné" apaisera. » Je lui en apportai donc [F+ dans un récipient neuf] il se le mit à la tête [F+ et serra son capuchon par dessus]. Nous fîmes ensuite la prière du dernier 'iSâ. « Monte sur le lit [F+ pour dormir] 1 me dit-il alors. Monte, toi, lui répliquai-je. Non, me dit-il, [F+ laisse-moi ici 1 » Je le laissai donc dans l'état où il se trouvait] et je montai. [F+ M'étant couché] tandis que lui s'était tourné, assis, face à la qibla, je l'observais il demeura dans cette position jusqu'à ce que l'aurore se fût levée et fit alors la prière du subh sans renouveler ses ablutions. Pendant tout le temps qu'il fut tourné, il ne cessa de gémir [F+ comme quelqu'un qui est affligé] et de pousser de profonds soupirs. Il demeura ensuite [F-f avec moi] jusqu'à ce que le jour se fût levé'8, puis il s'en alla.

Il comptait parmi les disciples du « maître Abû Dâwûd. Il disparut du pays des Battûya, [F+ a dit Abû 'Aqîl], pour aller pérambuler dans les montagnes des Sanhâgâ" et de Bâdis70. Il mourut dans une maison en ruines, dans la montagne des Banû Gamîl, sans que nul des gens de cette contrée en eût connaissance. Un personnage vertueux, en ayant été averti pendant son sommeil, alla vers lui jusqu'à ce qu'il fût parvenu à l'endroit où il gisait71 et fit connaître celui-ci aux gens. Les personnages vertueux [F+ le lavèrent alors, l'enveloppèrent d'un linceul, prièrent sur lui et] l'enterrèrent.

5. Le pèlerin Ibrahim ibn 'îsâ ibn AU Dâwûd. Son petit-fils, [F+ le fils de son fils], Abû 'Aqîl 'Abd er-Razzâq m'a raconté sur lui ceci Mon grand-père,


le pèlerin Ibrâhîm, demeura après son grand-père Abu Dâwûd, dans l'ermitage il habitait dans sa maison qui se trouvait auprès de celui-ci, et moi j'étais petit, dans son giron [F+ et sous sa tutelle]. Sur le littoral, [F+ à proximité de l'ermitage], était une source" où les Chrétiens venaient puiser de l'eau or, jamais aucun d'eux ne fut capable de parvenir à la maison du pèlerin Ibrâhîm. Ma grand'mère, un jour, étant sortie [F+ sur le rivage] pour puiser de l'eau [F+ à la source], au moment du sahar, trouva sur l'eau un bouclier qui provenait de l'armement des Chrétiens [F+ de la mer]. Le pèlerin Ibrâhîm ne cessa pas d'habiter cette maison [F+ et nous n'eûmes jamais à y subir rien de désagréable de la part des Chrétiens]. Un jour, dit-il, vint à lui un groupe d'Arabes", de ceux qui avaient établi leur suprématie sur les pays du Rif, lorsque la puissance des Almohades y avait faibli. [F+ Comme ils imposaient aux gens un tribut (magram) déterminé qu'ils percevaient, ils le réclamèrent à la tribu des Banû Wartardâ, mais ceux-ci leur opposèrent un refus et] se retranchèrent, pour se défendre contre eux", dans l'un de leurs endroits d'accès difficile75 situé dans la région avoisinant le littoral de la mer. Les Arabes ayant alors demandé au pèlerin Ibrâhîm de tenter d'établir un arrangement (sulh) entre eux et les Banû Wartardâ et voulant obtenir de lui qu'il les allât trouver, il se refusa [F+ absolument] à aller vers eux, mais ils l'y contraignirent". « 0 Dieu 1 dit-il en prononçant une invocation contre soi-même, ne me fais pas revenir de chez eux" » [F+ Il partit donc pour se rendre auprès de la gamâ'a des Banû Wartardâ et leur fit connaître ce que les Arabes leur réclamaient, mais ils refusèrent de leur obéir; ayant alors fait demi-tour, il revenait de sa tribu, en suivant le rivage] quand les Chrétiens, le rencontrant en chemin", le firent prisonnier. Il demeura chez eux un peu moins de trois ans.


Abu 'Aqîl a dit Pendant son absence, une famine violente survint [F-f- dans notre pays] et une partie (fâ'ifa) des gens, dans notre région, se livrait elle-même aux Chrétiens afin d'arriver à manger7» [F+ chez eux] de la nourriture. Or, un brigantin (sullûra) étant venu [F+ à notre rivage], l'un de nos voisins s'y embarqua. La maison de mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm, était remplie d'objets laissés en dépôt80 les Chrétiens, durant le jour, la voyaient, mais lorsqu'ils se dirigeaient vers elle, pendant la nuit, ils constataient qu'elle était protégée par [F+ quelque chose de semblable à] un rempart fortifié qu'ils ne pouvaient enlever d'assaut et auquel ils ne trouvaient pas de porte. Lorsque ce voisin fut parvenu chez eux, qu'ils eurent avec lui gagné la maison durant la nuit et qu'ils eurent été témoins, à son propos, de ce qui a été mentionné, il leur demanda pourquoi ils n'y allaient pas de jour? Nous craignons qu'il ne vienne du secours81, lui répondirent-ils. [F+ Elle ne peut recevoir de secours, continua-t-il], ces pays sont déserts [F -f- par suite de la famine] ne craignez rien 1 Les ayant donc enhardis, ils gagnèrent la maison, de jour; nous nous enfuîmes loin d'eux. [F-(- Ils entrèrent alors dans la maison et] enlevèrent absolument tout ce qui s'y trouvait.

Ma grand'mère, a dit Abû 'Aqîl, m'a raconté que mon grand-père, le pèlerin Ibrâhîm, passa soixante-dix nuits en ne consommant que soixante-dix figues qu'il avait disposées sur une corde81 et suspendues dans la chambre chaque nuit, il rompait le jeûne en en mangeant une (habba) [F+ seule]. Un personnage vertueux [F+ d'entre ses compagnons] étant venu le visiter, dit-elle, « Ne parleras-tu pas à cet homme, lui demandai-je, pour qu'il prenne compassion de lui-même, car je crains pour lui qu'il ne meure de faim I » Cet homme lui parla donc, mais il lui répondit « Certes, les biens de ce bas monde


sont comme une charogne pour quiconque en a absolument besoin, elle est licite88, mais moi je ne suis pas dans ce cas. »

Un jour, dit le même informateur, Yâsîn ibn el-Wazîr" [F+ el-Wattâsî, accompagné d'un groupe de Banû Wattâs] vint le trouver au moment où ses frères avaient établi leur domination sur le pays de Nakûr et cela l'année d'une violente famine. « Comme nous étions demeurés plusieurs jours sans goûter de nourriture", a déclaré ce Yâsîn84, je dis à mes compagnons que nous n'en trouverions, dans ce pays, que chez le pèlerin Ibrahim. Nous nous rendîmes donc auprès de lui, dit-il, feignant de venir le visiter. [F+ Il sortit alors pour venir à nous] et, lorsque nous l'eûmes salué, [F+ nous voulûmes obtenir de lui qu'il prononçât une invocation pour nous en aller ensuite, mais il nous dit de nous asseoir en attendant qu'il nous prépare de la nourriture. C'était le 'asr, dit Yâsîn. Nous ayant conviés à son logis], nous entrâmes et il nous présenta une quantité minime de nourriture et très peu de beurre fondue", si bien que je supputai [F+ en moi-même] que si j'eusse été seul et rassasié, j'en eusse mangé plusieurs87 fois l'équivalent, et c'est ce qu'estima chacun de mes compagnons. Il invoqua alors le nom de Dieu et dit « Mangez » Nous mangeâmes donc, cependant que lui nous excitait à manger, jusqu'à ce que nous nous fussions rassasiés avec excès. [F+ « Mangez » nous dit-il ensuite, et nous mangeâmes jusqu'à ce que nous ne fussions plus capables de manger davantage. Ensuite, s'adressant à moi « Mange 1 me dit-il. Je suis incapable de rien manger, répondis-je. [F+ Mange 1 répéta-t-il, car] tu n'avais pas pensé que tu te rassasierais 1 » Et la nourriture et le beurre fondu qui nous avaient été présentés, dit Yâsîn, étaient demeurés intacts. Le pèlerin Ibrahim, a dit Abu 'Aqîl, ne cessait de psalmodier le Coran nuit et jour, debout, assis et en marche.


II vécut quatre-vingt-dix ans, et mourut en l'année 650 (1252-53) il était né en l'année 560 (1164-65). Le pèlerin Ibrahim fut enterré en un endroit de Tamsâmân que l'on connaît sous le nom de Wârûgan88 et c'est lui qui l'avait ordonné.

« Pourquoi ne l'enterra-t-on pas avec son grand-père Abû Dâwûd? demandai-je à son petit-fils (la tombe d'Abû Dâwûd se trouve au village (manzit) que celui-ci habitait et qui est connu sous le nom de Âglâs). Le pèlerin Ibrâhîm, me répondit-il, demeurait à Wârûgan c'était un endroit que ses propriétaires avaient constitué en bien de main-morte au profit de ceux qui se retranchent du monde pour se tourner vers Dieu [F+ c'est à cause de celà qu'il l'habitait et c'est pour cela qu']il préféra y être enterré". »

6. Le pèlerin Abû 'Ail Hassûn.

Il était de la région de Bâdis [F+ et était le « maître » des « maîtres » dans le Rîf]. Son village (manzit) se trouva dans la montagne des Baqqûya, à quatre'0 parasanges de Bâdis, [F+ et c'est là qu'était la grande-mosquée du prône]*1.

Il se spécialisa dans la piété scrupuleuse et dans la pratique constante du bien, prenant pour modèle son « maître », Abû-l-'Abbâs er-Rifâ'î9a, et suivant sa « voie ». Sa façon de se comporter devint célèbre de son vivant et, après sa mort, on se transmit sans interruption les prodiges qu'il accomplit tels que la marche sur l'eau, le vol dans l'air, le repliement du sol, etc.

Nous venons de mentionner précédemment98 l'aventure (mas'ala) qu'il eut avec Markâb ibn 'îsâ, lorsque, pour celui-ci, il se métamorphosa en lion. Ses prodiges sont fameux chez les gens du Rîf et il eut de nombreux


disciples. La foule est unanime à reconnaître son mérite, et la célébrité de ses prodiges dispense de les insérer tout au long.

[F-f Le « maître » Abû Sa'id 'Utmân, fils de Dâwûd, fils du maître d'école (mu'allim) 'Abdûn»4, m'a raconté ceci Mon grand-père 'Abdûn était petit et le pèlerin Hassûn l'avait pris sous sa tutelle. Un jour, après la prière du subh, comme il s'était assis pour « mentionner IJ Dieu tandis que le maître d'école 'Abdûn était à son côté, celui-ci le serra contre lui et l'introduisit sous les pans de son burnûs. « Je vis alors, dit le maître d'école 'Abdûn, dans le mur de la mosquée, une fissure où était une lueur verte qui fit verdir la mosquée et voici qu'apparut un homme qui venait d'entrer par cette fissure et qui portait un vêtement vert le pèlerin Hassûn se leva pour aller à lui et lui donna l'accolade. Je voulus alors me lever avec lui, dit 'Abdûn, mais il me réprimanda pour m'en empêcher. « 0 mon seigneur Quel est cet homme? » lui demandai-je lorsque l'homme s'en fut allé. Il est de nos compagnons, me répondit-il, et fait partie du peuple de Jonas. »]

[F+ Selon ce que dit 'Utmân ibn Dâwûd, le « maître » du pèlerin Hassûn serait Abû-l-*Abbâs er-Rifâ'î. J'ai déjà dit précédemment que son « maître » est Abû Dâwûd et c'est là ce qui est sûr; le pèlerin Hassûn en effet, n'a pas pu atteindre Er-Rifâ'î parce que celui-ci était le « maître » de Bagdâd à l'époque du « maître Abû Madyan. On raconte en effet, sans riwâya, que s'étant réunis tous deux à 'Arafa, le « maître» Abu Madyan fit alors don de la Qirmiztya'" au « maître » Abû-l-'Abbâs er-Rifâ'î et que ce dernier donna à Abû Madyan la. Cependant, certaines gens ont dit qu'ils ne se sont jamais réunis corporellement, mais spirituellement.]


7. Abû-l-Qâsim 'Abd er-Rahmân Ibn es-Sabbân. Les informations qu'il devait à ses « découvertes »»' et ses ouvrages utiles le dispensaient d'avoir recours à la physiognomonie du devin et aux présages des corbeaux. Son fils, le « maître » vertueux Abû 'Abd Allâh Muhammad, m'a raconté que son père était des gens de Fès; il en partit pour se rendre en Orient puis, à son retour, il se fixa à Ceuta'1 (que Dieu la garde 1) où il demeura jusqu'à sa mort.

Son fils [F+ qui a été cité] a dit ceci « Nous étions avec lui, un jour, à la Râbitat es-Said ainsi qu'un groupe de gens". « Il vient, nous dit-il, de me passer maintenant cette idée que nous nagions dans la mer tous ensemble. Audition et obéissance » lui dirent alors les assistants et, étant descendus à la mer, nous nageâmes. Lorsqu'ils furent ressortis de la mer, dit-il, le « maître », s'avançant en secret100 vers un homme du groupe, lui dit « Qu'est-ce qui t'a conduit à faire ce que tu as fait? Tu coïtes licitement avec ta femme101 et le lavage rituel (gust) t'est pénible, si bien que tu entres au cours10' alors que tu es pollué! 1 Ne recommence pas, car c'est seulement à cause de toi que j'ai voulu que l'on nageât dans la mer !loa »

[F-f Son fils a dit Après que le « maître » s'en fut allé d'auprès de lui, l'homme qui avait commis ce qu'il avait commis me raconta ce qu'il avait « découvert » à son sujet. Et j'étais, moi, dit-il, de ceux qui assistèrent à la nage en mer.]

Mon père, a dit son fils, m'a raconté ceci Lorsque je partis [F+ pour l'Orient] afin d'aller m'acquitter de l'obligation canonique du pèlerinage (Jarlda) je m'embarquai sur un bateau appartenant à des Musulmans. Comme nous avions navigué pendant quelques jours, la mer devint furieuse, les vents soufflèrent avec violence et, après bien


des tourments, nous jetèrent sur une île. Quand nous y fûmes descendus, [F+ nous trouvâmes qu'elle était fertile] et possédait de l'eau courante auprès de laquelle les gens du bateau demeurèrent pendant toute la journée. Lorsque, le soir, ils se mirent à retourner104 à bord, il me passa, [F+ par l'esprit] l'idée de séjourner dans cette île, retiré du monde, pour m'adonner à la dévotion afin de réaliser vraiment l'état d'abandon à Dieu (tawakkut) j'en pris la résolution. Quand il ne resta plus du groupe que le capitaine et moi, « Levons-nous, dit-il, pour aller à bord l J'ai résolu de séjourner ici, lui répondis-je. Je pense que tu as l'esprit dérangé 1 me dit-il alors. Ma vie durant, j'ai sans cesse navigué sur mer or, je n'ai jamais pénétré dans10* cette île, je n'ai vu personne qui y ait pénétré ni entendu personne qui informât de son existence 1 Vat'en, lui répliquai-je, car je ne romprai pas un pacte que j'ai conclu avec Dieu 1 II entreprit104alorsde se moquer de moi tout en essayant à plusieurs reprises de me faire revenir sur ma décision puis, lorsqu'il eut perdu tout espoir de me convaincre, il se dirigea vers le bateau et se mit à me faire des gestes signifiant « Allons » cependant que, moi, je lui en faisais pour lui dire de s'en aller. Quand le navire fut parti [F+ et que j'eus perdu tout espoir à son sujet], je parcourus107 l'île à la recherche d'un endroit où me fixer [F+ et je constatai qu'elle était vaste]. Mes regards tombèrent alors sur deux tentes et voici que j'aperçus une vieille femme, assise à côté10" de l'une d'elles. A ma vue, elle s'enfuit puis s'arrêta pour me demander « Es-tu un humain, toi, ou un génie? Un humain s » lui répondis-je. Sa peur s'étant alors calmée, elle me demanda d'où j'étais venu à cette île je lui fis donc connaître mon histoire10* [F+ et elle se familiarisa avec moi]. Ensuite je la questionnai. [F+ « Pour quelle raison habites-tu cette île, toi? » lui demandai-je]. J'ai un fils, me dit-elle, qui vient d'aller faire pâturer quelques chèvres110 que nous


avons nous sommes venus dans cette île pour rechercher1" une subsistance licite. » Quand le soleil fut près de se coucher, voici qu'apparut un adolescent qui s'avançait avec quelques chèvres en me voyant, il s'enfuit, mais la vieille femme le rejoignit et lui fit connaître mon histoire1". S'étant alors avancé vers moi [F+ jusqu'à ce qu'il se fût arrêté], il me salua ensuite, il prononça l'adân, nous fîmes la prière du magrib et je demeurai [F+ avec eux deux], retiré du monde pour m'adonner à la dévotion. Lorsque ce fut le dernier jour [F+ du mois] de Sa'bân, alors que nous étions assis, attendant le magrib, nous vîmes la nouvelle lune de Ramadân il ne s'était écoulé qu'un temps minime que nous vîmes un homme qui s'avançait en marchant sur l'eau de la mer. Parvenu auprès de nous et m'ayant vu, il fit demi-tour pour s'en retourner; mais l'adolescent s'étant levé pour aller vers lui et lui ayant fait connaître [F+ mon histoire], il s'avança vers nous [F+ et salua] l'adolescent prononça alors l'adân pour le magrib et l'homme qui venait d'arriver, s'étant porté en avant, nous fit faire la prière. [F+ Ensuite, il nous fit faire celle du dernier 'iëâ, et passa toute la nuit avec nous, en prières118 jusqu'au lever de l'aurore. Nous continuâmes à « vivifier » ainsi la nuit entière11*, [F+ du 'iëâ à l'aurore], jusqu'à ce qu'il nous eut fait faire la prière de la Fête [F+ et, nous ayant alors fait ses adieux], il s'en alla.

Je séjournai, quant à moi, dans l'île, après lui, [F+ avec l'adolescent, menant toujours la même existence]. Lorsque ce fut le dernier jour de Sa'bân de l'année suivante (muqbila) et que nous eûmes vu le croissant [F+ dans la soirée de la nouvelle lune] de Ramadân, l'homme s'avança, dans les mêmes conditions que précédemment115, en marchant sur l'eau. Quand il fut parvenu auprès de nous, qu'ils nous eut salués et que le moment du magrib fut proche, l'adolescent prononça l'addn le nouvel arrivé s'étant porté en avant nous fit faire la prière du magrib, et nous « vivi-


fiâmes » la nuit entière, durant tout le mois de Ramadan comme nous l'avions fait l'année précédente. Lorsqu'il nous eut fait faire la prière de la Fête et qu'il voulut s'en aller, je dis à l'adolescent « [F+ J'étais parti dans le dessein d'effectuer le pèlerinage canonique et je viens de pratiquer la dévotion ici, pendant le laps de temps que Dieu a voulu aussi voudrais-je m'en aller.] Je désire donc que tu lui parles peut-être m'emmènerait-il avec lui jusqu'au littoral118 afin que je me mette en route pour aller m'acquitter de l'obligation canonique. » [F+ Il se leva alors pour aller le trouver et] lui parla. « Oui lui répondit l'inconnu. Au nom de Dieu » [F+ Je fis donc mes adieux à l'adolescent et à sa mère]. L'homme se porta en avant et je le suivis. « Pose tes pieds, derrière moi, à la place des miens » n me dit-il lorsque nous fûmes parvenus à la mer. Je le fis et je sentais l'eau, sous mes pieds, pareille à du plomb. Quand nous eûmes atteint le littoral11', [F+ il marcha un peu avec moi jusqu'à ce que nous eussions rencontré une grand'route]. « Va en suivant ce chemin, me dit-il alors c'est la route » » Puis il s'en alla, lui, dans la direction de l'Occident. [F-f- Dieu, a dit le narrateur, m'ayant secondé, je satisfis à l'obligation du pèlerinage canonique et je revins à Fès].

Lorsque je fus revenu d'Orient au Maroc, a dit le '< maître », j'étais un jour dans la cour intérieure de la grande mosquée d'El-Qarawiyîn. Je vis alors mon compagnon, celui qui m'avait tiré de l'île, et je le reconnus il portait des vêtements somptueux, [F+ du genre de ceux que portent les gens du commun] et avait un bel accoutrement. Quand il se fut rendu compte de ma présence, il hâta sa marche [F+ devant moi] et je le suivis; il entra alors dans la mosquée [F+ et je l'atteignis] entre les piliers l". [F+ Comme il s'était arrêté], je le rencontrai, le saluai et fis sa connaissance je trouvai alors qu'il était l'un des notables de la population de Fès, [F+ l'un de ceux qui


dissimulent leur dévotion sous un voile]. « Ne fais connaître à personne ce qui s'est passé entre toi et moi » me dit-il. Mon père m'a raconté ceci, a dit Abû 'Abd Allâh Étant passé par l'un des ermitages qui sont sur le littoral de Barqa, au bord de la mer, je vis, auprès, une source d'eau et j'y demeurai pendant un an, retiré du monde pour m'adonner à la dévotion. J'avais coutume, lorsque j'avais faim, de venir au rivage je trouvais alors, dans les algues (dart')11' de la mer, quelque chose qui ressemblait aux châtaignes et dont je me nourrissais. Durant toute l'année, je ne vis personne dans cet ermitage, à l'exception d'un seul individu Tandis qu'une nuit, au moment du sahar, j'étais tourné face à la qibla, j'entendis un bruit de socques et, ayant regardé, voici qu'apparut un homme portant un beau costume et ayant aux pieds des socques; il entra, salua120 la mosquée et s'en alla après qu'il eut prononcé la formule du taslim. Or, il me passa par l'esprit cette idée que c'était un saint. « 0 'Abd er-Rahmân, me dit-il alors [F+ en m'adressant la parole le premier {ibtidâ""1)] et sans que je lui eusse fait connaître mon nom, celà ne nuirait pas à l'un des fils de ce bas-monde de me faire épouser sa fille et de me donner mille dînâr-s 1 [F+ Il tomba alors de mon cœur1".] « Gloire à Dieu 1 dis-je. Voici un homme qui a connu mon nom sans que je le lui aie fait connaître d'après ses façons d'agir, il paraît être un saint, et puis, un tel souhait se forme en son cœur voilà certes qui est étonnant 1 Et moi, à ce moment là, si l'on m'avait offert le Paradis avec ce qu'il renferme, j'y aurais assurément renoncé. Je ne fis donc plus attention à lui ensuite, [F+ après avoir séjourné peu de temps], il s'en alla. Il m'apparut alors, après son départ, qu'il avait eu seulement pour but de se « voiler » à mes yeux parce qu'il m'était passé par l'esprit qu'il était un saint.

Le « maître » a dit Je fus pris d'un violent désir de voyager [F+ à l'instant même] et, comme on m'avait


relaté qu'à Alexandrie étaient deux « maîtres éminents, Abû Yazîd ed-Dahmânî et Abû Muhammad 'Abd erRazzâq el-6azûlîiaa, qui « élevaient » les disciples iaa, je résolus de prendre la main d'Abû Yazîd je partis donc de l'ermitage et marchai jusqu'à ce que je fusse parvenu à la ville d'Alexandrie. Lorsque je fus entré dans la grande mosquée, que j'eus fait quelques rak'as et que je me fus assis, désirant interroger quelqu'un qui m'indiquât la zâwiya du « maître » Abû Yazîd ed-Dahmânî, voici qu'un « maître » s'avança et me salua. « Lève-toi pour aller avec moi à la zâwiya me dit-il. 0 mon seigneur, lui répondis-je, je suis venu seulement à l'intention du « maître » Abû Yazîd ed-Dahmânî. Nous ne formons qu'une seule personne » me dit-il alors. Le « maître » Abû-1-Qâsim a dit « Un saint d'entre les saints de Dieu m'adresse la parole et je le contrarierais, dis-je en moi-même ce serait de l'impolitesse. » J'allai donc avec lui à sa zâwiya et je demeurai chez lui. Le vendredi, après la prière, un homme vint à moi, et, après avoir examiné ses traits, je constatai qu'il était celui qui était entré auprès de moi, au moment du sahar, dans l'ermitage du littoral de Barqa. [F+ Il salua] puis me dit « 0 'Abd er-Rahmân 1 Ne sais-tu pas que cette catégorie de gens"* agit conformément à la [F-f- première idée]? 0 mon seigneur, lui demandai-je, qui es-tu? Je suis Abû Yazîd » me répondit-il. Je lui fis alors connaître ce qui m'était arrivé avec le « maître » Abû Muhammad 'Abd er-Razzâq. « Oui, me dit-il en souriant, c'est comme il l'a dit Nous ne formons qu'une seule personne »] Puis il prononça une invocation en ma faveur et s'en alla.

Je demeurai donc chez 'Abd er-Razzâq, a dit le « maître ». Il me fit entrer dans la cellule de retraite (halwa) où je restai jusqu'à ce que Dieu m'eut accordé sa grâce [F+ et m'eut ouvert, grâce à sa baraka, ce qu'il m'ouvrit] je revins ensuite au Maroc.


Il a dit J'avais entendu le « maître » 'Abd er-Razzâq dire, à l'un de ses cours, que rien n'avait frappé son ouïe, au Maroc, comme les paroles d'un homme du nom de 'Abd el-Galîl ibn Mûsâ ]F+ qui commentait le Livre Précieux] en une localité que l'on appelle Qasr Kutâma1". [F+ Lorsque je fus revenu au Maroc], je partis donc dans le dessein de lui rendre visite, dit le « maître » Abû-1Qâsim [F+ je constatai que c'était un homme savant] et je demeurai chez lui sept jours. La première nuit où j'étais arrivé auprès de lui, [F+ il s'était couché sur le dos et] avait commencé, après la prière du dernier 'iM, à traiter [F+ du commentaire] de la sourate Qâf11'; lorsque je me séparai de lui, au bout de sept nuits, il n'avait pas encore fini de parler de la signification de la lettre qâf. L'auteur a dit J'ai vu à la main du « maître » Abû 'Abd Allâh, [F+ fils du « maître » Abû-1-Qâsim, un volume contenant] le commentaire des noms de Dieu qui sont les plus beaux de l'écriture de son père Abû-1-Qâsim le commentaire en question était d'Abû Muhammad 'Abd el-Galil, et ilm'informa que son père l'avait extrait ducommentaire de ce dernier sur le Livre Précieux127. Il est en soixante livres reliés (mugallad), dit-il, un volume pour [F+ le commentaire d']un hizb1*

Le « maître « Abû 'Abd Allâh ed-Dabbâg1" [F+ le « maître » de la ville de Ceuta en son temps] et qui était son disciple, m'a raconté ceci Le « maître » Abû-1-Qâsim faisait étudier les livres de théosophie à la mosquée d'El-Mahalla en la ville de Ceuta [F+ (Que Dieu la fasse revenir à l'Islâm 1)] Or, une famine violente étant survenue à Ceuta, il cessa d'enseigner et demeura continuellement dans son logis129, dont il ne sortait qu'aux moments des prières canoniques. J'avais coutume d'entrer auprès de lui, dans son logis, dit-il, afin de vaquer pour lui à certaines de ses occupations et de lui acheter ce dont il avait besoin jamais, un seul jour, durant cette famine et jusqu'à ce


qu'elle eut cessé, il ne me demanda [F+ quelle était la valeur des aliments] ni si les prix, en ville, augmentaient ou diminuaient.

Son fils, Abû'AbdAllâh, m'a raconté ceci [F+ Pendant que j'enseignais la théosophie], m'a dit mon père, je croyais fermement qu'il fallait préférer Abû Hâmid el-Gazâlî à Abd Tâlib el-Makkî. Je vis alors, en songe, comme un « maître » de bel aspect, [F+ assis], appuyé contre la qibla et devant qui était un groupe de gens qui étudiaient la science. Or, voici qu'apparut un homme très grand qui venait d'entrer par la porte de la mosquée il réunit130 ses mains derrière son dos, [F+ les noua, comme quelqu'un qui s'est ligoté les mains derrière le dos] et marcha jusqu'à ce qu'il eut atteint ce « maître » qui était appuyé181 il lui baisa alors la main et s'en revint sur ses pas en marchant à reculons, [F+ tout en gardant son visage tourné face au « maître »]. Puis il obliqua dans ma direction. « Me connais-tu132? me demanda-t-il. ]F+ lorsqu'il fut parvenu auprès de moi]. Non 1 lui répondis-je. Je suis Abû Hâmid, dit-il alors, et ce maître-là est Abû Tâlib tu viens de voir la façon dont je me comporte à son égard ne me préfère donc pas à lui » »

Son fils, [F+ Abu 'Abd Allah], m'a raconté également ceci 'Abd el-Haqq ibn Sab'in, étant arrivé1"8 en la ville de Ceuta, y avait fait étalage184 de théosophisme une femme aisée, d'entre les gens de Ceuta, le demanda en mariage1" et il l'épousa. [F+ Elle dépensa alors pour lui de l'argent] et lui construisit dans sa (à lui) maison même188 une zâwiga1"'1 où il demeura. [F+ Mais le bruit se répandit qu'il était « philosophe »188 si bien que Ibn Halâs l'expulsa de Ceuta. Mon père, dit-il, était vivant, tandis qu'Ibn Sab'în était dans cette ville. Un jour, ce dernier vint me trouver et me dit « Ton père, mon seigneur Abû-1-Qâsim, fit sur mon compte une « découverte » consistant en ceci J'avais composé un livre que nul, excepté Dieu, ne con-


naissait; or, un jour, il vint à moi, et me dit c Fais-moi prendre connaissance du livre que tu as composé! 1 O mon seigneur, lui répondis-je, oui 1 et je lui en fis prendre connaissance. » Je relatai l'histoire à mon père, dit Abû 'Abd Allâh. « En effet 1 me dit-il, et c'est assurément un mauvais livre je lui ai ordonné de le déchirer mais il ne l'a pas fait. »

Je pense, dit l'auteur, que c'est le livre intitulé Budd el-'dril (= l'idole du gnostique) [F+ qui parut sous son nom dans notre Maroc]. C'est un livre méprisable [F+ qui contient beaucoup de divagations] et dont je n'ai pas pris connaissance, mais j'ai entendu ceux qui l'avaient parcouru le réprouver il lui suffit, comme motif de réprobation (damm), d'être intitulé Budd el-'ârif, car el-budd, en lexicologie, c'est l'idole; (on a dit aussi que c'est le temple (bait) des idoles). C'est ainsi qu'El-Ma'arrî a dit « Le cœur adore dans ses passions ce que le mécréant adore dans son idole. »

II y a donc lieu de s'étonner de quelqu'un qui, prétendant à la sagacité et l'intelligence, attribue ensuite au gnostique un budd, c'est-à-dire une idole. Que cette opinion est donc loin de cette parole d'El-Gunaid qui, venant d'être interrogé sur le gnostique, répondit « La couleur de l'eau est celle du récipient qui la contient; [F+ il n'y a pas d'épithète (wasf au moyen de quoi on puisse la dépeindre]. » Si l'on dit alors que, par le titre de ce livre, il a voulu désigner ce dont le gnostique ne peut absolument pas (lâ budd") se passer, on répondra que le gnostique n'a besoin de rien.

Mon père, Ismâ'îl ibn Abmad, m'a raconté ceci Lorsque Ibn Halâs eut expulsé Ibn Sab'în de Ceuta, celui-ci arriva auprès de nous, à Bâdis. L'ayant alors trouvé dans la grande-mosquée, je voulus l'éprouver et je lui demandai quel est le sens de Sa parole (qu'il soit exalté) « Dis 1 Si le Clément avait un enfant, c'est moi qui serais le


premier des adorateurs Çâbidlri)* » Il me répondit que cela voulait dire Le premier des dénégateurs. Cette opinion, dis-je, est la plus faible de celles qui furent émises à ce sujet; on a rapporté, en effet, d'après Abû fUbaidalt0, que l'on dit 'abida-nî haqql, c'est-à-dire il m'a nié mon droit (ga1)ada-n 2) lU.

Le « maître » Abu 'Abd Allâh Muhammad m'a raconté ceci d'après son père Je voulus habiter une maison en la ville de Fès, me dit mon père, alors que j'étais seul (mufrad), sans famille, à mon retour d'Orient, mais je n'en trouvai pas. Le courtier142 me dit alors « Il n'y a ici qu'une maison abandonnée143 [F+ qui inspire la mélancolie et l'effroi], et que personne ne peut habiter à cause de la peur violente qu'on y ressent; il arrive à quiconque y passe la nuit des choses si horrifiantes [F 4- qu'il n'y retourne pas]. Moi, je l'habiterai! 1 lui répondis-je [F+ et je m'engageai à la lui louer sous condition]; il m'en remit donc la clef et je l'habitai. Lorsque je m'y trouvai, après le dernier 'iSâ, et que je me levai pour faire les prières surérogatoires14*, j'entendis un vacarme et un épouvantable fracas [F+ au milieu de la maison, ainsi que des voix effroyables] je ne me détournai pas. Ensuite, je vis un python (ta'bâri) qui entra, avec moi, dans la chambre et se lova je n'y prêtai pas attention. Quand j'eus fini de prier, alors que tout cela était parti, un individu [F+ ayant la forme d'un humain] entra auprès de moi et salua. « 0 mon seigneur, me dit-il, ne nous en veuille pas 1 Nous ignorions ta valeur 1 Nous sommes un groupe de génies croyants qui nous sommes logés dans cette maison or, des gens qui ne sont pas vertueux, de ceux qui boivent du vin, [F+ se raillent des actes de rébellion contre Dieu] et d'autres, veulent l'habiter avec nous nous les éprouvons alors au moyen de ce que tu as entendu et de ce que tu as vu, et ils s'en vont d'auprès de nous. Quant à toi, nous désirons ardemment t'avoir pour voisin. » Je demeurai donc avec eux,


dit-il, pendant un certain laps de temps et, quand je me levais pour prier, ils priaient derrière moi. Au milieu d'une certaine nuit, je me souvins de Sa parole (qu'il soit exalté !) « Son spathe est comme des têtes de diables145. » J'employai alors ce stratagème14* de poser ma main sur la tête de l'un d'eux, alors que j'étais occupé à faire la prière surérogatoire et qu'il se trouvait derrière moi, comme pour lui indiquer de s'approcher [F+ de moi] je constatai que sa tête était pareille aux piquants du hérisson. Ils firent apparaitre pour moi les trésors cachés147 (el-maknûn), dit-il, ainsi qu'une énorme somme d'argent et des joyaux, qu'ils me supplièrent d'accepter, mais je ne fis attention à rien de tout cela.

8. Le pèlerin Abu 'Utmân Sa'ld.

Il était de la tribu des Masattâsa, [F+ qui sont à proximité de Bâdis]148. Il s'était retiré du monde pour s'adonner à la dévotion et pérambulait dans les campagnes, ayant renoncé à ce bas-monde ainsi qu'à la jouissance de ses délices. Il demeura trente ans sans manger aucun mets, vivant seulement de plantes et de fruits sauvages que l'on peut consommer en toute liberté {el-rnubâl}) c'était un ami de mon grand-père, Ahmad ibn Muhammad ibn elEadir [F+ el-IJazragî] el-Garnâtî.

Ma tante paternelle Zainab, fille de mon grand-père Ahmad, m'a raconté ceci Comme nous étions endormis, une nuit, dans notre logis, à Bâdis, quelqu'un frappa à notre porte, au milieu de la nuit. Mon père, Ahmad, sortit alors pour l'aller trouver et lui ouvrit la porte, puis il revint vers ma mère « Lève-toi, lui dit-il, et prépare de la nourriture, car cet homme qui est venu nous trouver en ce moment est le pèlerin Sa'îd [F+ el-Masattâsî] qui fait partie des saints. De quiconque vient te trouver, lui répondit ma


mère, tu dis qu'il fait partie des saints je ne lui préparerai rien 1 » Et il n'y avait chez nous rien d'autre que de l'orge, dit la narratrice le « maître », mon père, alluma donc le feu, chauffa de l'orge qu'il moulut de sa main et dont il fit une 'asida1* Mais lorsqu'il l'eut déposée devant le pèlerin Sa'îd, celui-ci lui dit « 0 juriste [F-f Abû-1'Abbâs] Ne sais-tu pas que, depuis trente ans, je n'ai pas goûté de mets, en vertu d'un pacte que j'ai conclu avec mon âme et qu'il ne m'est pas possible de rompre? ». 9. Abû-l-Hasan 'AU ibn Muhammad el-Marrâkuèî. Mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad, m'a raconté ceci Le « maître » Abû-l-Hasan 'Alî ibn Muhammad el-MarrâkuSî vint à Bâdis, [F+ après son retour d'Orient], au cours de la période de dix années qui précéda 640 (1242-43)"°. C'était un « maître » élégant, d'une propreté éclatante et de bonne mine il portait une tunique (gubba) [F-f- de laine] verte, [F+ d'une couleur limpide], un manteau (Utrâm) en laine de Tlemcen™1, un turban1" blanc et des sandales tâ'iflya1* si bien que quiconque le voyait le prenait pour l'un des huffâd1*1 des Almohades et que nul ne se doutait de sa sainteté; cependant, ceux qui le voyaient lisaient sur ses traits qu'il était homme de bien. Il ne cessa de se « voiler » au moyen du métier de couturier [F+ jusqu'à ce qu'il mourût il fut alors enterré dans celui des cimetières de Bâdis qui est à l'Est sa tombe y est maintenant célèbre on la visite et l'on en recueille la baraka.]

Il avait une esclave (mamlûka) noire qui faisait du pain et le vendait au marché de Bâdis. Il s'asseyait en compagnie d'un commerçant, [F+ un marchand de tissus], d'entre les gens de cette ville, qui avait pour nom 'Alî ibn Muhammad ez-Zuhailî"5 et était connu sous l'appellation d'En-Na'ga celui-ci lui donnait, pour qu'il les lui cousît [F+ moyen-


nant salaire], des vêtements1" [F+ provenant de sa boutique]. [F-f- Quant à lui, personne ne le connaissait et il ne cessa de se « voiler » au moyen de ce que nous avons mentionné beau costume, silence et retenue]. Il suivait le rite des Malâmatîya157, dont c'est le propre de se revêtir des manières (alwâr) des gens du commun et de s'en « voiler », afin de ne pas être signalé par quelque indice de vertu, cela par suite de son vif désir que sa situation visà-vis de Dieu restât intacte.

Il demeura de la sorte pendant un certain laps de temps, m'a dit mon père. D'après sa façon de se comporter, il sembla à 'Alî ibn Muhammad ez-Zuhailî qu'il devait posséder quelques notions d'alchimie et celui-ci, pour ce motif, se mit à s'efforcer d'être bon et généreux pour lui. La raison en était que l'on voyait des dirhams de bon aloi (sikklya), neufs et blancs, qui n'étaient pas de la frappe courante, entre les mains de l'esclave [F+ boulangère] qui le servait et cela, lorsqu'elle achetait du blé ou quelque autre chose158.

Mon père m'a dit qu'il faisait l'aumône de ce que l'esclave percevait sur le pain. (Il avait appris cela de l'un de ses voisins, car il habitait au faubourg"» de Tâmdâ1'0, [F+ à proximité de la mer], dans une chambre haute qui se trouvait là.) Lorsque le moment de son trépas fut proche, dit mon père, et cela lors de la prière du duhr, 'Alî ibn Muhammad ez-Zuhailî s'assit à son chevet181; comme celui-ci remplissait les fonctions d'imâm à une mosquée située à la partie la plus élevée de Bâdis"a, le « maître » Abû-1-Hasan, à l'agonie, lui dit « Va-t-en, ô 'Ali, car les gens t'attendent pour la prière 1 0 mon seigneur, lui répondit-il, je ne veux pas me séparer de toi 1 Va-t-en, reprit-il, car s'il t'a été attribué quelque chose par le partage divin, tu l'obtiendras t » II sortit donc d'auprès de lui. Lorsqu'il eut prié et qu'il fut revenu, il le trouva déjà trépassé. On ne découvrit rien d'autre en sa possession qu'un livre qui était


à son chevet"3 c'était un livre qu'il avait composé et où il avait relaté les prodiges qu'il avait vus pendant son voyage; il l'avait intitulé Kitâb manâqib el-auliyâ, wasifat sulûk el-asfiyâ et c'est de cet ouvrage que nous avons extrait les Catégories des Saints qui se trouvent au début de ce livre-ci.

[F+ Le « maître » vertueux] Abu Ishâq Ibrahim, fils de 'Alî [F+ ibn Muhammad] en-Na'ga ez-Zuhailî qui a été mentionné, m'a raconté ceci Abû-1-Hasan el-Marrâkusî s'asseyait en compagnie de mon père qui lui donnait des vêtements, de ceux qu'il vendait dans sa boutique, et que celui-ci [F+ lui] cousait [F+ moyennant salaire]. Mon père le considérait comme appartenant au commun"* des gens, si ce n'est qu'en raison de sa bonne conduite il devinait en lui la retenue et la bonté. Il avait l'habitude, lorsqu'il entendait le premier mu'addin1** pour le duhr, de se lever et de s'en aller, [F+ et il ne revenait qu'après la prière]. Or, tandis qu'il était assis auprès de mon père dans la boutique, [F+ au marché de Bâdis], et que j'y étais présent, voici que trois fuqarâ orientaux, portant de beaux costumes, s'arrêtèrent [F+ auprès de nous], saluèrent et se mirent à converser avec le « maître » Abû-1-Hasan. [F+ L'un d'eux s'assit à côté de mon père, l'autre s'assit à côté du « maître » Abû-1-Hasan et le troisième resta debout; ils commencèrent à s'entretenir des pays d'Orient]. « 0 mon seigneur, dit l'un d'eux, je désire mourir à Médine"6 – Je désire mourir à la Mekke"' dit le second. Je désire mourir à Bethléem 1 » dit le troisième puis, le mu'addin ayant appelé à la prière [F+ du duhr], le « maître » Abû-1-Hasan se leva et partit; deux des trois luqarâ le suivirent et celui qui avait dit désirer mourir à Bethléem s'attarda derrière eux. « Connais-tu ce « maître » [F+ qui est parti d'ici]? demanda-t-il à mon père. C'est un homme, [F+ faisant partie des Musulmans], qui nous est arrivé dans cette localité il s'assied en ma compagnie et


vit de la couture. Tu ne sais rien d'autre sur sa condition ? -Je ne sais rien d'autre que cela. Le faqîr dit alors « Les gens d'Orient disent que Dieu a obstrué la porte de l'Occident avec des épines, et moi, je dis qu'il l'a obstruée avec des lances – Hé l'homme, répliqua mon père, que ce que tu as dit est donc mal Il y a certes en Occident des savants, des personnages vertueux [F+ et des juristes] – 0 mon seigneur, continua le faqir, tu as vu ce « maître ».qui s'est levé d'auprès de toi il n'existe ni en Syrie ni en Égypte personne qui atteigne la terre où ses pieds se sont posés 1 Mon père changea alors [F+ d'opinion] à l'égard du « maître » Abû-1-Hasan et se mit à le considérer comme un saint et un personnage de mérite. « 0 mon seigneur, lui dit-il, lorsqu'il fut revenu, après la prière [F+ du $ukf\, l'un de ces tuqarâ a prétendu t'avoir connu [F+ en Syrie] et en Égypte. Ne l'écoute pas, répondit-il, car c'est un Chrétien. Ne l'as-tu pas entendu dire qu'il désirait mourir à Bethléem? 0 mon seigneur, lui demanda alors mon père, et qu'est-ce donc que Bethléem ? C'est l'endroit, lui dit-il, où fut enfanté Jésus, fils de Marie, [F+ auprès de Jérusalem (Bail el-maqdis), et c'est là que les Chrétiens se rendent pour effectuer leur pèlerinage canonique]. »

J'ai dit « Le « maître » [F+ Âbû-1-Hasan] avertit de [F+ la religion de ce faqîr] chrétien afm d'annuler sa qualité de témoin1"8 auprès de celui qui avait entendu ses paroles. Le pèlerin vertueux [F+ et âgé] Abû 'Alî el-Hasan ibn Hannâ el-Bâdisî m'a raconté ceci Le « maître » Abû1-Hasan 'Alî ibn Muhatnmad el-Marrâkusi était venu [F+ du port de Hunain16»] à Bâdis sur une barque170 appartenant au patron Yûsuf el-Bahrî et au fils de son oncle paternel, [F + le commerçant] Muhammad ibn Idrîs qui m'a raconté ceci Nous avions transporté, de Bâdis à Hunain, du bois et du goudron dans une barque nous appartenant [F+ pour faire du commerce.] Lorsque nous eûmes vendu


cela et que nous nous fûmes décidés au retour, le « maître » Abû-1-Hasan 'Âlî el-Marrâkusî me rencontra, sans que je le connusse, et me dit « D'où êtes-vous partis pour venir ici? De Bâdis 1 répondis-je. Bâdis est le cimetière des personnages vertueux, dit-il; [à quel moment pensezvous y retourner? A l'instant, lui dîmes-nous, car nous sommes sur le point de partir, si Dieu veut !] Je désire m'y rendre avec vous, dans votre barque », dit-il encore. Devinant sur sa mine que c'était un homme de bien, dit Muhammad ibn Idrîs, j'acquiesçai à sa demande. « Ainsi qu'une esclave qui est avec moi? ajouta-t-il. Ainsi que l'esclave 1 Puis, j'avisai de celà le fils de mon oncle paternel [F+ qui était aussi mon associé] et dont le caractère était empreint de violence et d'âpreté. « A tous ceux que tu trouves, me répliqua-t-il, tu dis que tu les transporteras [F+ il ne montera avec nous qu'en payant le prix de son passage – Vois ce qui te revient pour ta part sur le prix du passage, lui dis-je, et tiens m'en compte 1 » Quand le moment de notre départ fut proche, le « maître » Abû-1Hasan s'embarqua ainsi que l'esclave171 et nous quittâmes Hunain. Parvenus à un certain point du littoral, nous vîmes, dans la pénombre du matin, un vaisseau de guerre1" qui se dirigeait vers nous, [F+ venant de la terre ferme] les hommes d'équipage Çamara) qui étaient dans la barque furent atterrés [F+ un grand péril s'abattait sur nous à l'improviste et nous nous mîmes à nous bousculer les uns les autres]. Le « maître » Abû-1-Hasan qui avait placé sa tête entre ses genoux [F+ entendit le vacarme que nous faisions] et, ayant levé la tête, vit la situation dans laquelle nous nous trouvions, avec le vaisseau se dirigeant sur nous. « Qu'avez-vous? demanda-t-il. [F+ Je pense que tu as été atteint dans ta raison, lui répondis-je] nous sommes dans les serres de la captivité et tu demandes ce que nous avons 1 [F+ Regarde ce navire qui se dirige contre nous »] Je m'occupai alors, dit Muhammad ibn Idrîs, de réfléchir


au moyen de me sauver. Ayant jeté un regard dans la direction du « maître » Abû-1-Hasan, je vis qu'ayant mis sa main aux collets de ses vêtements et s'étranglant, il levait les yeux vers le ciel comme quelqu'un qui demande secours. Sur-le-champ, une brume épaisse nous couvrit, [F+ telle que l'homme ne pouvait, pour ainsi dire, voir sa main], et s'interposa entre l'ennemi et nous un bon vent souffla alors [F+ sur nous et enfla la voile de la barque le navire disparut à notre vue et nous disparûmes à la sienne]. Nous allâmes, grâce à ce vent, jusqu'à ce que nous fussions parvenus, sains et saufs, à Bâdis. [F+ Nous descendîmes auprès de nos familles et j'oubliai l'incident du navire, moi comme les autres]. Ce ne fut qu'après sa mort que je réfléchis que c'était le « maître » Abû-1-Hasan qui avait été la cause de notre salut.

'Abd Allâh ibn el-Magribî el-Bâdisî m'a raconté ceci En l'an 35"s (1237-38), les Arabes ayant imposé leur domination dans le Rîf, [F+ nous eûmes peur d'eux et] nous déménageâmes de Bâdis avec les enfants, les femmes et les objets mobiliers pour aller dans l'île qui est en mer, dans l'ancrage de cette ville" Par la suite, nous revenions chaque matin à Bâdis pour visiter nos maisons [F+ et les garder, les hommes en armes, sans plus]. Les Arabes nous attaquaient alors ils circulaient dans le wâdi et les gens se trouvaient bloqués sur les deux rives, la rive d'EsSaff et celle d'Er-Rakîba, jusqu'à ce que les Arabes fussent partis. Je voyais, dit-il, le « maître » Abû-1-Hasan passer de l'une des deux rives à l'autre, parmi les chevaux des Arabes, avec ses vêtements [F+ il n'eut rien à souffrir d'aucun d'eux] et ce n'est qu'au bout d'un certain temps que je réfléchis qu'il était « voilé » (mahgûb) à leur vue. N'importe qui, parmi les gens de notre pays, aurait pu me raconter comment un homme de mauvaise vie étant mort, quelqu'un le vit en songe dans le pire état qui fût puis, par la suite, il le revit ayant une bonne apparence et cela


après la mort du « maître » Abû-1-Hasan el-Marrâkusî. « Grâce à quoi as-tu obtenu cette amélioration de ton état? lui demanda-t-il. Lorsque le « maître » Abû-1-Hasan eut été enterré dans ce cimetière, répondit l'homme, Dieu pardonna à ceux qui s'y trouvaient. »

Chapitre où nous mentionnons quelques-uns des prodiges qu'il a narrés dans son livre.

Un jour, dit 'Alî ibn Muhammad el-MarrâkuSÎ, je m'assis à la Mekke, regardant le Temple (él-bait)1™ et méditant sur ce fait qu'il a quatre faces et que les gens prient, tournés vers chacune d'entre elles Dieu m'inspira [F+ de réciter] ce verset « Où que vous vous tourniez, là est la face de Dieu !"• » Ce fut alors pour moi comme si le Temple eût été enlevé de parmi les gens, comme s'il n'eût pas existé. c 0 Seigneur, demandai-je, qu'est ceci? 0 'Alî entendis-je répondre, existe-t-il quelqu'un d'autre que Moi? » Et je m'éveillai épouvanté.

Ces mots Je m'éveillai épouvanté, dit l'auteur, admettent deux interprétations. L'une d'elles est que, lorsqu'il se fut assis, occupé à méditer, il s'endormit il vit et entendit alors ce qui a été mentionné, car on ne peut s'éveiller que du sommeil. Il est possible aussi que, s'étant plongé dans la méditation et ayant perdu le sentiment, il vit alors ce qu'il vit et entendît ce qu'il entendit il exprima ensuite son retour au sentiment par le verbe s'éveiller. Ce qui est patent, c'est que celà survint alors qu'il s'était enfoncé dans ses pensées, comme l'indiquent ses mots « Je m'assis, un jour, à la Mekke, au moment de dormir, pour méditer. » Et Dieu sait davantage I

J'habitai Qûs1" pendant un certain temps, dit 'Alî ibn Muhammad. Comme on m'avait cité un saint (sayyid) qui se trouvait à El-Uqsûr et était connu sous le nom d'Abû


1-Haggâg Yûsuf el-Uqsûrî1'8, je voulus aller le visiter mais je négligeai de le faire, par nonchalance, pendant quelques jours. Or, m'étant endormi un jour, j'entendis quelqu'un qui me disait « Lève-toi et va vers le « maître » Yûsuf, car il vient de sortir pour se joindre à toi 1 » Sans considérer ces paroles comme un mensonge, je sortis, soit que je dusse le rencontrer, ou aller jusqu'à son logis lui rendre visite. Je marchai donc sur la rive du fleuve jusqu'à ce que je fusse parvenu à l'emplacement du bac, mais, n'ayant pas trouvé le passeur qui faisait traverser les gens, je m'assis sur le bord du Nil pour l'attendre. Or, voici qu'apparut un homme qui s'avançait, venant de l'autre rive, un bâton à la main il lança ses pieds sur l'eau, tout en faisant dessus des raies avec son bâton, jusqu'à ce qu'il fût parvenu à moi je fus alors saisi d'un respect craintif pour les prodiges des saints et il m'épouvanta. a 0 'Alî, me dit-il après m'avoir regardé et m'avoir pris l'oreille qu'il tortilla 179, ne tarde pas à rendre visite aux saints et que ton âme ne te le fasse pas remettre au lendemain, car elle te voilerait leurs « stades »180 O mon seigneur, lui dis-je en pleurant, je ne te connais pas 1 C'est moi Abû 1-Haggâg el-Uqsûrî » me répondit-il. Je lui baisai alors les pieds et m'humiliai devant lui. « Retourne à l'endroit où tu étais 1 me dit-il ensuite. Oui, ô mon seigneur, dis-je, après que j'aurai reçu une admonition qui me guérira. Volontiers I acquiesça-t-il. 0 'Alî, il t'incombe de demander des comptes à ton âme et de la contrôler, car c'est elle qui fait périr les hommes. 0 mon seigneur, continue! – Il t'incombe de garder le silence devant les savants. Conseille-moi encore, ô mon seigneur – Il t'incombe de t'humilier et d'avoir peu de prétentions 1 Ensuite, il me laissa et s'en retourna par le même chemin je revins alors à Qûs, m'émerveillant des prodiges des saints.

L'auteur a dit qu'il avait entendu relater ce qui suit à


son oncle maternel, le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn, qui était de ceux qui avaient séjourné pendant un certain laps de temps dans la zâwiya du « maître Abû 1-Haggâg, à ElUqsûr, afin de s'adonner à l'adoration Ces paroles du « maître Abû 1-Hasan « J'arrivai alors à l'emplacement du bac, mais je ne trouvai pas le passeur » pourraient faire s'imaginer qu'El-Uqsûr est sur une rive autre que celle où se trouve Qûs et pourtant la chose n'est pas ainsi, car ces deux localités sont situées sur une même rive du Nil. Ses paroles admettent deux interprétations. L'une d'elles est que le« maître » Abu 1-Haggâg se trouvait en pérambulation sur l'autre rive et que cela ayant été « révélé » à Abû-1Hasan, celui-ci voulut traverser pour aller vers lui et s'assit en attendant le passeur. (Et il est possible, dis-je, que lorsque le « maître » Abû-1-Haggâg eut su qu'Abû-1-Hasan était sorti pour le rencontrer, il voulut lui montrer la marche sur l'eau et que, quittant alors la rive où sont Qûs et ElUqsûr, il passa sur l'autre, et ceci paraît plus évident). L'autre façon de comprendre, a dit le pèlerin Yahyâ, est que cela se passait à l'époque du débordement du Nil car celui-ci sépare alors les villages (manâzil) et les bourgs, dont les habitants ne peuvent vaquer à leurs occupations que dans des bachots. C'est là une jolie interprétation. Je sortis un jour du Caire, dit 'Alî ibn Muhammad, dans l'intention de gagner El-Maimûn"1, afin de rendre visite à un homme « caché »1S* aux gens et que ne connaissaient que quelques personnes en nombre déterminé il ne convient pas que je cite son nom car il m'ordonna de le taire. Or, comme je cheminais sur le bord du Nil, voici que je me trouvai en présence d'un homme portant l'accoutrement des non-arabes Çagam), ayant sur lui une mwaqqa'a"* et tenant à la main une aiguière181 il me salua le premier et je lui rendis son salut son visage portait les indices de l'affabilité. « Allons faire la prière d'obligation canonique (f artda) 1 me dit-il comme c'était le moment de la prière


du duhr. Volontiers 1 » répondis-je et, puisque j'avais fait mes ablutions, j'ajoutais « Fais-nous faire la prière 1 b II acquiesça, me fit mettre debout à sa droite et me dit « Recule un peu, car c'est là la coutume prophétique pour la prière de deux individus !m ». Nous fîmes alors la prière. Il prolongeait l'inclinaison du buste et la prosternation, et je n'ai pas fait de prière plus précise ni plus douce que celle-ci or, j'entendais derrière nous du bruit. Lorsque nous eûmes achevé la prière et qu'il eut prononcé en notre faveur une invocation à laquelle je ne compris rien, je l'interrogeai sur le bruit qui se produisait derrière nous tandis que nous priions. « 0 'Alî, me répondit-il, après m'avoir regardé et avoir ri au point que ses dents de devant apparurent, ne sais-tu pas que les anges de cet endroit-ci ont prié avec nous? » Je m'émerveillai alors de ce qu'il connût mon nom sans que je le lui eusse appris et je sus qu'il faisait partie des saints. « Si tu avais acquis plus de certitude dans la science de l'unitarisme, continua-t-il, tu aurais certes, de tes yeux, vu les anges. » Comme je pensais en moimême posséder certaines connaissances, je lui dis « 0 mon seigneur, enseigne-moi une partie de ce que Dieu t'a enseigné 1- Mentionne ce que tu sais I » me dit-il et je lui mentionnai quelque chose. « 0 'Alî, dit-il alors en riant de moi, s'il t'avait été donné un atome de la science de l'unitarisme, tu aurais certes porté les cieux sur les paupières de tes yeux 1 Dans le monde que tu contemples et dans celui qui t'est caché180, dit-il ensuite, ton regard ne tombe que sur Dieu, car il n'y a, dans l'existence, rien d'autre que Lui 1 » Ayant alors regardé, je ne vis personne avec moi je restai évanoui pendant un instant, puis je me levai et marchai jusqu'à ce que j'eusse atteint El-Maimûn. Je racontai cette aventure au sayyid1" auquel j'étais venu rendre visite. « C'est El-Hadir » me répondit-il et, comme je regardais son visage avec stupéfaction, « Qu'est-ce qui te stupéfie? continua-t-il jamais personne n'est venu


vers moi, pour me visiter, sans le rencontrer en chemin et c'est de chez moi qu'il est sorti hier 1 Je demeurai alors bouleversé en mon âme de ne pas lui avoir demandé plus que je n'avais fait; mais le sayyid devinant en moi cette pensée me fit rester chez lui pendant trois jours; ensuite, ayant voulu lui faire mes adieux pour m'en aller, il me dit « Reste, maintenant, jusqu'à ce que ton compagnon, le non-arabe, qui est El-Hadir, vienne te trouver 1 » Heureux de savoir ainsi la « sincérité » du sayyid, je restai le quatrième jour, jusqu'au moment de la prière du duhr. Or, voici que l'on frappa à sa porte. « Lève-toi, me dit-il, et va ouvrir » Je me levai donc pour aller à la porte et je l'ouvris et voici que je me trouvai en présence de l'homme non-arabe avec qui j'avais fait la prière et que j'étais désespéré d'avoir laissé échapper l'occasion d'interroger au sujet de quelque chose dont j'eusse tiré profit ma joie de le voir fut si intense que je ne lui témoignai pas d'affabilité. Il entra dans la chambre du sayyid et nous fit faire la prière du duhr, mais je ne vis pas le sayyid approcher de lui nourriture ni boisson, contrairement à ce qu'il avait l'habitude de faire avec quiconque d'entre les saints arrivait auprès de lui. Ensuite, le sayyid parla avec lui en un langage dont je ne comprenais que quelques mots, cependant que je demeurais silencieux, incapable d'adresser la parole et de répondre. Lorsqu'ils eurent achevé, ils se mirent à prononcer une invocation dont je ne sus que trois phrases « « O Vivant avec chaque vivant, et ô Celui que rien ne dépasse 1 » 2° « 0 Celui qui a embrassé toute chose de sa science et qui a contraint Ses adorateurs à la mort et à l'anéantissement 3° « 0 Celui dont les noms ont été sanctifiés, si bien que nul autre que Lui ne les dénombre 1 ».

Puis le sayyid chez qui j'étais me dit « Lève-toi et va-t-en à l'endroit d'où tu ès venu! » Je pleurai alors violemment au point que mon âme fut près de s'échapper;


mais le non-arabe réduisit la fracture de mon cœur en me disant que nous nous réunirions, le vendredi, au Caire188 à la grande-mosquée. « Je ne sais où te trouver 1 lui dis-je. Tu me trouveras, répondit-il, à la zâwiya1** de 'Amr ibn el-'Âsî. » A ce moment-là mon âme se rasséréna; je fis ensuite mes adieux au sayyid ainsi qu'à l'homme non-arabe, et je partis pour le Caire. Quand ce fut le vendredi, j'allai à la grande-mosquée au commencement du moment de la prière190; je trouvai alors le non-arabe qui m'avait devancé à l'endroit désigné et était assis je le regardai et le reconnus je ne trouvai personne avec lui. Après avoir fait une prière de deux rak'a-s, je le saluai et, m'ayant pris la main, il me fit asseoir à sa droite ensuite il me questionna sur ma situation et je la lui fis connaître. Je demeurai au Caire six mois, au cours desquels nous nous réunîmes trois fois, en trois vendredis; personne ne s'asseyait en sa compagnie et il ne s'asseyait, lui, en compagnie de personne c'est alors qu'il me vint à l'esprit cette idée qu'un « voile » empêchait les gens de le voir. H m'enseigna trois sciences qu'il me recommanda de ne faire connaître à personne sinon au moment de ma mort. « Je les ferai connaître à celui parmi les gens que j'aimerai le plus, lui dis-je. Cela n'est pas en ton pouvoir, me répondit-il seul peut les savoir celui à qui Dieu les a attribuées en partage. » Il ne me dit rien de plus. Ensuite, comme il m'avait ordonné d'aller à Jérusalem, j'y allai avec sa permission et je ne le revis pas je sus alors qu'il ne m'avait été attribué en partage que ce qu'il m'avait enseigné.

Mon oncle maternel, dit l'auteur, le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn, qui avait pris connaissance du livre du « maître » Abû-1-Hasan dont est tiré ce passage, m'a raconté ceci Lorsque j'eus pris connaissance de cette histoire, dit-il, je sortis du Caire et m'enquis de l'endroit connu sous le nom d'El-Maimûn on me le fit connaître et j'y parvins.


Ayant alors posé des questions sur le saint « caché » aux gens qui se trouvait dans ce bourg au début du sixième1*1 siècle, on me dit que c'était le « maître » Abû Zaid elQurtubî. J'entrai dans sa zâwiya, dit-il, où je trouvai son serviteur qui en était le gérant (qayyim) c'était un « maître » âgé que je questionnai sur le « maître » Abû Zaid el-Qurtubî182 et il me raconta sur celui-ci des choses extrêmement merveilleuses. Je visitai alors son tombeau, dit le pèlerin, et je m'en allai.

'Alî ibn Muhammad a dit Avec la permission d'ElHadir, j'allai à Jérusalem (Bail el-maqdis) où je demeurai un jour et j'en sortis pour aller rendre visite à notre père, Abraham1'8. Je marchai donc jusqu'à ce que je fusse arrivé au bourg où se trouve Jonas1" et j'allai au tombeau où il est enterré, dans une petite mosquée. Quand .j'eus fait une prière de deux rak'as et que je vins pour le saluer, je me trouvai en présence de trois individus portant des vêtements en loques et qui, auprès du tombeau, psalmodiaient ce verset « Et Dû-n-Nûn, lorsqu'il s'éloigna courroucé, pensa que nous n'aurions pas de pouvoir sur lui il proclama alors. »185 jusqu'à la fin et ils répétaient ce verset. Je les saluai et demeurai étonné de ce qu'ils n'eussent rien trouvé d'autre à réciter que ce passage. A peine cette pensée s'était-elle formée en mon cœur que l'un d'eux se leva et vint à moi « Hé l'homme 1 me dit-il, ne nous critique pas nous sommes de son peuple 1 Je fus alors épouvanté, et ce fut comme si quelqu'un eut mis une couverture sur mes yeux; m'étant retourné, je ne vis personne. Tout en trébuchant dans les larmes que me faisait verser le regret de ne pas leur avoir demandé d'invoquer Dieu pour moi, je me rendis à Hébron (ElHallT). Abû cAbd Allâh el-Garnâtî que je connaissais déjà, me vit, au chevet de notre père Abraham, tandis que je pleurais dans la caverne où il n'y avait avec moi personne d'autre que lui. c Tais-toi, me dit-il loue Dieu


et rends Lui grâces de ce qu'Il t'a fait apparaître le peuple de Jonas 1 Le chagrin et la douleur que j'éprouvais se trouvèrent alors accrus par ce fait que Dieu lui avait donné connaissance de mon secret, alors que je ne m'attendais pas de sa part à ce qu'il me dît rien de ce que je lui entendis dire. « 0 Abu 'Abd Allâh, lui dis-je après l'avoir regardé avec stupeur, par la valeur de ces nobles saints (et je désignai Abraham et Isaac), ne me feras-tu pas savoir au moyen de quoi, ô saints de Dieu, vous avez obtenu le pouvoir de réaliser ces prodiges magnifiques? » et je commençai à lui décrire les prodiges des saints l'un après l'autre. « Volontiers 1 me dit-il. Les saints ont obtenu ceci, et plus que ceci, par l'endurance à l'égard de la calamité, le remerciement pour le bienfait et l'altruisme1" lors du besoin. » Je le baisai alors entre les yeux et il me dit « Voici la « pureté » 1 »

J'entrai, dit 'Alî ibn Muhammad, à Sanhûr el-Madîna"8 qui est à un peu plus d'une journée de marche d'Alexandrie et, comme je m'étais retiré du monde pour m'adonner à l'adoration, je m'abritai dans une mosquée située à l'extrémité de la ville. Des fuqarâ s'assemblèrent alors autour de moi, sans mon consentement, et, comme ils ne me quittaient pas, ils me gênèrent dans mes dévotions je résolus donc de me transporter en une autre localité. Lorsque ce fut le dernier 'i§â de ce jour-là, je vis un homme qui entra auprès de nous dans la mosquée tandis que ces fuqard étaient [F+ assis], chacun à sa place; m'ayant pris la main, l'homme me fit sortir de la mosquée. « Viens avec moi 1 me dit-il. Volontiers l » lui répondis-je et j'allai avec lui jusqu'à ce qu'il eût atteint, en m'emmenant, un endroit que je ne connaissais pas. a Demeure où tu es, me dit-il encore, jusqu'à ce que je vienne à toi 1 Je ne partis donc pas avant qu'il fût venu me retrouver; prenant alors ma main dans la nuit, il me fit entrer dans son logis, dans une chambre haute où je ne trouvai qu'une natte


d'alfa sur laquelle il me fit asseoir. S'étant ensuite tourné vers la zdwiya de la chambre haute, il me présenta du miel d'abeilles, du lait coagulé (laban ma'qûd) et du pain brûlant. Il me fit alors manger1" (wdkala-nl), mais je n'étais pas tranquille à cause des fuqarâ que j'avais laissés dans la mosquée, « Mange t me dit l'homme voyant en moi de la gêne100 tu as désiré te trouver dans un lieu de retraite où tu fusses seul c'est ici une retraite dont tu ne trouveras pas la pareille » Je m'émerveillai de ce qu'il me relatât ce que j'avais pensé en moi-même. « Mange! » D me dit-il ensuite; je mangeai donc, jusqu'à ce que j'eusse pris la nourriture dont j'avais besoin, et je remerciai Dieu puis il me dit « Prononce une invocation en notre faveur, car l'invocation de l'hôte est exaucée » J'invoquai alors Dieu dans les termes qu'Il m'inspira sur le moment; je lui demandai ensuite son nom « Mon nom est Dirgâm ibn Mahlûf 1 me répondit-il. Quelle est ta profession? Tisserand en soie201 – 0 mon frère, ô Dirgâm, continuai-je, qu'est-ce qui t'a guidé vers l'endroit où j'étais, car il y a plusieurs jours que j'y suis et je ne t'y ai jamais vu? Oui 1 dit-il; c'est un homme qui m'a informé de ta présence. » Je le questionnai alors sur cet homme et sur son nom, mais il ne me le fit pas connaître et je sus que la misère de mon état avec ces tuqard qui me gênaient dans la mosquée lui avait été a révélée ». Il demeura assis quelque temps, parlant des prodiges des saints et des personnages vertueux, puis il me laissa et sortit je ne le revis qu'à la prière du subh que je fis avec lui, et je voulus partir. « L'hospitalité est de trois jours 1 me dit-il. L'hôte est sous la dépendance du maître de maison jusqu'à ce que celui-ci le laisse libre de poursuivre sa route. Ce sera par amour et par considération pour toi répondis-je; je ne te contrarierai pas. » Lorsque le soleil se fut levé et que j'eus fait la prière du dùhd, je m'assis voici qu'il entra alors auprès de moi et me dit de descendre avec lui


je lui obéis et il me fit connaître la chambre où il se livrait au tissage de la soie (qizâza) et qui était une autre chambre, située dans son logis même. Je m'assis donc avec lui tandis que, sur son métier (minwâl), il procédait à son travail, et que nous relations les aventures des personnages vertueux et les prodiges des saints. Puis j'entendis que l'on frappait à la porte de son logis et il se leva pour ouvrir, cependant que j'étais assis avec lui. « Tout doux 1 lui dis-je tu sais que je suis un homme qui n'aime pas à se trouver réuni avec d'autres tu m'as imposé de demeurer chez toi pendant trois jours et moi, je t'impose comme condition de ne me montrer à personne. Volontiers 1 répondit-il lève-toi et va à ta place I » Je me levai donc et me rendis à la chambre haute où j'étais auparavant [F+ j'entendis alors chez lui le bruit fait par des hommes nombreux que je ne voyais pas. Comme il était venu à la chambre haute où je me trouvais], je le vis entrer dans l'un des angles de la zâwiga et en tirer le miel, le lait coagulé et le pain brûlant en quantité illimitée je sus alors que c'était un thaumaturge. Je demeurai avec lui, de la sorte, pendant trois jours et je le voyais tirer de la nourriture de la zâwiya de la chambre haute lorsqu'il sortait, je regardais dans cette zâwiya d'où il extrayait le miel, le lait coagulé et le pain brûlant, mais je ne voyais rien. Quand j'eus décidé de partir et qu'il voulut me faire ses adieux, je lui dis « 0 mon frère, ô Dirgâm J'ai certes sur toi un droit et tu en as un sur moi ne me dissimule pas ce que je t'ai vu faire – Qu'as-tu vu? » me répondit-il. Je l'informai alors du miel, du lait et du pain brûlant que je l'avais vu extraire de la zdwiya de la chambre haute en quantité illimitée. Il me baisa entre les yeux, dit *A1Î ibn Muhammad, et me dit « Tu m'as vu? Oui Tu en fais partie ( c'est-à-dire des personnages vertueux) 1 0 Âbû-1-Hasan, continua-t-il en se penchant vers moi, tant et tant d'hommes sont entrés dans ma zdwiya je


n'ai jamais vu personne qui m'ait interrogé sur cela, si ce n'est toi et un homme qui est connu sous l'appellation d'Abû-1-Haggâg el-Uqsûrî. Je le connais, lui dis-je. Et d'où le connais-tu? » Je lui décrivis alors ce qui m'était arrivé avec lui à propos de la marche sur l'eau. Dirgâm, le tisserand en soie, me raconta au sujet de ce personnage qu'il avait fait chez lui les prières du duhr et du 'asr durant trois ans, et entre Sanhûr et El-Uqsûr, il y a dix-huit journées de marche. « 0 mon frère, ô Abû-1-Hasan, me dit-il ensuite, c'est lui mon « maître » 1 Une camaraderie et une amitié solides s'établirent alors entre nous et, durant un mois, il ne me laissa pas partir.

L'auteur a dit Et cela se passa ainsi qu'il a été dit « Nous fîmes halte dans l'idée que notre séjour serait de trois jours,

« Mais l'endroit nous plut si bien que nous y séjournâmes un mois. »

'Alî ibn Muhammad a dit Il continua à employer la même nourriture, sans en changer. « 0 « maître n Abû-1Hasan, me dit-il ensuite, le « maître D Yûsuf mange une nourriture provenant de la Puissance divine et moi aussi, ainsi que tu m'as vu le faire, je mange une nourriture qui a la même provenance et je m'en sers pour donner à manger. » Puis je me séparai de lui.

'Alî ibn Muhammad a dit Un adolescent du nom de Yûsuf fut mon compagnon. Sa coutume et sa profession étaient de quêter (yudarwiz) pour nourrir les f uqarâ et Dieu avait mis les créatures à son service si bien qu'il ne pouvait s'arrêter auprès d'un individu sans que celui-ci lui donnât spontanément208. Une vingtaine de fuqarâ, et parfois plus, se groupaient autour de lui il les nourrissait avec ce qu'il demandait et nul ne le vit jamais manger de ce qu'il apportait (yasûq). La renommée avait publié sur son compte, parmi les f uqarâ, qu'il s'engageait sur la route de la Mekke sans viatique et sans eau, et qu'il


jeûnait sans discontinuer (yuwâsil) pendant quinze jours. Comme, un jour, j'étais sorti pour une pérambulation, il devina mon dessein et me suivit, ayant à la main une aiguière, sans rien d'autre; or, je le vis et son action me fit de la peine. « Qu'est-ce qui t'a poussé à faire cela? lui demandai-je. Retourne vers les fuqard cela te conviendra mieux que de venir avec moi 1 » Mais il ne le fit pas, me supplia et pleura, si bien que je le laissai avec moi. Je voulais aller à Aswân, auprès d'un homme qui était connu sous l'appellation d'EI-Hargî et dont le nom était 'Abd Allah. Comme j'étais [imâm] appointé20* à Qûs, c'est de là que je partis l'adolescent vint avec moi et nous suivions la rive du Nil sans la quitter. Arrivés à un endroit connu sous le nom d'Ed-Damâmîn2", nous y passâmes la nuit chez un homme de mérite nommé Mufarrag, cependant que l'adolescent Yûsuf était toujours avec moi, sans me quitter au moment du sahar, je voulus aller à El-Uqsûr, mais un petit chemin nous égara (satraqat-nâ) l'adolescent était toujours avec moi et, avant que nous nous fussions rendu compte de rien, nous nous trouvâmes dans le désert de 'Aidâb206 avec, devant nous, des gazelles isolées et en groupes; puis, le chemin par lequel nous avions pris s'interrompit et nous ne sûmes plus en quel endroit de la terre nous étions. Nous errâmes pendant tout le jour et nous passâmes la nuit; ensuite, le matin, nous procédâmes à nos lustrations pulvérales, fîmes la prière du subh et marchâmes jusqu'au moment du déclin du soleil. Nous étant alors assis par terre sans que rien nous protégeât du soleil, je fus pris d'une soif violente; comme Paiguièreétait aux mains de l'adolescent qui m'avait accompagné « 0 Yûsuf lui dis-je, la soif m'a atteint 1- 0 mon seigneur Abû-1-Hasan, répondit-il, demeure assis à ta place 1 » Il se dissimula alors à ma vue derrière une colline de sable et vint ensuite à moi avec l'aiguière pleine d'eau; je le regardai et je regardai l'aiguière, et ce fut comme si


la soif ne m'eût pas atteint tant était violent l'étonnement que j'éprouvai en voyant agir ainsi l'adolescent que je méprisais. « Par Dieu, lui dis-je, je ne boirai rien de cette aiguière tant que tu ne m'auras pas fait savoir d'où provient cette eau que tu y as apportée !» Il me pressa (lama' ji 'an) de boire alors, mais je ne bus pas. « 0 mon seigneur, me dit-il ensuite, je connais, certes, en ce lieu l'endroit où il y a de l'eau 0 mon enfant, répliquai-je, voici deux jours que nous avons perdu notre route; tu n'as pas pu reconnaître le chemin qui nous aurait conduits au Nil et toutes les routes sont pour nous confondues comment donc connaîtrais-tu l'endroit où il y a de l'eau? 0 mon seigneur Abû-1-Hasan, me dit-il ensuite, je vais te dire une chose qui est la vérité et, sans la confiance que j'ai en toi, je n'aurais jamais fait connaître mon histoire, de même que je ne l'ai fait connaître à nul autre que toi », et il commença à m'énumérer les personnages vertueux, l'un après l'autre. « Informe-moi lui dis-je. O mon seigneur, dit-il, il y a cinq ans que j'ai cette aiguière et tu sais que je suis endurci au jeûne ininterrompu (vaisâl). Oui Lorsque je veux pénétrer dans le désert pour effectuer le pèlerinage canonique, que ce soit le désert de 'Aidâb ou un autre, je prends cette aiguière avec moi; quand la soif me saisit, je l'introduis sous moi et j'entends alors, de mon oreille, l'eau descendre dedans sans que je sache d'où elle provient j'en bois, j'en fais mes ablutions et j'y puise des forces pour affronter le désert. Si ce que tu dis est la vérité, dis-je encore, répands l'eau qui s'y trouve et fais ce que tu m'as raconté. » Il répandit alors l'eau de l'aiguière si bien qu'il n'y resta plus rien; s'étant mis debout, il l'introduisit sous lui, s'approcha de moi et me dit d'écouter l'aiguière; je mis donc mon oreille à son col or, par Dieu en dehors de qui il n'y a pas de divinité, j'entendais l'eau descendre dans l'aiguière comme si quelqu'un l'eût versée par une gouttière


(mtzâb) il la sortit ensuite de sous lui, remplie d'eau807. « J'atteste que Dieu est capable de toute chose, dis-je, que Dieu a embrassé toute chose de Sa science et qu'il est l'Auteur de ce qu'il veut 1 Donne-moi la, ô Yûsuf, continuaije en lui prenant l'aiguière de la main, c'est d'une eau semblable qu'il faut que je boive à cause de sa proximité du Trésor divin808. » J'en bus donc jusqu'à ce que je me fusse désaltéré, et je constatai que c'était une eau plus douce que toute eau et plus froide que la neige je la lui passai ensuite afin qu'il bût mais il s'y refusa et me dit de faire mes ablutions; je les fis; il procéda également aux siennes et nous fîmes la prière du duhr. Nous demeurâmes en cet endroit jusqu'à ce que nous eussions fait la prière du 'asr; puis nous marchâmes jusqu'au magrib (ou vers l'Occident) la nuit nous surprit209 alors et nous passâmes cette nuit-là sans savoir où nous étions. Le matin, après avoir fait la prière du subh, nous cheminâmes le long du fleuve et finîmes par voir les palmiers arrivés près d'eux, nous reconnûmes la localité c'était El-Uqsûr 1 Nous passâmes cette nuit-là chez le « maître » Abû-1-FIaggâg, puis nous allâmes à Aswân810 et la Fête des Victimes211 était proche [F+ nous la célébrâmes donc chez le « maître » Abû Muhammad el-Hargî]. Ensuite, l'adolescent ayant voulu s'en aller, je le laissai poursuivre son chemin il est maintenant à la Mekke et m'envoie son salut par tous ceux qui me connaissent. L'adolescent Yûsuf était sorti avec moi afin que je le protège en route or, c'est lui qui me protégea. Parmi les saints, il en est de grands et de petits 1 L'auteur a dit Cette histoire indique que ce que le pèlerin Ya^yâ ibn Hassûn a relaté est la vérité, à savoir que Qûs et El-Uqsûr sont sur une même rive du Nil, car le « maître » Abû-1-Hasan a raconté ici qu'étant sorti de Qûs avec l'adolescent Yûsuf, ils allèrent tous deux le long du fleuve (par fleuve, il veut dire le Nil) jusqu'à ce qu'ils eussent atteint El-Uqsûr [F+ et cela est évident].


Le « maître » Mufarrag"2, dont il a été dit qu'il faisait partie des personnes de mérite et que tous deux passèrent la nuit chez lui, à Damâmil, comptait parmi les saints célèbres par leur altruisme. Le pèlerin Yahyâ qui a été mentionné, [F+ mon oncle maternel], m'a raconté sur lui ceci C'était un noir. Étant entré à Damâmîl et ayant visité sa tombe, je posai des questions sur son « état » mystique ainsi que sur son mérite que les gens de la localité furent unanimes à reconnaître. L'un d'eux me dit ceci Le gouverneur"3 vint le trouver, un jour, en visiteur, et il lui offrit une belle hospitalité. Au moment de son départ, arriva auprès du saint une troupe de f uqarâ non-arabes auxquels il apporta du pain sans condiments. « Hé proxénète, lui dirent-ils alors, quand le gouverneur vient te trouver tu lui offres une belle hospitalité, et lorsque les f uqarâ viennent à toi, tu te conduis avec eux en avare » n Puis, l'ayant frappé, ils le jetèrent dans un puits qui était auprès de lui, jurant qu'il n'en sortirait pas tant qu'ils ne lui auraient pas faire rendre raison214 il se tint donc debout, au fond du puits, demandant pardon et se dépouilla de ses vêtements à titre de pénalité. Ils le firent alors sortir, vendirent ses vêtements à titre de pénalité"8, et mangèrent ce dont ils eurent envie, avec le prix qu'ils en retirèrent. Lorsqu'ils l'avaient jeté dans le puits, un morceau de bois, au fond de celui-ci, avait atteint son œil et l'avait crevé c'est pourquoi il était borgne2".

10. AM 'Abd Allâh Muhammad el-Yaslltant. – Petit217, il était sorti de la montagne des Banû Yastîtan et, s'étant fixé dans celle des Banû 'îsî, qui font partie des Battûya, il [F+ y] demeura comme berger moyennant salaire. On"8 lui fit alors aimer le jeûne et l'adoration, et il faisait, en cachette de son patron, l'aumône de son


déjeûner. Son existence fut « dévoilée » au a maître » Abu Ibrahim Ismâ'îl ibn Sayyid en-Nâs qui l'instruisait et lui ouvrait l'intelligence; Dieu fit alors « déborder » sur lui les connaissances mystiques et le « ravit » au monde de l'Angélité111 pour l'amener à celui de la Toute-Puissance"90. J'ai entendu le « maître » Abû-1-Hasan 'Alî ibn Mâhûh IF+ et-Tûzînî] dire ceci « Mon seigneur Abû 'Abd Allâh m'a dépassé dans le monde de la Toute-Puissance, mais je l'ai dépassé dans celui de l'Angélité » et Abd -1-Hasan était l'un de ses [F+ plus grands] disciples [F+ et l'un de ses serviteurs particuliers]. Ces paroles, si elles sont prises avec leur valeur apparente, contiennent une contradiction car le monde de la Toute-Puissance étant audessus de celui de l'Angélité, comment donc celui qui est le plus bas dépasserait-il celui qui est le plus élevé? Leur sens est que le « maître » Abu 'Abd Allâh était un « ravi »211 [F+ qui n'avait pas à lutter beaucoup] etqu' Abû1-Hasan était un « cheminant »"2 celui-ci doit lutter et prodiguer ses efforts tandis que le « ravi », l' a attiré »"* jouit de la contemplation de Dieu et de sa proximité. J'ai entendu le « maître », le pèlerin vertueux Abu 'Imrân Mûsâ ibn 'Abd es-Salâm, [F+ qui avait pu connaître le « maître » Abu 'Abd Allâb], dire ceci Abû 'Abd Allâh el-Yastîtanî fut « recherché », « vaincu » et « ravi » il fut « attiré » et fut alors « éduqué ». Il parvint au monde de la Toute-Puissance en s'élevant hors de celui de l'Angélité. Il repoussa toutes les délices en fait de femmes, de nourriture et de sommeil; son corps était maigre, sa personne (rasm) dépérissante et il ne pouvait presque rien ressentir des événements de ce bas-monde. En manière de « lutte » contre les passions (mugâhada), il observa constamment la pratique de se laver complètement pour chaque prière et c'est à cause de cela que le feu ne quittait pas son logis.

J'ai entendu le « maître n Abû-1-Hasan dire ceci Les


gens pensent de nous que c'est pour nous éclairer124 que nous nous appliquons à avoir constamment le feu allumé [F+ devant nous] mais c'est simplement parce que, ressentant des souffrances et des douleurs à cause de la violence de la faim, lorsque la chaleur du feu nous tient compagnie" nous trouvons [F+ in sa proximité] un apaisement pour ces souffrances [F+ et un soulagement dans nos membres].

A cause de la durée de son jeûne ininterrompu, les membres du « maître Abû Abd Allâh ressentaient toutes les souffrances possibles et il faisait alors usage d'onguents. Parfois, à certains moments226, il perdait connaissance et ses disciples, craignant, par respect, de s'approcher de lui, employaient des éventails, constitués par des plumes d'autruche fixées à l'extrémité de longs bâtons, avec lesquels ils l'éventaient [F+ pour en chasser les mouches. C'est simplement pour obtenir leur baraka que nous les avons conservés.]

J'ai entendu le pèlerin Sulaimân el-Waryâgalî, qui comptait parmi ses disciples, dire ceci Comme nous étions chez lui, une nuit, le lion rugit avec insistance. « Dites-lui, nous commanda-t-il, de s'en aller au logis d'Un Tel et de prendre dans son bétail une brebis qui est restée et qui fait partie de l'impôt canonique 1 D On lui dit donc cela et il ne s'était écoulé qu'un temps minime que nous entendîmes des cris dans la maison de cet homme. Le lendemain, il vint à la zâwiya et nous fit connaître que le lion avait bondi dans sa maison, [F+ la veille], et lui avait pris une brebis comptant parmi les meilleures bêtes de son troupeau « C'est le « maître » qui l'a envoyé vers toi, lui dîmes-nous alors, car il a relaté qu'une brebis faisant partie de l'impôt canonique était restée dans ton troupeau. En effet, dit l'homme j'avais songé à la remettre pour m'acquitter de l'impôt canonique mais elle me plut et je la laissai"7, disant que j'en donnerais une autre.


Cependant je remis à plus tard l'exécution de ce dessein, et c'est elle que le lion a prise hier. »

Un homme, parmi les gens de Bâdis, vint le trouver alors que sa femme était grosse et sur le point d'accoucher, [F+ et qu'il n'avait pas trouvé de quoi subvenir aux dépenses de son accouchement]. « Je désire, dit-il [F+ en son âme], qu'il me donne une sabla de blé et une belle (fâriha) brebis !228. » Lorsque j'arrivai auprès de lui, dit-il, [F+ je le saluai], ensuite, il donna un ordre à quelqu'un qui me versa le prix d'une sahfa de blé (elle valait quarante dirham-s) et commanda à un autre homme de me remettre une belle chèvre. Je revins d'auprès de lui, aussitôt, avec ce que j'avais espéré obtenir de lui en mon âme. Certains de ses disciples m'ont raconté qu'il leur ordonna de lui acheter à Bâdis, une jarre d'huile, de bonne huile sévillane. « Vous irez, leur dit-il, à la citadelle de Bâdis, auprès d'un commerçant qui s'y trouve et a nom Mûsâ ibn el-'Attâr229. » Nous vînmes donc auprès de ce dernier, dit l'informateur, et nous lui demandâmes une jarre d'huile230. « Je n'en ai pas !231 nous répondit-il. C'est le « maître » qui nous a envoyés vers toi, dîmes-nous, et c'est lui qui a dit qu'il y a chez toi une jarre d'huile sous le banc (sarîr) de la boutique"2. Je n'en ai pasl2" répéta-t-il. Fouille" lui dîmes-nous encore, car c'est le « maître » qui nous en a informés » Or, après bien des recherches, il la trouva elle avait disparu sous le banc"5, parmi de l'alfa et des ustensiles quand il l'eut tirée et qu'il en eut défait le tampon fhitâm) il constata qu'elle était remplie de l'huile la meilleure et la plus pure. « Par Dieu, dit-il, elle date certes de longtemps 1 J'avais fouillé cet endroit de nombreuses fois mais je n'y avais rien vu"4. » Nous la lui achetâmes alors et nous la portâmes au « maître » qui s'en réjouit

Le « maître » Abû-1-Hasan 'Alî ibn Mâhûh m'a raconté ceci Mon seigneur Abu 'Abd Allah el-Yastîtanî était en


correspondance avec Abû Ishâq ibn 'Ubaidîs"7 qui, chaque année, lui expédiait de Grenade de la marmelade (ma'gûn) de cédrats. Or, comme une seule année il s'était mis en retard, le « maître Il dit « Qui de vous ira trouver Abû Ishâq et nous rapportera de chez lui la marmelade de cédrats ? » L'un des serviteurs888, dit-il, partit, traversa la mer, [F+ tout seul, sans barque], et l'apporta fort promptement. Le « maître » Abû-1-Hasan ne me désigna28* pas ce serviteur240 [F-f- qui traversa la mer] et je pense que ce fut lui qui se chargea de cette mission.

Abû-1-Hasan 'AU, qui a été mentionné, m'a raconté ceci Nous partîmes avec mon seigneur Abû 'Abd Allâh dans l'intention de gagner F Ouest M0° (garb). Lorsque nous fûmes parvenus à Fagg el-'Arûs21ob, [F+ qui est la fin du pays des Battûya et le début de celui des Gaznâya, et d'où l'on domine les pays de l'Ouest], nous l'y fîmes descendre auprès d'un point d'eau, au sommet (ra's) du col. Ayant alors regardé dans la direction de l'Ouest, il baissa la tête et dit « Ramenez-moi d'ici à l'endroit [F+ d'où je suis venu] car, lorsque j'ai regardé vers l'Ouest, mon cœur s'est revêtu de ténèbres. » Nous le ramenâmes alors, dit-il, de là à son logis, dans le pays des Battûya, et il ne cessa d'y habiter jusqu'à ce qu'il mourût.

Le pèlerin Abû-1-Hasan qui a été mentionné m'a raconté ceci Je l'avisai un jour"1 que le moment du magrib était proche, mais il ne fit pas attention à moi. Ensuite, étant revenu le trouver, je lui dis « La prière 1 Oui 1 me répondit-il, puis il ne fit plus attention à moi. Lorsque ce fut entre les deux 'ièâ-s, il m'appela et je lui donnai de l'eau chaude qui était préparée, chez nous, pour sa purification rituelle; il se lava alors entièrement et fit complètement ce qu'il est un devoir de faire i empiétement ensuite, il fit les prières du magrib et du 'iéc en même temps et en les réunissant. Quand il eut fini de prier, il se tourna face à la qibla, s'allongea et mourut.


11. Abu Tâhir Tamîm ibn el-'Allâm*

Il était originaire de la montagne des Baqqûya, qui est à proximité de Bâdis, à cinq parasanges de cette localité. Son « maître était Abû Ibrahim ibn Sayyid en-Nâs24». Le pèlerin Sulaimân el-Waryâgalî m'a raconté sur lui ceci Comme nous étions avec Abû 'Abd Allâh elYastîtanî à l'ermitage d'Abû Dâwûd, Abû Tâhir étant présent, Abû 'Abd Allâh lui dit « Qu'ont donc (mâ bâl) le pain et les figues"3" de Malaga? Est-ce une invite que tu me fais à ce sujet, ô Abû 'Abd Allâh? » lui demanda-t-il et, après s'être absenté pendant un temps minime, il présenta devant nous du pain et des figues de Malaga.

« Jusqu'où l'eau atteint-elle celui qui marche dessus? lui demanda-t-on un jour. En ce qui me concerne, répondit-il, jusqu'aux lanières des sandales. » Le « maître » et pèlerin Yahyâ ibn Mahlûf el-Yafrâsanî el-Baqqiwt m'a raconté ceci Je vins un jour, avec mon frère [F+ du village (manzil) connu sous le nom] des Banû Abî 'Amr. « Obliquons pour rendre visite à Abû Tâhir 1 dis-je à mon frère lorsque nous fûmes près"4 de la maison de ce « maître » mais mon frère qui était plus âgé que moi me rabroua et me répondit qu'il ne le ferait pas. « II me le faut absolument 1 » continuai-je et je m'écartai dans la direction de sa maison tandis que mon frère s'en allait sur la route cependant, lorsqu'il eut vu ma résolution, [F+ il se rangea à mon avis et] me suivit. Arrivés à la maison d'Abû Tâhir, nous le trouvâmes [F+ dans son logis] occupé à nourrir des hôtes qu'il avait. [F+ Lorsque je l'eus appelé], nous le saluâmes. [ F+ « Entre 1 » me dit-il. J'entrai et le trouvai debout, ayant à la main un récipient contenant du beurre fondu qu'il versait sur la nourriture; nous nous assîmes donc pour manger, mon


frère et moi]. Le maître » ayant pris un morceau de viande et me l'ayant tendu, je le pris et le donnai à mon frère. « Ne lui donne rien, me dit-il, car il t'a dit qu'il n'avait pas besoin de rendre visite à Abû Tâhir I » et il ressemblait à quelqu'un qui aurait voulu effrayer mon frère. Puis, prenant un autre morceau, il me le tendit [F + et, comme je voulais alors le passer à mon frère, il me le défendit. « Le premier lui suffit, dit-il, car il n'est pas venu en visiteur mais seulement pour être d'accord avec toi 1 1) Abû 'Aqîl, descendant du « maître » Abû Dâwûd, m'a raconté ceci Il advint que Yahyâ ibn el-Wazîr el-Wattâsî245 s'étant attaqué à des gens et les ayant opprimés, ceux-ci supplièrent Abû Tâhir d'aller jusqu'à lui et de leur servir d'intermédiaire pour être délivrés de cette oppression (dalâma). Il le fit donc et se mit en route pour aller le trouver. Parvenu à un certain point du chemin, il dit à ceux de ses compagnons qui étaient avec lui « Retournons, car notre homme (il voulait dire Yahyâ ibn el-Wazîr) vient d'être tué D'où le sais-tu? lui demandèrent-ils. Depuis le moment où je suis sorti de mon logis, répondit-il, je n'ai pas cessé de le voir devant moi; mais, quand je suis parvenu ici, il a disparu de ma vue c'est donc qu'il vient d'être tué, de toute nécessité i [F+ Il revint donc]. Quelques jours après, la nouvelle parvint que Yahyâ avait été tué [F-|- au moment où le « maître » avait avisé de sa mort]. Un certain de ses compagnons m'a raconté qu'un groupe de personnages vertueux des Baqqûya se mit en route pour se rendre, pour une affaire"8, auprès de 'Abd elMalik ibn Abî Bakr el-Yafrâsanî (un autre m'informa que l'homme était Ibrahim ibn Mûsâ el-Haitamî, éaih des Banû Haitam), et parmi eux était Abu Tâhir. 'Abd el-Malik, qui était Saih des Banû Yafrâsan" leur prépara de la nourriture après en avoir demandé l'autorisation à Abû Tâhir qui la lui donna. Mais, lorsque la nourriture fut sur


le point d'être prête et qu'il les invita à s'en approcher, ils s'abstinrent. « 0 Abû Tâhir, dirent-ils, c'est toi qui nous as fait cela. [F+ Comment as-tu pu lui promettre que nous mangerions sa nourriture alors que nous savons qu'il n'y a chez lui que de l'illicite spécifié2*8?] Comment mangerions-nous de l'illicite? [F+ Ne vous tourmentez pas 1], leur répondit-il entrez avec moi dans la chambre et c'est moi qui vous débarrasserai de la corvée de le manger 1 Ils le firent donc. Quand la nourriture eut été déposée devant eux, il dit à l'hôte (sâhib el-ta'âm) a Nous sommes des gens qui mangeons avidement249 et nous n'aimons pas que quelqu'un nous regarde va-t'en donc d'auprès de nous » L'homme le fit. [F+ Lorsqu'il fut sorti, Abû Tâhir s'assit auprès du plat (qas'a)] et se mit à manger de cette nourriture [F+ il ne cessa d'en parcourir les plateaux et les bas-fonds], ni de puiser dans toutes les régions du plat, jusqu'à ce qu'il fût sur le point d'en venir à bout; il ramena ensuite la serviette (mindll) par dessus. [F+ Puis il appela le maître de la maison et] les assistants prononcèrent une invocation où ils demandaient pour celui-ci la bénédiction, [F+ selon la coutume des hôtes], comme s'ils eussent mangé [F+ et sans que l'homme doutât qu'ils l'eussent tous fait. Puis, ayant réglé l'affaire pour laquelle ils étaient venus], ils s'en retournèrent. ̃ [F+ Comment as-tu pu manger une si grande quantité de nourriture illicite?] lui demanda alors l'un de ses compagnons je n'aurais pas pensé que l'un des fils d'Adam fût capable de manger autant que tu l'as fait – Je n'ai rien mangé, répondit-il en souriant, et vous vous êtes seulement imaginé que je mangeais je jetais la nourriture que j'avais à la main à quelqu'un qui l'emportait et la déposait où l'on ne la voyait pas, [F+ dans un abîme (mahwâf), afin que nul ne l'utilisât].

Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Muhammad el-Ansârî, [F+ le bijoutier, célèbre sous le nom d'El-Adbas], m'a raconté ceci:


Ayant été atteint de la maladie des yeux, j'en ressentis un grand tourment et mon état empira à ce point que l'un de mes yeux s'éteignit et devint semblable à un grain de raisin. Le « maître » Abu Tâhir vint alors un jour à la boutique de mon père comme j'y étais et vit ce que j'avais à l'œil il souffla dessus trois fois et l'œil revint à sa place, normal, comme il était précédemment.

Il m'a encore raconté ceci Le prédicateur [F+ d'ElMazimma], le juriste Abû 'Abd Allâh Muhammad, fils du juriste Abû Yahyâ, fils d'Abû Bakr, fils du juriste 'Abd Allah250 el-Mazimmî el-Çimyarî2", m'a dit que le « maître » Abû Tâhir vint [F+ un jour] avec un homme [F+ d'entre les Baqqûya] à proximité d'une énorme montagne située dans leur pays; [F+ elle est auprès de la source ('unsur) des Aulâd *Alî] et se nomme Abû Bagl, c'est une montagne bien connue. « Que cette montagne est donc énorme dit son compagnon. Parmi les hommes, lui répondit Abu Tâhir, il en est qui posent leur main dessus. » Je regardai alors, dit l'homme, et je vis la montagne sous la main du maître Abû Tâhir. Ses prodiges sont fort nombreux et j'ai eu simplement pour but, par ce que j'en ai inséré, d'éveiller l'attention sur son mérite.

12. Abu Mûsâ 'Imrân Amsûl"

Il faisait partie des afrâd.

Le « maître » vertueux et agréé, Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Sûsân m'a raconté ceci C'était la coutume des dévôts, des personnages vertueux et des « maîtres a des Baqqûya de se rassembler la nuit de la Mi-Sa'bân, celle du 27 Ramadân et celle de *Âsûrâ!" à l'ermitage connu sous le nom de Umm el-Yumn et qui est situé sur la montagne qui domine le littoral de Makram*" c'est un ermi-


tage excellent qu'une femme vertueuse nommée Umm elYumn2" reçut, en songe, l'ordre de construire on lui donna son nom. Je me dirigeai donc, une nuit, vers cet ermitage, emportant beaucoup de pain malgré que je jeunâsse sans discontinuer, mais je me dis que, peutêtre, quelque faqîr en aurait besoin; je posai la sacoche contenant le pain sur le mur d'un enclos de pierres dépendant de l'ermitage et qui servait de cellule pour les gens adonnés à l'adoration qui voulaient s'y retirer. Lorsque l'appel à la prière du magrib eut été prononcé, le « maître » Abû Mûsâ 'Imrân Amsûl donna un ordre à quelqu'un qui lui apporta le pain, dont je n'avais pourtant appris l'existence à personne. « C'est là une « découverte » de la part du « maître », dis-je en moi-même; le parachèvement en serait que, connaissant mon jeûne ininterrompu, il ne m'accorde pas de part du pain. » Ayant alors regardé combien il y avait de personnes dans l'ermitage, il partagea le pain suivant leur nombre sans m'en rien donner. Son pouvoir de « découverte » devint alors assuré pour moi.

Comme j'avais raconté cette anecdote au « maître » vertueux Abû Yahyâ Zakarîyâ ibn Yahyâ, voici ce qu'il me dit Un jour d'entre les jours, je sortis dans la soirée pour me rendre à cet ermitage afin d'y rejoindre nos frères, selon cette même coutume. « Porte un peu d'herbe"» à la génisse, me dit alors ma femme, et à ce moment-là tu iras 1 Ce pourquoi je suis sorti, répondis-je, est plus méritoire que de porter de l'herbe à la génisse I Mais lorsque je fus entré auprès du « maître » Abû Mûsâ Amsûl [F+ dans l'ermitage], il dit, prenant la parole le premier « La femme de l'un de vous lui dit de porter de l'herbe à la génisse et il lui répond que ce pourquoi il est sorti est plus méritoire que [s'occuper de] la génisse; cependant il ne le sait pas peut-être son action de couper de l'herbe pour la génisse est-elle plus méritoire que ce pourquoi il


est sorti » Je sus alors, dit Abu Yahyâ, qu'il parlait de l'incident qui était survenu [F+ entre ma femme et moi]. Le logis d'Abû Yahyâ était proche de l'ermitage, à environ un mille157.

13. Abû Muhammad 'Abd Allâh el-Massârl»». Le public des Baqqûya, ses voisins et les autres, [F+ m'] a raconté sur son compte qu'il volait dans les airs, qu'il marchait sur l'eau, que la terre se repliait pour lui et que les fauves vivaient familièrement en sa compagnie. La célébrité qu'il s'est acquise ainsi dispense de citer ses prodiges

[F+ Il habitait au village (manzil) d'Âsikram"9 qui dépend du pays des Baqqûya; il y est enterré, dans la cour de la grande-mosquée.]

14. –Abu 'A bd Allâh el-Fard™.

Ses prodiges, qui se manifestèrent dans la montagne des Baqqûya, se suivirent sans discontinuité et se transmirent sans interruption, si bien que le promeneur (sâ'ir) ne s'entretenait pour ainsi dire que d'eux et que le voyageur ne se distrayait qu'en les énumérant. Il affirma sa libéralité en donnant tout ce qu'il possédait aux gens dans le besoin et dans la misère, ainsi que par son zèle extrême à traiter généreusement l'hôte, encore qu'il ne passât pas lui-même la nuit assuré d'une subsistance déterminée; [F+ il lui présentait tout ce qui était chez lui, peu ou beaucoup, avec une invocation qui se trouvait exaucée et par laquelle tout dommage était réparé].


15. Abu Ya'qdb Yûsuf ibn eS-Saffâf.

Le « maître » vertueux, le mu'addin Abû-1-Haggâg Yûsuf ibn 'Abd Allah el-Maddîfanî, qui était l'un de ses compagnons, m'a raconté ceci [F+ Je le servais il était venu à Bâdis et s'y était fixé. Il comptait parmi les notables de Qasr Kutâma"1 et était sorti de son pays, repoussant le rang qu'il occupait et l'éclat de ce qu'il possédait des biens de ce bas-monde; il fut le compagnon du renoncement, de la piété craintive et du peu d'usage de ce bas-monde jusqu'à ce qu'il mourût].

Abû Ya'qûb demeura de nombreuses années sans lever la tête vers le ciel, par honte de Dieu. Parfois, j'allais avec lui de la grande-mosquée à son logis, pendant la nuit; il me demandait alors si le ciel était serein ou non'*1 [F+ et je le renseignais].

Mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad, m'a raconté ceci Abu Ya'qûb était savant en ce qui concerne les ramifications et les principes de la science, ainsi que les livres de théosophie mais, malgré son savoir, il comptait parmi les gens dont la piété craintive était la plus intense et il était celui dont l' « intérieur (bâtin) était le plus sain. Un jour, me dit mon père, étant entré auprès de lui, il me tira une feuille d'El-Mastasfà211* dont le milieu avait été brûlé et qu'il me demanda de lui recopier* « 0 mon seigneur, lui demandais-je, et qu'est-ce qui l'a brûlée? O mon enfant, répondit-il, ma vue a faibli. Hier, tandis que je regardais cette feuille, je l'approchai de la lampe2'1 et une goutte d'huile tomba dessus je la mis alors sur la lampe afin que cette goutte d'huile séchât [F+ grâce aux rayons de la lampe] et elle se brûla. »

Le mu'addin Yûsuf m'a raconté ceci Je le suivis une nuit, [F+ après le dernier 'iSâ\, en quittant la mosquée. Il me passa alors par l'esprit une idée sur laquelle je


voulus l'interroger, mais j'éprouvai pour lui une crainte respectueuse. Ramenant alors sa tête vers moi, il me dit « Parle de cette chose que je vois bouillonner dans ton cœur! » Je la lui exposai donc et il me répondit à son sujet.

Il avait, du côté d'El-Qasr, un petit champ qui était sa propriété et provenait de son père et de son grandpère. On lui en apportait une minime quantité de grain dont il se nourrissait tout le long de l'année, tel quel (qafâran), sans sel.

Parmi ses prodiges les plus merveilleux est celui que m'a raconté qui j'ai voulu parmi les gens de Bâdis; il avait la valeur de la tradition ininterrompue (tawâtur) puisque les gens du pays en avaient été témoins. Une barque, me dit le mu'addin Yûsuf, étant partie de Bâdis [F+ se dirigeant vers Ceuta], l'ennemi sur mer la captura [F+ à proximité de Bâdis] et fit prisonniers les matelots qu'elle portait. Or, il y avait chez nous une vieille femme [F+ qui avait été l'épouse d'un homme connu sous le nom d'El-Magribî et qui était mort] elle avait deux enfants, dont l'un était un homme pubère et l'autre un jeune orphelin. [F+ Le frère aîné, devenu pubère et qui était marin, s'était mis à faire vivre sa mère et son frère] or, il fut fait prisonnier dans cette barque. La femme donc, accompagnée de son jeune fils, entra auprès du « maître » Abu Ya'qûb tandis que celui-ci, [F+ assis sur le banc {kurst)], était occupé à faire ses ablutions pour la prière du duhr. Lorsqu'il eut fini, la femme s'approcha de lui, ayant à la main l'orphelin; [F+ le garçon s'avança alors, lui baisa la main et se tint debout auprès de lui]. « 0 mon seigneur, lui dit la mère, j'avais un grand fils qui subvenait à mon entretien ainsi qu'à celui de cet orphelin; l'ennemi l'a pris [F + et je suis demeurée dans l'embarras avec cet enfant]. Peut-être invoquerais-tu Dieu afin [F+ qu'il me res-


titue (yagbur) mon fils et] qu'il le fasse relâcher de captivité ? » Serrant alors le garçon contre lui, le « maître » lui frotta sur la tête et dit « Ton frère reviendra, si Dieu veut » Lorsque ce fut la prière du 'asr, continua mon informateur, nous entendîmes un héraut (munâd'n) qui criait [F+ du plus haut de la Montagne de la Montée (g~abal el-'aqaba) qui surplombe Bâdis du côté de la Forteresse (qafa) des Sanhâga] « Gagnez l'ancrage de Yâllis2M, car il vient de s'y briser un brigantin (sullûra) appartenant aux Chrétiens267 1 Un groupe de gens se hâta donc, par terre, et [F+ certains autres] dans des canots, par mer [F+ ils constatèrent que c'était la vérité]. Ils trouvèrent les Chrétiens, et les prisonniers musulmans qui étaient avec eux, dans l'île [F+ orientale] de Yâllis, entre laquelle et Bâdis il y a six milles268. Le brigantin s'était brisé et les ravisseurs chrétiens étaient devenus les captifs de ceux des Musulmans qui avaient été leurs prisonniers. [F+ On amena le tout à Bâdis] et on leur demanda comme l'affaire s'était passée. « Les Chrétiens, répondirent-ils, ayant voulu enduire (tagltf) de suif (Sahm) leur brigantin dans l'île, nous firent débarquer en hâte sur celle-ci et et sortirent aussi tout ce qui était dans le bâtiment provisions, équipement, etc. ils l'échouèrent alors sur l'île et l'enduisirent. Mais, lorsqu'ils voulurent le remettre à la mer, [F+ une vague le heurta] ses bordages [F+ s'ouvrirent, se brisèrent et] se disloquèrent, sans que nous en sachions le motif288. » Les gens de Bâdis conduisirent à cette ville les Chrétiens captifs, et les prisonniers musulmans qui étaient entre leurs mains furent libérés; le fils de la vieille femme parvint ainsi auprès de sa mère et de son jeune frère; il passa cette nuit-là avec eux.

L'auteur a dit J'ai vu l'orphelin sur la tête duquel le « maître » avait posé la main et frère du captif en faveur de qui il avait prononcé une invocation; c'était alors


un vieillard approchant de la soixantaine et qui était connu sous le nom de Ibn el-Magribi. Il ne cessa d'être marin jusqu'à ce qu'il mourût et, grâce à la baraka de l'imposition de la main du « maître » Abu Ya'qûb sur sa tête, il n'éprouva jamais de malheur en mer. [F+ Le mu'addin Abû-1-Haggâg m'a raconté ceci Tandis que nous étions, une nuit, avec le « maître » Abu Ya'qûb occupés, en un groupe, à « mentionner » Dieu, il leva la tête. « Que signifie donc, dit-il, que les anges s'en retournent par la porte de la chambre? » On en chercha alors la cause et l'on trouva que c'était l'huile qu'avait apportée quelqu'un et qui était de l'huile de la goutte"0 (zait en-nuqta).]

Le mu'addin Abû-1-Haggâg qui a été mentionné m'a raconté ceci Nous étions une [F+ autre] nuit avec le « maître Abû Ya'qûb, occupés, en groupe, à « mentionner » Dieu. « Qu'est ceci? demanda-t-il alors en dressant la tête hors de l'encolure de son vêtement. Je vois les anges s'en retourner par la porte de la chambre 1 » Puis, s'adressant à un homme du nom de Muhammad el-Gumârî, un chantre"1 doué d'une belle voix, « Lève-toi, lui dit-il, et enlève cette tunique (gnbba) que tu portes 1 » Comme elle était rouge, teinte avec de la pourpre"9 (urguwân), nous dîmes que, peut-être, sa couleur lui avait déplu*7*. L'homme sortit donc, la plaça à l'intérieur"1 de ses vêtements et revint dans la chambre. « Ne t'ai-je pas dit de quitter cette tunique? » lui demanda le « maître » en levant la tête il ressortit alors et l'enleva "5. Or, l'ayant interrogé au sujet de cette tunique, nous trouvâmes qu'elle provenait d'un acte de spoliation Un Arabe avait attaqué sur la route des commerçants, dans la région de Bâdis, et leur avait pris des marchandises (asbdb) et divers objets (mata'); cette tunique était du nombre et l'arabe en question l'avait donnée au chantre Muhanimad el-Gumârî.


J'ai dit J'ai conçu des doutes sur le point de savoir si celui qui avait ravi la tunique était un arabe ou un citadin (madani) l'opinion qui prédomine dans ma pensée est que c'était un arabe, car cela se passait au moment où les Arabes avaient imposé leur domination dans le Rîf.

16. Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Nâhid.

C'était sa coutume constante de ne prononcer une invocation en faveur de quelqu'un, pour soulager un malheur ou obtenir une faveur, que moyennant une chose déterminée qu'il percevait.

Mon oncle maternel, le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn, m'a raconté que Muhammad [F+ ibn 'Ait], frère de son père Hassûn, fut capturé par les Chrétiens (rûm) [F+ et se fixa à Malaga"6 (que Dieu la fasse revenir à l'Islam 1); on dit alors à son frère Hassûn, qu'Abû Nâhid avait une invocation qui était exaucée]. J'allai donc auprès d'Abû-l-'Abbâs ibn Nâhid, dit Hassûn, et je l'avisai de la captivité de mon frère. « Tu donneras quarante dindr-s, me dit-il, et ton frère sortira. Peut-être suffirait-il de la moitié? lui demandai-je, dit Hassûn. Va-t'en répondit-il ton frère ne sortira pas de captivité à moins de quatre cents dlndr-s 1 » Je ne cessai, dit Hassûn, de m'occuper de l'affaire de mon frère et de prendre toutes les dispositions possibles je ne pus le faire sortir que moyennant la somme indiquée par le « maître » Abûl-'Abbâs ibn Nâhid, c'est-à-dire quatre cents dinars [F+ je m'émerveillai alors comme il convient de ce dont j'avais été témoin de sa part.]

Un autre m'a raconté ceci Il y avait en la ville de Ceuta un homme, un savetier (qarrâq), qui avait un enfant qui était allé en voyage à Malaga [F+ et y était demeuré son père ne cessait de lui envoyer dire de revenir, mais il s'y refusait. Il vint alors auprès du « maître »


Abû-l-'Abbâs ibn Nâhid et lui fit connaître l'histoire.] « Tu donneras un quart de quintal de semoule"7, lui dit celui-ci, et ton enfant t'arrivera dans le premier vaisseau (gafn). » L'homme, dit-il, le fit et lui remit ce qu'il avait demandé. « 0 mon seigneur, dit alors le savetier au « maître », voici qu'un vaisseau est arrivé de Malaga 1 Pars, lui répondit-il, et va à la rencontre de ton fils car il est dedans! 1 L'homme, dit-il, étant donc monté dans un bachot (ma'dîya), son fils, descendant du vaisseau dans un autre bachot, le rencontra.

L'auteur a dit En quittant Fès, Abû-l-'Abbâs s'était dirigé vers la ville de Ceuta en passant par les pays du Rîf. Or, le « maître » Abû Muhammad 'Abd Allâh, fils du capitaine 'Alî el-Bâdisî, connu sous l'appellation d'El-Baidaq278, m'a raconté ceci Comme nous étions à Târgâ279, dit-il, Abû-l-'Abbâs s'arrêta chez nous avec les membres de sa famille Çiyât) [F+ et il leur réserva un emplacement (gâta' lahum) dans une partie de la mosquée] il survint ensuite une tempête formidable [F+ la mer devint terrible et leur interdit le voyage], et il séjourna quelques jours à cause d'elle. Puis, [F+ un beau jour, tandis que la mer était dans le même état], il voulut partir. « Voici que notre séjour ici s'est prolongé, dit-il à l'équipage Çimâra) du canot; préparez-vous donc à partir!] Personne n'est capable d'approcher de la mer, objectâmes-nous. [Entreprenez le voyage avec la bénédiction de Dieu !] dit-il; transportez les ustensiles (asqdt) [F+ et les livres] jusqu'à la mer car nous allons partir, si Dieu veut 1 Et la mer était bouillonnante et furieuse, dit l'informateur, mais à peine ses ustensiles avaient-ils séjourné880 sur le rivage qu'elle devint calme et tranquille. [F+ Ils poussèrent alors leur canot; il y monta avec sa famille et] partit immédiatement, par mer, [F+ se dirigeant vers la ville de Ceuta où il résida jusqu'à ce qu'il mourût].


17. Abû Marwân 'Abd el-Malik el-Wahânisl. Ce fut un tueur [F+ d'adorateurs de croix en fait d'évêques et] de moines il était des gens de Wahânis"1. [F+ Mon oncle maternel, le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn, qui l'avait accompagné et servi, m'a raconté ceci Le « maître » Abû Marwân témoignait de beaucoup d'enjouement (du'dba) et de familiarité (basf), au point que ceux qui ignoraient son « état » mystique disaient « Celui-ci n'est pas un saint »]

[F+ Quelqu'un des gens de Bâdis, et je pense que c'est 'Abd Allâh, fils du capitaine 'Alî el-Baidaq, m'a raconté ceci Comme nous nous étions assis, un groupe de gens de Bâdis, auprès (ilâ) du « maître » Abu Marwân el-Wahânisî en la ville de Ceuta, nous vîmes en lui beaucoup de familiarité. « Où est cet individu-ci par rapport à mon seigneur Abu Ya'qûb ibn es-Saffâf » dis-je dans mon esprit. Ramenant alors sa tête de notre côté, Abu Marwân dit » Vous autres, gens de Bâdis, vous avez vu comme témoins le « maître » Abû Ya'qûb es-Saffâf et nul autre que lui n'est grand dans vos poitrines » Je sus alors que c'était un homme à prodiges.]

Mon oncle maternel, le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn, m'a raconté ceci Le « maître » Abu Marwân passa la nuit, en Syrie, dans l'ermitage (dair) d'un moine. Lorsque ce fut le matin, [F+ et qu'il songea à sortir], il chercha la porte de l'ermitage mais n'en trouva pas trace. Étant alors venu auprès du moine pour lui demander qu'il la lui fît voir, « N'est-ce point par elle que tu es entré? lui demanda celui-ci. Mais si 1 Sors donc par où tu es entré 1 répondit-il. [F+ Il ne cessa de tourner dans l'ermitage, dit l'informateur, mais il ne put trouver la porte]. « Je ne l'ai pas trouvée 1 dit-il. Comment trouvestu cela, ô 'Abd el-Malik? lui demanda alors le moine;


j'ai disposé8" de toi quoique tu prétendes que je suive une vaine doctrine 1 » Puis, s'étant levé, il l'accompagna pour lui montrer l'emplacement de la porte et 'Abd elMalik sortit, profondément troublé. Lorsque, parvenu au Caire, il entra auprès du « maître », du saint [F+ Abû1-Hasan 'Alî] ibn es-Sabbâg«», « 0 'Abd el-Malik, lui dit celui-ci en le voyant [F-)- comment s'est-il fait (tasawwar) qu'] un moine mécréant ait disposé de toi? Retourne vers lui 1 Et ta sollicitude (himma)u* sera avec moi? Et ma sollicitude285 sera avec toi 1 [F+ Il retourna donc immédiatement]. Le moine avait coutume de jeûner sans interruption pendant quarante jours. Lorsque Abû Marwân entra auprès de lui, dans son ermitage, les muscles pectoraux du moine furent pris de tremblement à sa vue et il sut qu'il n'était revenu vers lui que pour une affaire d'une importance extrême (zâ'id). « Que t'arrivet-il, ô 'Abd el-Malik? lui demanda-t-il. Je suis revenu te trouver, répondit ce dernier, [F+ pour jeûner sans interruption avec toi]. Combien de temps jeûnes-tu, toi, d'une façon continue? Quarante jours! dit le moine. Je viens de t'en retrancher dix », répliqua Abu Marwân et, au bout de trente nuits, il ne fut plus capable de prolonger son jeûne pendant la durée d'un clin d'œil et mangea. « Je viens de t'en retrancher dix lui dit ensuite Abu Marwân et, au bout de vingt jours, il ne put pas continuer davantage et mangea. « Je viens de t'en retrancher dix 1 » lui dit-il encore, et, après cela, il lui en retrancha cinq, traitant ainsi le moine, progressivement et sans cesse, jusqu'à ce que celui-ci fût mort de faim et le couvent tomba sur lui en ruines. [F+ Abu Marwân revint alors auprès du « maître » Abû-1-Hasan ibn esSabbâg après avoir, grâce à la baraka de ce dernier, disposé du moine.]

Le pèlerin Yahyâ [F+ ibn Hassûn] qui a été cité m'a raconté ceci Nous étions avec lui en Andalousie, au


cours d'un voyage, et nous passâmes la nuit dans l'une des bourgades [F+ d'El-Busârât288]. Le matin, un certain « ami » (mufyibby" nous apporta un plat (qas'a) de bouillie (daiiS) de sorgho (banig) [F+ (c'est le durra) dans lequel il n'y avait pas de corps gras (idâm)]. Nous étions dans la mosquée. « Apporte cette fiole (binnls) qui est suspendue, dit alors Abû Marwân au mu'addin, (voulant parler dela fiole de la mosquée, celle qui en contient l'huile), afin que nous en prenions de l'huile 0 mon seigneur, lui répondit-il, il n'y a rien dedans. Apporte-la, repritil, [F+ avec la bénédiction de Dieu 1] Il n'y a rien dedans, répéta-t-il. Fais ce qu'il t'a ordonné » lui dirent alors ceux [F+ des assistants] qui connaissaient le pouvoir surnaturel de « disposition » (tasarruf) du « maître ». Le mu'addin lui tendit donc la fiole, dit l'informateur; Abû Marwân la saisit dans sa main et, après avoir invoqué le nom de Dieu, lui fit décrire un cercle au-dessus du plat. Il commença par un côté du plat, dit-il, mais il ne sortit pas d'huile; lorsque, en faisant décrire le cercle à la fiole, il fut parvenu à l'endroit où il avait commencé, l'huile jaillit au point qu'elle emplit le plat tout entier; tous ceux qui étaient présents mangèrent [F+ jusqu'à ce qu'ils se fussent rassasiés jusqu'au dernier] et cependant l'huile resta dans le fond du plat. Lemu'addin jura alors par la répudiation définitive, à ceux qui furent présents après la sortie du « maître », qu'il n'y avait rien dans la fiole car il en avait épuisé de sa main le contenu lorsqu'il avait allumé la lampe, le matin [F+ et, ayant examiné cette fiole après la prière du subfr, il n'y avait pas trouvé une seule goutte].

Le pèlerin Yahyâ qui a été cité m'a raconté ceci Lorsque le « maître » Abû Marwân se fut fixé en la ville de Ceuta, il se mit à préparer, la nuit de la Nativité288, de la nourriture pour les fuqarâ qui la mangeaient. La nourriture qu'il donnait consistait en gimblettes"" et en miel; les


fuqarâ et les « amis » étaient présents cette nuit-là, et l'on y donnait une séance musicale (samd*). Or, un faqir vint d'Orient dans le dessein de lui rendre visite, ayant avec lui une sacoche contenant des feuilles de chanvre, ce qui, chez ceux qui en font usage, est connu sous le nom d'el-haèlS2*0 ce faqlr avait passé la nuit [F+ de son arrivée] à la mosquée291 de Higâr es-Sûdân292, à l'extérieur de la ville. Le matin, il se dit qu'il n'était pas convenable893 d'entrer auprès d'un « maître » d'entre les « maîtres » avec une chose déclarée illicite. Il se dirigea donc, dit l'informateur, vers un cimetière2" où il enterra sa sacoche sous du sable et des pierres, puis il entra auprès du maître ». Quand [F+ ce fut la nuit,] le faqîr vit à la séance musicale (samâ'), à la danse [F+ et aux lampes (qanâdit) de verre] quel était le but de cette réunion; il fut alors pris du désir de faire usage de haéiê et se dit que seul cet endroit convenait à cette opération il résolut donc, lorsque ce serait le matin, d'aller au cimetière, d'en extraire sa chose et de l'employer [F+ pour revenir ensuite à la maison du « maître ». Mais le matin,] le « maître » envoya une personne d'entre ses serviteurs et lui dit « Va-t'en [F+ au cimetière (maqbara) de Higârat es-Sûdân], à l'enclos funéraire (rauda) qui est à telle place, et fouille dedans jusqu'à ce que tu y trouves une sacoche enterrée dans le gravier [F+ et pleine de quelque chose] prends-là, sans l'ouvrir, et lance-la dans la mer » » L'homme fit ce qu'il lui avait ordonné [F+ et revint. Lorsque le jour se fut levé et que] le faqîr propriétaire de la sacoche parvint à la place de celle-ci, il ne la trouva pas [F+ il fouilla sans relâche, pensant que son emplacement lui était caché; mais, n'ayant rien trouvé], il acquit la certitude qu'elle avait été emportée et revint alors à la maison du « maître » Abû Marwân. « O faqlr, lui dit celui-ci en souriant et après l'avoir regardé, lorsqu'il entra auprès de lui, les morts ont mangé ta chose » »


Le laqfr se mit à demander pardon et fit amende honorable (ansaf) [F+ il fit abandon de ses guenilles (hirdq) et les luqard en disposèrent.]

J'ai dit Je n'ai cité le « maître » Abu Marwân, [F+ malgré qu'il fut andalous], que parce qu'il pérambula dans notre pays [F+ et qu'il fit une tournée auprès des personnages vertueux pour les visiter]. Ses prodiges sont nombreux.

Le « maître » d'Abû Marwân, a dit le pèlerin Yahyà, est le « maître » Abu Muhammad Sâlih»" [F+ el-Mâgirî, qui fut le « maître » d'Asfî en son temps.]

On a raconté sur son compte qu'il dit ceci Je voulus prendre la main d'un « maître », en Égypte, mais il me dit « 0 'Abd el-Malik, je n'ai pas de droit sur toi ton « maître est Abû Muhammad Sâlih el-Mâgirî qui est à Asfî. » [F-f Je ceignis donc ma taille, dit-il, et] je revins vers celui-ci qui, lorsque je fus entré auprès de lui, me dit « 0 'Abd el-Malik, tu n'es venu que lorsque l'on t'a envoyé! » »

L'auteur a dit Le « maître » Abu Muhammad Sâlih compte parmi les plus grands « maîtres » [F+ du Magrib] et il est l'auteur de nombreux prodiges. [F+ Ibn ez-Zayyât l'a pu connaître mais il n'a pas cité de prodige accompli par lui car, lorsqu'il composa son livre intitulé Et-TaSawwuf ritjâl d-ta?awwuf, Abu Muhammad Sâlih vivait encore et l'auteur avait stipulé qu'il ne citerait aucun des vivants. Telle est l'habitude de ceux qui ont composé des ouvrages sur les prodiges El-QuSairî cependant n'a pas observé cette règle et a relaté des prodiges attribués à Yustâd Abd 'Alî ed-Daqqâq et au « maître » Abu 'Abd er-Rahmân es-Sulamî]. Abû Muhammad Sâlih est l'auteur d'un ouvrage sur la théosophie, [F+ d'une belle distribution et de beaucoup d'utilité, qu'il tira des livres traitant de cette matière] il le nomma Talqln el-muTîd [F+ et il y relate une petite partie (nabd) de


ce qui lui arriva]. Il y dit La désapprobation des juristes s'acharna contre moi et cela me causa de l'angoisse. Or, ayant eu un songe, je vis un ange2*» qui descendit du ciel et me dit « Tu es angoissé par la désapprobation que les juristes ont manifestée à ton égard; ne fais pas attention à eux tous sont « terrestres », il n'en est point parmi eux de « céleste » 1 Il voulait dire par là que, parmi les juristes, il y en a dont la pratique n'est pas en concordance avec la science*

18. Abû-l-Haggâg Yûsuf eLQaslr.

Le pèlerin Abu 'AU el-Hasan ibn Hannâ [F+ el-Bâdisî] m'a dit que Yûsuf ibn Ahmad el-Bâdisî lui avait raconté ceci Il y avait à l'Ermitage de la Mer, à Bâdis, sur la montagne qui domine la mer, un homme, un saint, dont le nom était Yûsuf et qui était connu sous l'appellation d'El-Qasîr il pêchait des poissons à la nasse2*8 et en vivait. Il avait l'habitude de jeûner la plus grande partie du mois de Ramalân en la ville de Ceuta. Or, dit le narrateur, il advint qu'une année Ramadân me trouva en cette ville et j'y restai jusqu'à ce que nous eussions fait la prière de la nuit du vingt-sept2»*, qui était la nuit800 du vendredi le vendredi matin, nous nous trouvâmes résolus à partir pour Bâdis, après la prière, dans une barque nous appartenant. Le « maître » Abû-1-Haggâg el-Qasir me rencontra alors, dit l'informateur, et me demanda « [F+ Quand partez-vous? Après la prière, si Dieu veut 1 répondis-je. Je partirai en votre compagnie, continua-t-il;] j'ai des ustensiles (asqâl) que je mettrai avec vous dans la barque. Volontiers t lui dis-je. Lorsque nous eûmes fait la prière, il nous apporta une natte et des vases de terre cuite3" [F+ qu'il mit dans la barque]. [F+ « Nous avons préparé tout ce dont nous avons besoin], lui dîmes-nous,


et nous allons partir (maqlû'ûn) à l'instant. [F+ J'ai changé d'avis], répondit-il partez en sécurité, car je veux faire ici la prière du 'asr [F+ avec les Musulmans]. » [F+ Nous déployâmes donc notre voile et quittâmes l'ancrage de Bassûl], dit l'informateur; le vent était occidental [F+ et c'était l'une des choses qui nous favorisaient dans notre voyage vers Bâdis]. Ce n'était pas le milieu de la nuit que nous parvînmes à l'ancrage de YâlliS entre lequel et Bâdis il y a six milles. Nous y restâmes couchés jusqu'à la fin de la nuit et nous arrivâmes à [F+ l'ancrage de] Bâdis alors que le matin venait de pâlir. [F+ Nous vîmes alors quelqu'un qui marchait sur le rivage en se dirigeant vers nous et que nous pensâmes être un garçon] or, nous trouvâmes que c'était le « maître » Abû-1-Haggâg el-Qasîr. [F+ Il nous salua, nous tira l'amarre (barrîya) a0!! et l'attacha à une pierre] puis il nous prit ses ustensiles80" et s'en alla. J'oubliai que je l'avais vu la veille à Ceuta [F+ et que je l'y avais laissé]. Ensuite, m'étant assis avec lui, au bout d'un certain temps, [F+ je me rappelai cela]. « 0 mon seigneur, lui dis-je, nous t'avions laissé à Ceuta804 et nous t'avons trouvé le lendemain à Bâdis [F+ sur le rivage de la mer] 1 [Oui, me répondit-il en souriant, et voici seulement ce qui m'a retardé :] Comme j'avais atteint le wâdi de Yâllis, j'y trouvai une vache qui s'était égarée et qui appartenait aux gens d'ElQal'a805, [F+ aux Aulâd Yadîr] je la poussai devant moi jusqu'à ce que je l'eusse conduite à ses maîtres et, à ce moment-là, j'arrivai ici. » Je m'émerveillai de cela, dit le narrateur ensuite, j'interrogeai les gens d'El-Qal'a, ]F+ les Aulâd Yadîr]. [F+ « Est-ce qu'une vache vous appartenant s'est perdue à la fin du mois de Ramadân? leur demandai-je. [F+ Oui répondirent-ils. Une vache nous appartenant s'égara [F+ et nous la recherchâmes durant toute cette nuit-là sans en trouver trace. Lorsque nous eûmes désespéré de la retrouver et que nous fûmes


revenus à notre village (manzil)] au milieu de la nuit, nous entendîmes quelqu'un qui disait « [F+ Sortez et] prenez votre vache! » Nous sortîmes alors et rencontrâmes la vache sans trouver personne avec elle, [F+ ce dont nous nous émerveillâmes comme de juste. » L'histoire se trouva donc être authentique, dit le narrateur.] Et sa tombe est au musallà de Bâdis, a dit le pèlerin El-Hasan, à l'extrémité de son aile occidentale, auprès du flrndf806 qui pousse à la base du grand rocher (hagar)™7. 19. Abû Ishâq Ibrahim ibn Sâlih.

Il faisait partie des notables d'El-Mazimma et était de souche himyarite808.

Quelqu'un des gens de sa localité*09 m'a raconté au sujet de ce personnage qu'il avait entendu 'Alî ibn Sair810 ibn Sâlih [F+ qui avait pu le connaître et] était un vieillard âgé, dire ceci Ibrâhîm ibn Sâlih était le frère de mon père811, et son père est mon grand-père. La situation qu'il occupait (Ml) dans la vertu devint célèbre [F+ à la fin de son existence aucun de nous ne le soupçonnait de rien de cela] et il le voilait avec un soin extrême. Parmi l'ensemble des faits qui le rendirent célèbre, il y a celui-ci Il avait un verger (ganân), à l'extérieur d'ElMazimma, d'où l'on volait les grenades [F+ la nuit] mais cela ne diminuait en rien leur nombre. Or, il advint que celui qui les volait les porta à son logis pendant la nuit lorsqu'il voulut les manger, il n'y trouva aucun profit car leurs grains s'étaient corrompus et étaient devenus noirs. Étant alors venu trouver le « maître » Abd Ishâq, il l'avisa de la chose. « Repens-toi, lui répondit celui-ci, et ne recommence pas! Va-t'en les manger 1 u Le voleur se repentit donc [F-f disant qu'il ne volerait plus jamais,] et, étant retourné ensuite vers le reste des


grenades qui étaient à son logis, il les trouva toutes bonnes. Abû-1-Hasan 'Alî, fils du Sair déjà cité qui est le frère du personnage biographié, a raconté sur son compte ceci Les gens de sa famille entendant au milieu de la nuit le tintement (salll) du seau312 [F+ au centre de la maison, tandis que le « maître » était avec eux dans la chambre], pensaient qu'il s'agissait d'un voleur venu pour le dérober et ils l'en avertissaient. « Ce n'est pas un voleur, leur disaitil alors, mais simplement quelqu'un qui s'en sert pour ses ablutions. » Et ils étaient d'avis, dit-il, que cet individu qui faisait ainsi ses ablutions comptait parmi les génies croyants.

Sa terre était voisine de la terre appartenant à autrui, a dit le narrateur, [F+ et elles étaient toutes deux identiques au point de vue de la fertilité et de l'irrigation]. Or, sa terre était féconde [F+ en tout temps] et contenait du grain en abondance tandis que la terre qui en était voisine [F+ et appartenait à autrui] souffrait de la sécheresse et ne contenait rien.

20. Abû 'Ali el-Hasan el-Qazzâz3".

Le pèlerin et mu'addin 'Alî el-Andalusi m'a raconté ceci Le « maître » Abû 'Alî el-Hasan faisait partie des gens de Malaga et était le fils de la sœur d'Abû-1- 'Abbâs el-Qangairîsl« il était tisserand en soie (qazzâz) et s'occupait à tisser le brocart. Ayant épousé la fille de son oncle paternel à Malaga, il renonça ensuite à ce bas-monde et partit, adoptant le célibat (mutagarridan) pour se consacrer à l'adoration. Il vint à Bâdis, alors qu'il était un vieillard ayant environ quatre-vingts ans, et descendit à l'Ermitage de la Mer où il demeura un certain temps. Il avait un serviteur du nom de Muwaffaq et l'abondance devint grande à cause de lui dans cet ermitage car une barque


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n'arrivait pas à l'ancrage de Bâdis sans donner quelque chose à cet établissement.

Le pèlerin El-Hasan ibn Hannâ m'a raconté ceci Une grande barque venant de Séville à destination d'Oran arriva, chargée de figues et d'huile, à l'ancrage de Bâdis où elle séjourna sans rien donner à l'ermitage. Muwaffaq vint alors auprès du « maître » Abû 'AU et lui dit « 0 mon seigneur, la barque vient de partir 1 Elle reviendra, répondit-il, afin que nous mangions de son huile et de ses figues » Le vent oriental l'ayant alors repoussée, dit l'informateur, elle entra dans l'ancrage de Yâllis816 et, lorsque le vent lui fut favorable, elle repartit et passa devant Bâdis avec sa voile. « La barque vient de passer venant de Yâllis 1 lui dit le serviteur Muwaffaq. Elle reviendra, répéta le « maître afin que nous mangions de son huile et de ses figues » La barque parvint au cap Hurk8", dit l'informateur; le vent oriental froid"" arriva alors dessus et elle rentra dans l'ancrage de YâiliS après avoir enduré bien du tourment et avoir eu ses deux gouvernails brisés. Quelques-uns des matelots ('amara) de la barque étant alors arrivés à Bâdis318 pour acheter du bois81» avec quoi réparer les gouvernails, un des habitants de Bâdis leur dit que mon seigneur Abu 'AU avait déclaré [F+ à son serviteur] que cette barque ne partirait pas avant qu'ils aient mangé de son huile et de ses figues320. L'un des matelots s'en retourna immédiatement, dit l'informateur, et lui apporta une cruche d'huile et un sac321 de figues322. [F+ Dieu les favorisa alors et] le temps leur devint immédiatement propice; ils partirent donc et Dieu leur accorda ainsi ce dont ils avaient besoin.

Le mu'addin Yûsuf m'a raconté ceci Comme j'étais un jour au marché des Masattâsa"8 [F+ qui a lieu le jeudi], au moment de la plus forte chaleur (hâ§ira), voici que mon seigneur Abû "Alî [F+ passa auprès de moi]. M'étant levé pour aller à lui, je lui donriai824 quelques ~n)


concombres. « [F+ Quelle affaire as-tu ici? lui demandai-je. Je passe en voyageur, me répondit-il. -] Où vas-tu? Je désire faire une visite, à Ceuta 1 Lorsque ce fut le samedi, je le vis à Bâdis. « 0 mon seigneur, lui dis-je, où as-tu passé la nuit, la nuit du jour où tu m'as croisé chez les Masattâsa? A Targâ326, me répondit-il, chez Abû-1-Hasan 'AH ibn Zârî et-Targî. » Or, dit l'informateur, ce Targî étant arrivé par la suite à Bâdis, je lui demandai si c'était bien chez lui qu'avait passé la nuit mon seigneur Abû 'Alî, telle nuit? Oui, répondit-il, c'est chez moi qu'il a passé la nuit, [F+ la nuit du vendredi]. » [F+ Je m'émerveillai alors de cela, car c'était une étape (masâla) longue926 et pénible à cause de l'intensité de la chaleur]. Lorsque je me trouvai réuni avec le « maître », je lui dis « 0 mon seigneur 1 J'ai interrogé eAlî ibn Zârî au sujet de l'endroit où tu as passé la nuit et il m'a répondu qu'en effet, c'est bien chez lui que tu l'as passée. » Je vis alors, dit l'informateur, que son visage s'était transformé comme s'il se fût mis en colère contre moi327. « Que Dieu, dit-il, ne me rende pas profitable tout ce que j'ai vu si j'ai passé la nuit à Targâ avant d'avoir fait ma visite, à Ceuta, et d'être revenu à Targâ » »

Le pèlerin Abû 'Alî el-Hasan ibn Hannâ m'a raconté J'allai, une fois, en voyage à Ceuta et mon seigneur Abû 'Alî m'avait dit ceci « Ibn ed-Dars828, l'intendant (wakll) du qâ'idSM Ahmad er-Randâhî330 m'avait promis de me donner une aumône spontanée (futûh). Or, il ne l'a pas fait et il vient de construire une barque sur le rivage de la mer de Bassûl331, dans la direction de la qibla par rapport aux Thermes du qd'id la barque ne sera pas lancée hors de sa place tant qu'il ne m'aura pas donné ce qu'il m'a promis. » Lorsque je fus arrivé à Ceuta, dit le pèlerin, je trouvai la barque à l'endroit que m'avait indiqué mon seigneur Abû 'Alî et sa construction venait d'être achevée. Au bout de quelques jours, comme on


tentait de la lancer, elle se déplaça légèrement de l'endroit qu'elle occupait puis mordit dans le sable et nul ne fut capable de la remettre en mouvement. Le qâ'id rassembla alors tous les combattants de guerre sainte (guzâ1)33* de Ceuta ainsi que les ouvriers dela mer338, mais ils ne purent trouver aucun stratagème pour en venir à bout. Ayant alors rencontré l'intendant du qâ'id, Ibn ed-Dars, je lui dis « Tu avais promis quelque chose à mon seigneur Abû 'Alî? Oui, répondit-il, mais il partit en voyage et je ne le vis pas. Il m'a dit, continuai-je, que la barque ne serait pas lancée hors de son emplacement avant que tu lui aies remis ce que tu lui as promis. » Il me remit alors dix dirham-s, dit le pèlerin, en me disant de les lui porter. Le pèlerin Abû Bakr qui était de ma proche parenté et habitait au phare (manâra) de Ceuta m'invita j'allais donc avec lui et, lorsque je dominai la mer, depuis le phare, je vis la barque à flot. A mon retour, quelqu'un qui avait été présent me dit ceci « Ibn ed-Dars essaya de la lancer avec ceux qui étaient restés avec lui, après que les gens se furent dispersés, et Dieu lui rendit cette entreprise aisée après qu'il y eut éprouvé une peine considérable. »

Le pèlerin 'Alî el-Andalusî, le mu'addin, m'a raconté ceci Je dis à Abû 'Alî « As-tu vu El-Hadir? Mon avis est que je l'ai vu, répondit-il. En effet, tandis que j'étais auHigâz, dans un désert où j'étais entré en vue d'une pérambulation, j'y fus atteint, un jour, de faiblesse, de soif et de faim au point que je tombai sur le sol. Avant que je me fusse aperçu de rien, un homme apparut auprès de moi, debout, dans la tenue (hai'a) d'un faqîr et ayant à la main une gourde"4 contenant de l'eau il me tendit cette eau et je bus, puis il se tint debout auprès de moi, me faisant de l'ombre au moyen de son corps contre le soleil, jusqu'à ce que j'eusse retrouvé mes forces. Il me donna alors une jointée (fyufna) de dattes, me versa de l'eau


dans ma gourde et me dirigea vers une mosquée qui m'apparut dans le lointain. Je fis la prière du 'asr avant d'y arriver et je ne l'atteignis qu'à l'approche du magrib; il m'y rejoignit ensuite et je fis avec lui les prières du magrib et du dernier 'iéâ. Il disparut alors d'auprès de moi jusqu'au matin je fis avec lui la prière du subh et je demeurai ce jour-là dans la mosquée, pour me reposer il m'avait laissé, à la nuit, une jointée de dattes dans la qibla de la mosquée. Il fut absent d'auprès de moi pendant toute la journée et vint au moment du magrib; je fis avec lui les prières du magrib et du 'iëâ, et il disparut jusqu'au matin; je fis alors avec lui la prière et je lui demandai de partir; il me donna une jointée de dattes, je remplis ma gourde avec l'eau de la mosquée et je partis. « Fais tes efforts! me dit-il; peut-être atteindras-tu la région peuplée! » )1 Lorsque ce fut le moment du ijluhr, dit Abû 'Alî, je tombai en pâmoison (istalragtu) à cause des dattes il vint à moi et me dit « Il n'y a dans cette terre ni pain, ni dattes, mais fais tes efforts car la région peuplée est proche » Je marchai donc jusqu'au magrib, dit-il; j'arrivai alors à une terre où il y avait des plantes et je m'en réjouis comme de la bonne nouvelle de l'approche de la zone habitée. Je passai cette nuit-là dans la solitude et, le lendemain, j'atteignis la région peuplée. Lorsque je fus revenu à moimême, je me repentis d'avoir laissé passer l'occasion de le questionner et il me vint à l'idée que c'était El-Hadir, et Dieu sait mieux 1

J'ai dit Ce récit est corroboré par ce qu'a narré Ibn ez-Zayyât à savoir qu'Abû Gabal335 ayant eu faim à Barqa, un homme lui apporta deux galettes. Lorsqu'il entra par la suite auprès d'Abû-1-Fadl el-Gauharî, au Caire, il vit un homme qui conversait avec ce dernier et, quand cet individu fut parti, Abû-1-Fadl lui dit que c'était l'homme aux deux galettes.


21. Abû Muhammad 'Abd Allâh ej-Tawîl.

Le « maître » Abu cAbd Allâh Muhammad ibn es-Sabbân m'a raconté ceci 'Abd Allâh et-Tawîl était des gens de Fès, et faisait partie de ceux qui, s'étant retranchés du monde pour se consacrer à Dieu, s'adonnent continuellement à la récitation du tasbîh. [F+ Il ne cessait de dire « Gloire à Dieu Gloire à Dieu »] si bien qu'il devint connu sous le nom de 'Abd Allâh Gloire à Dieu et qu'il acquit par là une célébrité qui s'attacha à lui comme une marque au fer rouge (wasm). Il m'a raconté sur lui-même ceci Tandis que j'étais en Égypte auprès d'un certain « maître » (l'opinion la plus probable selon moi, ai-je dit, c'est que ce « maître » était Ibn es-Sabbâg)336, celui-ci me dit « Coudsmoi cette chemise337 » Je la lui pris donc, dit-il, et la cousis, tout en récitant le tasbîh pendant que je la cousais. Lorsque le vêtement fut terminé et que je le lui remis, il le prit, le déploya devant lui et le regarda. « 0 'Abd Allâh, me dit-il alors, tu as fraudé (fiabanta) cette piqûre [F+ seule, en ne disant pas dessus Gloire à Dieu !] car, sur chaque piqûre, dans ce vêtement, il y a écrit Gloire à Dieu sauf sur celle-ci », et il me la montra de sa main. Le juriste vertueux Abû-l-'Abbâs Ahmad, fils du « maître » Abû Zakarîyâ Yahya ibn Sa'îd ibn 'Abdûn ez-Zuhailî, m'a raconté ceci 'Abd Allâh Gloire à Dieu habitait chez nous, dans un logement (manzil) que mon père lui avait donné. Il s'asseyait constamment, dit-il, dans le petit verger (uraisa) qui nous appartenait à la Porte de la Mer; je m'asseyais en sa compagnie et je le questionnais sur les aventures des personnages vertueux. « Comment se fait-il que le sol se replie en faveur des saints? lui demandai-je un jour. C'est là la vérité, me répondit-il. S'est-il replié pour toi? continuai-je. Non, me dit-il, mais on m'a avisé de l'existence d'un homme, en Ifrîqiya, qui fait le pèlerinage canonique dans sa nuit. »


« Qu'as-tu vu de plus étonnant? » lui demandai-je un jour, a dit Abû-l-'Abbâs. Il me répondit Étant parti dans la direction de la Syrie pour une pérambulation, je m'égarai dans l'un des déserts de ce pays. Un mur alors m'apparut, je le gagnai et restai, appuyé contre lui et méditant puis je fus pris d'une extase qui me fit perdre le sentiment et je ne me réveillai qu'alors qu'un homme me remuait. « Qui es-tu? lui demandai-je. 0 mon seigneur, dit-il, je me repens Je me repens 1 Quelle est ton histoire? questionnai-je. Regarde le mur [F+ auprès de toi] » me dit-il. Je regardai donc or, voici que j'y vis deux flèches piquées dedans, [F+ à droite et à gauche de ma tête]. « Regarde devant toi » me dit-il ensuite. Je regardai; or, voici que je vis un homme, mort. « Qu'est cela? » m'enquis-je. Il me dit alors « [F+ Cet homme est mon compagnon et] nous sommes des détrousseurs, qui cherchons, dans cette terre, qui nous puissions dépouiller (man gugtâl). Lorsque nous t'avons vu, nous avons convoité de te capturer; quand tu te fus appuyé contre ce mur, nous sommes venus vers toi pour te dépouiller et, ayant vu que tu portais un beau costume, nous l'avons désiré (j'avais en effet sur moi du beau tissu à la mode du pays). Lorsque nous nous fûmes approchés de toi, continua l'homme, et que nous vîmes que tu restais appuyé sans bouger, nous dîmes « C'est un homme courageux il ne se soucie pas de nous 1 Nous le tuerons à l'arbalète (nibl) 1 » me dit alors mon compagnon qui te lança une flèche; elle vint à cet endroit et je lançai, moi, ma flèche qui vint loin de toi. Comme nous t'avions lancé les deux flèches sans que tu bouges, « C'est qu'il est endormi, me dit mon compagnon; avançons-nous donc vers lui pour le tuer 1 Ne le fais pas avant que nous connaissions son histoire 1 répliquai-je mais, sans m'obéir, il prit son poignard (hangar) et se dirigea vers toi il n'avait pas fait deux ou trois pas qu'une vipère le mordit il tomba sur


le sol, mort, et c'est lui qui est là. Je le regardai alors, jeté sur le sol, cependant qu'il disait « L'homme » Je sus donc que tu étais protégé contre nous par un voile (mahgûb) et je suis revenu, repentant, vers Dieu. » Je me levai, dit 'Abd Allâh, et je me mis à ensevelir l'homme son compagnon emporta ses vêtements et son armement, [F+ et Dieu me délivra de leur malice que la louange soit à Lui qui en est digne !]

22. Abu Ya'là el-Fatûh ibn Abî Bakr el-Mat'wl [F+ rt-Marwdnî]3™.

Il était des habitants [F+ du village (manzil)] d'Awîzagt et son père, Abû Bakr, était un pèlerin, un saint d'entre les saints de Dieu. Des prodiges apparurent en faveur d'Abû Ya'lâ qui indiquèrent la « sincérité » de sa sainteté il paraissait aisé mais, intimement, il était pauvre. L'un de nos compagnons, Muhammad ibn Qâsim, frère d'Ahmad ibn Qâsim el-Miknâsî le boîteux, habitant à Awîzagt et connu sous l'appellation de Qird el-laun (c'est l'auteur qui l'a dit)339, m'a raconté ceci Il était en correspondance avec un « maître » des Masâmida, et ils se connaissaient par ouï-dire (dikr) et à force de poser des questions (musâyala) l'un sur l'autre. Or, il advint que comme il était un jour assis dans sa demeure, il entendit le dikr d'une grande troupe de gens qui était sur le point d'atteindre son logis. « Voici Un Tel dit-il à ceux qui étaient présents, en voulant désigner le « maître » masmûdî dont il entendait parler. Je le vois qui s'est mis en route pour aller faire le pèlerinage canonique et il a conçu le dessein de passer auprès de nous. » Il ordonna alors de s'employer à préparer un repas d'hospitalité et l'affaire se réalisa ainsi qu'il l'avait prédit le « maître » passa la nuit chez lui et il l'hébergea généreusement. Lorsqu'il voulut partir,


Abû Ya'là lui dit « 0 Abû Un Tel Voici que tu pars pour ton voyage et tu as certes une puissance (èauka) terrible sur tes compagnons sois donc bienveillant pour eux durant ton voyage, car la bienveillance est ce qu'il y a de meilleur » [F+ Or, cela faisait partie de ce que ces pèlerins pensaient en secret et ils reconnurent alors son pouvoir de « découverte ».] Ayant ensuite regardé un homme, dans la troupe, qui avait à la main une sacoche, il dit à ses compagnons de la lui prendre. Ils la prirent. « Ouvrez-la 1 Il leur dit-il. On l'ouvrit et l'on y trouva un stupéfiant (muskir). « Ne crains-tu donc pas Dieu? demanda-t-il alors à l'homme dans la sacoche de qui le stupéfiant avait été trouvé. Tu t'es introduit parmi ces gens comme si tu étais un pèlerin faisant partie de leur groupe, alors qu'il est dans ton intention, si tu vois quelqu'un possédant un objet de valeur, de lui verser à boire ce stupéfiant pour le dépouiller340! » Puis, il ordonna que ce stupéfiant fût éparpillé (nusil) dans la terre et que celui sur qui il avait été trouvé fût chassé.

Il m'a aussi raconté sur lui ceci Il partit d'ici pour Tâgassâ3", à l'occasion d'une certaine affaire. Or, il y avait en cette localité une femme vertueuse du nom de Zahrâ el-Fahhârîya qui avait des enfants la femme de l'un d'eux était originaire des Masattâsa, se nommait Zainab et était connue sous le sobriquet de Kaffinûnî842 la nouvelle étant parvenue à celle-ci qu'Abû Ya'lâ allait arriver auprès d'eux, elle prépara un poisson à son intention. En route, l'un des compagnons du « maître » lui dit qu'il désirait manger du pain. « Ne le fais pas avant que nous soyons arrivés à la maison d'Ez-Zahrâ el-Fahhârîya, lui répondit-il, car sa belle-fille ('arûsa), Zainab Kaffinûnî, a préparé un poisson avec lequel elle nous attend 1 » Et, lorsqu'ils furent arrivés, ils trouvèrent que la chose était comme il l'avait dite.

Un autre que lui m'a raconté ceci comme le tenant d'Abû


Ya'la On me relatait des faits au sujet d'un saint qui était à Ceuta et je souhaitais le voir. Un soir, m'étant rendu à la mer et m'étant assis sur le rivage pour faire mes ablutions, je regardai dans la direction de Ceuta et vis un nuage qui s'était élevé au-dessus de la montagne d'ElMînâ"8, près de cette ville. Avant que je fusse sur le point d'achever mes ablutions, le nuage parvint à moi, avec, dedans, un homme qui me salua. «Qui es-tu, Dieu te fasse miséricorde? lui demandai-je après lui avoir rendu son salut. Je suis Un Tel 1 me dit-il, et c'était lui le saint dont j'entendais parler; il s'en retourna ensuite, comme il était venu, dans son nuage.

[F+ Un certain de nos compagnons m'a raconté qu'il tenait de lui ceci Comme je m'étais assis, un jour, sur un rocher (hagar) au milieu de la mer, réfléchissant à la question de la marche sur l'eau, mon âme m'incita à m'y livrer et je l'essayai mais j'enfonçai et sortis, et je m'assis, chagriné. Je vis alors quelque chose de semblable à un nuage qui s'avançait, venant d'El-Mînâ de Ceuta et il ne s'était écoulé que peu de temps qu'un homme parvint à moi. Lorsqu'il fut proche de moi, il marcha sur l'eau jusqu'à ce qu'il m'eut atteint et me dit « 0 Abû Ya'lâ, voici comment est la marche sur l'eau 1 » Je m'en émerveillai comme il convient.]

23. Abu Ibrdhlm Ishâq ibn Mathar3*3* el-Waryâgalt. Il était originaire de la tribu des Banû Waryâgal318b, [F+ de la fraction (fahd) des Banû Yammalak. Il était connu, à son époque, sous le sobriquet d'El-A'rag (= le boiteux) car des brigands ayant fondu sur lui, de nuit, dans une mosquée du pays des Saddarâta»*"1 alors qu'il y étudiait, il fut atteint à la jambe et en garda une forte boiterie. Son « maître » était Abu Muhammad Sâlih el-Haskûrî*]


Il fut l'unique de son époque en droit et en libéralité, ainsi que celui, parmi les créatures de Dieu, qui respectait le plus les liens (asbâb) de la fraternité. Il ne fit jamais preuve de faiblesse conciliante à l'égard d'un sultan.

Entre lui et les juristes de Fès, ses contemporains, survint un conflit portant sur une question juridique et dans lequel la droiture était son conducteur et la justesse son guide; les étudiants berbères se partagèrent à ce propos en factions et, les envieux ayant trouvé là un motif pour l'attaquer, la nouvelle parvint au sultan345 que les étudiants [F+ berbères] voulaient se soulever346 dans la ville de Fès, [F+ en raison de leur grand entêtement et du manque de retenue (isliiâla) de leurs langues]. Le [F+ sultan Ya'qûb ibn 'Abd el-Haqq] ordonna alors de l'expulser et d'expulser ceux des juristes, ses confrères, qui étaient en conflit avec lui, [F+ parmi lesquels se trouvaient Abû Ya'qûb el-Hassânî8"1 et Abû 'Abd Allâh ibn 'Imrân346b]. Mais Dieu manifesta à l'instant son argument sur ceux des gardes qui se chargèrent de son expulsion, et celui d'entre eux qui se chargea de ce forfait, [F+ le chef de la garde], qui était connu sous l'appellation d'Ibn el-'Attûr, se mit à manger sa chair84' jusqu'à ce qu'il mourût. La nouvelle en étant parvenue au sultan, celui-ci donna l'ordre de le ramener. [F+ Après cela, le sultan les magnifia, magnifia le juriste Abû Ibrahim et reconnut son mérite.] Il voulut le rencontrer mais ce dernier s'y refusa. « Tu n'as pas besoin de moi, lui dit le « maître », car ce que tu désires, je ne te le permettrai pas, et ce que je désire de toi, tu ne le feras pas 1 » et il demeura un certain temps se refusant à le voir.

J'ai dit Lorsque le prince Abû Yûsuf Ya'qûb ibn 'Abd el-Haqq eut construit la madrasa3*" [F 4- située dans la direction de la qibla de la grande-mosquée d'ElQarawîyîn, à proximité (min) de la Place aux Bœufs


(rahbat el-baqar)], à Fès et que la construction en fut achevée, il désira la voir. Il fit donc la prière à la grandemosquée d'El-Qarawîyîn, le vendredi, et fonça sur le juriste Abû Ibrahim après la prière, dans la grande-mosquée, [F+ alors que celui-ci priait dans la partie (ffânib) occidentale de la première rangée] l'ayant rencontré, [F+ il lui donna l'accolade], le salua et lui demanda, comme un présent, son invocation. [F+ Ensuite, il s'éloigna avec lui et] l'interrogea sur trois questions, mais Abû Ibrâhîm ne lui donna de réponse à aucune. « Nous nous sommes réunis ici simplement pour vivre en paix et nous entr'aider, lui dit-il, non pour nous interroger et discuter. [F+ Tu n'as pas d'intérêt à questionner], car je sais que si je te réponds quelque chose qui contrecarre ton intention, tu ne la feras pas f » [F+ et malgré ses insistances, il persista dans son refus, lui disant d'abandonner ce dessein car il ne lui répondrait pas.] « [F+ Prononce une invocation en notre faveur 1 » lui demanda alors le sultan; il le fit et] il s'en alla.

Voici l'une de ses belles actions, a dit l'auteur. Il nous arriva, à mon père et à moi, une affaire son épouse et deux petites sœurs que j'avais furent capturées. [F+ Mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad, ayant voulu aller avec les femmes de la famille ('iyâl) à Tîgîsâs qui fait partie du pays des Gumâra, avait pris les devants et leur avait envoyé un canot de pêche; or, l'ennemi sur la mer fondit dessus, à l'ancrage de Yâllîs l'épouse de mon père fut capturée avec une petite fille qu'elle avait eu de lui et ma sœur consanguine] elles habitaient la ville de Majorque*49 (que Dieu la restitue !). Nous partîmes donc pour tenter de nous procurer leur rançon [F+ auprès du prince Abû Yûsuf]. Ayant avisé [F+ le juriste Abû Ibrahim] de l'affaire, il compatit à notre douleur autant qu'il était possible et, ayant pris un volume (musfyaf) qui était auprès de lui et dans lequel il lisait son ivird du Coran, il en tira un demi


dinar qu'il nous remit en nous jurant, par Dieu, qu'il n'en possédait pas d'autre. Le lendemain, comme mon père était revenu le trouver, il lui dit « Soulève le côté de ce matelas (matrah) 1 (C'était celui sur lequel il était assis.) » Prends cette chose qui est dessous, continua-t-il quand mon père l'eut soulevé, tu t'en serviras pour constituer la rançon des membres de ta famille » Mon père la prit. « Compte, lui dit-il encore, car je ne sais ce que c'est 1 » Mon père y trouva vingt-six dînâr-s d'or ensuite Abû Ibrâhîm lui dit « Lorsque j'ai eu connu ton affaire, j'en ai ressenti une affliction considérable. « 0 Dieu, dis-je, accorde-moi quelque chose au moyen de quoi je puisse les aider » Un individu360 étant alors entré auprès de moi [F+ et m'ayant trouvé préoccupé de ton affaire, je la lui fis connaître] il apporta donc cette chose que je lui dis de poser sous le matelas. Il le fit et je ne sus ce que c'était seulement je ressentis une très grande joie. » Ensuite, il prononça en notre faveur une invocation dont nous constatâmes la baraka, car Dieu nous rendit aisée la constitution de la rançon des membres de notre famille malgré que ce fût une somme considérable. [F+ Nous étant rendus auprès du sultan, il nous accorda ce dont nous avions besoin et nous remit mille dînâr-s :] or, nous nous étions engagés à verser pour elles (qâta'nâ 'alaihinna) deux cent trente dinâr-s d'or. Notre consolation fut fort rapide [F+ nous étant rendus à la colline des Gassâsa, nous y trouvâmes les captives qui y étaient parvenues une nuit avant nous, et nous passâmes avec elles la nuit de notre arrivée. Dieu facilita ainsi leur délivrance, grâce à la baraka de l'invocation du « maître Abû Ibrâhîm et à la bonté de son intercession (muSâraka)

Les captives parvinrent dans notre pays au début de l'année de la famine qui suivit l'année des sauterelles351 la faim sévissait alors violemment et les prix subissaient une hausse continuelle au point que la safrfa de blé finit


par valoir quatre dindr-s d'or; mais il nous resta, comme reliquat de leur rançon, de quoi manger jusqu'à la moisson (sa' if a) et tout cela grâce à la baraka du juriste Abu Ibrâhîm"2.

24. Abû 'Imrân Mûsâ ibn 'îsà Atartûr.

Il était des Batâlisa353 et voici ce qui était devenu de commune renommée sur son compte S'étant assis à Damas (eé-Sa'm) sous une chambre haute ('illîya) pour s'épouiller, il défit une ceinture354 qu'il avait au milieu du corps et qui contenait un sachet355 renfermant quarante dirham-s et un qtrât3™; [F+ il délia alors le sachet et] les compta cependant qu'au-dessus de sa tête, une femme [F 4- astucieuse] qui était dans la chambre haute le regardait par la fenêtre. Lorsqu'elle se fut bien assurée du nombre des dirhams [F+ et qu'il voulut les remettre dans sa ceinture], elle descendit auprès de lui et l'empoigna. (f Donne mes dirhams » lui dit-elle. Comme il était sourd [F+ c'est pour cela que les Berbères l'appelaient Atartûr3"] il ne sut pas ce qu'elle voulait et il la repoussa d'auprès de lui; elle appella alors au secours et les gens se rassemblèrent. « Il m'est tombé de la fenêtre, dit-elle, un sachet contenant des dirham-s empaquetés; ce Magribin était assis en bas il l'a pris et c'est lui que voici dans sa main 1 Ils furent donc tous deux conduits358 au gouverneur (wdli). « Quel est l'indice de ta sincérité? demanda celui-ci à la femme.- Leur nombre, répondit-elle, est de quarante dirham-s et d'un qîrât [F+ en surplus] ». Le « maître », à cause de sa surdité, ne savait pas ce qu'elle disait on lui prit donc le sachet de la main et, comme on y trouva ce que la femme avait mentionné, le gouverneur ordonna de le frapper. [F+ Mais quand le garde35» voulut le faire], il demeura interdit. « Frappe! lui dit le gouverneur. Je ne puis remuer ma main, répondit-il, et je la


trouve sans force, comme si quelqu'un l'avait saisie! 1 Par Dieu, dit alors le gouverneur à la femme, si tu ne me parles pas sincèrement je vais t'infliger un châtiment exemplaire II a dit la vérité, avoua-t-elle alors, et c'est moi, certes, qui ai menti sur son compte [F+ les dirham-s sont à lui] ». Elle lui raconta ensuite l'histoire et le gouverneur le relâcha en lui faisant des excuses. [F+ Comme on avait questionné le « maître » à propos de cet incident, il répondit qu'il avait vu mon seigneur Abû 'Abd Allâh el-Yastîtanî qui, debout, retenait la main du garde.]

25. Abû-1-Hasan 'AU ibn Mâhûh et-Tûzinî. Il étaitde latribu des BanûTûzîn360, [F+fraction (fahd)] des Battûya, et son village361 était dans la montagne de Tasaft382, [F+ à vingt milles d'El-Mazimma]. Il faisait partie des disciples du « maître » Abu 'Abd Allâh el-Yastîtanî et ne cessa pas, pendant qu'il le servit, d'être humble (haqîr) et pauvre.

Le pèlerin Sulaimân el-Waryâgalî m'a raconté à son sujet qu'il n'y avait personne, parmi les serviteurs du « maître », qui pratiquât davantage la mortification (taqaëëuf) et travaillât plus que lui pour les juqarâ et la zâwiya et c'est pour cela que le « maître » le fit demeurer à sa place. Je fus présent, une nuit, à la zâwiya [F+ du « maître » Abû 'Abd Allah] alors que le rugissement du lion était devenu intense au milieu de la nuit. « N'y a-t-il pas parmi vous quelqu'un qui chassera ce chien? » demanda le « maître » Abû 'Abd Allâh. Le pèlerin 'Alî sortit alors, dit l'informateur, puis revint, tenant à la main le poil qui se trouve au toupet frontal363 (nâsiya) du lion. Nous n'entendîmes plus le rugissement de celui-ci et, le lendemain, nous le trouvâmes mort près3" de la zâwiya.


L'auteur a dit Je rendis visite, une fois, au pèlerin Abû-1-Hasan et je m'assis dans sa mosquée tandis qu'il était dans sa chambre. L'un des juqarâ de sa zâwiya, s'étant assis auprès de moi, m'entretint de ce qui était arrivé à Mûsâ ibn 'îsà Atartûr, à Damas, avec la femme qui prétendit qu'il lui avait pris les dirham-s histoire que j'ai rapportée précédemment et il me relata comment la main du garde fut retenue pour l'empêcher de le frapper; ce (agir me raconta alors que Mûsâ ibn 'Isa avait dit que, quand le garde avait voulu le frapper, il avait vu le pèlerin 'Alî ibn Mâhûh qui, debout, à côté de lui, avait retenu sa main. Comme le faqlr finissait son récit, dit l'auteur, un envoyé vint à moi, de la part du pèlerin 'Alî, pour me dire de me rendre auprès de lui; je me levai donc, laissant le faqîr dans la mosquée, et j'entrai auprès du « maître » 'Alî le pèlerin. Ce n'était pas le moment de prendre de la nourriture et je m'assis avec lui, observant s'il avait quelque affaire pour laquelle il m'eût appelé, mais je n'en entendis pas parler. Ensuite, il commença à raconter [F+ les prodiges des saints jusqu'à ce qu'il eût cité] l'histoire de Mûsâ ibn 'Isa sans qu'aucun motif s'en soit présenté à son cours lorsqu'il eut fini, il me dit « Et l'homme qui avait retenu la main du garde pour l'empêcher de frapper était mon seigneur Abû 'Abd Allâh el-Yastîtanî. » [F+ Puis, comme il laissait tomber la conversation, je m'en allai et] je sus [F+ que ce que le faqlr lui avait attribué lui avait été « découvert »] il m'avait simplement appelé parce que le faqtr ayant dit que celui qui retint la main du garde était le « maître » Abû-1-Hasan, il voulut [F+ s'en disculper et] se « voiler » au moyen de son « maître », alors que tous deux ne constituaient pour ainsi dire qu'une seule et même personne. Le prodige consiste en ce qu'il « découvrit » ce que le f aqlr m'avait raconté. [F+ Je retournai alors à la mosquée et trouvai ce faqtr assis, comme je l'avais laissé] s'il y


avait eu avec nous un tiers ou si le faqtr était sorti de la mosquée avant moi, j'aurais certes dit que c'était lui qui l'avait avisé.

Mon oncle maternel, le pèlerin Yahya ibn Hassûn, qui était pour lui un grand visiteur (zuwâr), m'a raconté ceci L'un des fuqarâ du « maître » Abû-1-Hasan 'Alî ibn Mâhûh nous arriva à sa zâwiya venant de voyage et apportant du raisin sec qu'il l'avait envoyé chercher, pour la zâwiya, dans un endroit éloigné. Lorsqu'il fut arrivé, il ordonna de le frapper [F+ de coups d'étrivières (siyâl)]. « Pourquoi as-tu fraudé les luqarâ sur le raisin sec? lui demanda-t-il. Reviens repentant à Dieu 1 » Le laqîr avoua alors sa faute et fut navré de douleur ensuite, le « maître » envoya un laqlr en lui disant d'aller à tel ravin où il trouverait un mizwad**6 de raisin sec. Ce laqîr ayant exécuté son ordre, trouva le mizwad ainsi qu'il le lui avait dit et l'apporta au « maître ». Or, dit l'informateur, le laqîr qui l'avait caché là-bas, me jura ceci par Celui sauf qui il n'y a pas de divinité « [F+ 0 pèlerin, ce « maître » possède un don de « découverte 1] Ce que j'ai pris de raisin sec, je l'ai pris dans un endroit désert, [F+ loin de la région habitée, au fond (fi qalb) d'un ravin], et nul ne m'a vu si ce n'est Dieu 1 »

Un homme [F+ fou (ahmaq)] du nom d'El-'Abbâs [F+ ibn Sâlih] et qui devint célèbre sous l'appellation d'El-IJâgg (= le pèlerin) était arrivé [F+ auprès de nous], à Bâdis, à la fin de l'année 685 (1287) il venait d'Orient et était [F+ de la tribu] des Banû Gamu"368 [F+ qui font partie des Sanhâga de Bâdis]. Il prétendit qu'il était le serviteur367 du Fâtimide368, que celui-ci lui avait ordonné d'appeler les gens à lui, [F+ que son temps était proche], et il se mit à faire part de cela à tous ceux qui eurent confiance en lui. Comme la nouvelle de ses agissements m'était parvenue, je le rencontrai et je vis que c'était un hommef ou, sans raison, ni religion, ni compréhension. Or, il advint


que je me rendis en visiteur auprès du « maître » Abû1-Hasan et je lui fis connaître la prétention du pèlerin El-'Abbâs. « Avise-le, me dit-il, d'avoir à demeurer huit jours dans la cellule de retraite s'il le fait, ,Dieu lui fera apparaître la vérité » A mon retour, j'en avisai le pèlerin El-'Abbâs. « Dis-lui ceci, me répondit-il 0 pèlerin 'Alî, cela n'est pas ton stade » Étant retourné ensuite auprès du « maître » je lui transmis cette réponse et il me dit qu'une calamité terrible s'abattrait bientôt sur lui. Lorsque ce fut le jour de "Àsùrâ [F+ de l'année 686] (= 26 février 1287) le pèlerin El-'Abbâs se souleva, manifestant sa prétention, et beaucoup de gens appartenant aux tribus du Rîf le suivirent. Entré dans Bâdis de vive force, il y tua des hommes et permit en toute liberté le pillage et les actes de violence à l'égard des femmes (kaéf el-mahârim) Il se transporta ensuite à El-Mazimma où était une troupe de cavaliers des Banû Wattâs; il les attaqua et ils pensèrent fuir devant lui; puis, ayant engagé la lutte avec lui à proximité du rempart889 de la ville, ils voulurent sa perte et s'acharnèrent à le combattre. Mis en déroute, il s'enfuit devant eux et se retrancha (inhasar) sur un rocher dominant, situé à la partie la plus élevée d'El-Mazimma on l'encercla et il fut tué, [F-|- le vingtième jour de Safar de la même année. Son corps fut crucifié à la porte d'ElMazimma], et sa tête fut emportée; [F+ on la fit circuler dans les différentes régions du Maroc et elle fut suspendue à Bâb el-Kuhl"»], à Marrâkech, [F+ avec la tête d'Abû 'Âmîr 'Abd Allâh, fils de Muhammad ibn 'Alî ibn Mahli, tous deux originaires des Battûya celui-ci était gouverneur (sâhib) de Marrâkech, et avait été tué par le prince Abû Ya'qûb Yûsuf ibn Ya'qûb ibn 'Abd el-Haqq au commencement de son règne371]. Par la suite, dit l'auteur, je me trouvai en compagnie du « maître'» Abù-1-Hasan dans sa zâwiya et il advint que l'on mentionna le pèlerin El-'Abbâs. « Je dormais ici, au moment du duhà, me dit-il


alors, et voici qu'apparut une chose972 qui, volant dans l'air, passa auprès de moi en disant « En cette heure, le caméléon a été tué 1 Après le 'asr de ce jour-là, continuat-il, la nouvelle me parvint que le pèlerin El-'Abbâs avait été tué auprès d'El-Mazimma, au moment du duhà de ce jour-là. » Puis, le « maître » m'ayant demandé ce que c'est que le caméléon, je lui répondis que c'est un animal qui se colore de différentes couleurs [F+ au soleil] cette explication lui fit plaisir et il me dit que c'était bien là la façon de se comporter de cet homme.

J'ai dit Je lui rendis visite une autre fois, alors que le chemin était devenu dangereux à cause d'un conflit éclaté parmi les Banû Wattâs, dont une partie assiégeait l'autre dans El-Mazimma et, de ce fait, la route était coupée. « Envoie avec moi quelque faqlr qui me serve de sauvegarde en chemin 1 lui dis-je. Le « maître » Abu Muhammad Sâlih, me répondit-il, disait qu'il voyait ses compagnons tant qu'ils étaient sur le continent, mais qu'ils disparaissaient à sa vue lorsqu'ils entraient en mer3' La baraka des « enfants » de mon seigneur Abû 'Abd Allah est telle qu'ils voient leurs compagnons sur le continent et sur la mer. » Je partis alors et je ne rencontrai personne qui fût animé de mauvaises intentions. Les serviteurs de la zâwiya se mettaient en route chaque année [F+ pour se rendre auprès de leurs « frères », Arabes et Sâwiya, qui habitaient les pays de l'Orient et de l'Occident ils percevaient ce qui incombait à ceux-ci du fait de l'impôt canonique sur les moutons et les chameaux, le vendaient et réalisaient, avec le prix, une grosse somme.] Ils apportaient au « maître », de Tâmasnâ*74 et de pays éloignés, les dons spontanés (futûfy) provenant des disciples du « maître » Abû 'Abd Allâh parmi les fuqard il en était qui lui apportaient cent dînâr-s d'or, ou plus ou moins aucun d'eux ne vit jamais personne s'attaquer à lui en chemin, [F+ ni en allant, ni en revenant], malgré


qu'ils pénétrassent dans des régions désertes et dans des endroits où il y avait à craindre.

La renommée a publié sur son compte qu'il jeûnait sans discontinuer sept et huit jours. Ayant interrogé à ce sujet son épouse, Maryam, [F+ qui était fille de 'Alî ibn 'Imrân et originaire des Batâlisa], elle me l'affirma. Lorsqu'il fut arrivé au pèlerin El-'Abbâs l'affaire que l'on connaît, l'opinion du sultan (c'était Yûsuf ibn Ya'qûb)375se modifia à l'égard [F+ des étudiants, des juristes, des fuqarâ], des pèlerins, des « maîtres » et des personnages vertueux des pays rîfains37* [F+ dont il se mit à parler le plus mal qu'il était possible]. Le « maître » Abû-1-Hasan fut alors d'avis de partir en voyage du côté de Tlemcen3" où il séjourna quarante jours3'8. « Je lui avais préparé, pour son viatique, du sawîq3'9, me dit sa femme; lorsqu'il revint, il le rapporta avec lui tel quel. Ayant alors interrogé à ce propos le domestique qui lui était particulier, celui-ci me répondit que, [F+ depuis qu'il s'était absenté d'ici], il ne s'était, durant ce voyage, approché d'aucune nourriture. »

Le « maître » Abû-1-Hasan en question m'a raconté sur lui-même ceci Lorsque le prince Abû Yûsuf assiégea Talhat ibn Mahlî880 sur le rocher dominant Tâfarsît et qui est connu sous le nom d'Azrû881, je me mis en route pour aller auprès de lui il me haïssait, car il me soupçonnait d'avoir de l'inclination pour les Aulâd Mahlî parce que j'étais leur voisin. Quand je fus près de lui, il se leva pour venir à moi et voulut me donner l'accolade. « Assieds-toi, lui dis-je, je n'ai pas besoin de ton accolade 1 » et cela le mit en colère; on lui étendit alors, en guise de tapis, un manteau (humus) sur lequel il s'assit et je m'assis, devant lui, par terre. Irrité de mes paroles, il se mit à m'insulter violemment. « 0 étranger, fils d'étranger 1 me dit-il. Dis ce que tu voudras, lui répondis-je que Dieu te pardonne 1 Quelle est cette conduite que tu as eue à mon


égard? continua-t-il. Je te crains seulement par rapport à ceci, répliquai-je en posant ma main droite sur ma main gauche pour désigner mon corps, et ceci, pour moi, est identique à cela (et je posai ma main sur la terre). » L'irritation de son cœur se calma alors et je le poussai à faire la paix avec Talhat ibn Mahlî il accepta ma suggestion et partit d'auprès de celui-ci moyennant des conditions qu'il lui stipula.

Le prince Abû Ya'qûb ibn Abî Yûsuf ayant ordonné ma comparution devant lui, à la cour de Fès, dit-il, je parvins auprès de lui, accompagné de mon frère, Ya'qûb el-Matgarî. Lorsque nous fûmes présents à son conseil, il se mit à nous vilipender et à vilipender notre « voie » avec exagération et grossièreté. Sans me soucier de son discours, je me tournai vers les pans d'un manteau (milhala) que j'avais sur moi, et j'en tortillai de ma main une partie. Mon frère Ya'qûb el-Matgarî, prenant la défense de la « voie », lui répondit avec passion et réfuta les remontrances (murâga'a) qu'il avait faites à ce sujet ensuite nous nous en allâmes. Ceux qui avaient été présents au conseil m'informèrent que l'un des ministres ayant dit qu'Abû Yûsuf était plus fort, comme façon iL se comporter, que le « maître » Abû-1-Hasan « Tu t'es trompé en cela 1 répondit le prince; le stade du « maître « Abû-1-Hasan est au-dessus du sien. N'as-tu pas vu, au moment où je lui adressais des paroles grossières, qu'il ne s'est pas passionné, mais que, sans prendre sa propre défense, son plus grand soin fut de se tourner vers son manteau pour en tortiller les pans comme s'il ne se fût pas soucié de nous? »

Avant de mourir, il retint par cœur le Coran et apprit à écrire car, dans sa jeunesse, il était illettré. Il m'a raconté ceci Alors que je me dirigeais vers l'Orient [F+ et que j'allais au Higâz, mon chemin passait par le Sa'îd] je visitai donc le « maître » Abû-1-Haggâg el-Uqsûrî [F+ dans sa zâwiya]. J'entrai auprès de lui de bon matin


alors que le serviteur [ F+ de la zâwiya] circulait parmi les fuqarâ avec, [F+ à la main, un récipient contenant] de la mélasse (fralwâ)3*2 de sucre. « Non 1 Laisse-le 1 lui dit le « maître » lorsqu'il voulut m'en donner. [F+ Prononce une invocation en ma faveur lui demandai-je après m'être approché de lui. Pars me dit-il] ton viatique est avec toi. » Je lui fis alors mes adieux et je sortis de la zâwiya [F+ ayant faim]. Un homme m'ayant rencontré à ma sortie, m'emmena à un pressoir à sucre, me fit manger de la mélasse383 [F+ et me remit un don spontané (futûh)]. J'accomplis le pèlerinage canonique et revins, sans avoir eu besoin de rien demander [F + à personne], mais seulement, chaque fois que j'avais faim, Dieu, en un débordement de Sa grâce, m'envoyait quelqu'un qui me donnait à manger.

[F+ Il m'a également raconté ceci Lorsque, revenu d'Orient, je partis pour faire la guerre sainte dans la péninsule d'Andalousie, je passai la nuit, à Bâdis, sur la terrasse de l'ermitage qui est auprès de la mer. Or, je vis cette nuit-là, la lune qui avait été posée dans mon giron.] [F+ Comme je m'étais assis avec lui, un jour, dans sa chambre, il me dit « On versa devant moi, sur ce tapis, trois mille dînâr-s 'aéarîs3** d'argent avant de me lever pour aller à la prière du 'asr, je les avais répartis entre les luqard au moyen d'une baguette que j'avais à la main. »] 26. A bû-r-RabV Sulaimân (ibn Yahyà) ibn Sittuhum3* Le nom de son père était Yahyâ [F+ et il est connu sous l'appellation d'Ibn Sittuhum; il était originaire de la tribu des Banû Muhsin, l'une des fractions des Banû Tûzîn]. Un ulcère rongeur (âkila) l'atteignit au visage, mais il ne traita jamais ce mal et n'en employa jamais le remède. cAbd el-Karîm ibn Wûsûn»86, qui était demeuré, chez lui


pendant trente ans, [F+ comme étudiant], occupé à instruire les garçons, m'a raconté ceci [F+ Je ne considérais pas comme vrai ce que l'on racontait sur le compte des fuqarâ en fait de prodiges]. Or, comme un jour nous avions fait la prière du subh, le « maître » Abû-r-Rabî' dit au serviteur de la zâwiya « Sors le blé et distribue-le aux gens du logis pour qu'il soit moulu égorge un taureau et prépare de la nourriture, car des hôtes viennent vers nous » )1 Il le fit donc, dit l'informateur, et le repas fut prêt au moment du 'iéâ, mais nous ne vîmes personne; ensuite, une partie de la nuit s'écoula et les gens dormirent. « Cet homme a gâché son blé et sa viande, dis-je alors en moimême, c'est là certes de l'extravagance » A un certain moment de la nuit, ayant entendu le tahlll des arrivants, nous nous levâmes et une troupe nombreuse [F+ de Masâmida] arriva auprès de nous ils étaient partis pour faire le pèlerinage canonique et avaient voulu rendre visite au « maître » Abû-r-Rabf. Ayant trouvé la nourriture prête, ils mangèrent et passèrent la nuit, et, le lendemain, s'en allèrent. J'interrogeai alors l'un d'eux sur le motif pour lequel ils étaient passés auprès du « maître ». « Lorsque nous eûmes fait, hier, la prière du subh, me répondit-il, nous entendîmes parler de lui et nous résolûmes de le visiter. C'est après la prière du subh, hier, lui dis-je, qu'il a ordonné de s'occuper de préparer pour vous de la nourriture » A partir de ce moment-là, dit alors le narrateur, je sus son mérite et sa vertu, [F+ et je crus aux prodiges]. L'un de ses serviteurs m'a raconté ceci Lorsque le « maître » Abû-r-Rabî' partit pour la guerre sainte387 et moi avec lui nous nous assîmes un jour à Qasr el-Gawâz389, sur le rivage de la mer [F+ en attendant le vaisseau sur lequel nous devions effectuer la traversée]. Il vint alors un faqîr, au teint brun, [F+ qui avait sur lui une muraqqa'a et tenait à sa main une gourde]. Après avoir salué [F+ le maître Abû-r-Rabî' assis sur le sable du rivage]


et lui avoir baisé la main, il lui dit « 0 mon seigneur, je pense que tu ne me reconnais pas 1 » Comme le « maître » feignait de ne pas le voir (a'rad 'anhu), il continua « C'est moi qui fus ton compagnon à Mina389, l'an passé, et, lorsque je te fis mes adieux, tu m'achetas pour undirham de dattes.» » Le « maître le rabroua alors, dit l'informateur, et continua à feindre de ne pas le connaître. [F+ Nous écartâmes alors ce faqîr et nous le fîmes reculer. « Peut-être t'es-tu fait une idée fausse, lui dis-je en tête à tête nous n'avons jamais su que le « maître » fût allé au pèlerinage canonique. C'est ce qu'il vous semble,] nous répondit le faqlr; par Dieu, il y fut mon compagnon comme je l'ai dit » » Il avait un frère plus âgé que lui, nommé Zakarîyâ et qui était marchand de tissus (bazzâz). Tout ce qui revenait à celui-ci comme bénéfice (ya'ûd 'alaih), il le dépensait pour la zâwiya d'Abû-r-Rabîf qui, disposant de ce que son frère apportait (yasûq), en faisait don avec altruisme à ceux qui venaient le trouver. Or, comme un jour il avait ainsi donné quelque chose, Zakarîyâ en fut fâché. « C'est moi qui me fatigue, lui dit-il, et c'est toi qui donnes –Penserais-tu que ce soit toi qui subviennes aux dépenses des fuqarâ, lui répliqua Abû-r-Rabf, alors que ce sont eux qui dépensent pour toi? [F+ Qu'aucun de nous ne dépense donc pour l'autre »] dit alors Zakarîyâ en colère et il s'en alla, décidé à ne plus rien apporter à la zâwiya. Mais lorsqu'il se rendit pour trafiquer (tasawwaq) au marché de Tâfarsît, il ne vendit rien et ceux qui avaient sur lui une créance la lui réclamèrent [F + il se trouva sur le point d'être déshonoré par les réclamations des créanciers (midyântn)] et il en fut ennuyé il ne s'était écoulé que peu de temps que tout ce qu'il possédait avait disparu. « Quelle est ta manière de voir, ô mon frère? lui demanda alors le « maître » Abû-r-Rabf est-ce toi qui dépenses pour les fuqard ou bien sont-ce eux qui dépensent pour toi? Je demande pardon à Dieu répondit-il. Retourne


à ton marché 1 continua le « maître ». S'y étant alors rendu, Dieu lui ouvrit la porte du gain et la situation se rétablit comme elle était primitivement.

Il y avait chez nous, à Bâdis, un jeune nègre (gulâm), un faqîr noir, qui était connu sous l'appellation d'Abû Sa'bân et avait pour nom îrzîgan [F+ il était imâm appointé (râtib) à l'Ermitage de la Mer]. Un jour, il me raconta ceci M'étant assis un jour, [F+ de bon matin], à l'Ermitage de la Mer, à Bâdis, alors qu'il y avait un brouillard très intense, un homme, que je ne connaissais pas comme faisant partie des gens de Bâdis, vint à passer auprès de moi; il me salua [F+ et s'en alla], et je restai à réfléchir à ce fait curieux, que je ne savais pas ce qu'il était. Quelques jours après, un homme vint me trouver de la part du « maître » Abû-r-Rabf ibn Sittuhum et me dit « [F+ Le « maître » t'adresse tout spécialement son salut.] Il t'avise que le « maître » qui a passé près de toi de bon matin, [F+ alors que tu étais assis] auprès de la zâwiya"1, au moment du brouillard, et qui t'a salué sans que tu le connusses, est El-Hadir. »

Abû-r-Rabî' mourut du fait de son ulcère. Après lui, son frère Abû Yahyâ Zakarîyâ resta à la zâwiya39* il occupa sa place et renonça au commerce.

27. – Abu Yahyà Zakarîyâ ibn Yahyà™3.

Il était originaire de la tribu des Baqqûya, de l'une de leurs fractions connue sous le nom de Banû Waraggîn; [F+ son logis (manzil) était situé dans un ravin scabreux du nom de Tîqqît qui, à l'endroit où il parvient à la mer, est connu sous le nom de Handaq el-Cawârî], [Le « maître » âgé, Abû-l-'Abbâs ibn Sûsân, m'a raconté ceci Sa femme, un jour, l'ayant mis en colère et l'ayant obsédé par son insistance à propos d'une certaine affaire,


il s'enfuit de devant elle en courant comme une autruche (zagg) et s'envola dans les airs, [F+ la laissant occupée à suivre sa trace du regard.]

Après que le pèlerin El-'Abbâs eut été tué et comme nous venions de nous entretenir de son aventure, Yahyâ, le fils d'Abû Yahyâ Zakarîyâ dont il est question, me raconta ceci Le pèlerin El-'Abbâs [F+ qui se souleva dans le Rîf en faveur de la cause fâtimide] était étudiant avant de partir pour faire le pèlerinage canonique; il étudiait ici, chez nous884, [F+ et se logeait dans la mosquée]. Mon père étant passé un jour auprès de moi alors que, [F+ jeune garçon], j'étais assis avec El-'Abbâs qui me parlait, il m'appela. « Ne t'assieds plus avec lui, me dit-il, et n'écoute rien de ce qu'il te dit car c'est un homme dont la raison est corrompue »

28. Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Sûsân.

Il était de la tribu des Banû Waraggîn et comptait parmi les habitants de l'ancrage d'Abû Sakkûr entre lequel et El-Mazimma il y a douze milles395. Il avait parfois pour métier tantôt la couture, tantôt le blanchissage (qisdra).

Abû Muhammad 'Abd Allâh ibn Muhammad ibn Mûsâ ez-Zuhailî m'a raconté ceci Il advint que mon frère Yûsuf, qui est plus âgé que moi, alla dans sa jeunesse à Abu Sakkûr avec une bande de garçons [F+ berbères] à l'occasion d'une noce qui s'y célébrait. Étant descendus vers la mer, dit-il, nous trouvâmes sur le rivage un homme qui battait des vêtements sur des pierres; nous obliquâmes donc dans sa direction et nous nous mîmes à l'arroser d'eau et à lui jeter du sable cependant qu'il se taisait, sans se fâcher contre aucun de nous. Lorsque nous nous en allâmes d'auprès de lui, Dieu m'inspira


de m'enquérir de son identité auprès de quelqu'un que je rencontrai à proximité de lui. « C'est Ahmad ibn Sûsân » » me fut-il répondu. Or, dit mon frère Yûsuf, j'entendais mon père citer son mérite et sa vertu; quittant alors ces garçons, je retournai vers lui [F-f- et je lui présentai mes excuses pour ce qu'ils avaient fait]. « 0 mon seigneur, lui dis-je, je ne te connaissais pas ne m'en veuille donc point! Puisses-tu ne pas éprouver de mal, me répondit-il l'enfance est un rameau de la folie! » Je revins ensuite vers mes compagnons. L'un de nous, qui était plus âgé que moi, me dit « Je t'ai vu retourner auprès d'Ahmad ibn Sûsân I – Comment, lui répliquai-je, tu le connaissais et tu nous as laissés lui faire ce que nous lui avons fait? » Le garçon se tut alors et nous revînmes à la noce les assistants, selon leur coutume, dit Yûsuf, s'étant mis à jouer à se lancer des pierres998, tous mes compagnons furent blessés et aucun d'eux, si ce n'est moi, ne s'en tira indemne celui d'entre nous qui connaissait le « maître » reçut une blessure affreuse qu'il garda durant une année; puis [F+ elle s'envenima (tanaggal) et] il en mourut.

29. Le pèlerin Yahyà ibn Mafrlûf.

Il était de la tribu des Baqqûya, de la fraction des Banû Yafrâsan. Il fit le pèlerinage canonique et la guerre sainte, et vit une foule de « maîtres » dans les régions du Rîf, de l'Orient et de l'Andalousie.

Il m'a raconté ceci Lorsque je revins de la Mekke à Médine, j'allai par le chemin des piétons (tarlq el-maSyân) avec un compagnon que j'avais. Arrivés le soir à un point d'eau, nous y passâmes la nuit jusqu'à ce que nous eussions fait la prière du subh; nous y fîmes nos provisions et marchâmes jusqu'à ce que le soleil eût atteint le milieu de sa course dans le ciel. Ayant alors regardé, je vis une


tache noire (sawâd), [F+ semblable à un oiseau], qui s'avançait dans les airs [F+ en se dirigeant sur nous]. « Ne vois-tu pas cette tache noire? dis-je à mon compagnon. Oui l » me répondit-il. [F+ Plus elle se rapprochait de nous et plus elle se rapprochait de terre]. Il ne s'était écoulé que peu de temps qu'elle nous atteignit et voici que c'était un homme non-arabe, à la tête rasée, qui portait un cilice (mish) de poil et avait une très grande barbe; il était assis, en l'air, les jambes croisées sous lui, et allait tout en récitant le Coran. Il nous salua [F+ et nous lui répondîmes]. « Quand êtes-vous arrivés au point d'eau? nous demanda-t-il. C'est auprès de lui que nous avons fait la prière du subh, lui dîmes-nous. C'est auprès de lui que je ferai, si Dieu veut, la prière du duhr 1 dit-il puis il nous dépassa et nous demeurâmes debout à le regarder et plus il s'éloignait de nous, plus il s'élevait dans les airs jusqu'à ce qu'il eût disparu à notre vue.

Il m'a également raconté ceci Je fis, un jour, la prière du duhr dans mon logis que voici (il voulait parler de la mosquée dans laquelle nous étions, à proximité de sa maison). Je sortis alors, dit-il, pour aller chercher897 une certaine quantité de joncs (dis) afin d'en faire un abri (saqlfa) je me dirigeai donc vers la montagne [F+ qui est au-dessus de ma maison et domine le wâdi qui descend vers Abû Sakkûr]. Devant moi se trouvait un rocher surplombant une falaise; je vis alors dessus [F+, au plus haut de la montagne, quelque chose de semblable à un vautour (nisr) mais, lorsque je m'en fus approché, je trouvai que c'était] un homme ayant sur lui quelque chose ressemblant à un vieux398 manteau (milhafa) quand il se fut aperçu de ma présence, il s'envola de sur le rocher, se dirigeant du côté de la mer.

Il m'a encore raconté ceci Étant venu, un jour, à ma mosquée que voici pour faire la prière du magrib,


j'y trouvai un homme, un voyageur, que, sur sa mine, je devinai être homme de bien. « Levons-nous et allons à la chambre [F+ afin que tu manges quelque chose] 1 lui dis-je quand nous eûmes fait la prière. Apporte la nourriture ici 1 » me répondit-il. Je lui apportai donc ce qui était prêt, dit l'informateur et il mangea puis retira sa main. « Continue lui dis-je. Ce que j'ai mangé, me dit-il, me suffira pendant trois jours Je vois, continua-t-il, que ce pays a peu d'eau et je n'ai pas de gourde avec moi aurais-tu un récipient dans lequel je pourrais transporter l'eau nécessaire à ma pureté rituelle? » J'allai alors au logis, dit le pèlerin Yahyâ je lui apportai un pot (qadafy) neuf auquel j'adaptai une anse Çilâqa) en tresse de palmier nain (dafîr el-'azaf) et je le lui remis. Lorsque nous eûmes fait la prière du dernier 'i§â, je lui dis « F+ Si ce n'était que j'aie une occupation, j'aurais passé la nuit avec toi. Et quelle occupation as-tu? me demanda-t-il. -] J'ai un champ contenant du blé et où le sanglier m'a causé du dommage; j'y ai préparé un poste de guet (mahras3") où je passe la nuit [F+ pour l'en chasser]. Reste assis, me dit-il alors, tu n'y verras plus [F+ jamais] le sanglier! 1 Mais je ne l'écoutai pas, dit mon informateur, et j'allai au poste de garde qui était un mirador (daidabân*00) élevé; cependant j'y passai la nuit sans voir trace de sanglier alors que chaque nuit auparavant je lui faisais la guerre et luttais pour le repousser. Lorsque l'aurore se fut levée, je retournai à la mosquée [F+ pour faire, avec le voyageur, la prière du subh] je ne le trouvai pas, mais je trouvai le pot que je lui avais remis et qu'il avait abandonné; je sus alors qu'il avait agi ainsi parce que je ne l'avais pas écouté lorsqu'il m'avait dit « Tu n'y verras plus le sanglier. » Or, dit le pèlerin, je ne revis plus le sanglier dans ce champ jusqu'à maintenant [F+ et je sus que cet inconnu comptait parmi les saints].


S L'auteur*a dit j Les prodiges vus par le pèlerin Yahyâ sont*fort nombreux et, si nous les énumérions à la suite, un volume ne serait certes pas de trop pour les contenir [F+fmais, par ce que j'en ai relaté, je n'ai eu pour but que d'attirer l'attention sur quelques-uns d'entre eux]. 30. Abû Muhammad Bakkâr*™

Il était des Aulâd 'Alî ibn Gummar401 qui se rattachent ethniquement à la tribu des Baqqûya. Il habitait dans son village (manzil), près d'Àsakram*02 qui dépend du pays des Baqqûya, [F+ et il est connu sous le nom de Bakkâr ibn el-Hâgg].

Mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad, m'a raconté ceci Ayant passé la nuit [F+ au village (manzil) d'Âsakram], chez un homme d'entre nos compagnons qui était connu sous le nom de Sulaimân ibn Idrîs, je fus pris d'une douleur qui me remplit de torpeur et d'abattement. Je partis le lendemain matin, [F 4- me dirigeant vers mon logis (bait) qui était à Bâdis]. « Du bouillon de poulet, si j'en buvais, améliorerait mon état [F+ et ferait cesser ma ma adie, dis-je en mon âme [F+ en cours de route]. C'est bien là la situation visée par le proverbe, repris-je en moi-même, « Rechercher la satisfaction de ses désirs dans des endroits déserts 1 » Passant alors, dit-il, par la maison du « maître » Abû Muhammad Bakkâr [F+ qui se trouvait sur le chemin], afin de lui rendre visite, je criai son nom à la porte. Entendant mon appel, il sortit pour venir à moi, ayant à la main un vase contenant du bouillon de poulet. « Bois, ceci te fera du bien » me dit-il [F+ sans qu'il se fût enquis de savoir qui j'étais lorsque j'avais crié son nom]. Je pris donc le bouillon de sa main et je le bus, m'émerveillant comme de juste de ce que j'avais vu; puis je m'en allai d'auprès de lui.


Et c'est là un prodige merveilleux, dit mon père, que mon état lui ait été « découvert » et qu'il se soit hâté de venir à moi en m'apportant précisément ce qui m'était passé par l'esprit.

31. Abû Zakarlyâ Yahyd, f ils du pèlerin Abû Bakr el-Gu'ûnî.

[F+ Il était originaire de la tribu des Banû Yattafat103, entre lesquels et Bâdis il y a un jour de marche.] Son serviteur, Abû Muhammad 'Abd Allâh ibn elBaidaq404, m'a raconté sur lui ceci Un homme d'entre ses compagnons, connu sous le nom d'Ibn el-'Agûz, arriva auprès de lui [F+ venant de la ville de Ceuta] et ayant avec lui un jeune garçon. Lorsque nous eûmes fait la prière du dernier 'ièâ, il me dit « Monte sur le lit et dors, avec ce garçon » et il s'assit, lui et le nouvel arrivé. « 0 Abû Zakarîyâ, entendis-je alors dire à ce dernier, quel est le sens de Sa parole40* (qu'Il soit exalté 1): S'il y avait en elles deux une divinité autre que Dieu, elles se seraient certes corrompues? Sache d'abord ce qu'est la corruption, lui répondit le « maître », et tu disserteras alors sur le sens 1 La corruption est telle et telle chose, dit celui qui avait posé la question. Elle n'est point ainsi » Il lui répondait le « maître », et ils ne cessèrent de discuter sur la définition précise (hadd) de la corruption jusqu'à ce que l'aurore se fût levée. Lorsque nous eûmes fait la prière du subh, l'homme lui fit ses adieux et s'en alla [F+ pour se rendre dans son pays qui était El-Hauzât]. « 0 mon seigneur, dis-je alors à Abû Zakarîyâ, il est parti sans avoir reçu de réponse à sa question? Il voulait seulement discuter, me répondit-il, et ne cherchait pas à être guidé dans le droit chemin. »

Voici ce que le mu'addin Yûsuf ibn 'Abd Allâh el-Mad-


difani, qui le servait aussi, m'a raconté sur son compte Comme le juriste Abû Zakarîyâ était tombé gravement malade, il m'ordonna de lui apporter l'un de ses livres et de le détremper408 dans l'eau. « Pourquoi, o mon seigneur? lui demandai-je. Je crains, me dit-il, que quelqu'un qui viendra après moi ne le comprenne pas et qu'il soit pour lui une cause d'égarement. »

'Abd Allâh ibn el-Baidaq m'a raconté sur lui ceci J'étais avec lui, un jour, sur le rivage de la mer. Prenant alors un caillou dans sa main, il dit « Je connais quelqu'un qui disserterait sur ce caillou pendant une année. » Sulaimân ibn Idrîs el-'Alawî el-Baqqiwî m'a raconté sur lui ceci Je l'interrogeai un jour sur l'avare que Dieu a mentionné dans son Livre. « C'est, me répondit-il, celui qui s'en tient aux règles strictes (hudûd) et en qui on ne trouve pas de libéralité (samâha) », faisant allusion par là aux dires de ceux qui prétendent que l'on ne peut traiter d'avare celui qui verse l'impôt canonique. Parmi ses actions mémorables407, il y a celle-ci Le fils de son frère ayant attaqué et tué un tâlib étranger qui étudiait auprès de lui, il dit à ses proches « Si vous ne me l'amenez pas, je ne resterai pas avec vous dans ce pays. » Ils le lui amenèrent donc et, ayant alors donné un ordre à son sujet, il fut mis à mort.

Voici un exemple de sa prudence (tawaqqî) qui m'a été raconté par mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad Lorsque le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn se repentit, qu'il rechercha le noviciat (irâda) et voulut se libérer de toutes les conséquences de ses fautes (tibâ'âf), il vint trouver le juriste Abu Zakarîyâ et lui fit connaître qu'ayant, avant son repentir, juré avec des serments inéluctables, il s'était parjuré; il demandait donc une consultation juridique à ce sujet. Abû Zakarîyâ m'envoya alors chercher et je me présentai, me conformant à sa parole. « Présentetoi à moi avec ton livre, les ôawâhir d'Ibn Sâs408 » me


dit-il. Je l'apportai il en sortit lui aussi une copie et me dit de confronter le texte (lafd) de mon livre avec celui du sien. « Sur cette question, me dit-il quand je l'eus fait, deux « maîtres » éminents, Abû 'Imrân el-Fâsî109 et Abû Bakr ibn 'Abd er-Rahmân, sont en désaccord. Es-tu d'accord avec moi pour que nous lui imposions une seule répudiation? me demanda-t-il ensuite. C'est toi le plus savant dis-je. Il n'y a pas d'expédient (sabît), reprit-il, mais je ne ferai celà qu'à condition que nous soyions tous les deux, ensemble. » J'acceptai alors et nous imposâmes à l'homme une seule répudiation. 32. Ahmad ibn Muhammad ibn el-Hadir el-Bâdisî el-Hazragî.

C'était mon grand-père, Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Muhammad ibn el-Hadir el-Hazragî; il est connu sous l'appellation d'El-Garnâtî et sa généalogie remonte à [F+ Qais ibn] Sa'd ibn cUbâda"°.

Ma tante paternelle Zainab, [F+ fille de mon grandpère, le juriste Abû-l-'Abbâs, et qui était une vieille femme véridique, grande narratrice d'informations] m'a raconté ceci Mon père jeûnait pendant le jour, veillait durant la nuit et enseignait le Livre de Dieu. Il ne s'asseyait en compagnie de personne et n'avait pas de fréquentations le jeudi et le vendredi411, il se retirait dans son logis et n'en sortait qu'aux moments des prières canoniques.

C'est lui qui fut l'imâm, à Bâdis, et le prédicateur après [F+ le juriste Abû-l-'Abbâs] Ahmad ibn el-Hadir; ce dernier était l'oncle paternel de mon père [F+ et portait le même nom que lui] il lui donna en mariage sa fille et il engendra avec elle mon frère, le juriste Hayyûn, [F+ et Ibrahim] elle mourut chez lui. Après la mort


de la mère du juriste Hayyûn, il épousa ma mère, Safîya, fille de Bi§r4" ibh el-Maimûn "8, la yasgafide"4; [F+ elle lui donna Muhammad, moi (c'est-à-dire Zainab) et Ismâ'îl qui était le plus petit et que mon père, à sa mort, en l'année 615 (1218-19) laissa nourrisson âgé d'une année; Ismâ'îl, mon frère, était né en l'an 14 (1217-18) et le juriste Hayyûn était notre aîné après lui venait Ibrâhîm, ensuite moi, puis Muhammad et enfin Ismâ'îl.] Des hommes vertueux, dit-elle, le visitaient continuellement parmi eux était Sa'îd, le pèlerin masattâsî, et d'autres.

Elle dit II sortait avec ses vêtements pour aller à le prière il revenait une fois sans manteau (ihrâm), une fois sans chemise et une autre fois sans culottes, car il ne passait jamais auprès d'un homme nu sans le vêtir de l'un de ses vêtements; il ne s'attachait à rien [F+ et donnait parfois, dans la journée, deux et trois vêtements].

[F+ Parfois, certains jours, il demeurait assis et faisait des vers qu'il écrivait sur la paume de sa main; ensuite il les répétait sans relâche et pleurait; il ne faisait de poésie que sur l'ascétisme].

Il mourut en l'année 615 (1218-19), me laissant ayant l'âge de jeûner et laissant mon frère Ismâ'îl âgé d'un an car ce dernier était né en l'an 14 (1217-18). Elle dit Comme il dormait une nuit et que nous étions avec lui, il s'éveilla. « 0 Safîya, dit-il alors à ma mère, la séparation est proche 1 [F+ Qu'est-ce à dire?] lui répondit-elle; je pense que tu es devenu foui 1 Que non lui dit-il; par Dieu, voilà qui est certes un indice sûr j'ai vu, à cette heure, Abd Bakr le Très-Véridique qui me peignait la tête avec un peigne qu'il avait à la main tandis que le Prophète, de la sienne, me versait de l'eau sur la tête* [F+.ce n'est pas autre chose que ma purification de ce bas-monde] » Or, dit-elle, le matin


il se trouva indisposé (mutawassib) [F+ et, son indisposition s'étant prolongée], il mourut au bout de peu de jours, [F+ moins d'une semaine après la nuit de cette vision].

33. Abû Muhammad 'Abdûn ibn Yablaftan ibn 'Alî el-Baqqiw!4"4.

Il était de la fraction des Banû Yafrâsan, [F+ des Baqqûya], l'une de celles des Banû Muntasir417. Son petit-fils, Abû Sa'îd 'Uimân, fils de Dâwûd, fils du 'Abdûn en question, m'a raconté ceci Le « stade » de mon grand-père 'Abdûn était que le sol se repliait pour lui et il eut, dans cet ordre d'idées, des aventures merveilleuses. Le « stade » d'Abû Dâwûd était celui du vol dans les airs. Mon père, dit-il, mourut avant d'avoir atteint la trentaine et me laissa petit; mon grand-père 'Abdûn me prit alors sous sa tutelle. Son « maître » était le pèlerin Abû 'Alî Hassûn et sa généalogie mystique remontait à mon seigneur Ahmad er-Rifâ'î le « maître » du pèlerin Hassûn était en effet El-'Imrânî"8, le « maître » de celui-ci était Abû 'Alî Abû Sâma et ce dernier avait eu pour « maître » mon seigneur Ahmad er-Rifâ'î.

[F + Je dis C'est là une généalogie difficile à admettre et je pense que le narrateur fait erreur en cela, car ErRifâ'î était contemporain d'Abû Madyan, et le pèlerin Hassûn était contemporain d'Abû Dâwûd, disciple luimême d'Abû Madyan419; comment donc y aurait-il deux « maîtres » entre le pèlerin Hassûn et Er-Rifâ'î? C'est là une erreur, de toute nécessité.]

Abû Sa'îd 'Utmân ibn Dâwûd m'a raconté ceci Un certain « ami » m'a relaté que mon grand-père, [F+ Abû Muhammad 'Abdûn], ayant passé la nuit chez un personnage vertueux, celui-ci lui égorgea une brebis; or, le lendemain, il la vit dans son bétail'20 (mâëiyà).


Je dis Cette histoire, si elle est authentique, suppose que Dieu lui en donna une autre en remplacement; [F+ ses moutons se trouvèrent alors comme ils étaient auparavant, au point de vue du nombre, sans qu'il y manquât rien, et cet individu du commun se fit cette idée fausse que c'était la même brebis qui était revenue.] Ahmad ibn el-Maimûn, qui était l'un de ses serviteurs, m'a raconté ceci Un groupe de cent cinquante hommes étant venu trouver le « maître » alors qu'il n'y avait chez lui qu'un quart de cruche (qulla) de beurre fondu, il les en nourrit tous.

[F+ 'Uimân ibn Dâwûd m'a relaté ceci L'un des disciples de mon grand-père m'a raconté qu'une nuit un groupe de f uqarâ vint passer la nuit chez lui; or, sa zâwiya était petite, pouvant contenir vingt121 hommes se pressant, et le groupe était d'environ cent cinquante personnes422 qui s'assirent à l'extérieur. Une pluie violente vint alors à tomber. Comme le « maître » était dans la zâwiya, ayant avec lui 'Imrân Âmsûl, l'un de ses disciples, « Dis-leur d'entrer ici I lui ordonna-t-il. Entrez 1 leur dit le disciple. La zâwiya pourra-t-elle nous contenu^? demandèrent les luqarâ. Celui qui ne trouvera pas où s'asseoir, s'assiéra dans mon cœur », dit alors 'Imrân qui se mit à répéter cette phrase tout en posant sa main sur son cœur. Ils entrèrent jusqu'au dernier, dit l'informateur, et la zâwiya put les contenir.

Le pèlerin El-'Izz, qui était aussi l'un de ses disciples, m'a raconté ceci Une nuit, j'égorgeai pour lui une brebis or, le lendemain, je trouvai le nombre des têtes de mon bétail pareil à ce qu'il était auparavant.

Je dis Cette histoire est plus claire que celle qui a précédé, plus authentique.

Son petit-fils a raconté que sa grand-mère dit ceci Je préparais un énorme fagot de bois; le « maître » venait alors et le posait sur le dos du lion qui le portait au logis.


Ensuite, je me mis, moi, à aller chercher du bois toute seule, en m'en servant de bête de somme423.

Mon grand-père, [F+ le maître d'école (mu'allim) 'Abdûn], a raconté son petit-fils, disait ceci Nul n'entre auprès de moi sans que je connaisse ses sentiments apparents et intimes, mais il ne m'est pas possible de faire autrement que de les « voiler ».

'Abdûn compte parmi les disciples du pèlerin Hassûn. Un jour, dit-il, comme j'étais petit, j'étais assis avec le pèlerin Hassûn dans la mosquée et il m'avait introduit sous son burnus. Je vis alors que le mur de la mosquée s'était séparé (infasam) d'elle, et une lueur verte intense pénétra à l'intérieur; or, voici qu'un homme ayant sur lui des vêtements verts venait d'entrer par cette fissure. « Demeure immobile à ta place 1 » me dit le « maître » puis, cet homme l'ayant salué, il se leva pour aller à lui et lui donna l'accolade; ensuite, il s'en alla. « 0 mon seigneur, qui est-ce? lui demandai-je alors. Il est de nos compagnons, me répondit-il, et fait partie du peuple de Jonas. »

34. -Abû 'Abd Allah el-Bardnisl.

Il était des habitants de la région de Targâ. Comme il était venu auprès de nous, à Bâdis, je fus alors son compagnon et je m'asseyais en sa société.

Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Abî Zakarîyâ Yahyâ ibn Sa'îd ez-Zuhailî m'a raconté sur lui ceci Je m'étais assis un jour avec le juriste vertueux Abû 'Abd Allâh el-Barânisî. « 0 Abû-l-'Abbâs, me dit-il, c'est un devoir pour le débutant de ne pas se laisser séduire par les prodiges qu'il voit, car c'est parfois un stratagème de la part de Satan le lapidé. »

Le même informateur m'a raconté qu'il a dit [F+ sur


lui-même] ceci « Je ne sortis jamais de ma maison pendant la nuit [F+ pour une occupation quelconque], sans voir à l'extrémité de mon bâton une lumière [F+ semblable à une lampe (sirây)] qui m'éclairait le chemin comme si elle eût été un fragment de l'arc de Quzah42* j'implorai alors la protection divine. Ayant eu une pollution nocturne (ganâba) et ne trouvant pas d'eau dans mon logis, je sortis au milieu de la nuit une nuit obscure et d'un froid intense et je me dirigeai vers une source située à une certaine distance de mon logis afin de m'y laver; je marchai donc à la lumière de mon bâton, comme à l'habitude, jusqu'à ce que je fusse parvenu à la source qui se trouvait au-dessous d'une falaise élevée*25. Quand je fus entré dessous et que j'eus enlevé mes vêtements, je vis que la falaise s'était inclinée sur moi, à droite et à gauche. « Ceci, dis-je en mon âme, est une tentation (titna) de Satan, qui désire [F+ me faire peur et] me rendre pénible ma purification rituelle [F+ afin que je m'en retourne sans l'avoir réalisée. 0 Satan, lui dis-je alors, fais ce qui te viendra à l'esprit 1] S'il y a dans ta main quelque puissance et quelque force, fais tomber la falaise sur moi [F+ Par Dieu, je ne partirai pas avant de m'être lavé 1 »] La falaise s'immobilisa à l'instant, dit-il; je me lavai alors et sortis. De son vivant, il aimait le miel et, lorsqu'il fut mort, les abeilles pondirent (afrahat) dans sa tombe. J'en ai été informé par quelqu'un qui fut témoin de la chose49'. 35. Abu 'Abd Allah ed-Dablâg"\

Il résida longtemps en la ville de Ceuta, adonné à la retraite et disposant sur la cordelette des veuves et des femmes voilant leur pauvreté les petites (sadr) et les grosses perles (gumân) de ses aumônes, prenant par Dieu, donnant en Dieu et pour Dieu.


Son « maître » était Abû-1-Qâsim ibn es-Sabbân et, après la mort de celui-ci, il resta à Ceuta jusqu'à ce qu'il y mourût. Sa chambre était un lieu de halte (munâh) pour ceux qui arrivaient et non une mosquée pour les wird-s. Il habitait au voisinage de la Madrasa et c'est dans celle-ci qu'il faisait les prières d'obligation canonique; je le fréquentai pendant longtemps, mais je ne le vis jamais rien ajouter aux pratiques religieuses qui sont de stricte observance (farâ'id) ni aux prières surérogatoires basées sur la coutume prophétique. Lorsqu'il avait fait la prière du subh, il se couvrait de son tilltsi2a et se couchait quiconque alors le voyait le croyait endormi tandis qu'il était occupé, soit à réciter le dikr, soit à méditer. Je le fréquentai durant des mois alors qu'il s'occupait de sa main à préparer de la nourriture pour les gens qui arrivaient, mais je ne pus jamais lui tendre un ustensile domestique quelconque au moment où il voulait s'en servir. Comme il était devenu vieux, âgé et faible, il se traînait parfois par terre pour prendre l'ustensile; je le devançais alors pour le lui donner mais il m'en empêchait et le prenait lui-même. Je l'ai entendu dire ceci II vint ici un non-arabe et nous passâmes la nuit à la zâwiya du Ravin de la Chamelle (Handaq en-Nâqa). Comme il s'était mis à se glorifier des luqarâ d'Orient, je lui proposai d'entrer tous les deux dans la cellule de retraite pour y rester durant quarante jours il s'interrompit alors et ne dit plus mot.

Discutant un jour dans mon logis avec un étudiant à propos de Sa parole429 Annonce-leur la bonne nouvelle d'un châtiment douloureux l je lui dis qu'un savant avait assuré à ce propos que cette formule avait été employée par moquerie4*0. « Personne n'a dit cela » me répliqua-t-il malgré que je l'eusse vu de nombreuses fois dans le commentaire de l'Adab el-Kuttâb d'Ibn es-Sîd431; comme il me demandait à en voir le texte, je le recherchai à l'endroit du livre indiqué où je l'avais vu mais je ne pus le retrouver


et j'en demeurai tout interdit. S'étant rendu compte de cela, le « maître » Abû 'Abd Allâh me prit le livre de la main et l'ouvrit une seule fois. « Voici la question 1 me dit-il. Il n'avait cependant pas l'expérience (hibra) de ce livre qui n'était pas de sa partie car il étudiait le Kitâb el-anwâr d'Es-Saqallî"2. Z.

Il m'a raconté ceci Ibn el-Imâm, l'astrologue, « maître e d'Ibn el-Qattân433, descendit chez nous131, dans cette hôtellerie"6, alors que la pluie, à Ceuta, après s'être fait attendre longtemps, était ensuite tombée continuellement durant plusieurs jours. J'entrai un jour, alors qu'Ibn elImâm était dans sa chambre et que la pluie tombait la tenancière488 de l'hôtellerie disait « Louange à Toi, ô mon Patron, qui as déçu les efforts des menteurs 1 Qu'est-ce à dire? lui demandai-je. C'est ce « maître » là, qui est dans cette chambre, me répondit-elle; il m'avait dit de veiller avec prudence à l'eau de la citerne (gubb) car, disait-il, il ne tomberait pas une goutte d'eau cette année dans cette ville 1» et elle l'injuria copieusement. Pour moi, je me serais attendu de sa part à ce qu'il se cachât dans sa chambre pour se faire petit et se « voiler ».

36. Abû 'Abd Allâh Muhammad ibn Abi-1-Qdsirn ibn es-Sabbân.

Il ressuscita la théosophie après qu'elle eût disparu et il en rendit la bouche éclatante et souriante.

n m'a raconté ceci J'étais assis à la grande-mosquée de Bâdis avec le vertueux juriste Abu Ya'qûb Ydsuf ibn Muhammad qui devint célèbre sous le nom d'Ibn el-Gammâz il lisait El-Ihyâ et avec nous était un faqlr, connu sous l'appellation de Ibn Uht«» Ibn 'Allai, que le juriste Abû Ya'qûb réprimandait en l'incitant à suivre la voie des générations précédentes. n passa alors auprès de nous,


dans la grande mosquée, un individu que je ne connaissais pas et qui nous salua. Lorsqu'il fut sorti par la porte de la mosquée, Abu Ya'qûb, levant la tête, me demanda si je le connaissais. « Non 1 lui répondis-je. C'est lui El-Hadir », me dit-il. M'étant immédiatement levé pour gagner la porte de la mosquée, j'y trouvai assis un estropié (mabtûl) du nom de 'Âbd el-Ganî. « Où est passé l'homme qui est sorti de ton côté, à l'instant? m'enquis-je. Personne n'est sorti parici I » me répondit-il. Je revins alors, ayant à cause de cela quelque peine dans l'âme. Or, étant tombé malade, je vis en songe l'homme qui était passé auprès de nous dans la mosquée. « Un Tel a dit vrai, me dit-il, c'est moi El-Hadir a Comme il y avait avec lui un autre homme, je lui demandai qui c'était, « C'est mon frère Ilyâs !«• » me répondit-il.

L'un de nos compagnons m'a raconté ceci Je le secourais chaque année en lui versant la part qui m'incombait de l'impôt canonique. Or, comme je la lui apportais, une année, il me dit « Je n'en ai pas besoin car, maintenant, je puis m'en dispenser transfère-la donc à un autre que moi, parmi ceux qui la méritent. »

37. Ismffll ibn Ahmad el-Bâdist el-Hazragî. C'est mon père. Il ne cessa, sa vie durant, d'enseigner le Livre de Dieu, [F+ de disserter sur la façon de rendre la justice conformément à la Loi] et de se perfectionner dans sa religion, faisant son meilleur ami du peu d'usage des biens de ce bas-monde et du renoncement à ce dernier. Ayant été contraint d'exercer la charge de juge, d'une telle façon qu'il ne put l'éviter, cela accrut le zèle et la pureté de sa religion il se refusa alors à abandonner l'instruction desgarçons, disant « Si je l'abandonnais, de quoi vivrais-je?» [F-j- Il apparut en sa faveur, au cours de sa judicature,


des faits merveilleux qu'il serait trop long de commenter. Lorsque certaines personnes cherchaient à l'amadouer, il se refusait à accepter leurs amabilités; quant aux anecdotes relatives aux plaignants et aux pots-de-vin qu'ils lui apportaient, il serait trop long de les citer en détail.] Voici ce dont je fus témoin de sa part Un homme avait sur lui une créance dont il le paya. Par la suite, comme cet homme lui avait demandé de témoigner en sa faveur dans un acte en cherchant à le tromper à ce sujet, il s'y refusa; l'homme alors lui réclama cette dette. « Je te l'ai déjà payée 1 lui dit-il et, l'autre l'ayantnié, il rechercha le document qu'il lui avait écrit pour lui donner quittance, mais il ne le trouva pas. Il se trouva donc obligé de s'acquitter de cette dette dès que celui qui niait avoir été payé aurait prêté serment. « Je ne te ferai pas jurer, lui dit mon père, je te rembourserai ce qui t'est dû. » Comme il ne possédait rien, il emprunta des dirham-s à titre de paiement anticipé de céréales livrables à la moisson (sâ'ifa) et les lui remit. L'homme, les ayant serrés dans le pan de son manteau s'assit sous une barque, sur le rivage de la mer, afin de s'y mettre à l'ombre contre le soleil la barque se pencha alors sur lui et l'écrasa. Il eut la main brisée et on l'emporta dans un fort piteux état.

[F+ Parmi ses prodiges4", j'ai été témoin de celui-ci Le gouverneur du pays ayant voulu qu'il prêtât un faux témoignage en sa faveur, il s'y refusa. Or, quelques années auparavant, celui-ci lui avait avancé quinze dfnâr-s au moyen de quoi il avait constitué un trousseau à l'une de ses filles; puis, en remboursement de cette somme, mon père avait fait étudier le Coran à ses enfants durant une année et le gouverneur lui avait écrit une quittance portant libération de sa dette. Au moment où il se refusa à témoigner, il lui réclama les quinze dtnâr-s. « J'ai fait étudier tes enfants en remboursement de leur valeur, lui dit-il. Je n'en sais rien » dit l'autre. Mon père rechercha alors


ta quittance mais il ne la trouva pas, et il ne lui était pas possible de faire jurer le gouverneur. Il ne trouva donc pas d'autre expédient que d'emprunter huit dfnâr-s à titre de paiement anticipé d'orge qu'il s'engageait à livrer (fî dimmatih) et il les remit à cet inique individu. Celui-ci, les ayant serrés dans le pan de son manteau (ihrâm), s'assit auprès de la mer, à l'ombre d'une barque, afin de procéder à un certain travail. La barque se pencha alors sur lui et l'écrasa sa main fut brisée et on l'emporta dans un bien vilain état avec les dirham-s du « maître », mon père, serrés dans son manteau il endura des souffrances et perdit l'usage de la main (ta'attalat). Après sa mort, son fils vint trouver le « maître », mon père, et lui apporta l'acte que celui-ci avait écrit et qui mentionnait la dette de quinze dfnâr-s. « Nous, lui dit-il, après l'avoir déchiré, nous savons que tu étais quitte et que ce éaih s'est conduit iniquement à ton égard. »]

Mon père m'a raconté ceci Faisant un jour la sieste, (naum el-qâ'ila), je vis, au milieu de la maison441, un cuveau (qasrtga) renversé sur sa face et de sous lequel était sorti un feu qui engloba la maison tout entière. Je m'éveillai alors et regardai je vis le cuveau à la place où je l'avais vu en songe. « Qu'y a-t-il sous le cuveau? demandai-je à ta mère. De la viande, me répondit-elle, qui nous a été offerte en cadeau et provient de la noce de Muhammad ibn Ga'far442. » Or, cet homme était de ceux qui s'adonnent à la spoliation et à l'iniquité. Je donnai donc un ordre à l'esclave443 et elle jeta cette viande à la rue. [F+ Il « vivifiait » l'espace de temps compris entre les deux 'Uâ-s, au moyen de la récitation du Coran, de la prière et des offices nocturnes, jusqu'à la fin de la nuit.] [F+ Une personne lui apporta une sacoche d'amandes, quatre poules, un vase de beurre fondu et quelques oignons, feignant que c'était là, pour lui, un cadeau non motivé444 mais il se refusa à le recevoir, renvoya l'individu et le


chassa. Après la prière du duht, cet homme revint le trouver, accompagné d'une personne qui avait sur lui une créance notée sur un document et stipulée en une monnaie ancienne autre que la monnaie usitée au moment du règlement de comptes (muhâkama). « Ainsi donc, lui dit mon père, tu ne m'as apporté ce que tu m'as apporté que pour que j'identifie la monnaie dans laquelle est stipulée ta dette avec la monnaie d'aujourd'hui » Puis il le condamna à verser la valeur de cette monnaie ancienne en or, puisqu'elle était bien connue ensuite, il demanda au créancier d'être bon pour son débiteur et de lui faire remise de quelque chose dont il pût s'aider à vivre il le fit. « Si je lui ai parlé pour qu'il te fasse remise de quelque chose; dit alors mon père au débiteur (gartm), c'est par égard pour ton cadeau que tu prétendais m'apporter sans raison tu en as donc retiré un double profit d'abord, ce qui t'appartenait, qui t'est resté et dont tu te serviras, et ensuite ce dont ton créancier t'a fait remise par égard pour moi. Va-t'en; suis le droit chemin et ne recommence pas à t'aider de la droiture pour obtenir ce qui est injuste » L'homme le remercia alors et s'en alla.]

Lorsque nous eûmes commencé à nous employer à racheter les femmes446 qui lui avaient été capturées, nous nous rendîmes à Ceuta et nous ne souhaitâmes rien obtenir de l'un des principaux notables (ru'asâ) de cette localité sans que le dessein que nous avions formé à son égard réussît. Nous informâmes de l'affaire l'un des personnages de mérite et des principaux de la ville, Abû Muhammad Qâsim"6, fils du juriste Abû-1-Qâsim el-'Azafî"7, mais, sans nous repousser, il ne nous promit rien. « Je reviendrai le chercher? dit alors le « maître ». Non 1 répondit-il et nous le quittâmes, désespérant d'obtenir un cadeau de lui. Comme, quelques jours après, j'étais assis avec mon père à la porte d'une mosquée, l'Abû Muhammad Qâsim en question passa auprès de nous et me fit un signe; j'allai


donc à lui. « Attends-moi, me dit-il, jusqu'à ce que je sorte de la maison de mon frère Abû Hâtim !"8 » Cela se passait dans la soirée. Il ne sortit qu'alors que nous étions occupés à la prière du magrib et, lorsqu'il passa par l'endroit où il m'avait laissé, il ne me trouva pas. Quand nous eûmes fait la prière du magrib, je sortis et m'enquis de lui. « Il vient de passer », me dit-on. Je le suivis alors, mais je ne l'atteignis qu'à El-Mînâ, sur la place (rahba) d'Ibn el-Hattâb je le saluai et il me remit une lourde bourse (surra) que je pensai contenir des dirham-s. « Prends ceci, me dit-il, et il n'y a pas moyen que je me rende en personne (bi-waghî) auprès du « maître » car j'ai honte de lui 1 A mon retour, je ne trouvai pas le « maître » dans la mosquée où nous avions fait la prière du magrib et je le retrouvai faisant des rak'a-s dans celle des marchands de toile (masgid elkattânîyîn) je l'informai de la bourse mais il ne s'en soucia pas et elle demeura sur moi jusqu'au lendemain nous y trouvâmes alors trente et un dinars d'or et demi. Lorsqu'il fut tombé malade, de la maladie dont il mourut, un groupe de personnages vertueux vint le visiter et cela le lundi. Quand ils sortirent d'auprès de lui, [F+ ils se mirent à faire son éloge et ils dirent ouvertement que sa maladie était grave et que, selon l'opinion la plus probable, il ne vivrait pas.] Les femmes et les enfants qui étaient présents dans la maison [F+ les entendirent et] pleurèrent leurs voix s'élevèrent [F+ et ils prolongèrent leurs lamentations cependant que j'étais assis avec lui.] « Dis-leur de se taire, me dit-il alors, [F+ et de ne pas prolonger leurs cris], car mercredi l'affaire sera arrangée et jeudi, chacun se séparera pour aller à sa place. » Lorsque ce fut le mercredi matin4", il entra en agonie et perdit connaissance; puis il s'éveilla. « Approche de moi un peu de terre, me dit-il, pour que je fasse ma lustration sèche 1 » Il la fit donc et fit la prière du subh; il perdit ensuite connaissance. « Donne-moi de la terre, me dit-il encore quand il s'éveilla,


afin que je procède à ma lustration sèche pour faire la prière du subh 1 Tu viens de la faire 1 lui répondis-je. Il se calma alors et son agonie s'apaisa, et il demeura si calme que quiconque l'aurait vu l'aurait cru endormi. Lorsque ce fut près du duhr, [F+ il ouvrit les yeux et] me dit « Appuie-moi contre le mur » Je le fis; l'ayant ensuite regardé, au bout d'un instant, je vis sur son visage les stigmates de la mort. Tandis qu'il était appuyé contre le mur, il était tourné face à la qibla je l'étendis alors sur le sol il s'allongea, prononça une éahâda de vérité et termina ses soucis.

Il ne laissa ni dinar ni dirham, car le jour où la maladie l'entreprit, il avait sorti d'un petit chiffon (huraiqa) qui était dans sa poche, deux quarts de dirham avec quoi il acheta [F+ aux enfants] de l'huile, pour un quart, et des légumes, pour l'autre quart. « 0 Dieu, dit-il alors, tu sais certes que je ne possède rien d'autre que ceci 1 » Lorsqu'il fut mort, il ne nous fut pas possible de l'enterrer le mercredi; on l'enterra donc le jeudi et, ainsi qu'il l'avait prédit, chacun se sépara pour se rendre à sa place. [F+ Le mu'addin vertueux, Abû-1-Haggâg Yûsuf, le lava pendant qu'avec lui je versais l'eau sur le cadavre; quand il lui eût découvert le visage, il y vit de l'éclat, de la luminosité et de la splendeur; il le baisa alors entre les yeux et lui dit en pleurant « Puisse Dieu te récompenser pour toimême 1 Tu es de ceux de qui Il a dit Des visages qui seront, ce jour-là, couleur d'aurore (musfira), riants, réjouis par une bonne nouvelle. » « J'ai lavé une foule de personnages vertueux et de juristes, me dit-il ensuite, mais je n'ai pas vu une beauté pareille à celle du visage de ton père que voici, mort. »]

[F+ Il mourut dans la décade du milieu de Dû Higga, mois qui termina l'année 686 (17-27 janvier 1288)].


38. Abu 'Ali 'Umar et-Tan<jt.

Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Yahyâ ez-Zuhailî m'a raconté ceci comme le tenant de ce personnage lui-même Étant allé en Andalousie comme combattant de guerre sainte, nous sortîmes en un détachement (sartya). Une armée considérable fondit alors sur nous certains furent capturés et les autres se cachèrent. Les Chrétiens (rûm) m'ayant pourchassé jusqu'à un buisson (Satba), j'y entrai il ne me dissimulait même pas la jambe, aussi ne doutais-je pas d'être capturé. [F+ Or, les cavaliers des Chrétiens passaient auprès de moi sans qu'aucun d'eux me vît et un groupe] s'arrêta à proximité de moi cependant que Dieu m'avait « voilé » à leur vue. Ils envoyèrent ensuite leurs chiens chercher les prisonniers dans le buisson quand ils parvenaient à moi, ils me léchaient [F+ les pieds] et s'en allaient, [F+ tandis que je récitai la sourate Yâ-Sîn]. Les Chrétiens s'en allèrent; [F+ lorsque la nuit fut tombée], je sortis et marchai jusqu'à ce que j'eusse atteint le pays des Musulmans.

39. j– Abû 'Imrân Mûsà ibn 'Abd es-Salâm. Il rencontra Abû 'Abd Allâh el-Yastîtanî"0 et fut témoin d'une partie de ses prodiges. En revenant de s'acquitter de l'obligation du pèlerinage canonique, il rencontra Ibn Daqîq el-'îd*51 et profita de sa science. Il est le fils de la sœur du pèlerin [F+ Abû 'Abd Allâh] Muhammad ibn Sulaimân, l'un des personnages vertueux des Miknâsa"2. Voici ce dont je fus témoin de sa part J'allai au marché de Tâfarsît avec des tissus (alwâb) que je me proposais d'y vendre. Il s'assit alors à mon côté et nous conversâmes or, il me passa par l'esprit l'idée de lui donner un voile


(kanbûê)' pour sa femme454 [F+ mais j'hésitai dans ma résolution en me disant que je n'avais pas eu auparavant l'habitude d'agir avec lui de la sorte]. Je chassai donc cette idée; elle me revint et je la chassai de nouveau, mais elle ne me quitta pas je sus alors que c'était une idée inspirée par la vérité (hâtir haqq). Coupant un voile dans une belle pièce (Mqqa), je le lui remis et il l'emporta M'étant trouvé, par la suite, réuni avec l'un de ses compagnons466, il me raconta alors que le « maître » Abû 'Imrân avait dit ceci « J'eus besoin d'un voile [F+ pour ma femme] mais je n'en avais pas sur moi le prix. M'étant alors assis au côté d'Un Tel (il voulait parler de moi), je désirai lui en demander un [F+ à crédit], mais la honte m'en empêchait, et cette idée ne cessait d'aller et de venir dans mon esprit; c'est alors que, prenant les devants, il me donna un voile [F+ sans que je le lui eusse demandé]. [F+ J'ai dit Et ceci est un prodige qui fut accompli en sa faveur car, lorsqu'il eut besoin d'un voile et eut honte de le demander, Dieu suscita à l'instant en mon cœur l'idée de le lui donner.]

40. Abû-r-RabV Sulaimân ibn Abl Bakr el-Gu'ûnt. Il étudia auprès du « maître » unique, Abû Muhammad Sâlih [F+ el-Haskûrî] le juriste4", et demeura constamment avec son cousin4", le juriste savant Abû Zakarîyâ el-Gu'ûnî. Il suivit leur « voie » avec retenue et mérite; il comptait parmi les compagnons et les amis de mon père. Un jour, il me raconta ceci, à son cours, dans sa mosquée qui est à la campagne Tandis que j'étais endormi à cet endroit, je vis entrer auprès de moi, dans cette mosquée, un individu qui me remit un document notarié (waltqa) écrit sur parchemin; l'ayant ouvert et lu, j'y trouvai le témoignage d'Un Tel, [F+ l'un des témoins instrumen-


taires des Baqqûya], qui était connu chez nous pour apporter de faux témoignages il est maintenant mort et il ne convient pas de le citer. [F+ Il avait fait en sorte que ce témoignage fût écrit avec quelque chose de semblable au paraphe du qâdl]. J'y vis alors, écrit dessus, nettement, Ruses de l'Enfer1™. Je ne m'éveillai que lorsque entra auprès de moi un homme qui me donna un document et, après l'avoir parcouru, j'y trouvai le témoignage du témoin en question. J'enquêtai alors sur [F+ le fond de] l'affaire je trouvai qu'elle était [F+ contraire à l'équité et que le témoignage était] un faux puisse Dieu nous en protéger 1 41. îrzîgan" connu sous l'appellation d'Abû Sa'bân"0. Il avait l'épiderme noir4*1 mais ses sentiments ('iéra) étaient blancs, et les jeunes garçons, sans cesse entichés de lui, disaient « Fais miséricorde à Abû Sa'bân » Cela le ravissait de plaisir et il ne se lassait pas de l'entendre, si bien que cette dénomination s'attacha à lui comme une marque au fer rouge.

C'est lui qui m'a raconté ce que j'ai relaté à son sujet, dans la biographie d'Abû-r-Rabf Sulaimân ibn Sittuhum, à propos de sa vision d'El-Hadir.

Il m'a encore raconté ceci Étant tombé gravement malade à l'Ermitage de la Mer, à Bâdis, j'y restai, retranché du monde, anéanti, sans qu'il subsistât de moi autre chose qu' « une voix éteinte et un être exténué » [F 4- il n'y avait personne avec moi si bien que je fus près de mourir et que mes forces tombèrent]. Lorsqu'une partie de la nuit se fut écoulée, il entra auprès de moi un individu que je, ne connaissais pas à Bâdis et qui avait à la main un plat"2 contenant de la nourriture. « Mange 1 me dit-il. Je ne puis I » lui répondis-je et, de sa main, il me donna alors à manger. Je me ranimai (inta'aëiu) sur-le-champ


et, le matin, je me trouvai rétabli, vaquant à mes affaires. Quant à moi, je connais absolument tous les gens de Bâdis, mais cet individu ne faisait partie d'eux en aucune façon. Il séjourna dans l'ermitage de Bâdis pendant un certain laps de temps. Il gagna ensuite la ville de Ceuta où il se maria vivant dans la retraite, il ne cessa jusqu'à sa mort de prononcer l'appel à la prière à la Mosquée des Savetiers (masgid el-qarrâqin) et à celle du Mihmal"4 [F+ qui est dans le quartier d'Ed-Daqqâqîn]"5, à l'entrée486 de la Rue (zuqâq) du Sultan.

42. Abû 'AqU™ 'Abd er-Razzâq.

C'est le petit-fils du petit-fils à' Abu Dâwûd qui a été cité au début de ce livre. [F+ Son nom est 'Abd er-Razzâq, fils de 'Abd el-Wâhid, fils du pèlerin Ibrâhîm, fils de 'Isa, fils d'Abû Dâwûd; il fut surnommé d'après l'un de ses fils qui avait nom 'Aqîl].

Son voisin, [F+ le « maître » vertueux] Abu Zakarîyâ Yahyâ ibn 'Alî el-Gassâsî«8, connu sous l'appellation d'El-Battiwî, qui fut son compagnon constant [F+ et son serviteur] m'a raconté ceci Comme nous avions passé la nuit chez l'un des Battûya, [F+ le maître du logis] nous prépara de la nourriture mais, lorsqu'il eut déposé le plat devant nous, Abû 'Aqîl se refusa à y porter la main [F+ et à en manger. « Enlevez-le 1 » dit-il alors.] Ceux qui étaient présents chez l'homme mangèrent. Quand je me trouvai en tête-à-tête avec Abû 'Aqîl, je lui demandai ce qui l'avait empêché de manger cette nourriture. « [F+ O mon frère, ô Yahyâ !] me répondit-il, lorsque le plat eut été déposé devant nous, j'ai vu que la viande qui était dessus s'était tout entière transformée en vers 1 Or, l'homme chez qui nous avions passé la nuit était de condition vertueuse [F-f et la nature des biens qu'il avait acquis ne prêtait à aucun soupçon.] L'étant donc allé trouver, je


lui rapportai les paroles d'Abû Aqîl. « C'est merveilleux 1 » me dit-il puis il procéda à une enquête sur la question il trouva alors que cette brebis qu'il avait égorgée n'était pas à lui mais que, laissée en dépôt dans son bétail, elle avait été égorgée par erreur.

Certains jours, dit-il, je priais"' avec lui, pendant le mois de Ramadân, dans la mosquée, au milieu de la nuit. J'entendais alors le bruit [F+ de quelque chose de pesant] qui descendait à reprises successives sur la terrasse et, l'ayant interrogé à ce sujet, il me fit des signes par lesquels je compris que c'était le bruit fait par des hommes [F+ vertueux qui volaient dans les airs et] descendaient [F+ sur la terrasse de la mosquée pour se reposer]. Je me retins de le questionner car il avait dit, entre autres paroles « Dispense-toi de poser des questions sur ce qui ne te regarde pas 1 »

43. j– Le juriste, Yimâm, le pèlerin Abû YaCqûb Yûsuf ibn Muhammad ibn 'Abd Allâh ez-Zuhailt, célèbre sous l'appellation d'Ibn el-Ôammâz"

Mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad, étudiait El-Gallâb470 [F+ et Abû Ya'qûb était présent avec nous]. Une année, son cours coïncida avec le mois de Ramadân or, la coutume d'Abû Ya'qûb, durant ce mois, était de ne parler de rien des choses de ce bas-monde, ses seules paroles étant pour la récitation du Coran, du dikr et du tasbîh. [F+ Lorsqu'il avait fait la prière du magrib, il demeurait à la mosquée, occupé à faire des rak'a-s, jusqu'à ce qu'il ait fait la prière de Vi&fâ?]. Mon père, quand il avait rompu le jeûne, après la prière du magrib, revenait à la grande-mosquée nous étudiions El-Gallâb sous sa direction et Abû Ya'qûb [F+ s'étant écarté de nous] s'asseyait [F+ de côté], à proximité du cercle des étudiants (halaqa)171, de façon à entendre tout ce qui se passait au cours. Lorsque ce fut


la fin de Ramadan, mon père fut atteint à la jambe d'un mal qui l'empêcha de sortir pour se rendre au musallà"2. Quand les gens s'en revinrent et que je vins au logis de mon père, je rencontrai [F+ à la porte] Abû Ya'qûb qui en sortait; lorsque je fus entré auprès de lui, mon père me dit « Il n'y a pas de doute à avoir sur la vertu de cet homme qui vient de sortir de chez moi à l'instant (il voulait parler d'Abû Ya'qûb) il est entré auprès de moi en visiteur puis m'a dit que, ces jours-ci, il voyait en songe un homme, de ceux qui sont signalés par leur science et leur mérite, qui lui demandait pourquoi il demeurait dans la grande mosquée depuis le magrib jusqu'à ce que l'on fasse la prière de l'iS/d'8. « Ne sais-tu pas, lui disait cet homme, que la Coutume prophétique est de se hâter de rompre le jeûne? » Abû Ya'qûb lui répondait alors qu'entendant le mu'addin cependant qu'il était dans son logis, il rompait le jeûne et qu'à ce moment-là il sortait. Et c'est moi, me dit mon père, par l'esprit de qui cette idée était passée comme je le voyais ne pas quitter la mosquée depuis le magrib jusqu'au moment où il s'en allait après avoir achevé Viêfâ'. 0 mon enfant, ô Yûsuf, lui dis-je alors, cette idée m'était venue 1 Et c'est toi, me répondit-il, que j'ai vu en songe me dire cela 1 »

Le « maître » Abu 'Abd Allâh ibn Abî-1-Qâsim es-Sabbân m'a raconté l'histoire du passage d'El-Hadir auprès d'eux dans la mosquée tandis qu'Abû Ya'qûb était assis, lisant YIhyâ; il me dit aussi comment Abu Ya'qûb lui ayant demandé s'il connaissait cet homme qui avait passé auprès d'eux il lui répondit que non. J'ai relaté l'anecdote dans la biographie (rasm) d'Abû 'Abd Allâh ibn es-Sabbân.

Lorsque j'eus entendu cette histoire de la bouche d'Abû cAbd Allâh, je voulus la vérifier en l'entendant de celle d'Abû Ya'qûb je lui relatai donc l'aventure. « En effet, me dit-il, ce fut ainsi, mais je savais que cet homme était


El-yadir seulement, lorsqu'il passa, je ne trouvai pas en moi-même la force ni de remuer, ni de parler, et cela jusqu'à ce qu'il se fût éloigné. D'où le connaissais-tu? lui demandais-je. Je l'avais vu auparavant, me répondit-il, à la zdwiya de la mer. »

J'ai dit D'après la description que m'en fit Abû 'Abd Allâh ibn es-Sabbân, c'était un homme de taille moyenne, plutôt petit, qui avait sur lui une tunique (gubba) de laine blanche et un manteau (ihrâm) de laine grossière. 44. Abû-l-Abbâs Ahmad ibn Yahgà ibn Sa'ld. Il m'a raconté sur lui-même ceci J'entendais Abû 'Abd Allah ibn es-Sabbân dire que la qibla de la mosquée de Bâdis était un peu déviée vers l'occident. Or, comme je m'étais assis un jour dans l'attente de la prière du subh, réfléchissant en moi-même à cette question de la qibla, un homme me remua par côté, et je levai la tête; il fit alors un geste de la main et me dit « La qibla est comme ceci 1 » Je regardai, dit-il, et je vis la Ka'ba174 ensuite je cherchai l'homme mais je ne le trouvai pas. Je dis Et je les vis continuellement, lui et [F+ le « maître »] Abû cAbd Allâh ibn es-Sabbân, obliquer un peu vers l'Orient lors de la prière.

L'Abû-l-'Abbâs en question m'a raconté sur lui-même ceci Je réfléchissais, une nuit, à la forme de la terre et à ce sur quoi elle repose, et cette idée allait et venait en mon âme. M'étant levé, je vis l'Univers tout entier*" et ce qu'il englobe sortir pour se présenter au Dais divin, posé sur quelque chose qui, par sa minceur et sa ténuité, ressemblait à un cheveu ayant ensuite regardé ce cheveu, je vis qu'il ne reposait sur rien et je demeurai tout interdit; j'entendis alors quelqu'un qui disait « Certes, c'est Moi Dieu; il n'y a pas de divinité si ce n'est Moi adore-Moi


donc » » jusqu'à Sa parole « et qui a suivi sa fantaisie car tu périrais! !47S » Et j'entendis les substances de l'univers répéter ce verset, chacune individuellementm. 45. Abu 'Abd Allâh Muhammad ibn 'Abd Allâh eè-Sarlf. [F+ C'est Muhammad ibn 'Abd Allâh el-Hasanî]. Son « maître » était Abû Yahyâ478 Âgarrûm479, [F+ le « maître » de son temps pour ce qui est de l' « état » mystique, de la pureté (ihlâs), des prodiges, du renoncement, de la piété craintive et des « stades »], et il obtint de lui les clefs de la baraka particulière et mixte. Je ne l'ai mentionné sans mentionner son « maître » que parce que son père, le èarîf 'Abd Allâh, [F+ était venu du pays du Habt et] avait habité Bâdis, où il enseignait aux jeunes garçons [+ le Livre de Dieu]; son fils, Muhammad, y naquit et c'est de là que, [F+ lorsque 'Abd Allah eS-Sarîf fut mort], il partit pour se rendre [F+ dans la région habitée par le « maître » Abu Yahyâ], à l'extrémité du pays des Banû Ba§îr*80 qui fait partie de la région du Warga, [F+ et qu'il profita de son enseignement].

Quant au « maître » Abu Yahyâ, il est compris parmi les « maîtres » du Warga et c'est pour cela que je ne l'ai pas mentionné; ses prodiges sont trop nombreux pour être recensés et tous les gens du Warga et des régions environnantes, qu'ils aient été de ses voisins ou aient habité loin de lui, les racontent en les lui attribuant, en raison de la commune renommée qu'ils ont acquise. Lorsque ce « maître » fut mort, Abû'Abd Allâh occupa sa place et son bâton passa en sa possession; il s'en servait pour marcher lorsqu'il partait pour régler une affaire ou bien l'envoyait avec quelqu'un d'autre pour conclure un arrangement l'entreprise réussissait et nul, parmi les tribus du Warga, ne pouvait repousser ce bâton que j'ai vu de mes yeux à la main d'Abû 'Abd Allâh e§-Sarîf«".


Un groupe de gens qu'il serait excessif de dénombrer et de dénommer m'a raconté à propos de lui qu'un conflit ayant éclaté entre les Banû Wângan482 et les Banû 'Isa, tribus du Warga, ces derniers enlevèrent aux premiers une femme Abû 'Abd Allâh es-Sarîf étant allé les trouver à propos de celle-ci, ils lui promirent de la restituer et il s'en revint, confiant en leur promesse mais, ayant ensuite changé d'avis, ils la retinrent pendant dix-huit jours. Comme on lui faisait des observations à ce sujet, il répondit « Ils paieront de la mort de l'un des leurs chacune des nuits qu'ils l'auront retenue » Or, dit l'informateur, les Banû Wângan étant venus, en petit nombre, trouver les Banû 'Isa qui étaient fort nombreux, tuèrent à ces derniers dixhuit hommes et sa prédiction se trouva réalisée. Voici l'un de ses prodiges dont j'ai été témoin Un homme d'entre les Marnîsa488, des habitants de [F+ la source ('unsur) située à Hagar] Tâfazzâ484, localité dépendant du pays des 485, maria une sienne fille, avant qu'elle fût pubère, à un revendeur488 (sûqî) connu sous l'appellation d'Ibn Tâfîlâlat, [F+ qui habita avec cette fille, en compagnie des parents de celle-ci]. Comme elle le haïssait [F+ montrant un caractère acariâtre et insociable]4", il pensa que c'était son père et sa mère qui l'avaient excitée contre lui; l'ayant donc enlevée pendant la nuit, il alla s'installer188 avec elle dans la montagne d'Abû Yarmân qui dépend du pays des Banû 'Isa48». [F+ Les parents de sa femme éprouvant un grand chagrin de son absence, ne trouvèrent alors d'autre moyen que de se rendre auprès d'Abû cAbd Allâh e§-Sarîf qu'ils supplièrent d'aller voir le mari de leur fille et d'intercéder auprès de lui pour qu'il la leur renvoyât afin qu'elle leur rendît visite, [F+ en se portant garant, pour eux, qu'ils la lui restitueraient]. Le ëartf s'étant donc rendu auprès du mari, lui fit part de leur désir. « 0 mon seigneur, lui répondit-il, son père cherche à te tromper; lorsqu'elle sera arrivée chez lui.


il ne la rendra pas [F+ et violera la promesse qu'il t'a faite 1 [F+ Je me porte garant qu'elle te sera rendue, dit le kurlf] laisse-la aller il en répond sur sa tête » Il emmena donc la jeune fille et la conduisit au logis (bait) de ses parents où elle demeura pendant de nombreux jours. J'avais l'habitude d'y attacher ma bête de somme [F+ et, comme je m'y rendais plusieurs fois dans la journée pour la faire boire et lui donner sa ration, je connus tous les détails de l'affaire.] Ensuite, [F+ au bout d'un mois], le mari ayant demandé à sa femme de revenir le trouver, le père s'y refusa et la retint. « [F+ Il l'avait épousée ici], dit-il, et il s'est enfui avec elle de mon logis [F+ pendant la nuit] [F+ maintenant] qu'elle vient d'y revenir je ne l'abandonnerai pas [F+ S'il a quelque intention sur elle, qu'il habite ici avec elle !] » Le mari de la fille vint alors trouver Abu 'Abd Allâh es-Sarîf [F+ pour l'informer des agissements de son beau-père] et lui demanda de lui restituer son épouse, [F+ ainsi qu'il le lui avait garanti]. Le Sarîf se rendit donc au village (manzil) du père490 et nous nous réunîmes dans la mosquée491, en ma présence et en celle d'un groupe de gens; [F+ nous envoyâmes chercher le père de la fille] et Abû cAbd Allâh lui demanda de la rendre [F4- à son mari] il refusa. « Je n'ai pas de décision à prendre à ce sujet, dit-il donnez-lui un ordre et qu'elle retourne à son logis 1 » La mère vint alors et parla grossièrement; elle amena la fille, mais celle-ci s'effaroucha, pleura et feignit de la répugnance à suivre son mari, tout cela sur le conseil de ses parents. Le éarîf ne cessa de chercher à amadouer le père, mais ne trouvant en lui aucun bon sentiment par où il pût espérer le prendre, il lui dit « Hé l'homme, tu m'as trahi Il n'y a de puissance et de force qu'en Dieu 1 » Puis il s'en alla, [F+ fâché. « Cet homme a fâché le Sarîf, dirent alors les assistants, il ne s'en tirera pas sain et sauf »] Peu de jours après, étant entré dans le logis du père de la fille pour voir ma


bête de somme et cela au moment du duhd, je le trouvai assis, [F+ au milieu de sa chambre], souffrant [F+ et portant les traces d'une maladie qui l'avait entrepris; son nom était El-Hasan]. « 0 Abu 'Alî492, lui demandai-je, qu'as-tu? [F+ 0 mon frère, me répondit-il, je viens à l'instant de me laver la tête dans la source et je suis entré ici je me suis alors trouvé le corps brisé, sans une articulation solide. » Je sortis alors d'auprès de lui pour aller à la mosquée. « [F+ Dieu a voulu venger le éarlf* dis-je à l'un de nos compagnons [F+ que j'y trouvai], car je vois qu'EI-I;Iasan, le père de la fille, [F+ qui refusa de la livrer] vient de ressentir les atteintes de la maladie seule, sa façon d'agir avec le ëarîf lui a fait du tort. » L'homme, en effet, avait une solide constitution et n'était pas âgé, puisqu'il n'avait pas atteint la quarantaine cependant, le lendemain, sa souffrance augmenta et il mourut au bout de peu de jours, en moins d'une semaine. Nous assistâmes à son enterrement il était pauvre et vivait en travaillant [F+ comme maçon] moyennant salaire. Comme il laissait de jeunes enfants qui, le jour de sa mort, n'avaient pas de quoi manger pour une journée, je demandai494 pour eux l'aumône, sur sa tombe, [F+ après son enterrement], et les gens leur donnèrent un peu de grain. Le mari de la fille l'étant alors venu trouver, elle se soumit et s'en alla avec lui à son logis, [F+ à Abû Yarmân la responsabilité du ëartf se trouva ainsi libérée de ce qu'il avait garanti relativement au retour de l'épouse à sa demeure]. La puissance est à Dieu Il fait ce qu'Il veut il n'y a personne qui repousse Son ordre ni qui réforme Sa décision; Il est l'Entendant, le Voyant; quel bon patron II est, et quel bon auxiliaire 1


46. Le pèlerin Abû Zakariyâ Yafryà ibn Hassûn el-Bâdisiia\

C'est à Bâdis qu'il naquit et grandit il faisait partie des jeunes gens de cette ville qui se livraient au plaisir et vivaient constamment dans le bien-être; mais la clarté et la lampe de la vérité s'étant présentées à lui, il fut possible de le brider et de le seller pour la plus grande lutte il se fixa, après avoir été fougueux et rétif, à la zâwiya du vertueux « maître » Sammâs.

Il m'a raconté ceci J'avais pris connaissance du livre du « maître » Abû-1-Hasan 'Alî ibn Muhammad el-Marrâkusî [F+ qui fut l'hôte de Bâdis au cours de la période de dix années qui suivit 640 (1242-43 à 1252-53) et qui y décéda; son livre est intitulé Kitâb mandqib el-auliyâ wa-sifat sulûk el-asfiyâ] et j'avais vu ce qu'il y a relaté au sujet du « maître » Abû-1-Haggâg el-Uqsûrî, [F+ à savoir qu'il le vit marcher sur l'eau. Cela me poussa, dit-il, à gagner sa zâwiya qui est à El-Uqsûr et à visiter sa tombe. Lorsque je fus parvenu à cette zâwiya [F+ qui se trouve à la partie la plus haute du Sa'îd, dans la vallée du Nil], je trouvai qu'il venait de mourir; après que j'y eus séjourné un certain temps, on me dit que l'héritier de son « stade » était le « maître D Sammâs en-Nûbî48* [F+ et j'allai trouver celui-ci dans sa zâwiya qui était dans une localité autre qu'El-Uqsûr]. Je constatai que c'était un « maître » nubien noir [F+ et aveugle] et je demeurai chez lui [F+ avec les fuqarâ qui s'étaient retranchés du monde dans sa zâwiya; je fus témoin de prodiges accomplis en sa faveur, et ses compagnons m'en racontèrent sur son compte une quantité qu'il serait trop long de mentionner.]

[F+ L'un de ses compagnons m'a raconté sur lui ceci, a dit le pèlerin Yahyâ Alors que nous étions avec lui, un jour, assis dans cette zâwiya], un homme vertueux, [F+


un juriste originaire des Masâmida], arriva, venant d'Occident, comme le moment de la prière du 'asr était proche. « Prononce la formule de Viqâma*" de la prière à l'intention du nouvel arrivé, dit le « maître » [F+ Sammâs] au mu'addin, [F+ en voulant parler du juriste masmûdî]. [F+ Prépose un autre que moi], lui répondit celui-ci, car je ne ferai faire la prière à personne! Toi, lui répliqua le « maître », tu as quitté ta patrie, bien résolu à ne faire faire la prière à personne, en aucune façon [F+ c'est une résolution qui n'engage pas, car l'obligation de servir d'imâm t'incombe en raison de ton savoir et de tes études]. Moi, je te jure par la répudiation définitive de ma femme selon l'école juridique de Mâlik198 que nul autre que toi ne nous servira d'imâm » » [F+ Il se porta donc en avant, dit mon informateur, et nous fit faire la prière. « Certes, nous dit-il ensuite, ce « maître » possède le don d'opérer des prodiges et des « découvertes » il vient de me dire une chose que j'avais résolue et dont nul, si ce n'est Dieu, n'avait pris connaissance. »]

Avec le « maître » Sammâs, dit le pèlerin Yahyâ, je rencontrai quelques-uns des plus grands compagnons du « maître » Abû-1-Haggâg el-Uqsûrî, entre autres Gubair ibn el-Bairafî499, Ahmad ibn el-Hatîb, prédicateur de Minyat Ibn el-Hasîb600, Abû-1-Hasan el-Afwâhî101, etc. Ibn el-Hatîb avait fait abandon d'une fortune considérable et l'avait dépensée pour les fuqarâ.

Le pèlerin Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Muhammad ibn 'Abd Allâh [F+ ez-Zuhailî] ibn el-Gammâz, frère du juriste et pèlerin vertueux Abû Ya'qûb, m'a raconté ceci Étant entré dans la zdwiya du « maître » Sammâs60" [F+ après le retour du pèlerin Yahyâ ibn Hassûn à Bâdis], je pus encore connaître certains des compagnons de Sammâs qui me questionnèrent sur le pèlerin Yahyà jé les informai alors qu'il était [F+ revenu] à Bâdis, [F+ que son oncle paternel lui avait donné sa fille en mariage, et qu'il se


livrait au commerce des tissus. Ils s'en émerveillèrent.] « Il n'y eut parmi nous personne, [ F+ dans cette zâwiya], me dirent-ils, qui pratiquât plus que lui la lutte contre les passions, la retraite et la mortification. »

Le pèlerin Yahyâ ibn Hassûn m'a raconté ceci Le « maître » Sammâs avait une fille qu'il maria un « ami » lui fournit le trousseau503, en fait de vêtements et de bijoux, et ce trousseau se trouvait dans une chambre haute ayant une fenêtre donnant sur la terrasse. Or, un voleur vint une nuit et, étant entré par cette fenêtre, il se mit à prendre le trousseau, dans la chambre haute, et à en faire des ballots de telle dimension qu'ils pussent sortir par la fenêtre. Cela fut « découvert » au « maître » Sammâs malgré501 sa cécité il monta alors sur la terrasse [F+ au-dessus de laquelle était la fenêtre] et se tint debout à côté de celle-ci, [F+ appuyé au mur], tandis que le voleur, à l'intérieur de la chambre haute, jetait les objets sur la terrasse, pensant que, lorsqu'il aurait terminé, il sortirait pour les aller chercher mais, chaque fois qu'il jetait quelque chose506 [F+ par la fenêtre et qu'elle parvenait sur la terrasse], le « maître » la prenait et la serrait. Lorsque les objets furent épuisés et que le voleur sortit, il trouva le « maître » qui s'était emparé de tout et qui lui dit « 0 Un Tel, quels sont ces procédés (hiraf)i [F+ Nous t'avons devancé, brigand, pour reprendre notre bien 1] 0 mon seigneur, je reviens repentant à Dieu 1 » lui répondit alors le voleur en lui baisant la main et, s'étant repenti [F+ devant lui, il s'en alla].

Le pèlerin Yahyâ a dit que le « maître » Sammâs lui avait raconté ceci Il y avait avec nous, à la zâwiya du « maître » [ F+ Abû-1-Haggâg], un /aqlr qui criait beaucoup tandis que les fuqarâ étaient assis, chacun d'eux occupé à prononcer le dikr [F+ c'était là un état extatique qui le prenait et qu'il ne pouvait repousser]. Or, le « maître n nous dit un jour « Partez en pérambulation et que chaque


fois que l'un de vous passera auprès d'une chose quelconque, [F+ de peu ou de beaucoup d'importance], qu'il la considère et y réfléchisse 1 Le faqlr qui criait beaucoup partit ainsi en pérambulation sur le bord du Nil, remontant dans la direction d'Aswân608 qui est le point le plus en amont de ce fleuve. En sortant, il regarda la largeur de la vallée, l'étendue de son eau et son calme après avoir considéré cela un moment, il continua sa pérambulation en remontant le Nil; parvenu alors à la partie resserrée du fleuve, il s'arrêta auprès et contempla son agitation, la vitesse de sa course et la violence de son mugissement provoquées par son étroitesse. Quand il eut considéré cela, il fit demitour et s'en revint. « Comment as-tu vu le Nil à l'endroit où il s'est élargi, lui demanda le « maître » Abû-l-Haggâè lorsqu'il fut entré auprès de lui, et comment l'as-tu vu là où il est devenu étroit? En vérité, dans sa partie resserrée, là où il mugit beaucoup, il est semblable à ton « état », et pareil à lui, à l'endroit où il s'est élargi et calmé si bien qu'on ne lui entend pas faire de bruit, est l' « état » des autres. » Le faqtr, dit-il, se calma et cessa de crier par la suite, .sachant que ses cris provenaient de son manque de sérénité507.

Le pèlerin en question m'a raconté ceci « Le « maître » Sammâs avait un enfant nommé Ahmad et d'une noirceur pareille à la sienne. Nous nous asseyions dans la zâwiya, après la prière du subh, [F+ chacun à sa place] une affaire se présentait alors au « maître » [F+ à propos de laquelle il avait besoin d'employer son fils] et il criait son nom. « 0 Ahmad » disait-il. [F+ Ahmad ibn el-£Iatîb, pensant que c'était à lui qu'il en avait], levait la tête et lui répondait « A ta disposition (labbaik). C'est seulement à mon enfant que j'avais affaire 1 » disait alors le « maître ». Lorsque cela lui fut arrivé fréquemment, Ibn eUJatîb lui dit « 0 Sammâs 1 Les noms de nègres508 comme îrzîgan, Halîfa, Zantût, Sa'âda, [F+ Maimûn et Marzûq]


ne t'ont donc pas suffi pour avoir donné à ton fils celui d'Ahmad? Tu as dit vrai 1 » lui répondit le « maître » qui se réjouit de cette répartie.

[F+ Le pèlerin Yahyâ a dit que les compagnons du « maître » Abû-1-Haggâg lui avaient raconté que le « maître n leur disait qu'il leur arriverait un homme, venant du Magrib, qui serait l'héritier de son « stade ». « Or, dirent-ils, lorsqu'il» n Sab'în arriva auprès de nous, nous nous l'imaginâmes comme étant cet homme qu'avait mentionné le « maître » mais, nous étant mis à parler avec lui, nous le trouvâmes pareil au cheval indompté que rien ne ramène; lorsque nous eûmes commencé à discuter (munâzala) avec lui au sujet des « états » extatiques, nous constatâmes qu'il les réprouvait et nous sûmes alors qu'il n'était pas celui que le « maître » avait annoncé.

Après son retour d'Orient, le pèlerin Yahyâ avait trouvé dans l'aisance son oncle paternel, Muhammad ibn 'Alî, [F+ qui était connu sous le surnom d'El-Batût]. Celui-ci lui maria sa fille et lui donna une somme d'argent avec laquelle il pût tenter de faire du commerce, mais en moins que rien cette somme disparut il en prit alors une autre qui disparut également et continuellement, chaque fois qu'il entreprit quelque commerce, celui-ci eut peu de succès [F+ par la suite il s'endetta et aucun éclair resplendissant ne brilla sur lui]. [F+ « Par Dieu, l'entendis-je alors dire, des biens de ce bas-monde je n'ai obtenu en partage que la pauvreté 1] Je me fatigue en vain car la dernière chose à laquelle je me sois engagé par pacte"" avec le « maître » Sammâs [F+ lorsque je lui fis mes adieux], c'est de renoncer aux biens de ce bas-monde 1 » Il se remit alors à se vêtir de la muraqqaea et à vivre des dons spontanés (futûh.), et il ne cessa de pratiquer ce genre d'existence, retiré du monde, jusqu'à ce qu'il mourût en la ville de Fès.


47. Le pèlerin Abû-l-'Abbâs Ahmad ibn Muhammad [F+ ibn 'Abd Allah] ibn el-Gammâz.

[F+ Il est le frère du pèlerin et juriste Abû Ya'qûb Yûsuf ibn Muhammad ibn 'Abd Allâh ibn el-Gammâz que nous avons cité précédemment; il avait fait le pèlerinage canonique avant son frère Abû Ya'qûb qui était plus âgé que nous]. Il vécut longtemps à l'étranger, loin de sa patrie, et se retrancha du monde durant de nombreuses années comme mugâwir"0, à la Mekke. Durant tout le temps qu'il y passa ainsi, il gagnait sa vie au moyen de la couture611. [F+ Il fit le pèlerinage canonique une première fois et séjourna dans les pays hijâziens durant quelques années, comme mugâwir] revenu ensuiteà Bâdis, [F + il y demeura pendant un petit nombre d'années (sinntyât)]. Puis, ayant changé d'avis, il retourna à son état de mugâwir à la Mekke où il resta sans interruption jusqu'à sa mort. Il m'a raconté ceci Alors que nous étions [F+ à Barqa] un groupe de /uqarâ en voyage et qu'avec nous était une vieille femme [F+ vertueuse], l'eau vint à nous manquer; or, nous passâmes auprès d'une citerne512 dans le fond de laquelle il y avait de l'eau qu'il n'était possible d'atteindre qu'en puisant avec un seau; cette vieille femme donc attacha une faible corde"3 à sa gourde et la laissa descendre mais, lorsqu'elle tira, la corde se coupa et la gourde resta au fond du puits. « 0 Dieu, dit-elle alors [F+ enlevant les yeux vers le ciel], restitue-moi (ugbur 'alîya) 51* ma gourde 1 » Or, Dieu fit tomber à proximité de nous la pluie secourable d'un énorme nuage et il en vint un torrent qui remplit le puits [F+ à l'instant] sa gourde monta à la surface de l'eau et elle la prit. Nous primes, nous, l'eau dont nous avions besoin et nous nous en allâmes, [F+ reconnaissant le mérite de la vieille femme, témoins, parmi ses prodiges, de ce dont nous nous émerveillâmes comme de juste].


[F+ Il a raconté de nombreux prodiges parmi ce dont il fut témoin en Orient nous avons renoncé à les mentionner par ce qu'ils se rapportent à des gens inconnus et que nous avons eu simplement pour but d'attirer l'attention sur ceux qui vécurent dans les contrées du Rîf, sans plus. Si nous avions voulu rechercher jusqu'au bout, auprès de tous les gens du Maroc, les prodiges qui y furent réalisés, cet ouvrage certes aurait compris plusieurs volumes; mais il suffit, en fait de collier, de ce qui entoure le coup". 48. AM Ishâq Ibrahim el-Battâl*1*.

Il était de la tribu des Kabdân617, de la région de la Moulouya, et il allait et venait sans cesse dans le pays d'El-Qilâ'»",du côté de Melilla et dela colline des Gassâsa61». Abû Sa'îd 'Utmân ibn Dâwûd ibn Abî Muhammad 'Abdûn m'a dit que le « maître » vertueux Abû Ishâq Ibrâhîm el-Battâl avait raconté sur lui-même ceci à cAbd Allâh ibn Ya'qûb el-Wîkarnî el-Battiwî Tandis que j'allais au pays des Kabdân, dit-il, je passai un jour dans rAzgâr-an-Warîg*20. Or, un [F+ énorme] jujubier tira [F+ le pan de] mon manteau. « Je pense, lui dis-je, que tu désires que je sois, cette nuit, de tes hôtes; par Dieu, je ne te dépasserai pas 1 » et je descendis de ma monture auprès de lui. Lorsque ce fut le moment de donner la ration, je trouvai la musette de ma bête remplie d'orge et je la lui suspendis; au moment du coucher du soleil, m'étant tourné vers ma droite, je trouvai un seau521 d'eau au moyen de quoi je fis mes ablutions après la prière du magrib, un plat avec de la nourriture se trouva présent devant moi; je mangeai donc, [F+ bus] et passai la nuit là. Le lendemain, [F+ quand j'eus fait la prière du subh], je quittai ce jujubier522.

J'ai dit Et ce lieu où il passa la nuit est une région


désertique effrayante523 elle abonde en animaux sauvages et est isolée de la zone peuplée; il ne manque jamais de s'y trouver des détrousseurs521, des brigands625 et des Chrétiens qui sortent de la mer526 pour s'y mettre en embuscade [F+ seul, pour ainsi dire, un groupe composé de nombreuses personnes peut la traverser]. La longueur de ce désert est de quarante milles; il commence à la frontière de Melilla et se prolonge jusqu'au début des ravins5" (hanâdiq) des Kabdân.

Abû Sa'îd qui a été mentionné m'a raconté ceci Il avait [F+ une femme, dans le pays des Kabdân où il habitait, et elle lui avait donné] une fille. Celle-ci fut épousée par un individu des Banû Yaznàsan528 qui alla habiter avec elle à Agbâl" localité séparée du logis de son père par une [F+ demi-] journée de route pour un homme monté forçant l'allure. [F+ Or, sa fille étant sortie avec son mari pour aller au champ où lui moissonnait le grain tandis qu'elle, derrière lui, ramassait, une querelle (muëârara) éclata entre eux deux; il la frappa injustement et elle appela alors son père à l'aide tandis qu'elle était dans la chambre de son mari. Son père, l'ayant entendue depuis son logis, chez les Kabdân, vint à elle [F+ immédiatement]. « Que t'arrive-t-il avec ma fille? demanda-t-il au mari qu'il trouva dans un champ, occupé à moissonner du grain qui lui appartenait. 0 oncle530 Ibrahim, répondit celui-ci, c'est elle qui a agi iniquement à mon égard mais invoque Dieu pour qu'il hâte la perte de celui qui a été injuste. Que Dieu hâte sa perte 1 » dit le « maître ». Une vipère piqua alors l'homme qui mourut sur place [F+ et le « maître » s'en alla, retournant à son domicile]. Abû Sa'îd qui a été mentionné m'a dit que le pèlerin Ahmad, un homme vertueux qui comptait parmi les disciples de son grand-père Abû Muhammad 'Abdûn, lui avait raconté ceci Comme j'allais faire le pèlerinage canonique et que je m'étais égaré dans un désert, je vis quel-


que chose de semblable à un cavalier qui, de loin, s'avançait vers moi lorsqu'il m'eut atteint, voici que c'était Ibrâhîm el-Battâl qui était monté à cheval sur son bâton comme font les jeunes garçons. « 0 Ahmad, dit-il après m'avoir salué, tu t'es égaré hors du chemin 1- Oui 1 lui répondisje il me guida alors vers la route et s'en alla. Abd Sa'id qui a été mentionné m'a raconté ceci « Le chacal certes est compatissant pour l'homme », dit Abu Ishâq el-Battâl qui venait de voir l'un de ces animaux et, comme les assistants s'étonnaient de ses paroles, il continua « Ne vous étonnez pas, car j'ai été témoin de sa part de ce que je viens de relater sur son compte J'étais un jour dans un désert de la terre et j'avais été pris d'une soif intense. Or, je vis un chacal qui, de ses griffes, fouillait énergiquement le sol [F+ en un endroit proche de moi] après son départ, je m'y rendis et je constatai que c'était l'orifice d'un puits où il y avait de l'eau j'y descendis alors et j'en bus »•

Tous ceux qui ont vu ce « maître ont raconté sur lui, à l'unanimité, qu'il avait. [F+ une bête de somme, une jument (ramaka), qui était célèbre auprès des gens] et qui ne se mit jamais en route pour négocier une affaire sans que Dieu ne la rendît aisée. Auprès de ceux qui la connaissaient, elle avait, en langue berbère, un nom qui signifie Celle qui satisfait les besoins*


a) Le manuscrit F se termine par une note de l'auteur où celui-ci, en substance, dit qu'ayant commencé son travail au début de 711 (1311-12), il l'acheva à la fin de cette même année. Après l'avoir corrigée, revue et y avoir fait quelques additions (rablyât), il transcrivit cette copie de son brouillon pour la bibliothèque d'Abû Fâris 'Abd el-'Azîz ibn Abî-l-'Alâ Sâ'id ibn el-Walîd Ismâ'îl ibn Sâ'id el-6uhanî53S. Cette bibliothèque se trouvait à Fès dont Abû Fâris était gouverneur il était aussi, semblet-il, d'après un passage peu précis, gouverneur de Salé. b) Ensuite vient cette note généalogique Dans un autre exemplaire de cet El-Maqsad eê-êarîf qui est de l'écriture de notre père, celui-ci a dit, à la fin « Celui qui l'a écrit est 'Abd es-Salâm, fils de 'Abd er-Rahmân, fils de 'Abd es-Salâm, fils d'El-Hasan, fils de 'Umar, fils de Muhammad, fils de 'Umar, fils d'Ahmad.filsde'Umar, filsd'Ahmad, fils de Muhammad, fils de 'Alî, fils de Mahammad, fils de 'Alî, fils d'Ahmad, fils de 'Alî, fils de Ya'qûb, fils d'Ibrâhîm, fils de 'Abd er-Razzâq (c'est Abû 'Aqîl; il reçut ce surnom à cause de son enfant qu'il avait nommé 'Âqil (sic), fils de 'Abd el-Wâhid, fils du pèlerin Ibrahim, fils de 'Isa, fils de l'« axe », du « maître » Abû Dâwûd dont le nom était Muzâhim, fils de 'Alî, fils de ôa'far, fils de Sulaimân, fils de 'Alî, fils d'Abû 'Aziz, fils d'Abû Harbîl. » Cette liste est intéressante par ce qu'elle nous fournit les noms de vingt-deux descendants successifs d'Abû Dâwûd, le grand saint des Tamsâmân. Pour ce qui est de

NOTICES TERMINALES

Manuscrit F.


ses ancêtres, elle les donne dans le même ordre que F, tandis que dans R, on lit fils de 'Ait, fils de Sulaimân, au lieu de fils de Sulaimân, fils de 'Alt.

Manuscrits R et T.

Les manuscrits R et T se terminent par une note dans laquelle 'Abd el-Muhaimin ibn Muhammad ibn 'Abd elMuhaimin ibn Muhammad el-Hadramî6S* dit avoir entendu lire environ les deux tiers du Maqsad (exactement depuis le début jusqu'à la fin de la biographie du juriste Abû Ibrahim)686 sous la direction de l'auteur, son compagnon, Abu Muhammad 'Abd el-Haqq ibn Ismâ'îl ibn Ahmad el-Bâdisî, en la Ville Blanche de Fès. Il en entendit lire une partie par l'auteur lui-même, et le reste par le juriste d'illustre origine Abû 'Amr Yahyâ ibn Abî Tâlib 'Abd Allâh ibn Abî-1-Qâsim el-Lahmî el-'Azafî5'8, sous la direction de l'auteur mais, ayant dû les quitter brusquement, il n'eut pas l'occasion d'entendre le restant de l'ouvrage. Par la suite, il rencontra bien plusieurs fois Abû Muhammad à Fès, mais l'auteur n'avait pas son livre sur lui. Enfin, celui-ci étant venu chez lui, à son logis887 de Fès, rive d'ElQarawîyîn, le dimanche 8 de l'année 722 (1322-23), il put achever sous sa direction la lecture du Maqsad dont il avait d'abord lu les deux premiers tiers, ainsi qu'il a été dit plus haut, dans la dernière décade du mois de Rabî' II de la même année (début avril 1322).

Lorsque le juriste Abû 'Amr el-'Azafî avait achevé de lire le Maqsad sous la direction de son auteur, il avait écrit au dos une pièce de vers de son cru dont le texte est donné et dans laquelle il mentionne qu'El-Bâdisî lui a accordé la licence (igâza) d'enseigner son ouvrage.



NOTES

1. Il s'agit des deux premières parties du Maqsad que j'ai jugé inutile de traduire; on en trouvera le sommaire, p. 6. 2. Les géographes les plus généreux sont loin d'assigner au Rif une telle étendue. El-Bakrî lui donne pour limite à l'Ouest, le nahr Yulyân (entre Ceuta et Tanger) où les Gumâra confinent aux Çanhâga de Tanger Ibn Haldûn lui attribue une longueur de cinq étapes, depuis Gassâsa jusqu'à Tanger pour Léon l'Africain, il s'étend seulement de Targa à la rivière de Nakûr. Personne, à ma connaissance, ne le prolonge, à l'Est, au-delà de la Moulouya, L'auteur ne s'en est d'ailleurs pas strictement tenu aux limites qu'il s'était données, puisque, sous le n° 38, il a consacré une notice biographique à un saint originaire de Tanger, tandis qu'à l'Est il n'a pas dépassé la Moulouya et que le personnage le plus oriental cité est originaire de la tribu des Kabdân. A propos des limites du Rif aux différentes périodes de l'histoire, voir Michaux-Bellaire, Le Rîf, Rabat, 1925, p. 5-6.

3. « Axe me semble être une traduction de qutb plus satisfaisante que « pôle ». Matériellement en effet, le mot arabe désigne l' « axe vertical du moulin à bras » (d'où, par extension, « l'axe du monde ») et aussi le « centre d'une circonférence (qutb ed-dâ'ira). 4. hafîd F le petit-fils de son petit-fils.

5. Voir, sous le n° 42, la biographie de ce personnage qui fut l'un des principaux informateurs de l'auteur du Maqsad. 6. Ancêtre éponyme des Banû Wartardâ. T donne ici Wartardts, mais le groupe final -îs peut très facilement provenir d'un alif maqsûra (à) mal lu. El-Bakrî (p. 88, 90 et 94) connaît des Band Wartadà (sic, lu Beni Ourtedi par De Slane) habitant Melilla, Qulû' Gârat et les environs. Dans la traduction de l'Histoire des Berbères d'Ibn Haldûn, ce sont vraisemblablement encore les Banû Wartardâ qui se dissimulent sous les lectures Beni Ourtedtn (1, 172, 227) et Beni Ourtendi (II, 137). A noter enfin, ce qui n'est pas sans accroître la confusion, que la Mapa militar de Marruecos, Zona oriental (édition provisoire de l'État-Major de l'armée espagnole, au 1 /150.000), signale des Beni Uaritid chez les Temsâmân à environ 8 kilomètres à l'E.-S.-E. de Sîdi Dris.


Quant au Guardan de Léon l'Africain (II, p. 323), dans lequel M. Massignon (p. 251) a pensé retrouver le nom de la tribu en question, c'est l'actuel Wurddna, nom d'un rba' et d'un oued des Bni UliSëçk, au Nord de Dâr çd-DrîuS.

7. Ancêtre éponyme des Banû Yaslîtan qui, selon El-Bakrî (p. 99), étaient établis sur la rivière de Tamsâmân. Cf. également Berb., I, 227, 258. Ce nom se retrouve aujourd'hui dans un toponyme de Fès 'Ain Azlîtyn il y existait en outre, jadis, une porte dite Bâb Aslîtan (Cf. A. Bel, Zahrat el-Âs, p. 78).

8. Ce Ôânâ (ou Gânâ) serait ainsi l'ancêtre éponyme des Zanâta (ou Ganàta ?) de nombreux généalogistes lui donnent cependant un fils, Zanât, dont descendraient directement ces derniers. (Cf. Qirlâs, p. 199, 1. 15; Dahlra, p. 10, 1. 3; Hulal, p. 139, 1. 6). Cette généalogie semble impliquer qu'à l'époque de la rédaction du Maqsad on admettait l'origine zanâtienne des Battûya, Banû Wartardâ et Banû Yaslîtan [comparer également (Dahîra, p. 93, 1. 2 Qirtâs, p. 213, 1. 12) l'ethnique el-Battîwî ez-Zanâtî porté par Mahlî, le père d'Umm el-Yumn]. Ibn Haldûn, d'ordinaire assez critique, précise au contraire en deux passages (Berb., II, p. 5 et 123) que les Battûya sont Sanhâga.

Il ne faut sans doute voir dans ce rattachement aux Zanâta qu'une manœuvre intéressée la dynastie régnante, les Banû Marin était, malgré ses prétentions (cf. n. 73), d'origine zanâtienne, et il est très naturel de supposer qu'elle devait favoriser les autres tribus issues du même tronc les Battûya tout spécialement, chez qui les Banû Marîn s'étaient tout d'abord installés à leur entrée dans l'empire almohade, chez qui, par la suite, le sultan martnide 'Abd el-I.Iaqq ibn Mahyû avait pris son épouse Umm el-Yumn, fille de Mahlî, et dont une branche, les Aulâd Mahlî, avaient acquis de ce fait une grosse influence auprès des souverains, devaient avoir à coeur d'être considérés comme appartenant à la souche berbère régnante.

9. Appelés aussi Battîwa. Cette tribu parait être demeurée importante et connue sous ce nom historique jusqu'au xvme siècle dans sa Relation, Roland Fréjus parle encore des Boutoye qui avaient alors un gouverneur commun avec les Temsâmân. Peu après et sans que l'on en voie bien la raison, ce nom disparaît de la carte du Rif; cependant cette disparition coïncide avec l'entrée sur la scène politique du Maroc de la famille rifaine des tlamâniîyîn de Temsâmân et il semble bien que l'on puisse l'attribuer en grande partie à l'épuisement provoqué par les levées de plus en plus nombreuses d'effectifs que les caïds de cette famille


utilisèrent dans le Maroc occidental, d'abord dans la guerre sainte contre les Chrétiens, puis dans leurs luttes contre les sultans (sièges de Larache, d'Arzila, de Bâdis, de Ceuta, de Tanger, de Tétouan, de Mazagan repeuplement de Târûdânt guerres d'Ahinad ibn 'Alt er-Rîfî contre le sultan 'Abd Allâh). Des Battûya qui constituèrent ces contingents, bien peu de ceux qui survécurent rentrèrent dans leur pays, et le plus grand nombre se fixa dans les villes reconquises ou dans leur banlieue. La tribu ainsi dépeuplée perdit sa vieille dénomination et celles d'anciennes sous-fractions Bni UliSSÇk, Bni S'îd, etc., s'y substituèrent. Quelques fractions de Battlwa sont encore connues sous ce nom, mais en dehors de l'ancien habitat de la tribu Bôttîwa du VieilArzeu, sur la côte du département d'Oran, étudiés par Biarnay, dans son Étude sur le dialecte des Bet't'ioua du Vieil-Arzeu, p. 5-20 20 Bôttîwa des Sâuya, chez les Ulâd Zîyân Mwâlîn ëd-dÇrwa;Bôttîwa des Dukkâla, chez les Ulâd Bû-'Azîz, à une vingtaine de kilomètres au sud de Mazagan 40 Ibôttôyën, village de la tribu des Bnt Gmîl.

Dans leur ancien habitat, la toponymie a conservé de leur séjour les souvenirs suivants 1° Pointe Betoya, à l'ouest de l'embouchure du Kert 2° Baie de Betoya, nom donné à la grande baie comprise entre le cap Quilates, à l'ouest, et le cap des Trois Fourches à l'est (cf. Instructions Nautiques sur le Maroc, 1899, p. 62 et 63) 30 KudyÇt Bôttîwa ou Ed-dhar d-Abôttûy, chez les Bni Tûzîn. 10. Petite ville avec mouillage, située en arrière de la plus grande des îles de la baie d'El-MazimmajAlhucemas. C'est dans ce sens qu'il faut entendre ce passage d'Ibn Hauqal (in Bibl. geogr. arab., II, p. 53) « Nakûr possède un mouillage, où les navires jettent l'ancre à l'intérieur (ft batn) d'une île connue sous le nom d'ElMazimma (sic) D. Cf. El-Bakrî, p. 95, d. 1. « Ils se rendirent dans une île située dans l'ancrage de Nakûr ». Cf. également R. Fréjus, Relation (trad. anglaise, 1671), p. 13 « We dropt an Anchor in the Port of Albouzema, behind the great Isle », et p. 7 « the city of Albouzema. which is a Musket shot from the Port ». Le sort d'El-Mazimma demeura intimement lié à celui de Nakûr dont elle était le port et elle dut perdre beaucoup de son importance lorsque cette dernière ville fut définitivement ruinée par Yûsuf ibn TâSHn, en 473/1080.

Divers passages du Maqsad (voir l'index géographique) prouvent qu'au viie/xme siècle, El-Mazimma était encore fortifiée et habitée ils montrent en outre l'erreur où est tombé le traducteur d'El-Idrfsî, auteur du vie /xn8 siècle, lorsque (trad. p. 205,


1. 7) il a rapporté à El-Mazimma un membre de phrase (« bourg autrefois peuplé et port où l'on chargeait des navires ») qui, grammaticalement (kdnat bih), ne pouvait être rattaché qu'à Abu Sakkûr/Bû Zakûr (Cf. El-Idrîsî, texte, p. 171, 1. 14). Au xvi» siècle, Léon l'Africain (II, p. 279) l'appelle « une grande cité > mais la confond historiquement avec Nakûr. Lorsqu'en 1666 R. Fréjus y débarqua, cette localité venait d'être démolie par le sultan Sa'dien Maulây Er-RaSîd, alors en guerre avec son beau-père, le Sait). Mhammad A'arrâs. (Cf. R. Fréjus, Relation, éd. anglaise 1671, p. 7).

En 1673 enfin, l'occupation effective par l'Espagne du Penon d'Alhucemas, situé en face d'EI-Mazimma, dut en obliger les habitants à l'exode car, dès lors, la ville n'est plus citée dans l'histoire que pour avoir, en 1740, servi d'asile temporaire au sultan 'Abd Allâh ibn Ismâ'îl alors en guerre avec son frère ElMustadi'. (Cf. Ez-Zayânî, trad. Houdas, p. 87-88). Le site d'El-Mazimma s'appelle aujourd'hui El-Bzëmma, ce qui explique les formes européennes Albuzémas, Albouzème; celles-ci sont à l'origine du moderne Alhucemas qui n'a ainsi avec al-huzâmâ « la lavande » aucun rapport étymologique. Le presidio espagnol n'est pas « Alhucemas » mais le « Penon d'Alhucemas », qui jouait à l'égard d'El-Mazimma et de Nakûr (cf. son appellation actuelle chez les indigènes hajrÇt Nkûr), le rôle du « Penon de Velez » (bajrçt Bâdçs) à l'égard de Bâdis. 11. R et T ont ici Taqldl plus loin, R a Tagldl; F a partout Tagldl. El-Idrîsî (éd. Dozy, texte, p. 171) mentionne le cap Taglâl à 12 milles (vers l'Est) d'un wâdi (wâdi Nakûr ?) situé lui-même à l'est d'El-Mazimma; il précise que « ce cap s'avance beaucoup dans la mer et que, de là à l'ancrage de Kart, on compte 20 milles ». Ce toponyme a été également relevé par les auteurs des portulans pisans et catalans du xiv* et du xve siècles (Cf. Massignon, Maroc, p. 59, n. 1 et p. 60 Tarfo Garelo); mais il semble bien que de très bonne heure il ait été confondu dans l'usage européen avec un Tarf Kart (a Cap Kart », et non « Extrémité du Kert », contra De Castries, Sources, ire série, Angleterre, t. I, p. 565; les Instructions nautiques sur le Maroc. 1899, p. 63 citent effectivement une Pointe Garet, à l'est de l'embouchure du Kart), qui aurait donné, dans la cartographie européenne, Tarto Quirato (Massignon, op. cit., p. 60), Tarfograto (Mass., op. cil., p. 68), Tarfaquirato (carte de Mercator). Aujourd'hui encore, le grand promontoire qui limite, à l'est, la baie d'Alhucemas /El-Mazimma et qui, sans doute possible, est bien le cap décrit par El-Idrîsî,


ainsi que par l'auteur du Maqsad, porte sur les cartes de la Marine le nom ambigu de Cap Quilates pour les indigènes, il semble bien que ce soit le Râs Sîdi S'aib U-Méftâh.

12. Importante ville du Rlf, abondamment décrite, ainsi que son territoire, par El-Bakrî, p. 90-99 pour son histoire, voir en outre Berb., II, 137 et suiv. Elle avait été définitivement détruite par Yûsuf ibn TâSfîn en 473 /1080 (cf. Berb., II, 76). Bien que le consciencieux El-Bakrî ait pris soin de préciser qu'El-Mazimma était à 5 milles au nord de Nakûr (p. 181), et que Nakûr était à 5 milles au sud de la mer (p. 183), de nombreux auteurs, dont Ibn Haldûn (Berb., II, 138), et Léon l'Africain (II, 279) ont voulu identifier les deux villes.

La ville ancienne de Nakûr devait être voisine du site actuel d'Ajdîr (cf. Moulîéras, Maroc Inconnu, I, 94) et c'est vraisemblablement à cette dernière localité qu'il faut rapporter les deux citations suivantes

R. Fréjus, Relation, éd. anglaise, 1671, p. 22 « Nocor, which is three leagues from the sea, at the foot of a moutain upon a large plain, but on higher ground than the situation of Albouzema D. 2° De Segonzac, Voyages au Maroc, p. 54 « Deux routes mènent à Nekour où nous comptons coucher ce soir ». La lecture Nakûr est assurée par divers passages d'El-Istabxî (in Bibl. geogr. arab., I, p. 247) où ce nom est écrit Nâkûr, en scriptio plena.

13. Dynastie fondée vers l'an 91 /709 par un chef himyarite nommé §âlih ibn Mansûr venu avec des contingents arabes elle disparut en 406 /1015, lors de la destruction de Nakûr. Cf. Berb., II, 137-143, et infra n. 251 et 308.

14. R contigu à Taglâl [et] à El-Mazimma. F qui est connu sous le nom d'Aglâs (sic), à l'extrémité du littoral de Taglâl. 15. F cinq.

16. La parasange équivalait à 3 milles, soit approximativement 5 kilomètres.

17. râbita. Dans le Maroc du Nord, ce mot paraît avoir eu exclusivement la valeur de zdwiga « ermitage », sans rien du sens militaire attaché souvent à ri bât. Ibn Marzûq, auteur magribin du xive siècle, donne de ri bât et de zâwiya des interprétations intéressantes « Ces zâwiga-s sont ce que l'on appelle en Orient ribdt-s hawâniq et hâniqât (pl. de hdniqa) sont des dénominations particulières que l'on donne aux ribdt-s et ce sont des mots nonarabes. Dans la terminologie des fuqard, ribdt est une expression qui désigne le fait de retenir son âme en luttant contre les passions


(jjihâd) et en faisant preuve de circonspection à l'égard du mal (hirâsa). Chez les théosophes, ce mot désigne les endroits où l'on demeure en permanence pour se livrer à la dévotion. Ce qui est évident, c'est que les zdwiga-s, chez nous, au Magrib, sont les endroits préparés pour accueillir les voyageurs qui arrivent (cf. trad. du Maqsad, p. 134) et nourrir les nécessiteux qui s'y rendent ». Cf. E. Lévi-Provençal, Le Musnad d'Ibn Marzttk, in Hespéris, t. V, p. 35-36.

18. F de l'ennemi de la mer qui ravissait (mugtdl) les Musulmans.

19. La biographie de ce personnage figure dans le Maqsad sous le n° 5.

20. Litt Quiconque j'ai voulu.

21. el-'adûw el-balfrt « des corsaires ». Cf. l'expression parallèle siïat el-bahr « produits étrangers, importés par voie de mer » (Arch. Mar., t. VII, p. 398, n. 1). Cf. infra, n. 526.

22. sullûra. Ce type de navire, qui correspond peut-être plus justement à la « fuste » des auteurs européens, semble avoir été assez léger ici, en effet, l'équipage tente de le soulever. et plus loin, p. 84, on verra qu'un de ces bâtiments, monté également par des Chrétiens, a été hâlé sur une île pour y être enduit de suif. 23. L'auteur du Bnstân rapporte (p. 112 m.) un prodige identique opéré dans les mêmes circonstances par Abû Madyan. 25. F .ibn Rahmûn el-Yâslttanî.

26. RT kisd F (jubba. Le kisd était un vêtement drapé d'homme constitué par une longue pièce rectangulaire de tissu, pouvant également servir de tapis ou de couverture. Dans le Maroc du Nord, on appelle actuellement ksâ un léger hâik d'homme, en fin tissu de laine blanche (sûsdï) à rayures de soie. Sur ce vêtement, voir L. Brunot, Noms de vêtements masculins à Rabat, in Mélanges R. Basset, I, s. v.

27. Les poux ont toujours joué un rôle important dans la vie des saints, comme compagnons fidèles de leur vie ascétique, volontairement misérable et souvent malpropre. Cf. Enc. de l'Islam, II, p. 459, in biogr. d'Ibrahim b. Adham; Westermarck, Baraka, p. 63, et rapprocher de ce que la légende rapporte de notre saint Labre.

28. F le jour même.

29. mahdûr F un acte de désobéissance, grand ou petit. 30. Voir sa biographie, 2.

31. Abû Zaid 'Abd er-Rahmân ibn Hiba el-Mazyâtî, saint qui comptait parmi les habitants de l'Warga et était originaire du


pays des Mazyâta il mourut postérieurement à l'année 607/1210, après avoir vécu plus de cent ans. Sa biographie figure dans le TaSawwuf.

32. Aujourd'hui Mëzyât, tribu de la région de Fès, au nord de l'Warga.

33. F Le Commandeur des Croyants, à Marrâkech. Il s'agit du prince Abu 'Abd Allâh Muhammad, fils du sultan almohade 'Abd el-Mu'min, que ce dernier, en 549 (1154-55), avait désigné comme son héritier présomptif et qu'il avait ordonné de mentionner après lui dans la hutba. A la mort de son père, Muhammad n'exerça le pouvoir que pendant quarante-cinq jours, au bout desquels il fut déposé, du consentement des principaux de l'Ëtat, au mois de Sa'bân 558 (juillet 1163). El-Marrâkusî (trad. Fagnan, p. 203) relate qu'on le disait atteint d'éléphantiasis. Le titre de Commandeur des Croyants qui lui est donné dans le Maqsad permet de préciser que le voyage d'Abû Dâwûd se place sinon exactement en 558, du moins entre les années 549 et 559.

34. C'est-à-dire appartenant à la dynastie des Almohades. 35. R T foras F gawdd.

36. F sans que j'y passe la nuit avec toi.

37. Sur la vertu curative de la salive des saints, voir Westermarck, Baraka, p. 84 et aussi p. 12. Pour un prodige identique de guérison d'un ulcère rongeur par application de salive, voir Busidn, p. 80 m.

38. F passe-le.

39. F la moitié.

40. Pièce de monnaie d'argent, qui pesait environ 3 grammes et valait approximativement 1 franc.

41. RT tasarrufdt; F harakât.

42. 'arûsa « 1° jeune mariée 2° jeune fille bonne à marier jeune femme récemment mariée ».

43. bait; peut-être « maison »?

44. F marâh RT barûh qui m'a été glosé par le terme vulgaire gara « placis, vaste espace plan et découvert n.

45. « Construction indiquant la direction de la Ka'ba pour la prière ». Dans les mosquées, le mihrâb est constitué par une niche ogivale pratiquée dans le mur et dans laquelle se tient l'imâm II s'agit plus particulièrement ici d'un « oratoire d'ascète » sommairement édifié dans la solitude.

46. F « Qui t'a permis de construire un mihrdb dans mon terrain sans mon autorisation? Désires-tu transformer mon terrain en mosquée? » Je lui disais alors « Je ne l'ai pas construit et je ne l'ai pas commandé. »


47. Sur le caractère sacré de l'emplacement où un saint personnage a fait sa prière, cf. Westermarck, Baraka, p. 33 Qirtâs, p. 91. 48. Aujourd'hui Sîdi Bû-Dâud, enterré au village d'Ajyâl (Ayier de la MapaMilitardeMarruecos,Zona Oriental, au 1 /150.000e au S.-E. du sanctuaire), dans le clan des Bni Bû-Dâud, non loin du mouillage de Hdîd. L'ermitage (vulgo rduda, sans doute pour rdbda < râbita) où le saint se retirait pour se livrer à la dévotion existe encore sur le littoral selon la légende, lorsqu'il pleuvait, la pluie ne tombait pas à cet endroit (Cf. Mouliéras, Maroc Inconnu, I, p. 104).

49. Aujourd'hui Sîdi Mërkâb enterré à TâbëlhâSt, chez les Tëmsâmân, dans le rba' de Térgût ou Tlûgût, celui où est enterré également Sîdi Bû-Dâud sa tombe est dans un site vénéré, solitaire et boisé, à environ 3 heures de celle de Sidi Bû-Dâud. Il existe encore des Iblundîyçn chez les Tëmsâmân, dans la fraction dite ér-rba' ûl-fôqe.

51. C'est-à-dire qu'il la passait en prières.

52. F j'entrai dans la foule (gumâr) des gens.

53. F el-Baqqû'î. Voir sa biographie, n° 6.

54. F el-Battû'î. C'est aujourd'hui Sîdi Smâ'ar « Smâ'fl) enterré chez les Bni Bû-Idir (Tëmsaman) au lieu dit AhëSSâb umgâr « la forêt du Saih », sur l'Wâd ël-qal'a.

55. Pour Banû 'îsâ, par suite du passage de l'imâla à î. D'autres noms modernes de tribus attestent que le même phénomène s'est produit à propos de Yahyâ (Bni Bû-Yahyi) et de Mûsâ (Ait Mûsi). 56. ma'qil. Il s'agit de ces refuges fortifiés, situés dans les montagnes (qal'a; agadir), où les habitants se retirent, en cas de danger avec ce qu'ils ont de plus précieux.

57. Les Banû Yastitan étaient une tribu de Kutâma dont une branche occupait la montagne située au midi de celle des Banû Yaznâsan (cf. Berb., I, 292, 298) peut-être est-ce de cette fraction qu'était originaire le personnage en question.

58. F se réfugia (rakan ild).

59. F Dieu.

60. F l'obédience.

61. ha$ar. On a vu que R et T appellent le lieu de sa sépulture Tâzrût, c'est-à-dire, en berbère, « le petit rocher ».

62. F ed-Daunâs. Ce nom paraît avoir été surtout porté par des Zanâta. On a voulu y voir « la forme romanisée d'un ancien nom hébréo-punique (Adonim) localisé en Afrique » (cf. N. Slousch, Étude sur l'histoire des Juifs au Maroc, in Archives Marocaines, vol. VI, 1905, p. 79 et 81).


63. Ou des Brâber le texte porte en effet el-barâbir. 64. Cela implique qu'il passait la nuit à l'état de veille, car le seul fait d'avoir dormi, ou même seulement d'avoir sommeillé, oblige le fidèle à procéder à de nouvelles ablutions avant de faire sa prière. 65. Chez les Jbâla du Nord-Ouest, sçrrâf, asçrrâf désigne actuellement un bâton de défense dont l'extrémité opposée à la poignée est légèrement recourbée. Dans certaines tribus, cette partie recourbée est très sensiblement plus large que le reste du bâton elle est aplatie et terminée en pointe, constituant une sorte de lame dont les bords sont affilés c'est littéralement un sabre de bois.

66. (jalmûs, sans doute forme graphique pour *galmûs. Ce nom de vêtement ne semble plus connu aujourd'hui dans le Maroc du Nord; cependant Dozy {Vêtements, p. 351; Suppl. s. v. qlms) donne les formes voisines qalmûs, qalamûsa, pour le marocain ancien et l'andalous, « gland de capuchon capuchon ». Les parlers berbères ont conservé ce terme Bni Warâin agelmus, ailmus « capuchon garni de son pompon (Laoust, Mots et choses, p. 130) Demnât agelmus « capuchon » (Boulifa, Textes berb. de l'Atlas marocain, p. 335) Touareg tag'ulmust « pièce d'étoffe servant aux hommes à s'entourer la tête, et à se voiler le front et la bouche (De Foucauld, Dlct. touareg-Ir., I, p. 311). Tous ces mots dérivent du bas-latin culmus, tout comme ceux de la famille de gelmûn et de qormûs. Dans le manuscrit du recueil des traits édifiants de la vie du saint 'Abd es-Salâm Ibn MaSÎS, dont une traduction abrégée a été donnée dans les Archives Marocaines (III, p. 119-133), j'ai trouvé qalnûsa (rendu dans la traduction p. 129 par chapeau) ce terme pourrait être le trait d'union entre la série des dérivés de culmus et celle des dérivés de calyx, *A\vZ qalansuwa, qaldswa, qdlis, qûlis, qallûsa, etc.

67. Les Marocains emploient le henné, principalement en cataplasmes, pour le traitement d'une foule d'affections. Il semble bien qu'il doive cette faveur non pas seulement à ses réelles propriétés astringentes, mais aussi à la couleur brun foncé de sa teinture celle-ci en effet attire l'attention et cela lui vaut d'être usitée comme un moyen de protection spéciale contre les influences magiques et les esprits malins. Sur la baraka du henné, cf. Westermarck, Mariage, p. 104, et Baraka, p. 66.

68. F jusqu'au début du jour.

69. F des §anhâga qui dépendent de la région de Bâdis. El-Bakrî (p. 90,1. 15) note que le port de YâlliS, à l'ouest de Bâdis, appartenait aux Çanhâga. D'autre part dans F, El-Qal'a, située à


environ 2 kil. 500 à l'est de Yâlli§, est dite Qal'at Sanhâga (cf. p. 84 et p. 94, n. 305.

70. Le Bedis de Léon l'Africain (II, 272) et des portulans étudiés par Massignon, le Velez de la Gomera ( = Bâdis des ûumâra) des Espagnols; on lit déjà Belis sur le portulan de Joan Martines (1579), ap. De Castries, Sources, Ve série, Angleterre, I, pl. IV. 71. masra'. F dit l'endroit de sa mort, maudi' wafdtih. 72. 'ansur « source abondante, donnant d'ordinaire naissance à un petit cours d'eau ».

73. Par « Arabes il faut entendre les fraction des Banû Marin qui commencèrent à envahir le Rif oriental au début du viie/ 1 XIIIe siècle. En 610 (1213-14) ils étaient à Âgarsîf (Rauda, p. 55) en 613 (1216-17) ils occupaient déjà le Rif et le pays des Battûya où ils possédaient la forteresse de Tâzûtâ c'est alors qu'ils mirent en déroute, dans la région du wâdî Nakûr, l'armée almohade envoyée contre eux (Berb., IV, p. 29).

A l'exception d'Ibn Haidûn qui s'élève énergiquement contre cette prétention ridicule (Berb., III, p. 183-184), les historiens indigènes sont unanimes à faire des Banû Marin une tribu de pure origine arabe (Qirtâs, p. 199, 1. 17; Dahtra, p. 10, 1. 6 et p. 11, 1. 7 Rauda, p. 2,1. 9 Hulal, p. 139,1. 9) et l'auteur de la Raudat en-nisrtn pousse même le zèle au point de leur attribuer une origine chérifienne (cf. p. 2, 1. 3) ce serait leur voisinage avec les Masâmida et les alliances qu'ils contractèrent avec ces derniers qui les auraient amenés à abandonner la langue arabe pour la langue berbère (cf. El-Idrîsî, texte, p. 88,1. 11-12).

Il ne faut très probablement pas voir d'intention ethnographique dans l'emploi par l'auteur du Maqsad de l'appellation d'Arabes elle est à prendre simplement avec la valeur d' étrangers nomades Il n'y a rien en effet de surprenant à ce que les montagnards du Rîf, agriculteurs et sédentaires, aient appelé Arabes (= bédouins) des berbères étrangers, pasteurs de moutons et de chameaux, nomades montés sur des chevaux, bien que les uns et les autres aient peut-être eu dans bien des cas une commune origine zanâtienne. De nos jours encore, les Tsûl et les Brânës, au nord de Tâzâ, appellent « Arabes les Hawwâra qui nomadisent dans la Tâfrâta et la Fahhâma et qui cependant paraissent bien être, comme eux, d'origine berbère. D'après L. Mercier (L'arabe usuel dans le Sud-Oranais, in Actes du XI Ve Congrès des Orientalistes, Alger, 1905, p. 305), le terme 'Arab s'applique de même aux éléments nomades des Brâber du Sud-Oranais.

74. L'auteur du Qirtas (p. 203,1. 7) relate également que, devant


l'invasion des Banû Marin, les tribus qui ne voulaient pas se soumettre cherchaient un refuge dans les montagnes inaccessibles. 75. F ma'âqil « redoutes ». Il s'agit de ces rudimentaires enceintes élevées par les tribus sur des sommets montagneux pour y mettre en lieu sûr leurs troupeaux et leurs grains, et s'y retrancher pour une résistance suprême leur appellation la plus commune est, en arabe, qal'a et en berbère agadir.

76. F Lorsqu'ils eurent insisté auprès de lui.

77. F par ce chemin.

78. F il tomba dans un poste de guet (rasad) des Chrétiens. 79. F à se rassasier.

80. Rapprocher de ce passage la curieuse définition du mot zdwiya (= râbita) que l'on trouve dans la relation de P.-M. Coy (ap. de Castries, Sources, Ire série, Pays-Bas, I, 473) « une Zaouïa, c'est-à-dire un de ces dépôts où cachent leurs richesses les plus grands caïds aussi bien que les plus petites gens, voire même les rois, quand ils sont contraints à la fuite; l'endroit de ces dépôts est sacré et personne n'y touche. »

81. naMf el-gaut.

82. C'est encore l'habitude d'enfiler les figues sèches sur une cordelette de folioles de palmier nain. L'espèce de chapelet ainsi constitué est appelé dans le Maroc du Nord, selon les régions azlâg, az£llûg, z\llûg (Tanger), amaqqôd (Anjra), Sçrlûl (Tétouan), qaid (Garb), qùlâda, glâda (Nord de Taza) ahabldq (Gmâra). 83. Les docteurs musulmans admettent en effet que celui qui, faute d'autre nourriture, est exposé à mourir de faim, peut licitement (en observant certaines modalités) consommer la chair d'un animal mort. Cf. notamment les commentaires d'Ahmad Zarrûq et de Qâsim ibn 'Îsâ et-Tanûhî el-Qarawî, sur la Risâla de 'Abd Allâh el-Qairawânî (Le Caire, 1332, I, p. 383). 84. Les Banû -1-Wazîr constituaient le clan prépondérant des Banû Wattâs, fraction des Banû Marin. Lorsque ceux-cienvahirent l'empire almohade, au début du vne /xme siècle, les Banû Wattâs s'emparèrent du Rif et du territoire des Battûya, y compris la place forte de Tâzûtâ.

85. ta'dm. Dans l'usage rural courant ce mot a pris, dans le Maroc du Nord, la valeur spéciale de « mets de farine cuite à la vapeur, couscouss ». (Cf. Marçais, Textes Tanger, p. 371.) Il semble cependant ici désigner, en général, toute « nourriture normale, préparée et cuisinée », par opposition aux fruits spontanés, herbes, bulbes et racines des champs, consommés ordinairement en temps de famine.


86. RT samn F îddm.

87. F dix.

88. C'est aujourd'hui Sîdi 1-hâdg Brâhîm Wârûjçn enterré chez les Bni Ta'bân (Tëmsâmân), au-dessous du village de S'ida, à l'ouest de FWâd ël-Kbîr qui se jette dans la mer à Sîdi Drîs. 89. F qu'il recommanda qu'on l'y enterrât.

90. F trois.

91. Sîdi 1-hâdg Hassûn est aujourd'hui enterré avec son fils à Adûz (littoral des Baqqûya, à environ 12 kilom. à l'est de Bâdës) dans une grande zduya dominant la mer. Il serait descendant d'Abû Bakr es-Siddîq. C'est le plus grand saint des Baqqûya qui se réunissent une fois l'an auprès de son sanctuaire. Il est surtout célèbre pour avoir défait le fameux Sultan noir. Voici la légende telle que des Rifains me l'ont racontée Le sultan Mûlây Ya'qûb bën Mansûr, ayant voulu voyager incognito à travers le monde, laissa le pouvoir à ses fils. Lorsqu'il passa chez les Gla'îya, ceux-ci s'emparèrent de lui, l'obligèrent à danser et lui firent subir toutes sortes de mauvais traitements seule une veuve du pays fut bonne pour lui. De là, Mûlây Ya'qûb se rendit à Tlemcen où il se fit fournier.Cependant, ses enfants s'inquiétaient de son absence et désespéraient de le revoir; c'est alors que sa fille, Lâlla Sâfiya, décida de partir à sa recherche. Elle égorgea une brebis et s'en mit sur la tête la fine membrane qui entoure la panse, de façon à ressembler à un teigneux; puis elle échangea ses somptueux vêtements pour ceux d'un berger qu'elle trouva sur sa route et, ainsi déguisée en homme, elle arrive à Tlemcen elle y loue un local pour habiter et se met à aller mendier sa nourriture aux portes. Un jour, sur un morceau de pain qu'on lui donne, elle voit le sceau du sultan, son père, qui s'en servait pour marquer les galettes qu'il cuisait. Après de longues recherches, elle finit par le retrouver elle habite avec lui et elle reprend le costume féminin qui met sa beauté en valeur. Mais elle est alors aperçue par une vieille femme qui va aussitôt avertir le sultan de Tlemcen qui, à l'en croire, n'a rien de comparable dans son harem. Le sultan envoie donc chercher le père et lui demande sa fille en mariage lui offrant en échange tout ce qu'il désire le père refusant, le sultan menace de la lui prendre de force. C'est alors qu'effrayé, Mûlây Ya'qûb écrit à son fils, le Sultan Noir, une lettre lui demandant de venir à son secours il attache ce message sous l'aile d'un pigeon qui va directement se poser devant le destinataire en faisant toutes sortes de contorsions qui attirent l'attention de celui-ci. Il prend le pigeon, lit la lettre et part immédiatement avec une armée de chevaux pies (bûldq),


qui, arrivée à Tlemcen, entoure la ville de sept cercles de cavaliers. Le sultan de Tlemcen renonce alors à ses prétentions et laisse partir le père et sa fille. Le Sultan Noir, en rentrant chez lui, passe chez les Gla'tya pour les châtier de leur conduite à l'égard de son père il ravage tout le pays et en chasse tous les habitants sauf la bonne veuve, ce qui fait qu'à l'exception des descendants de celle-ci, il n'y a plus d'autochtones dans la tribu qui a gardé le nom de Gla'tya. Ensuite, le Sultan Noir se rendit chez les Baqqûya et campa avec son armée à Tâgrâgra, près de Tâgîdît Sîdi Hassûn l'invita à se retirer et, devant son refus, le saint dit à son fils de prendre une poignée de poussière et de la lancer sur l'armée qui tomba comme endormie; puis prenant lui-même son bâton et s'en servant comme d'un canon, il lança un boulet entre les épaules du Sultan Noir les vers se mirent dans la blessure et, malgré un mouton qu'on y mettait pour apaiser leur voracité, ils finirent par causer sa mort. Quelques survivants de l'armée étant alors venus implorer la pitié du saint, il leur donna une autre poignée de poussière qu'ils allèrent lancer sur leurs compagnons endormis ceuxci ressuscitèrent et partirent, abandonnant un gros butin dont s'emparèrent les habitants de Tâgîdît. Selon une autre version, après l'extermination de son armée, le Sultan Noir serait venu supplier Sîdi Hassûn de lui laisser la vie sauve, ce que celui-ci accepta, à condition que le Mahzen ne posséderait jamais le territoire qui s'étend depuis les Baqqûya jusqu'à Uringa. Ce qui n'empêcha pas, comme me le fit malicieusement remarquer un informateur, que lors de l'expédition de Mûlây Abd el-'Azîz, les troupes du sultan pénétrèrent dans le horm du saint, lui volèrent le tapis qui recouvrait sa tombe et firent prisonniers 360 Baqqûya qui s'y étaient réfugiés.

D'après la légende moderne, Sîdi Hassûn faisait paître des chèvres à Adûz. Tous les vendredis, il allait faire la prière solennelle à Fès, à la mosquée d'El-Qarwîyîn, où il se rendait en volant comme un oiseau. Un jour, qu'il s'était mis en retard, il arriva à la mosquée de Fès avec le tablier de cuir des moissonneurs et des sandales de palmier-nain, ce qui provoqua l'indignation d'un fâsi qui demanda quel était ce rustre ignorant. « Le tablier de peau provient de la dépouille d'une victime sacrifiée pour la Fête, répondit le saint, et le palmier-nain est propre que Dieu te gratifie de la cécité 1 ̃ Et, depuis ce jour, les descendants de ce fâsi ont les yeux pleins de chassie.

Sur le chemin de Tâgîdît à Bâdës, près de l'oued, il y avait une caverne où habitait un dragon (litt. un monstre (MSa) ayant la


forme d'une vipère) qui arrêtait et tuait les voyageurs il leur soufflait dessus et ils se desséchaient. Les gens s'étant plaints à Sîdi Hassûn, celui-ci vint avec son sabre, frappa le monstre, et l'entraîna à travers les rochers jusqu'à la mer où il le précipita. Les empreintes des pas du saint sont encore visibles sur la roche ainsi que le sillon laissé par le corps du dragon on le voit depuis la mer, non loin de Bâdés et il porte les noms de "ssâqga dël-hagga la rigole du serpent » en arabe et de abrtd uflyày « le chemin du serpent » en rifain.

On trouve à ZÇrqat (fraction des Ifëllîhan), chez les Ktâma (fraction des S-wâhâl), chez les Bni Zçrwâl (à Agrûd, chez les Bnt Sâlah), chez les Mëzyât (à d-DSÎra et à Hjar ël-mtâhàn) des IJsâsna qui se prétendent Sorfa et se disent descendants de Sîdi Hassûn. 92. Abû-l-'Abbâs Ahmad b. Abî-1-Hasan 'Alî er-Rifâ'î, célèbre théosophe d'origine arabe, contemporain de 'Abd el-Qâdir elCîlânî qui, comme lui, vivait en 'Iraq. TI fut le fondateur de la confrérie des Rif â'îya dont les membres se livrent, en Égypte, à des excentricités qui se rapprochent beaucoup de celles des 'îsâwa du Magrib. Il mourut en 578 /1182. Cf. Wataydi, I, 68; ?7i& I, 187. 93. Cf. supra, p. 31.

94. Voir sa biographie, n" 33.

95. L'emploi du verbe bala' 'alâ « décerner un vêtement d'honneur à quelqu'un » indique qu'il s'agit dans ce passage de deux (firga-s, « tuniques d'initiation mystique ». Celle qui fut remise par Abu Madyan devait vraisemblablement son nom à ce qu'elle avait été teinte au kermès.

96. F, qui est le seul à donner ce passage, a ici un mot qui peut se lire soit el-brkln, soit el-mrktn. Peut-être faudrait-il restituer *el-barakatain « les deux baraka-s »?

97. mukâSafât « découvertes, révélations mystérieuses que Dieu fait à ses saints ».

98. F (que Dieu la fasse revenir à l'Islam !)

99. F §am' RT qaum.

100. F sirr»"; RT fî-mâ bainah wa-bainah.

101. FRT ahlak.

102. F puis tu viens à la mosquée.

103. F que j'ai ordonné à nos compagnons de nager. 104. F à monter dans le bateau.

105. F passé par.

106. RT sâr F dall « il continua ».

107. RT sirP F tamaMait*.

108. RT bi-ganb F ila Qânib.


109. RT Ijabar F qissa.

110. RT mu'aizât; F gunaimât « quelques moutons ». 111. RT natlub; F naltamis.

112. RT hadît F qissa.

113. FRT qâm bina.

114. RT nuhgl F yaqûm bind.

115. RT 'alà hâlatih F 'alâ 'âdatih « comme à son habitude ». 116. F jusqu'au continent continu ou contigu (muttaeil). 117. F Lorsque nous fûmes sortis de la mer.

118. bain el-asâttn On sait qu'il est mal vu (makrûh), lors de la prière canonique à la mosquée, de se tenir dans l'espace compris entre les deux colonnes qui supportent une même arcade. C'est en effet la place où l'on dépose les chaussures et, pour cette raison, les démons s'y tiennent de préférence.

119. Ce terme désigne particulièrement les algues déracinées que la mer rejette sur le rivage.

120. tahtgat el-masgid « prière de deux rak'a-s que le fidèle doit faire lorsqu'il pénètre dans la mosquée en dehors des heures des prières canoniques ».

121. C'est-à-dire Il baissa dans mon estime.

122. Originaire des Masâmida, ce théosophe fut disciple d'Abû Madyan et maître d'Abû Muhammad Çâlih el-Mâgirî ainsi que d'Abû-1-yaggag Yûsuf el-Uqsurî. En quittant Abû Madyan, il alla se fixer à la zdwiga de Dû-n-Nûn el-Misrî, à Ihmîm, en Égypte, et finit ses jours àAlexandrie où il est enterré. Cf. Tasawmuf, biogr. 123. RT taldmîd F fuqard.

124. td'ifa, c'est-à-dire « les théosophes ».

125. Aujourd'hui El-Qsar ël-Kbîr, dans le fiarb.

126. La cinquantième sourate du Coran, dont le premier mot est le nom de la lettre qâf.

127. Le Coran.

128. Dans ses Prolégomènes (lre partie, chap. 2 Du faqtr et de la « pauvreté »), l'auteur cite cet 'Abd el-Galîl ibn Mûsà elQasrl comme étant l'auteur du livre intitulé ES-Su'ab (= Les Rameaux) au début du premier « Rameau qui est le Rameau de la Foi, au sujet du mérite de l'esprit, il a dit ceci, selon la doctrine â'El-âazâlî « L'esprit universel projette sur les esprits corporels ce que le soleil jette par ses rayons c'est une essence simple qui se multiplie par la multiplication des âmes humaines, de même que le soleil est une essence simple qui se multiplie sur les miroirs lisses lorsqu'ils lui font face. C'est ainsi que 'Abbâs ibn Mirdâs es-Sulamî a dit


« Ils étaient, devant les Musulmans, comme une dari'a, et le soleil ce jour-là brillait sur eux en soleils », c'est-à-dire que le soleil apparaissant sur chaque casque poli, sur chaque bouclier, chaque épée et chaque fer de lance, se trouvait multiplié, tout en étant, par lui-même, unique ».

[Les anciens Arabes appelaient dari'a un anneau qu'ils s'exerçaient à traverser à coups de flèches ou de lance.] 128a. Cf. biogr. 35.

129. RT manzil F bait.

130. F il ramena.

131. RT mustanid; F assis.

132. F « Sais-tu qui est ce maître et qui je suis? »

133. F s'étant fixé en.

134. RT tahallà bi-; F adhar.

135. F s'éprit de lui (kali/at bih).

136. F à l'intérieur de sa maison (à elle).

137. Il semble bien qu'il faille prendre ici zâwiga dans le sens de » recoin, endroit retiré, réservé dans une habitation particulière pour se livrer à l'oraison et à la méditation ».

138. failasûf, avec la valeur péjorative de « libre-penseur >. 139. Qur., XLIII, 81.

140. Abu 'Ubaida Ma'màr, historien et philologue, mort en 210/825. Cf. Brock., I, 103.

141. 'Abd el-^aqq ibn Ibrâhîm Ibn Sab'în, philosophe et théosophe andalous d'origine sévillanne, né à Murcie vers 613 (1216-17), l'une des figures les plus curieuses de l'Islâm. Il étudia un certain nombre de sciences antiques comme la philosophie, la magie, l'alchimie et la médecine mais certaines de ses opinions firent douter de son orthodoxie « Dieu, disait-il, n'est que la réalité des choses existantes »; « Le fils de Âmina s'est réservé un monopole et s'est empressé de prononcer sa formule Il n'y aura pas de prophète après moi 1 ». Ses doctrines philosophiques eurent néanmoins un grand succès en Andalousie et il avait autour de lui une foule de sectateurs et de novices que l'on nommait les Sab'întya aussi, lorsque vers l'âge de 30 ans, il dut quitter Murcie pour Ceuta, il y fut suivi d'un groupe d'étudiants et de sectateurs parmi lesquels étaient des « maîtres Ce fut durant le séjour d'Ibn Sab'în à Ceuta que l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, roi des Deux-Siciles, aurait envoyé au sultan almohade Abu Muhammad 'Abd el-Wahid er-RaSîd (630/1232-640/1242) un ambassadeur porteur d'une liste de questions philosophiques dont il demandait aux savants musulmans de lui fournir la réponse.


Ibn Sab'în, déjà célèbre malgré son jeune âge, fut chargé de cette mission par Ibn Halâs, gouverneur de Ceuta le texte de ses réponses (dont il serait peu prudent d'accepter l'authenticité sans réserves) existe encore à la Bodléienne et a été traduit par A. Mehren (J. As., 7e série, t. 14, 18792). Cependant les opinions religieuses, peu orthodoxes, de notre personnage, jointes sans doute à l'agitation que ses enseignements et ceux des fuqard qui vivaient groupés autour de lui fomentèrent parmi le peuple, obligèrent le même Ibn Halâs à expulser Ibn Sab'tn de la ville. De Ceuta, il passa à Bâdis puis à Tunis mais ayant encouru, là encore, la réprobation des théologiens, il partit pour l'Égypte où il fréquenta Ibn Daqîq el-cîd et il se fixa finalement à la Mekke auprès du ëarîf Abu Numay, gouverneur de la ville il eut ainsi l'occasion d'être le promoteur de la reconnaissance d'El-Mustansir, souverain hafside de l'Ifrîqîya, comme halîfa par les gens de la Mekke. Ibn Sab"în mourut à la Mekke en 668 (1269-70) âgé de 55 ans, soit par empoisonnement, à l'instigation du roi du Yaman, soit par suicide, en se faisant une saignée aux bras et en en laissant s'écouler complètement le sang.

Dans ses Prolégomènes (lre partie, chap. 2 Du laqtr et de la h pauvreté »), l'auteur du Maqsad donne sur ce personnage les renseignements suivants Ibn Sab'în composa un petit livre qu'il intitula El-Faqtrlya et où il relata ce dont le faqtr a besoin la matière de cet ouvrage est en partie tirée du Kitâb en-nafh wattaswiya d'Abû Hâmid el-6azâlî. Ibn Sab'în dont le nom était 'Abd el-Haqq était des gens de Murcie et son « maître » était celui d'Ed-Daqûtî il s'était adonné à la « philosophie » et avait étudié les sciences antiques, principalement la logique et la médecine il voulait unir la « philosophie » à la théosophie. Son égarement (ta'assuf) devint alors manifeste et ses prétentions s'accrurent au point qu'il se mit à ne rien concéder à aucun de ses prédécesseurs. Au début de son livre intitulé El-Faqlrîya, il dit en s'adressant à lui-même, comme en un accès d'emportement et de jactance « Et dis J'invoque l'aide du connu pris pour but contre l'agitation et la faiblesse d'El-6azâlî, la hauteur (tajj/abbur) d'Ibn Sînâ et la sophistique (mugalâta) d'Ibn Bâgga (celui qui est cité à la fin d'El-Qalâ'id)». [F+ Il prétendit qu'aucun de ceux qui ont vécu précédemment n'avait pu arriver à pénétrer la théosophie. Mon père, Ismâ'îl ibn Ahmad, m'a raconté ceci Ayant quitté Murcie, Ibn Sab'în se fixa à Ceuta, faisant montre extérieurement de théosophie mais demeurant attaché à la « philosophie ». La nouvelle de ses agissements parvint alors à Ibn Halâs qui l'expulsa et


il passa auprès de nous, à Bâdis, se dirigeant vers l'Orient. Ibn Sab'în s'y établit, à la Mekke, auprès du Sarîf Abû Numay dont il se rapprocha en embrassant le parti du sî'isme, et il obtint sa faveur. Comme il se trouvait qu'en une certaine guerre le sarîf avait reçu une blessure (Sagja) du fait de laquelle sa boite crânienne (F qihf; T tabaq) avait volé en éclats, il le soigna et lui fabriqua pour sa tête une calotte en écorce de potiron (F qar'a T yaqttn) desséché; ce sont des personnes dignes de confiance d'entre les pèlerins qui nous en ont informés. [F-f La nouvelle de ses agissements étant parvenue à El-Malik el-Mudaffar, roi du Yaman, celui-ci envoya secrètement contre lui quelqu'un qui l'empoisonna et il mourut, à la Mekke.]

Le « maître », juriste et qâdî Abû-1-IJasan 'Ait ibn Yahyâ elGazâ'irî qui l'avait pu connaître, m'a raconté que lorsqu'Ibn Sab'în se fut fixé à la Mekke et que sa façon de se comporter fut devenue célèbre, Nagm ibn Isrâ'îl lui écrivit d'Égypte [F+ pour l'éprouver] et son message débutait par une jolie qaslda. Pour montrer qu'il se considérait comme supérieur à lui, Ibn Sab'în ne lui répondit pas. Nagm ibn Isrâ'îl était pourtant d'une valeur plus distinguée et d'un rang supérieur au sien.

142. RT dallai F samsdr.

143. R et T portent ddr mangûra dont le sens n'est pas satisfaisant je lis mahgûra « abandonnée, isolée car, dans la graphie marocaine, le groupe M H G peut facilement être lu M N ù par les copistes.

144. RT 'atanaffal F 'atahaggad « pour procéder aux offices nocturnes ».

145. Qur., XXXVII, 63 il s'agit dans ce verset de l'arbre Zaqqûm.

146. FRT isia'maltu an.

147. F des trésors dans cette maison.

148. Aujourd'hui Môstâsa, au Nord des Bni Gmîl. El-Idrisi (texte p. 171) cite un château fort (hisn) des Misittâsa appartenant aux (jumâra et situé entre Tîgisâs et Bâdis, à une journée de marche plus quinze milles à l'Ouest de cette dernière localité. ElBakrî (texte, p. 90) donne les Masattâsa et les Sanhâga comme voisinant, aux confins occidentaux du territoire de Nakûr, avec les Banû Marwân et les Banû Humaid, tribus des Gumâra. 148. Ce saint est encore bien connu. Cf. Mouliéras, Maroc inconnu, I, p. 78 « La crique de Sidi-el-Hadj-Es-Saîd, est située à quelques centaines de mètres au nord-ouest de Mestaça à qui elle sert de port. Sur le bord de la mer, au ras des flots, se


dresse le tombeau du saint qui a donné son nom à la baie. Ce monument, surmonté d'une assez belle coupole, est battu par les vagues furieuses, les jours de grande tempête ». Les cartes françaises et espagnoles le portent, un peu à l'est de l'embouchure de la rivière de Mestâsa.

149. On voit par ce passage que la 'asîda était un mets de grains d'orge grillés, puis moulus et arrosés. C'est ce que l'on appelle actuellement, dans le Maroc du Nord, zômmî(a. 150. Dans ses Prolégomènes (Ve partie, chap. 1 Du Saint et de la Sainteté Division des Saints en trois catégories), l'auteur s'exprime ainsi sur le compte de ce personnage « Le « maître », le « connaisseur » Abû-UJasan 'Alî ibn Muhammad el-MarrâkuSî qui arriva à Bâdis dans la période de dix années qui précéda 640 a dit ceci dans son livre qu'il nomma Mandqib el-aultyd wa9lfat suldk el-asfiyâ, qui est celui qui fut trouvé à son chevet lors de son décès ».

151. Les Tlemcèniens s'étaient rendus fameux par leur habileté à fabriquer de fins tissus de laine, notamment des manteaux (thrâm) du poids de cinq onces. Cf. Bel, Hist. Benl 'Abd el-Wâd, 1" vol., p. 29.

152. 'imâma c'est le gros turban très ample des docteurs importants.

153. C'est-à-dire « provenant de Tâ'if » ou « du type usité par les pèlerins lors du tawûf »?

154. F 'ummâl. Jeunes Berbères que le calife almohade 'Abd el-Mu'min avait réunis au nombre d'environ trois mille afin de les faire instruire dans les sciences religieuses et militaires, et d'en constituer ainsi les cadres de son État. Ils apprirent par cœur (d'où leur nom) le Muwatta', le A'azz ma gutlab ainsi que d'autres ouvrages du maltdî Ibn Tûmart ils furent en outre exercés à l'équitation, au tir à l'arc, à la natation et aux manœuvres militaires. Puis, lorsque l'instruction et l'éducation de ces jeunes gens furent achevées, le calife les nomma aux fonctions de l'État après avoir destitué les Saih-s berbères qui les occupaient. Cf. Hulal, éd. Tunis, 1329, pp. 79, 114 et 130.

155. T ne précise pas la vocalisation; R donne constamment pour cet ethnique la vocalisation Ez-Zuhatlt. Il s'agit de la tribu qu'Ibn Haldûn (Berb., I, p. 227 et 230) nomme Zahîla. Appartenant à la famille berbère des Nafzâwa comme les Gassâsa, les Marnîsa, les Sûmâta, les Walhâsa, les Banù Yattûfat, les Banû Waryâgal, les Gaznâya, les Banû Yaslîtan cette tribu habitait comme eux le Maroc du Nord. A l'époque d'Ibn Haldûn, il en


subsistait encore des restes, dans les environs de Bâdis, qui s'étaient incorporés aux Gumâra.

156. Ou des tissus. RT Liyâb F atwâb.

157. Catégorie de théosophes qui alliaient à une vive piété intérieure une licence extérieure qui leur valait la réprobation (malâma) des non-initiés.

158. A rapprocher de ce que dit Léon l'Africain des Alquemistes de Fès « J'ay prins garde, que, le plus souvent, cette maniere de gens se met en fin à falsifier la monnoye, qui est cause qu'on en voit la plus part sans poing en la cité » (éd. Schefer, II, p. 165). 159. RT rabad F ribât « ermitage D.

160. T vocalise Tâmaddd.

161. Litt. au-dessus de sa tête (fauq ra'sih).

162. F à la Mosquée du cimetière.

163. F la communauté.

164. RT §umla; F sâ'ir.

165. A Tanger, mwuddfyi est courant avec la valeur secondaire d' « appel à la prière ».

166. F à Jérusalem (bait el-maqdis).

167. F à Médine (bail en-nabi).

168. RT Sahâda; F 'addla.

169. L'un des ports de la province de Tlemcen, au nord de Nédroma. Cf. R. Basset, Nèdromah et les Traras, p. 95-105. 170. qârib, vulg. qârëb. Sur la côte méditerranéenne, cette dénomination s'applique actuellement à une forte barque, ou balancelle, d'environ 6 à 7 mètres de longueur, non pontée, mâtée et munie de rames ces petits bâtiments qui faisaient il y a quelques années encore, le cabotage entre l'embouchure de la Molouya et Tanger, où ils amenaient des pièces de bois, des amandes et du miel, portaient dans cette dernière ville le nom berbérisé de garrâbo (S. Biarnay, Dlal. berb. Rif, p. 126, donne les formes voisines agrabç, agarabo). L'andalous connaissait qârib avec la valeur de « navire à un mât » (Cf. P. de Aie, p. 137, s. v. Canoa). Pour de plus amples détails, cf. L. Brunot, Vocab. marit. Rabat et Salé, s. rad. grb. et qrb.

171. RT el-mamlûka F hâdimuh.

172. RT $afn harbî F saitî.

173. Le texte porte en l'an 35. Il s'agit sans aucun doute de l'an 635 puisqu'on a vu, p. 51, que le maître était arrivé à Bâdis en l'une des dix années qui précédèrent 640.

174. C'est cette île rocheuse que les Espagnols conquirent en 1564 et qu'ils appelèrent Penon de Velez de la Gomera.


175. el-bail, c'est-à-dire bait Allâh, ou bait el-harâm, ou el-bait el-'atîq « la Ka'ba ».

176. Qur., II, 109.

177. Ville de Haute-Égypte, sur la rive droite du Nil, à douze journées au sud du Caire. Sous les Ayyûbides et les Mamlûks, cette ville fut le siège du gouverneur (wâlî) du Sa'îd elle était le principal entrepôt du commerce de l'Égypte avec Aden et l'Arabie du Sud, par la voie de 'Aidâb.

178. Abû-1-Haggâg Yûsuf b. 'Abder-Rahîm b. 'Arabî el-Qura§î el-Mahdawî fut d'abord administrateur (musârif) de la douane puis, se retirant du monde, devint « compagnon » du marocain 'Abd er-Razzâq el-Gazûlî, disciple lui-même d'Abû Madyan. Il forma un grand nombre de disciples et mourut en 642/1244 à El-Uqsur (Luxor), petite ville de la province de Qûs, sur le Nil, où il avait sa zdwiya. Ibn Batûta (Voyages, I, p. 107) y visita sa tombe en se rendant à 'Aidâb. De nos jours encore, Abû-1-Haggâg est l'un des saints les plus vénérés de la Haute-Egypte la fête commémorative de son Mi'râg, célébrée la nuit de la Mi-Sa'bân, est très animée et agrémentée de pratiques peu orthodoxes que blâmait déjà au vme /xiv« siècle l'auteur d'Et-Tâli' es-Sa'ld. Détail curieux, la zûwiya d'Abû-1-Haggâg est située au milieu des restes du temple d'Ammon. Cf. Tdli', 573; Tab. p. 210; G. Legrain, Louqsor sans les Pharaons, Paris 1914, p. 47-91. 179. F qu'il baisa.

180 F leurs prodiges.

181. Gros bourg d'Égypte, dans le Bas-§a'îd, sur la rive gauche du Nil, à la hauteur de la région du Fayyûm. 182. mah.il 'an en-nâs. Sur les saints anonymes connus sous l'appellation vulgaire d'El-Mçhfi, cf. Doutté, Marabouts, 54. 183. Litt. « tunique toute rapiécée », symbole du vœu de pauvreté des fuqarâ. Les vêtements de ce genre portés actuellement par les mendiants plus ou moins ascétiques que l'on rencontre dans les rues des villes du Maroc septentrional ont été faits délibérément en cousant ensemble des fragments de tissus divers, des couleurs les plus disparates. Emblème d'humilité et de renoncement au luxe de ce bas-monde, la muraqqa'a portait plutôt en Orient le nom de hirqa (litt. guenille) celle que portent aujourd'hui les DÇrqâwa et les Hadddwa du Maroc est nommée handâza ou dÇrbâla « souquenille ».

184. L'aiguière (ibrtq) était le récipient qu'emportaient volontiers les théosophes dans leurs pérégrinations (cf. infra, p. 68 et 70) moins pour boire que pour renouveler leur pureté rituelle,


et elle a fini par devenir l'un de leurs attributs caractéristiques. Cf. Ibn Batûta, Voyages, I, p. 73 « Le nouvel arrivé [qui désire entrer dans une zdwiga, au Caire] vient à la porte. dans sa main droite est le bâton de marche ('ukkâz), dans sa main gauche est l'aiguière ».

185. Dans le cas de la prière de deux individus dont l'un sert d'imdm à l'autre, il convient que le ma'mûm se tienne à droite et un peu en arrière de l'imâm, afin que ce dernier se distingue nettement du premier. Cette habitude n'est pas, exactement, une « coutume (sunna) du Prophète, mais une pratique à laquelle on est invité (mandûb). Cf. Haïti, Muhtasar, XXX, 17 Ez-Zurqânî, Commentaire du Muhtasar, Bûlâq, 1293, II, p. 33. 186. fî 'âlam Sahâdatik wa-gaibatik.

187. Ce terme qui, sous la forme styëd, est employé couramment au Maroc pour désigner à la fois un « saint » et la « chapelle construite sur le tombeau d'un saint », est également usité en Égypte mais avec les valeurs de « descendant du Prophète » et de « membre d'une confrérie religieuse ».

188. Le texte a Misr; il faut comprendre par là « le VieuxCaire des Européens (Misr el-'atîqa, Misr el-Fustât) où est située en effet la grande mosquée de'Amr, et non « le Caire proprement dit » (Misr el-Qâhira).

189. Ibn Duqmâq (K. el-Intisâr, éd. Caire 1893, IV, 100-101) cite au vin" /xiv* siècle, huit zdwiga-s, toutes situées à l'intérieur de la grande mosquée de 'Amr. Faut-il déduire du texte du Maqsad qu'au vn« /xm8 siècle il n'y existait qu'une seule zâwiyai 190. C'est-à-dire du moment rituel (waqt) du duhr. 191. F septième.

192. T et R le nomment tous deux, dans ce passage, Abu Yazid.

193. Abraham et son fils Isaac sont enterrés à Hébron, bourg situé à une journée de marche au sud de Jérusalem. Les tombes se trouvent dans une grotte (magûra), et c'est sans doute dans cette particularité, dont on retrouve de nombreux autres exemples dans l'Ancien Testament, qu'il faut chercher l'origine de l'emploi de mè'âra (= ar. magâra) par les Juifs arabophones du Maroc dans le sens de « cimetière ».

194. Jonas serait enterré à Halhûl, village sis entre Jérusalem et Hébron, à une dizaine de kilomètres au nord de cette dernière localité.

195. Qur., XXI, 87 le texte complet du verset est « Et (souviens-toi de) Dû-n-Nûn (l'homme à la baleine=Jonas) lorsqu'il


s'en alla plein de courroux et s'imagina que nous n'aurions pas de pouvoir sur lui mais (par la suite) il s'écria dans les ténèbres Il n'y a pas de divinité si ce n'est Toi Gloire à Toi 1 Certes j'ai été du nombre des injustes 1 » Ce verset possède une vertu mystérieuse. « Quiconque écrit le nom de Dieu mutakabbir dans un carré tétrastique (murabba'), le pose sur sa cuisse droite, place une baguette de tamaris dans sa main tandis qu'il récite comme une incantation la formule comminatoire (zatjr) ainsi que le verset Et Dà-n-Nûn. en montrant de la baguette la région à laquelle il désire se rendre, la terre « s'enroule » pour lui, avec la permission de Dieu (Ibn el-Jîâgg, Tâg el-mulûk, chap. des noms de Dieu). 196. Il était d'usage, parmi les théosophes, de demander à chaque prophète ou saint fameux qui leur apparaissait de prononcer en leur faveur son invocation (du'â) particulière. Une copieuse énumération de ces formules a été fournie par El-G-azàlî, dans son Ihgd, I, Kitâb el-adkâr wad-da'awât.

197. Uâr. Ce terme désigne proprement la « vertu de celui qui, faisant abnégation de soi-même, travaille avant tout à l'utilité et la défense d'autrui » c'est le degré supérieur de la fraternité. 198. Bourg d'Egypte, dans le Delta, à l'E. d'Alexandrie et au S.-E. de Rosette.

199. C'est-à-dire que, sans prendre probablement lui-même part au repas, le maître de maison s'assit auprès de son hôte, pour lui tenir compagnie et lui donner à manger de sa main. 200. qabd. Dans le jargon des théosophes, ce terme désigne le manque de sérénité (bast) dans l'adoration.

201. qazzâz. Originairement, ce terme signifie « commerçant ou artisan en soie écrue » mais, dans l'usage égyptien actuel, il désigne le « tisserand en soie ou coton », par opposition au tisserand en laine sawwâf.

202.F bilâ miqdâr RT bilâ qadar.

203. Ce sont ces offrandes spontanées que les juqarâ nomment futûh, litt. « actions d'ouvrir > car ils les considèrent comme la conséquence terrestre de ce que Dieu leur a ouvert (la porte de ce qui leur était fermé, du g&in, de la connaissance, du Trésor divin, de sa grâce, du Paradis). Cf. El-Hafâgî, Sifd el-galtl, éd. Caire 1325, p. 151 el- futûh « subsistance qui échoit sans demande ». La forme plurielle semble spécialisée dans la valeur de « faveurs matérielles, offrandes », tandis que le singulier fath parait réservé à la « faveur spirituelle ». Le traitement syntaxique de futûh comme un féminin atteste nettement que c'est un pluriel brisé et non un masdar singulier de forme fu'ûl cf. notamment TaSawwuf (fin de


la biogr. d'Abû Ya'azzâ) el-futûh kdnal ta'tih min ihwânih fillâh. Quant à futûhât, c'est un pluriel de pluriel.

204. râtlb l'expression complète est imâm râtib « imâm salarié attaché à une mosquée » on le trouve encore appelé, plus rarement, dans les textes, dû iltizâm.

205. T a Damâmîl, mais R et F donnent Damâmtn qui semble bien être la vraie leçon. Selon Yâqût, cette localité est un gros bourg de la Haute-Égypte (province d'ASmûnain, précise le Tû§), sur la rive droite du Nil, au bud de Qûs on y trouve des vergers et de nombreux palmiers.

206. Port de la côte africaine de la mer Rouge, presqu'en face de Jedda. Ce fut, pendant le moyen âge, le port d'embarquement des pèlerins africains (cf. les relations de voyage d'Ibn Batûta et d'Ibn ôubair) pour la Mecque, ainsi que la porte d'entrée en Égypte des marchandises importées par Aden. On y arrivait de la vallée du Nil par trois routes, partant respectivement de Qûs, d'Adf û et d'Aswân (c'est cette dernière que semble avoir empruntée le jeune Yûsuf, cf. inlra, p. 69-70) qui traversaient en 10 ou 17 étapes le vaste désert, dit désert de 'Aidâb, séparant le Nil de la mer Rouge. C'est dans cette solitude, à Humaitird, que mourut (656 1258) et fut enseveli le célèbre Abû-1-Hasan 'Alî e§-Sâdilî; on y voit encore aujourd'hui son sanctuaire. L'abondance des gazelles dans ce désert a été également constatée par Ibn Batûta (Voyages, éd. Paris, II, p. 252). Ajouter à la bibliographie fournie par C.-H. Becker, dans son article sur 'Aidâb, in Enc. Islam, I, 214 J. Couyat, Les routes d'Aidhab (in B. I. F. A. O., t. VIII, 135-143) avec une carte du désert de 'Aidâb, accompagnée de photographies du tombeau d'ES-Sâdilî et du site d'Humaitirâ.

207. Pour un prodige analogue, d'eau jaillissant du fond d'une aiguière, cf. Bustdn, p. 32 h.

208. kaun. Ce terme désigne chez les mystiques le « Trésor mystérieux que Dieu met parfois à la disposition de certains de ses Saints ».

209. FRT qdm ma'nâ 1-lail.

210. Ville du Haut-§a'îd, à la limite de la Nubie, sur la rive droite du Nil qui, resserré entre des massifs rocheux, y franchit ses derniers rapides.

211. Cette fête est en effet célébrée le premier jour de Dû-1hijja, mois consacré au pèlerinage canonique.

212. Mufarrag b. Muwaffaq b. 'Abd Allâh ed-Damâmînî, « maître saint et dévot qui fut « compagnon » d'Abû-1-IJasan Ibn es-§abbâg ainsi que d'Abû-1-Iiaggâg el-Uqsurî; il mourut en


648/1250-51 à Ed-Damâmîn et y fut enterré. (Cf. TdW, 507). 213. wâli. Il s'agit probablement du gouverneur du Ça'îd dont la capitale était alors à Qùs (cf. Ibn Batuta, Voyages, éd. Paris, 1893, I, p. 107). F a amîr el-wâdî « l'émir de la vallée ». 214. RT hattâ yunassifûh. F hattâ tunsifanâ.

215. Sukrân. Dans Êl-Minha§ el-wûdih (ms. du ribâf de Safi, p. 121, 1. 2-3), on lit que les luqarâ donnent le nom de Sukrdn à ce qu'ils perçoivent sur ceux des leurs qui ont commis une faute ou ont négligé l'une des pratiques de la « Voie », lorsqu'ils viennent à résipiscence et « remercient Dieu de leur avoir accordé le repentir. L'étymologie du terme est mise en relief par un passage du Taëawwuf (Biographie de 'Abd er-Razzâq el-Gazûlî) ce « maître », venant de recevoir de Dieu un avertissement, « jeta ses vêtements aux fuqarâ, en témoignage de reconnaissance envers Dieu ($ukran lillûh) pour cette faveur ceux-ci les vendirent et en mangèrent le prix ».

216. L'auteur du fâli' (p. 370, 1. 3) indique également qu'il perdit la vue à la fin de son existence, mais il néglige de préciser dans quelles circonstances.

217. F jeune garçon.

218. F Dieu.

219. 'âlam el-malaktit, ou (?) « monde de la nature angélique » par opposition à 'âlam en-nâsût « monde de la nature humaine » 220. 'âlam el-ijabarût.

221. maslûb.

222. sâlik.

223. ma$dûb.

224. F à cause de la Coutume et pour suivre [la pratique de] ceux de nos « maîtres » qui ont vécu précédemment. 225. Cf. 'anlsa et ma'nûsa, « celle qui tient compagnie » et « celle à qui l'on tient compagnie » deux noms du feu en arabe ancien.

226. F lorsqu'il fut devenu faible.

227. F conservai.

228. F 'anz §agyid « une excellente chèvre ».

229. F+ elle est chez lui, au fond du magasin de sa boutique. 230. F nous lui fîmes connaître l'histoire.

231. F « Je ne connais pas chez moi de jarre correspondant à cette description ».

232. F au fond du magasin de la boutique.

233. F « J'ai fouillé le magasin de ma boutique avant vous, et je le connais mieux qu'un autre que moi ».


234. F Recommence à fouiller.

235. F au fond du magasin.

236. F Le commerçant s'en émerveilla comme de juste, car il y avait si longtemps qu'elle s'y trouvait qu'il l'avait oubliée et il l'avait perdue de vue, cachée qu'elle était sous de l'alfa et d'autres choses.

237. RT 'Ubaid.

238. RT huddâm F luqard.

239. F nomma.

240. RT hadlm; F faqtr.

240». Pour les Rifains d'aujourd'hui, Igarb (litt. l'Occident) désigne le Maroc proprement dit, à l'exclusion de leur pays. Cf. d'autre part, ap. Destaing, Étude sur la Taehelhtt du Soûs (I ». Vocab. français-berbère, p. 181, s. v. Maroc) comment les gens du Sous divisent ce que nous appelons globalement Maroc en Soûs, Maroc ( = 1gerb) et Rif.

240b. C'est vraisemblablement le col appelé aujourd'hui Bâb Bû-'ArÔs, dans la haute vallée de l'oued Nkôr, et servant de passage entre les Bni UryâgÇl et les Gëznâya.

241. F la nuit de son trépas.

242. Aujourd'hui Sidi Bû-Tâhar, enterré au lieu dit Tgûnsa, chez les Ibûztdçn qui dépendent de l'agglomération d'Askrëm. Il est surtout connu maintenant par l'anecdote suivante dont le principal personnage est Sidi Mhand Am5qrân, le second grand saint des Bçqqôya. Sidi Bû-Tâhar possédait une source; Sidi Mhand n'en possédait pas et sa négresse allait puiser à celle de l'autre saint. Mais un jour la négresse de Sîdi Bû-Tâhar l'empêcha de faire sa provision et lui dit que si son maître détenait quelque baraka, il n'avait qu'à faire jaillir une source pour son usage personnel. Dès que ces paroles eurent été rapportées à Sîdi Mhand, il frappa la terre de son bâton et aussitôt une source abondante jaillit. Voulant ensuite mettre cette eau à l'abri du soleil, il ordonna à la montagne dite Bû-Bgal de s'abaisser vers lui « avec la permission de Dieu » elle obéit et le saint ayant saisi une large pierre qui porte encore l'empreinte de ses dix doigts, la disposa au-dessus de la source. Sidi Mhand commanda alors à la montagne de reprendre sa position première, ce qu'elle fit mais depuis ce jour et à la suite de ce mouvement, tous les rochers qui la couvraient sont comme disloqués et entassés, et la forêt qu'elle portait est demeurée toute inclinée. La source de Sidi Bû-Tâhar est à Tagûnsa Çain d-gûnës). Celle de Sîdi Mhand AmSqrân est beaucoup plus abondante elle donne naissance à un cours d'eau qui va se déchar-


ger dans la rivière de Bû-Sekkûr les femmes qui y vont laver la laine y voient souvent une anguille qui porte un anneau à la bouche. Quant à la montagne de Bû-Bgal que le Maqsad nomme Abu Bagl elle est située entre le tombeau de Sîdi Mhand Amoqrân et Tâfnëssa.

243. Voir sa biographie sous le n° 3.

243». Sur la célébrité des figues de Malaga, cf. El-Ufrânî, ElMaslak es-sahl, lith. Fès, 1324, cah. 2, p. 2.

244. F qarubnâ; RT wâzainâ.

245. Cette anecdote est le seul trait que l'histoire nous ait conservé de la vie de ce personnage, dont les deux fils, 'Amr et 'Umar, sont plus connus. Cf. Cour, Beni Wattâs, p. 20. 246. F On a raconté sur son compte qu'il arriva que les saints du Rif eurent affaire à (qibal) l'un des Saih-s qui s'occupaient de la levée des impôts (muStagilln) au Magrib. Ils allèrent donc vers lui pour lui demander ce dont ils avaient besoin, et il s'agissait de décharger d'une taxe injuste (madlima) quelqu'un d'entre les gens de peu de fortune (rnustad'aftn).

247. C'est peut-être cette fraction que représente de nos jours le clan des Ait Ufrâs, dans le rba' de Tafënnsa, chez les Bôqqôya. 248. On sait en effet qu'aux yeux des puritains musulmans les biens du souverain et ceux de ses fonctionnaires sont, à peu d'exceptions près, illicites. Cf. El-Hawârizimî, K. mufîd el-'ulûm, éd. Caire 1331, p. 153 Abû-1-Hasan 'Alt b. 'Isa el-'Alamî, K. ft-n-nawâzil wal-ahkâm, lith. Fès, 1292, cahier 39, p. 8 Sur les biens des Saih-s des tribus et des villes qui, dans leurs jugements, infligent des amendes et perçoivent des taxes sur les vendeurs, dans les marchés ainsi qu'aux portes Muhammad el-Qâdirî, NaSr eï-matânî, lith. Fès, 1310, I, p. 186.

249. natawd'ab 'al& t-ta'âm.

250. R donne 'Ubaid Allâh.

251. R et T donnent El-Hîrî au lieu de cet ethnique insolite, je lis El-IJimyarî. Cf. p. 95, où est mentionné un autre himyarite habitant El-Mazimma.

252. La carte française au 1 /200.000e porte un Si Amrane à 12 kilom. de la mer, entre les Byqqôya et les Bnî IttJJft. Mouliéras (Maroc inc., I, p. 90) le situe chez ces derniers et l'appelle Sidi 1-H'adj-Amran.

253. Comparer les dates données par FJ-Bakrî (p. 112) pour le rassemblement périodique des nouvelles garnisonsdu ribâl d'Asaila: au mois de Ramadân, le 10 de Dû-1-higga et le 10 de Muharram (= jour de 'ÂSûrâ).


254. Aujourd'hui Mëkrëm, mouillage du littoral des BÇqqôya, entre ceux de Tiqqit et de Tausart. Au-dessus se trouve un sanctuaire dit Mëima' âs-sâlihtn « le lieu de réunion des personnages vertueux » qui perpétue sans doute le souvenir de la zâwiga mentionnée ici.

255. Il s'agit selon toute vraisemblance, de Umm el-Yumn, -fille de Mahlî el-BaUiwî (ou Battû'î), ancêtre de la famille des Aulâd Mahlî de Tâfarsît. Elle devint l'une des épouses du sultan marînide 'Abd el-Haqq b. Mahyû et fut mère du sultan Abû Yûsuf Ya'qûb b. 'Abd el-I;Iaqq, né en 609 /1212. C'était une sainte femme qui mourut en 653 /1255, en Égypte, alors qu'elle accomplissait pour la seconde fois le pèlerinage canonique. Cf. Dahîra, p. 20, 71, 81, 93 Raudal en-nisrîn, p. 60, n. 1 et la bibliographie qui y est donnée.

256. rabV « printemps » et vulg. « herbe ». Cf., pour le parallélisme sémantique, sail « été » et vulg. « céréales, moisson » (ihçdmu. s-séf = ils font la moisson) harîj « automne » et « fruits » (Cf. inversement fâka < lâkiha « fruits » employé avec le sens d' « automne », dans la malhama maghribine, rédigée en langage vulgaire, citée par Ibn Haldûn, Prolég., trad. de Slane, II, 230) Sitâ « hiver » et vulg. « pluie ».

257. F à une parasange ou moins.

258. Selon El-Bakrî (p. 108), les alentours de Tîgîsâs, sur le rivage des ôumâra, étaient habités par des Banû Massâra, faisant partie des Banû Humaid.

259. Aujourd'hui Askrëm ou Askërm, village des Bvqqôya dans le rba' d'Azgâr, celui qui occupe approximativement le centre de la tribu. F donne ici la vocalisation Âsikram plus loin, p. 125, il vocalise Âsakram.

260. Peut-être devait-il ce nom à ce qu'il appartenait à la catégorie mystique des Alrâd.

261. Aujourd'hui El-Qsar ël-Kbîr, Alcazarquivir des Espagnols. Cette indication interdit la possibilité d'un rapprochement entre cet Abu Ya'qûb et le Sidi Ya'qûb qui est encore célèbre et a sa tombe à Bâdës car, d'après les auteurs anciens, ce dernier aurait été originaire des Baqqûya.

262. F ou brumeux.

263. Kitâb el-mustasfâ min 'ilm el-usûl, traité de jurisprudence d'El-Gazâlî.

264 F restituer (ugbur).

265. F qindil; RT sirâ$.

266. « Anse d'Iris » de nos cartes. Localité avec mouillage


renfermant une île, située à environ sept kilomètres à l'ouest de Bâdis (Léon l'Africain s'accorde avec l'auteur du Maqsad pour la situer à 6 milles de celle-ci). El-Bakrî (p. 90) mentionne déjà YâlliS comme étant un port dépendant du territoire de Nakûr, mais appartenant aux §anhâga. Voici ce qu'en dit Léon (II,p. 276): « Yelles est une petite cité assise sur la mer Méditerranée, distante de Bedis environ six milles. Là y a un fort bon, mais petit port où se retirent les naves qui vont à Bedis, lorsque fortune court sur mer ». C'est donc à tort que M. de Castries (Sources, lrB série, Angleterre, tome I, p. 565) a fait une seule ville de Belis et d'Elis, qu'indique le portulan de Joan Martines. Le premier de ces toponymes seul est à identifier avec Bâdis quant au second, c'est à YâlliS qu'il correspond.

267. F car le brigantin qui était à l'Ile orientale vient de se briser. L'anse de YâlliS est en effet bornée, dans sa partie orientale, par une île assez grande qui porte le même nom. 268. F à deux parasanges de Bâdis.

269. « L'anse de YâlliS est entièrement ouverte aux vents du N.-E. au N.-O. par le Nord, et, avec ces vents, on serait très compromis s'ils venaient à forcer en soulevant une grosse mer » (Instructions nautiques sur le Maroc. 1899, p. 52).

270. C'est l'huile qui dégoutte de l'entonnoir au moyen duquel le marchand a servi un acheteur. Cette huile appartient en droit à ce dernier et ne saurait être licitement revendue c'est pourquoi le marchand recueille soigneusement à part ces gouttes pour les donner en aumône à des pauvres.

271. munSid. La plupart des confréries religieuses ont encore de ces chantres qui, lors des séances rituelles (hadra), chantent des poésies religieuses (n&îd ou qsêda).

272. F de cramoisi (qirmiz).

273. Les vêtements d'un rouge éclatant sont en effet mal vus (makrûh) par un certain nombre de docteurs musulmans. Cf. notamment Et-Tabarsî, Makdrim el-afjlâq, éd. Caire 1305, p. 41. Le rouge, et même spécialement la pourpre, était pourtant l'une des teintes préférées du Prophète pour ses vêtements. Cf. Lammens, Fâtima, p. 69-71.

274. F ft$auf; RT ft qalb.

275. F Mais il ne le fit pas et les assistants le firent sortir. 276. Malaga ne fut définitivement reprise par les Chrétiens qu'en 1487. L'anecdote doit donc se placer aux environs de l'année 677 (1278-79), époque à laquelle 'Umar ibn Yahyâ ibn Mahlt, gouverneur de Malaga pour le sultan marînide Ya'qûb ibn 'Abd


el-IJaqq, livra cette place à Ibn el-Ahmar, allié du roi chrétien Alphonse X de Castille. Au lieu de Mâlaqa « Mâlaga », on pourrait aussi penser à lire Mâyurqa « Mayorque » (cf. p. 107, n. 349). 277. RT telle et telle chose.

278. F el-Baidaqî.

279. Petit mouillage du littoral des ômâra, chez les Bn! Bû Zrâ, à une vingtaine de kilomètres de la Pointe Jagerschmidt des cartes.

280. F à peine avait-on achevé de transporter (iaustl). 281. Aujourd'hui Ohanes, localité de la province d'Almeria. Le saint biographié ici ne semble pas sans connexion avec le maître vertueux Abu Marwân el-Wangâsî qui, selon le Qirtâs (p. 295, 1. 2), mourut également à Ceuta, en 667/1268; l'ethnique de ce dernier a été lu « El-Ouadjezny » par Beaumier (p. 566) la Bibliothèque de la Section Sociologique possède, sous le 307, un manuscrit du Qirtâs qui donne la leçon « El-Wangânî ». 282. tasarraft" fîk, litt. j'ai exercé sur toi le plein pouvoir (tasarruf) qui m'a été accordé par Dieu d'agir sur les êtres et les choses créés.

283. Leçon de F T a seulement es-$abbâ. et porte un blanc à la place de la consonne finale R donne es-Sabbân. Cf. n. 336. 284. F la sollicitude du Coran (lire des fuqarâ). 285. F la sollicitude des fuqarâ.

286. C'est la région appelée par les Espagnols Alpujarras. 287. muhibb « qui aime ». Ce terme désigne primitivement celui qui aime Dieu puis, par extension, celui qui aime les amis de Dieu, personnages vertueux et saints, et leur fait du bien pour l'amour de Dieu.

288. lailat el-maulid. C'est au mois de Rabî' II de l'an 691 /1291 que, pour la première fois au Maroc, fut célébrée officiellement la fête non canonique de la Nativité de Mahomet l'ordre en avait été donné dès la fin du mois de Safar, pour toute l'étendue de son empire, par le sultan marînide Abu Ya'qûb Yûsuf, qui, se trouvant alors à Sabra, dans le Rîf, envoya à Fès le juriste et prédicateur Abu Yahyâ ibn Abî-s-Sabr avec mission d'y faire célébrer la cérémonie (Cf. Qirtâs, p. 281). L'auteur de l'Istiqfd ajoute (II, p. 43 b.), sans citer ses sources, qu'avant cette sorte de consécration officielle, la famille des Banû-l-*Azafî, seigneurs de Ceuta, avait déjà commencé à célébrer la fête de la Nativité du Prophète il est intéressant de rapprocher cette dernière initiative de celle prise, également à Ceuta, par le saint Abu Marwân qui, sans doute, avait rapporté d'Orient cette pratique.


Aujourd'hui, dans le Maroc du Nord, cette fête a pris au moins autant d'importance que les deux anciennes fêtes canoniques. 289. ka'k. Cette sorte de pâtisserie était spécialement préparée à l'occasion des fêtes (cf. Bustân, p. 91,1. 1). Elle est encore connue à Tanger où elle porte le nom de kahk et où elle consiste en une petite couronne semée d'amandes.

290. F el-haSîëa. L'emploi des excitants et des stupéfiants pour intensifier l'extase mystique provoquée par les chants religieux, la musique et les danses, a été noté par L. Massignon dans son Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane (p. 86) les renseignements fournis ici par le Maqsad sont une confirmation intéressante de l'opinion émise par cet auteur que l'usage de ces produits se répandit à partir du vne /xm8 siècle, sous l'influence de charlatans venus de l'Inde. A rapprocher du rôle joué, selon la légende, par le célèbre mystique Es-Sàdilî dans la découverte et l'introduction du café au Magrib (Cf. W. Marçais, Observations sur. Beaussier, p. 445). 291. RT masgid T râbita.

292. El-Bakrî (p. 106) cite, dans l'itinéraire de Tanger à Ceuta, au voisinage immédiat de cette dernière, un rocher sortant de la mer et portant le nom de Hagar es-Sûdân « Les rochers des nègres ». F a Ifigârat.

293. RT min el-insdf F min el-'adab.

294. RT rauda; F maqbara.

295. Abû Muhammad Çâlih b. Yansâran (Yanzâran) b. Gafiyân ed-Dukkâlî el-Mâgirî, l'un des disciples d'Abû Madyan, directement et par l'intermédiaire de 'Abd er-Razzâq el-Gazûlî (cf. p. 45 n. 122). Né vers 550 /1155, il effectua le pèlerinage de la Mecque et étudia pendant vingt ans à Alexandrie de retour dans son pays natal, il s'employa à intensifier le mouvement des pèlerins vers les Lieux-Saints au moyen de sortes d' « agences de voyage » constituées par les disciples qu'il avait laissés dans les principales villes d'Orient. Ce saint personnage mourut vers 631 /1233 et fut enseveli au ribât d'Âsfî. L'ouvrage intitulé El-Minhâg elwâdih, d'Ahmad b. Ibrâhîm el-Mâgirî, l'une des sources de l'auteur de la Salwa (cf. III, p. 359, n. 47), est spécialement consacré à la biographie d'Abû Muhammad §âlih. Cf. Michaux-Bellaire, Les confréries religieuses au Maroc, p. 44-45.

296. F deux anges.

297. On sait que l'épithète du savant musulman complet est el'âlim el-'dmil « celui qui possède la science et agit en conformité avec ses connaissances », joignant ainsi la pratique à la théorie. Voici


en quels termes cette anecdote est rapportée par t'arrière petitfils du Saint, Ahmad ibn Ibrâhim ibn Ahmad ibn Abî Muhammad §âlih ibn Yanzâran el-Mâgirî, dans sa monographie biographique intitulée El-Minhâjj el-wâdih,tahqlq karamât Abt Muhammad Sâlih (exemplaire conservé au sanctuaire du saint, au ribât de Safi, qutb III, fasl I, p. 116) « Parmi ce qu'en fait de paroles du « maître » j'ai puisé dans l'ouvrage mentionné (une biographie écrite de la main du saint « maître» Yûsûf ibn Abî Bakr es-Çanhâgî, personnage célèbre en la localité de Ttngarmât, dans la province de Sajlamâssa, qui l'avait copiée et corrigée au ribât du « maître »), il y a cette anecdote Lorsque je vins d'Orient, dit Abu Muhammad Sâlih, et que je commençai à pratiqner cette voie », les juristes de l'époque me désapprouvèrent et m'accusèrent d' « innovation », au point que ma poitrine se rétrécit et que ma patience fut vaincue j'adressai alors une invocation à Dieu, dans laquelle je lui demandais que si cette « voie que je suivais était un procédé capable de me rapprocher de Lui, Il me le confiât en secret. Or je vis, dans une de ces visions qu'a le dormeur, quelqu'un qui parlait et qui me disait: « Ne fais pas attention à ces juristesqui te désapprouvent et ne les interroge que sur les questions de droit canonique, car tous sont « terrestres », il n'en est point parmi eux de « céleste ». Ensuite, il faut que tu utilises la Risâla d'El-QuSairî, les Haqd'iq d'Es-Sulamî et le Minhâg el-'âbidln (d'El-Ûazâlî) ils contiennent ce que tu recherches. Prends la « voie de la main de ceux qui la possèdent, comme par exemple Muhammad ibn Wasî', Sufyân et-Taurî, Mâlik ibn Dînâr, El-Ôunaid, Saqîq (elBalhî), Ibrâhîm (ibn Adham), El-Fudail (ibn 'Iyâd), etc. » 298. salla, vulg. sulla (Cf. Brunot, Vocab. marit. Rabat et Salé, 62). Léon l'Africain (II, p. 273) a noté l'extraordinaire abondance du poisson dans les parages de Bâdis.

299. Cette nuit est aussi appelée lailat el-qadr.

300. On sait que, dans le comput arabe, les journées sont comptées d'un coucher de soleil au suivant; la nuit du vendredi se trouve ainsi être celle qui sépare la période diurne du jeudi de la période diurne du vendredi.

301. F une natte et des ustensiles peu nombreux faisant partie du matériel domestique {mata* el-bait).

302. Cf. Archives Marocaines, vol XVIII, p. 231 berriya, pl. berari « amarre d'avant » Tétouan). Comme son nom l'indique, il s'agit du cordage reliant l'embarcation à la terre ferme. 303. RT asqâtah; F md'ûn baitih.

304. F « O mon oncle paternel Yûsufl N'étais-tu pas demeuré (qa'att") à Ceuta après nous?


305. Ou Qal'at $anhâga, localité avec mouillage, située entre YâlliS et Bâdis, à environ quatre kilomètres à l'ouest de cette dernière. C'est sur la plage d'El-Qal'a que, le 30 août 1564, devaient débarquer les troupes espagnoles qui s'emparèrent de la ville de Bâdis et enlevèrent le Penon. Ce point est aujourd'hui connu sous le nom d'El-Brâï dël-Qal'a, qu'il doit aux quatre tours qui s'élèvent encore sur les ruines de la forteresse.

306. Peut-être s'agit-il de l'arbuste que les Rifains d'aujourd'hui nomment tlrnqt, ttrënnçt; son écorce est blanchâtre et ses baies servent à faire cailler le lait. Chez les Dukkâla du Nord, aux environs de la qasba de Bû-la'wân, j'ai rencontré des arbustes portant le nom de tîrnçt, tîrnta et que je n'ai pu identifier.

308. Son nom et les indications qui suivent semblent indiquer qu'il appartenait à la famille himyarite des Banû Sâlih qui furent souverains de Nakûr et de sa région jusqu'en 410 (1019-20). Cf. I. Haldûn, Berb., II, 137-143.

309. F de ses très proches parents.

310. R et T donnent Safar, qu'une note marginale du dernier corrige en Sair.

311. F était pour moi un oncle paternel.

312. salll es-sitl. Le sitl (vulgo stal, cf. Brunot, Noms de récipients à Rabat, in Hespéris, 1921, p. 122) est le « seau métallique dans lequel on met l'eau destinée aux ablutions ».

313. F el-Harrâz, lire el-tjarrâr « le tisserand en soie ». 314. Ahmad b. Ibrâhîm b. 'Abd el-Malik b. Mutarrif et-Tamîmî, originaire de Qangâ'ir, château-fort d'Andalousie, situé entre Almeria et Malaga il portait les kunya-s d'Abû Ga'far et d'Abû-1'Abbâs. Ce fut un savant théosophe qui accomplit quatre voyages en Orient et mourut à Ceuta en 627/1229. Cf. Ibn el-Abbâr, Takmilat es-sila (éd. A. Bel et M. ben Cheneb), p. 144 et 191 Salma, III, p. 301, 1. 4.

315. Voir note 266.

316. Tarf Hurk (T vocalise Hark), le Cap des Trois Fourches (Tarfo Folco, des portulans pisans; Cabo de Tres Forcas, des Espagnols). Il est cité par El-Bakri comme ancrage (p. 90) et cap (p. 99), à 10 milles à l'est du mouillage de Kart. Les indigènes l'appellent aujourd'hui râs d- Work en arabe, et râs n- Worx en berbère. 317. F Une grande tempête (nau'a) causée par le vent du Nord-Est (barrdnt).

318. F L'intendant (waktt) de la barque arriva alors à Bâdis, dans une chaloupe (falwa) lui appartenant. [Cf. Dozy, Suppl., s.v. et G. S. Colin, Technologie de la batellerie du Nil fin B.I.F. A.O.,


t. XX), p. 210. Dans les dialectes hispaniques, Jalùa avait le sens de « petit bâtiment de bas bord, à voiles et à rames ».] 319. Cf. Léon l'Africain (II, 273) « La cité (Bedis) est environnée de hautes montagnes, roides et scabreuses, là où l'on prend de fort bons boys pour faire fustes et galères ».

320. F lui fit connaître qu'ils n'avaient subi ce malheur que parce qu'ils avaient rompu avec la coutume observée à l'égard de l'ermitage, ou encore parce qu'ils n'avaient pas fait à l'ermitage le cadeau habituel Çâda).

321. 'idl peut signifier également « pain de figues ». Cf. Eidenschenk et Cohen-Solal, Mots usuels, p. 179 'dl « gros pain de figues sèches ».

322. F Le subrécargue emporta alors le bois et revint à l'ermitage avec une jarre ($arra) d'huile et un sac de figues qu'il remit au serviteur.

323. Petite tribu située sur le bord de la Méditerranée entre le Rîf et les Ômâra, limitée par les Mtîwa à l'Ouest, les Bnî Gmil au Sud, et les Bnî Bû-Frah à l'Est. Vulgo Môstâsa la vocalisation Masattâsa (avec gémination du f) donnée ici par le Maqsad est confirmée par El-Bakrî (p. 90, I. 7 Masattâsa), El-Idrtsî (texte, p. 181, 1. 4 Misittâsa) et Léon (I, p. 374, à propos de la tribu homonyme du Moyen Atlas Mesettaza).

324. F j'achetai pour lui.

325. Port des Èmâra. Cf. Léon l'Africain, II, p. 271. 326. Du pays des Masattâsa à Targâ, la distance est, à vol d'oiseau, de 60 kilomètres.

327. F Il se mit en colère au point que cela fit impression sur son visage.

328. R appelle ce personnage Ibn el-Adras.

329. C'est-à-dire le commandant de la flotte, qâ'id el-ustûl. 330. La charge de commandant de la flotte se transmettait dans la famille des Banû er-Randâhî depuis que leur ancêtre, Hagbûn er-Randâhî, avait, en 647 (1249-50) provoqué àCeuta la révolution dirigée contre les Hafsides à la suite de laquelle la ville se donna aux Almohades, et qu'il avait été, en récompense, chargé de ce commandement. (Cf. Berb., IV, p. 64). Un Randâhî, Yahya, était encore commandant de la flotte, à Ceuta, en 721 (1321-22) (Cf. Berb., II, p. 473). Mais bien que le Qirtâs, la Dahîra et Ibn IJaldûn citent plusieurs membres de cette famille, je n'ai pas retrouvé Ahmad er-Randâhî que le Maqsad dénomme seulement dans T, car R ne donne que l'ethnique et F n'a pas cette anecdote.


331. RT Tasûl, mais en un autre passage (cf. p. 90) F a Bassûl cf. EI-Bakrî, p. 103 mer de Basal (?). On nommait ainsi la partie de la mer située au Sud de la péninsule sur laquelle est construite Ceuta.

332. guzd1, exactement « guerriers destinés à une expédition de guerre sainte, gazwa ».

333. huddâm el-bahr. Il existait à Ceuta, important port de guerre et l'un des principaux points de passage du Maroc pour l'Andalousie, un établissement de constructions navales qui avait été fondé par le calife almohade Yûsuf b. 'Abd el-Mu'min (558 /1163580/1184). Cf. El-Hulal el-mauslga (éd. Tunis, 1329, avec fausse attribution à Ibn el-Hatîb, p. 120). L'expression huddâm el-bahr est donnée également par Hôst (éd. danoise, 1779, p. 139, 1. 7). 334. rakwa. Classiquement « sorte de vase à boire qu'emportent avec eux les voyageurs » actuellement, dans l'usage du Maroc septentrional, « sorte de gourde, ou plutôt de bouteille rigide, en cuir tanné et cousu, dans laquelle les voyageurs transportent leur provision d'eau ». Pour d'autres variantes de sens, cf. Brunot, Noms de récipients à Rabat, in Hespéris, 1921, p. 120. 335. Abû Gabal Ya'la, théosophe originaire de Fès où il exerçait le métier de boucher. Il visita Agmât Warîka et partit de là pour se rendre en pèlerinage à la Mecque. A son retour, il rencontra au Caire le savant Abû-I-Fadl 'Abd Allâh b. Hasan el-G-auharî et assista à son cours. Mort en 503/1109 à Fès. Cf. Tasawumf, biogr. n" 10 Qirtâs, 118 Salwa, III, 162. On lit en effet ceci dans le Tasawwuf, au début de la biographie d'Abû Gabal Ya'lâ: Abu ûabal a raconté qu'il marcha en suivant la montagne de Daran jusqu'au moment où il atteignit le cap d'Autan et qu'il se dirigea alors vers Alexandrie. S'étant égaré dans le désert, ses provisions s'épuisèrent il rencontra alors un homme, dont le visage était fort jaune, et qui lui remit deux galettes puis disparut. Lorsqu'Abû G-abal entra dans la grande-mosquée du Caire, il y trouva Abû-1-Fadl el-Ôauharî occupé à discourir et qui lui dit « Approche, ô Abû Gabal I » (C'était le premier qui l'eût appelé de ce surnom). S'étant approché de lui, voici qu'un homme au visage fort jaune se leva d'auprès de lui. « Connais-tu cet homme? lui demanda El-G-auharî. Non 1 répondit Abû Gabal. C'est, lui apprit-il, l'homme qui t'a remis les deux galettes dans le désert. » 336. Abû-1-Hasan 'AU Ibn es-Sabbâg el-Qûst, l'un des plus fameux « maîtres » de la Haute-Egypte, mort à Qinâ en 613 (1216) comme Abû-1-Haggâgel-Uqsurî, il avait eu pour maître un marocain, 'Abd er-Rahlm et-Targî (originaire des ûumâra, mort à


Qinâ en 592/1196), ce qui expliquerait la faveur dont il jouissait auprès des Marocains. Cf. 7W, n°« 231 et 300.

337. RT qamîs F taub.

338. Les Banû Marwân, comme les Mattîwa d'ailleurs, faisaient partie des Gumâra; ils limitaient à l'ouest le territoire de Nakûr, et voisinaient avec les Masattâsa et les Sanhâga (cf. Berb., II, p. 134 El-Bakrî, p. 90,1. 1. 6). Le souvenir et le culte de ce saint se sont maintenus dans le pays les cartes portent en effet, à l'embouchure de la rivière de Tîlûla, un Sidi Ftûh /Sîdi Mêftûh que cite également Mouliéras (Maroc Inconnu, I le Rif, p. 65) et au sujet duquel une note inédite de feu A. Joly intitulée a Points remarquables et mouillages de la côte du Rif » nous fournit les renseignements suivants

« Sîdi Mêftoûh. Mouillage chez les Mthiyoua à 3 ou 4 heures de Takmoûnt. Sur le rivage même est une maison ronde, avec de nombreuses chambres, où se trouve le sanctuaire de Sidi Mëf Joûh il n'y a pas d'habitants aux alentours mais seulement, dans l'établissement même, un gardien et un préposé. Dans les chambres, les marins peuvent coucher, déposer leurs marchandises on peut aussi parquer les troupeaux dans la cour. La sécurité y est parfaite il y a toujours quelques tentes de voyageurs ou de commerçants en voyage aux abords immédiats. Mosquée; pas de tolbas. L'endroit s'appelle aussi Aouisakh ». Il semble bien que ce dernier toponyme doive être rapproché de Awizagt que donnent nos textes ainsi que la carte française au 1.200.000e (feuille IV Est, éd. 1920 Ouaouizert).

D'après la légende moderne, Stdi Ftûh 1-Màrwâni aurait deux tombes, l'une au bord de la mer, chez les Mtîwa du Rff, l'autre dans la tribu de Zçrqat, entre les villages des IharrûdÇn et des Iwuryan cette dernière est attribuée exactement à Mûlâi Neftâh I-Marwâni, dit également Sidi Bû-Sîba. Sidi MhammÇd 1-Marwâni et Stdi Mâlçk, enterrés tous deux à Tamaddit, chez les Bni BûNsâr, seraient respectivement son père et son grand-père. Sidi Ftûh aurait été Srîf et plusieurs groupes de iorfa se prétendent ses descendants ce sont les Ulâd Si Slîmân, à Tamaddit; les Ulâd Slîmân, à Blmâm et StÇnballa (Bni IJmÇd s-Surrâq); Bni Ihlëf et I'ammûrçn, à la zâuya de Sidi Ihlëf (Tâgzùt) Ulâd ASu"a, à Isnâr et à Hlûqôt, chez les Bni IJdîfa (Bni Wuryâgal). En outre, les habitants de la qara des Bni Mërwân (Tâgzût) prétendent aussi descendre de Sidi Ftûh dont ils ne sont peut-être que des compatriotes ayant quitté leur habitat du bord de la mer pour la haute montagne.


339. Ce sobriquet devait être injurieux ou inconvenant, et un copiste scrupuleux a dû interpoler cette observation pour dégager sa responsabilité.

340. RT salablah; F tugtdl. De semblables pratiques sont encore en usage de nos jours dans les caravanes de pèlerins qui se dirigent vers la Mecque. Cf. H. Kazem Zadeh, Relation d'un pèlerinage à la Mecque en 1910-1911, in Revue du Monde Musulman, vol. XIX, 1912, p. 197-198 « Parfois des gens mal intentionnés se mêlent à la caravane et, entrant parmi les voyageurs. donnent à fumer aux pèlerins du tabac mêlé de datura qui les endort, permettant ainsi de les dépouiller ».

341. Important mouillage chez les Gumâra. Cf. Léon l'Africain, II, p. 277 Tegassa.

342. « Ce curieux sobriquet signifie « Enveloppez-moi dans un linceul ».

343. Montagne qui se dresse à l'extrémité Est de la péninsule de Ceuta. Litt. Montagne du Port.

343a. On trouve également la graphie Matar. Cf. Nail, p. 83 et Salwa, III, p. 144 Ishâq ibn Yahyâ ibn Matar.

343". Aujourd'hui Bni Uryâgçl, qui s'étendent au Sud-Ouest de la baie dite d'Alhucemas. Ils sont demeurés en place, car ElBakrt (p. 90) signale que celle des portes de la ville de Nakûr qui faisait face au Sud-Ouest portait le nom de Bâb Banî Waryâgal, ce qui indique qu'elle s'ouvrait sur le chemin conduisant dans le pays de ces derniers. Il ajoute d'ailleurs que la rivière Gais prenait sa source sur leur territoire.

343e. Tribu berbère, de la famille des Lawâta, qui habitait, au Maroc, une partie du Tâdla et avait aussi, avec les Bahlûla et les Madyûna, des colonies au Sud de Fès.

344. Fameux juriste de Fès, célèbre par sa science et sa vertu mort vers 650 /1252-53. Cf. Salwa, II, p. 42.

345. Le sultan marînide El-Mansûr billâh Abu Yûsuf Ya'qûb b. 'Abd el-IJaqq (656-685/1258-1286).

346. RT el-qlyâm F el-muhâlafa 'alâ s-suttân.

346a. Abu Ya'qûb Yûsuf ibn Mûsâ ibn Abî 'îsâ el-tfassânî es-Sabtî, juriste et traditionniste, auteur de deux commentaires sur la Risàla. n professait à Fès, à la mosquée de Bab es-Silsila, et mourut à la fin du vme siècle de l'Hégire. Cf. Nail, p. 386 et ôadwa, p. 347, où on lui a donné l'ethnique erroné d'El-Gassânî. 346b. Abu 'Abd Allah Muhammad ibn 'Imrân el-'Imrânî, qui fut qâdî de Marrâkech et secrétaire du sultan marînide Ya'qûb ibn 'Abd el-Uaqq. Cf. Rauda, p. 62, n. 9.


347. F de la chair de ses flancs.

348. L'auteur anonyme d'Ed-Dahtra es-Sanîya (éd. Ben Cheneb, p. 188) rapporte que « en 679-1280, le sultan Abu Yûsuf ordonna la construction de la Madrasa pour les étudiants. Elle fut construite en face de la source appelée « 'Ain Qarqaf, dans la direction de la qibla de la grande-mosquée d'El-Qarawîyîn ». C'est dans cette Madrasa que le sultan fit déposer les livres arabes qu'il obligea le roi de Castille, Don Sancho IV, à lui restituer à la suite du traité de 684-1285. (Cf. Qirtds, p. 264). C'est vraisemblablement cet édifice que l'on appelle aujourd'hui Madrasat es-Çaffârîn. Cf. A. Péretié, Les madrasas de Fès (in Arch. Mar., vol. XVIII, p. 262-265), complété et rectifié par Bel. Inscriptions arabes de Fès, tir. à part, p. 91, n. 1 et p. 92, n. 2 et 3.

C'est sans doute par un simple hasard que l'auteur a ainsi juxtaposé, sans établir d'ailleurs entre elles de relation de cause à effet, ces deux anecdotes, la première rapportant un commencement de sédition provoqué par des discussions de juristes, la seconde relatant la fondation de la première Madrasa (vulgo mdarsa) destinée à l'enseignement officiel au Maroc. « Parmi les Berbères ignorants, qui n'eurent pas comme les Orientaux le contact avec des civilisations affinées, les lettrés, les professeurs, ont eu, plus peut-être qu'en Orient, une influence considérable sur les masses ils ont bien souvent joué un rôle décisif dans les révolutions. On comprend mieux par là, que la création de la médersa officielle ait eu, en Maghrib commeenOrient, dans la pensée du souverain qui la fondait, le double but de s'attacher les professeurs que ce roi y nommait et de former des fonctionnaires préparés dans un esprit donné, et par conséquent qu'elle ait eu un objet proprement politique. » (Bel, Inscriptions arabes de Fès, tir. à part, p. 89-90).

349. L'île de Mayorque avait été reprise aux Almohades par les Aragonais en 627/1230; cf. I. fl., Berb., II, 219; Ibn Abbâr, Takmilat es-sila (éd. Bel et Ben Cheneb, p. 190).

350. F un « ami ».

351. On lit dans l'Istiqsâ (II, 43) qu'en 679 /1280 il y eut dans le Magrib une invasion générale de sauterelles qui mangèrent les arbres et les céréales, ne laissant rien de vert à la surface du sol le blé atteignit le prix de dix dirham-s le sd'. En 683 /1284, sévit une sécheresse terrible, telle qu'on n'en avait jamais vue de semblable.

352. A la fin de ses Prolégomènes (2e partie De l'établissement de la vie d'El-Hadir), l'auteur dit J'ai interrogé au sujet de la vie


d'El-Hadir le « maître », le juriste, l'ascétique, le pieux Abû Ibrâhîm el-A'rag dont le nom était Ishâq ibn Mathar el-Waryâgalî et qui est notre « maître pour l'étude de la Mudawwana à la fin de son existence, il s'était consacré à la théosophie et s'y était adonné il me dit alors qu'El-FJadir était vivant et, comme je lui faisais observer qu'un désaccord était survenu à son sujet parmi les traditionnaires, il me répondit « Il est vivant, les saints le voient et quiconque a en soi une vertu d'entre ses vertus le voit je viens de voir quelqu'un qui l'a vu ces jours-ci ». Ma question fut posée en l'année 683 (1284-85). Je lui dis « Quel est le sens de tes paroles Quiconque a en soi une vertu d'entre ses vertus le voit? Je veux dire, me répondit-il, la sincérité, la pureté (ihlâs), la connaissance certaine et la satisfaction l'indice de la Sainteté c'est de le voir ».

On lit encore dans la Salwa (III, p. 144) les renseignements suivants sur El-Waryâgalî Après qu'il fût venu à Fès, il fut imâm à la grande-mosquée d'ES-Satta qui fait partie de cette ville et est celle qui se trouve au-dessus de Bâb ez-Zarbatâna, à gauche de celui qui monte dans la direction de la madrasa Bû'Inânîya, à la Tâli'a de Fès. Il était l'un des imâm-s de la religion et des savants bien dirigés, le « signe » (âyà) de Dieu pour ce qui concerne la Mudawwana (c'est lui l'auteur des gloses marginales (turar) écrites sur cet ouvrage) et le juriste de Fès en son temps. Il reçut l'enseignement du « maître Abû Muhammad $âlih elHaskûrî, l'auteur du commentaire sur la Risâla. Le « maître » Abû-1-Hasan ez-Zarwîlî et un certain nombre de personnes reçurent son enseignement. Le « maître », mon seigneur Abû Madyan elFâsî, dans son livre El-Muhkam fî-l-hikam, a dit textuellement ceci On a raconté que le « maître » Abu Ibrâhîm ibn Yahyâ ibn Matar el-Waryâgalî (il fut connu sous l'appellation de El-A'rag, compagnon (rafîq) d'Abû-1-Hasan es-§agîr et l'invocation auprès de sa tombe est exaucée ainsi qu'il a été dit) était imâm à la grandemosquée d'ES-Satta; il ordonnait le bien à l'amlr Ya'qûb ibn 'Abd el-Haqq et lui interdisait ce qui est repréhensible. Or, comme une fois il avait exagéré à l'égard du prince, « Sors de ma ville 1 » lui dit celui-ci, mais, quand Abû Ibrâhîm fût sorti, le prince fut pris d'une douleur intense et ordonna de le ramener. « Je ne rentrerai pas, dit le juriste, tant qu'il ne sera pas sorti et je ne me trouverai pas avec lui dans une même ville 1 » Le prince étant alors sorti à l'instant, sa souffrance se calma et il ordonna la construction de la Ville Blanche, je veux dire de Fès la Nouvelle. Plus loin (p. 146-147), on lit ceci II mourut à Fès en l'année 683 (1284-85)


et fut enterré dans cet extérieur, c'est-à-dire à l'extérieur de Bâb el-Gtsa plus d'un a relaté que l'invocation prononcée auprès de sa tombe est exaucée. J'ai vu ceci, écrit de la main de quelqu'un « Sa tombe est connue à Bâb el-Gîsa, en face (qubâla) de la porte Notre Patron, Sulaimân ibn Muhammad, a édifié dessus une construction. » Je pense et Dieu le sait mieux que c'est lui le personnage enterré dans l'enclos funéraire (hauS) qui est construit près du sépulcre de mon seigneur Mubârak ibn 'Abâbû, derrière l'arcade de celui-ci, dans la direction de la ville, en face de la porte. Parmi ceux qui ont donné sa biographie, il y a les auteurs d'EnNail (p. 83) d'El-Kifdya, d'Ed-Durra, d'El-éadwa, d'Er-Raud, etc. C'est à lui qu'El-Mudarri' a fait allusion dans sa Mandûma, lorsqu'il dit, après avoir mentionné mon seigneur El-'Arîs « A proximité de lui se trouve El-Waryâgalî Ibrâhîm; sa richesse n'a pas besoin de dirham-s. »

Aujourd'hui, les mrâbtên, qui constituent à eux seuls un rba' de la tribu des Bni Uryâgçl, où ils ont huit zûuya-s, se prétendent descendants de Sidi Abu Ibrâhîm êl-'arëg.

353. Tribu de Berbères, descendants d'El-Abtar, frères des Miknâsa (cf. Berb., I, 195) et qui habitaient les rives de la basse Molouya. Léon l'Africain (II, 325) les nomme encore Batalise « peuple qui est cruel et fort abondant en chevaux, brebis et chameaux, et bataillent journellement avec les Arabes qui luy sont voysins », et les situe dans le désert qui s'étend entre la province de Garet et la Molouya. Des textes espagnols du xvi6 siècle donnent déjà la forme avec M initial (Cf. de Castries, Sources, Espagne, I; el-Motalici, p. 405; Metalça, p. 533; Metança, p. 660). De nos jours, les Mldlsa (berb. Ifdârsçn) sont une tribu berbère seminomade et s'étendent du N. N. E. au S. S. 0., de l'oued Kert à l'oued Msûn.

354. RT nitdq F mirbat.

355. RT hartta F harîqa ou huraiqa « chiffon ».

356. Menue monnaie de cuivre.

357. Cf. Laoust, Mots et choses berbères, p. 147 « aderdur, sourd » avec les variantes dialectales adordor, aderdur.

358. RT; irtafa'd; F rufi'â.

359. harasî. Voir, sur ce vocable, W. Marçais, Textes arabes de Tanger, p. 261.

360. Les Bnî Tûzîn actuels habitent au Nord des Gëznâya, au Sud-Ouest du territoire que semblent avoir occupé anciennement les Battûya.

361. RT manzil F balad.


362. La zduya où Sîdi-1-Hâdg 'Alî bën Mâhôh est enterré se trouve dans la partie Sud-Ouest de la tribu des Bnî Tûzîn, dans la région dite Tsëft elle est située sur le versant septentrional du Jbel Bû-'Ailma à environ 700 m. d'altitude, sur la rive gauche d'un ravin qui va tomber dans l'oued Tsëft, affluent de l'oued Nkôr. Dans la partie occidentale du groupe de bâtiments s'élève une construction carrée qui, à son angle nord-ouest, porte une qubba blanche sous laquelle est le tombeau du saint. A l'Est de la zduya, il existe une douzaine de maisons formant le village des U!âd elhâdg 'Alî; à environ 6 kilomètres au Nord-Ouest de la zduya ceux-ci ont un autre village, sur la rive gauche de l'oued des Bnî Ziyân, à un kilomètre au Sud-Est d'une 'ab âda (oratoire) attribuée au saint. Les Ulâd el-hâdg 'Alî qui sont au nombre d'environ 500, se prétendent Sorfa idrîsides, malgré l'aspect bien zanâtî du nom du père (Mâhûh) de leur ancêtre quoi qu'il en soit, leur zduya est l'une des trois principales des Bnî Tûzîn ils jouissent d'une grosse influence religieuse et, comme les Bnî Ukîl, servent souvent de pacificateurs et de protecteurs. (Cf. Ghirelli, Beni Tuzin, p. 82 et 86). Quant au toponyme Tasaft cité ici, il est à rapprocher du Nasdft qu'El-Bakrî (p. 95, 1. 12 et p. 98, 1. 11) situe à une journée de marche de Nakûr, probablement dans la direction du Sud-Est, ce qui correspond exactement à la position de Tasaft/ Tsëft. 363. F entre ses deux yeux.

364. RT bi-îzâ F qarlban min.

365. Exactement « peau entière de mouton, tannée- et cousue, qui sert de sac ».

366. Cette tribu (vulgo Bni Gmll) est aujourd'hui située immédiatement à l'Ouest du Rîf proprement dit, entre les Mtîwa et les Bnî Bû-Frah.

367. RT hddim. F rasûl « l'envoyé ».

368. C'est-à-dire le Fâtimide « attendu le Mahdi, qui doit apparaître quelque temps avant la fin du monde. L'équipée d'Elhâgg el-'Abbâs est rapportée également par Ibn Haldûn, Prol., trad., I, 331 II, 202 « A la fin du vme siècle, en l'une des dix années qui précédèrent 690/1291, il apparut chez les Gumâra un homme qui se prétendit le Fâtimide la populace des Gumâra le suivit il pénétra dans Bâdis de vive force et en incendia les marchés. De là, il se dirigea sur la ville d'El-Mazimma, mais il y fut attaqué et tué, et sa tentative n'eut aucun résultat ». Dans le premier passage (Prol., trad., I, 331), Ibn Haldûn dit en plus qu'El-'Abbâs périt quarante jours après avoir manifesté sa prétention, mais il place cet incident historique au début de


son siècle (vme/xive s.) alors qu'il date réellement de la fin du vue /xm«. Noter également qu'alors que l'auteur des Prolégomènes dit que El-'Abbâs prétendait être le Fâtimide, l'auteur du Maqsad, bien placé pour être mieux informé, dit qu'il s'en prétendait seulement le « serviteur » (Jfâdim).

Aux mouvements fâtimides cités par Ibn Çlaldùn dans ses Prolégomènes, il faut ajouter un autre i ndiqué dans le Qirtâs En 610 (1213-14), Ibn el-'Ubaidî dont le père avait été brûlé à Fès en 600 (1203-04) à la suite de son insurrection dans les montagnes de l'Warga, se souleva à son tour dans les montagnes des Éumâra et prétendit qu'il était le Fâtimide une grande quantité de gens des montagnes et des campagnes lui prêta le serment d'allégeance. Mais En-Nâsir ayant envoyé vers lui une armée, elle le vainquit et il fut tué.

369. Les remparts d'El-Mazimma avaient été construits en 601 /1204 par Ya'îS, gouverneur du Rff pour le compte du sultan almohade En-Nâsir ibn Ya'qûb el-Mansûr. Cf. Dahîra, p. 39; Qirtâs, p. 167.

370. Cette porte est citée par Ibn Fadi Allâh (cf. Massignon, Le Maroc, p. 196, n. 1) et par l'auteur du Qirtâs (p. 179, 1. 1) elle semble avoir été spécialement consacrée à l'accrochage des têtes. Ce nom ne paraît plus connu aujourd'hui et il ne figure pas dans la liste des portes de Marrakech donnée par Ibn el-Muwaqqit dans Es-Sa'âdat cl-abadîya, t. I, p. 22.

371. Le sultan marînide Yûsuf ibn Ya'qûb avait été proclamé en §afar 685 (mars 1286). Muhammad ibn 'Alî ibn Mahlî el-Battû'î était gouverneur de Marrakech depuis que celle-ci avait été prise aux Almohades en 668 (1269-70) et il devait cette faveur au mariage qui avait uni sa famille à la famille régnante (cf. n. 255). Le chef du clan des Banû Mahlî, Talhat ibn Yahya s'était déjà révolté en 674 (1275-76) dans la montagne d'Azrâ contre le sultan Ya'qûb ibn 'Abd el-IJaqq qui l'avait obligé à se rendre et lui avait pardonné (cf. p. 115). En Sawwâl 685 (nov.-déc. 1286), il se souleva de nouveau contre le sultan Yûsuf ibn Ya'qûb, au sud de Marrâkech et passa chez les Banû Hassan, tribu ma'qilite du Dar'a le 13 de Ôumâdâ II 686 (26 juillet 1287), il fut tué. A la fin de Sawwâl 686 (déc. 1287), le sultan ayant écrasé les Ma'qil rentra à Marrâkech et, pour se venger des trahisons des Banû Mahlî, il fit emprisonner le gouverneur de la ville, Muhammad ibn 'Alf ibn Mahlî, au commencement de l'année 687 (février 1288) celui-ci mourut le mois suivant, (cf. Berb., IV, p. 98, 123-124). Ibn Haldûn ne dit pas dans quelles conditions fut tué son fils, Abû Tamâm (ou 'Âmir)


'Abd Allâh peut-être fut-ce à l'occasion de la révolte de Talha? 372. F une personne.

373. On lit en effet dans le Minhâg (qutb III Chapitre XII. Sur les prodiges que l'on a rapportés sur son compte à propos du « reploiement » de la terre durant les longs voyages, et sur ceux dont on a été témoin de sa part en fait d'assistance prêtée aux fuqarâ, comptant parmi ses disciples, dans les déserts et les solitudes, au moment des violents tourments. Entre autres choses, voici ce que m'a raconté le juriste méritant, le savant d'élite de son époque, Abû 'Abd Allâh Muhammad ibn Yahyâ es-Sanhâgî lorsqu'il vint à nous comme pèlerin, dans la vallée d'Egypte et que, comme il était malade, je le poussai à voyager par mer J'aientendu le maître méritant Abû Ya'qûb Yûsuf ibn Abî Bakr es-Sanhâgî raconter ceci « Comme le « maître » venait de nous interdire de voyager par mer, je l'entendis prononcer ces mots « Gardez-vous de voyager par mer, car, tant que vous voyagez sur la terre ferme je vous regarde; mais, si vous pénétrez sur mer, un voile est tendu entre moi et vous ». Aussi, ajouta-t-il, ne puis-je pas me lancer dans un voyage sur mer après ce que j'ai entendu dire à ce sujet sans cela, certes, c'est par là que j'aurais voyagé ».

374. Région s'étendant entre les contreforts du Moyen-Atlas et l'Océan Atlantique, du Sebou à l'Umm er-Rabî'. 375. 685/1286 706/1307.

376. Tous ces personnages religieux devaient en effet exercer, sur les frustes populations berbères du Rif, un ascendant moral qui pouvait facilement devenir dangereux pour le pouvoir marînide. Les pèlerins de la Mecque (huggâg), de retour dans leur pays, semblent même avoir fondé l'un des premiers groupements mystiques ou plus simplement de propaganda fide (tawâ'if) du Maroc. Cf. Ibn Qunfûd (mort 810/1407), Uns el-faqti wa-izz el-haqtr, ms. de la Bibliothèque de la Section Sociologique (n° 1047), p. 42, 1. 3 « Les groupements mystiques (tawâ'if) du Maroc se peuvent ramener à six 1 les Su'aibîyîn, groupement d'Abû Su'aib.d'Azammûr, l'un des maîtres du maître Abû Ya'azzâ 2e les Sanhâgîyîn, groupement des Banû Amgâr, de Tît-an-Fitr, contemporains d'Abû Su'aîb 3e les Mâgiriyîn, groupement d'Abû Muhammad Sâlih (cf. p. 92, n. 295) les Dukkâlîyîn en font partie 4" les Pèlerins de la Mecque (huggâ§), ainsi nommés parce qu'il n'entre dans leur groupe que les gens ayant effectué le pèlerinage de la « Maison de = Dieu » (= la Ka'ba) 5e les pâhîyîn, dont une partie habite les monts Daran c'est le groupement du maître, le célèbre pèlerin, Abu Zakarîyâ Yahyâ ibn Abî 'Umar 'Abd el-'Aziz. el-Hâhî,


dont le tombeau est à Tigzâ à une étape de Marrâkech, dans la direction du Sud-Ouest ». Cf. également De Torrès, Relation, Paris 1637, p. 8-9, relatant le début de la fortune des Surafd Sa'diens « (Il) résolut d'envoyer lesdits deux enfants les plus jeunes en pèlerinage à la Mecque, qui est en la ville de Almediné(sic), visiter le sépulcre de Mahomet, parce que parmi les Maures ceux qui vont et qui retournent de ce pèlerinage, sont reputes saincts et comme ils revindrent Maurabites ils furent honorez et estimez des Barbares (= Berbères) comme tels, et par tous les lieux où ils entroient tous hommes et femmes accouroient à eux pour leur baiser la robe, et eux feignants estre inspirez d'une divine contemplation marchoient par la rue, crians et disans, Ala, Ala, qui est à dire Dieu, et ne voulaient manger chose aucune que l'aumosne que l'on leur donnait pour l'amour de Dieu. Avec ceste hypocrisie ils commencèrent à gagner une grande reputation. » 377. Soit pour se rendre à El-'Ubbâd, centre d'ascétisme fameux, soit pour se rapprocher du sultan Yûsuf qui, à cette époque (en 689/1290, l'équipée d'El-hâgg el-'Abbâs est de 686/1287) assiégeait Tlemcen cf. Berb., IV, p. 129. F porte de l'Orient. 378. F environ deux mois.

379. Aliment des Arabes anciens, consistant, en grain, blé ou orge, grillé puis grossièrement moulu, auquel on ajoutait parfois des dattes ou du miel les voyageurs emportaient avec eux ce produit comme viatique.

380. Talha b. Yahyâ b. Mahlî, des Aulâd Mahlî de Tâfarsît, l'une des trois principales branches des Battûya. Il était le neveu d'Umm el-Yumn (Cf. p. 80, n. 255). En 674 /1275, au milieu du mois de Ramadan, il se révolta contre Vamtr Abu Yûsuf Ya'qûb b. 'Abd el-Haqq et se retrancha sur la montagne d'Azrû. Après un siège de trois jours, il dut se soumettre; l'amfr lui pardonna et lui accorda l'autorisation de se rendre en pèlerinage à la Mecque, sanction fréquente des incartades des grands dignitaires. 381. Il est à remarquer que la plupart des historiens que j'ai pu consulter (Qirtâs, p. 232; Daljlra, p. 185-186; Istiqsâ, II, 21) situent la montagne d'Azrù (le compilateur de V Istiqsâ écrit Asrû) dans le Fâzâz. Ibn Haldûn (Histoire des Berbères, texte, t. II, 282) dit seulement que Talhat ibn Mahlî se retira auprès des tribus des Zanâta qui font partie (min) des Sanhâga, ce que De Slane (Berb., IV, p. 84) a traduit par « était allé joindre les Zanâta du mont Azouer, tribus incorporées dans la population sanhadjienne [de l'Atlas] ».

L'auteur du Maqsad semble donc être seul à préciser qu'il


s'agit de la montagne d'Azrû auprès de Tâfarsît. Mais ce témoignage unique me paraît cependant devoir être préféré aux trois autres réunis pour les motifs suivants

1° L'auteur du Maqsad était originaire du Rif et devait bien connaître la région de plus, il rédigea son ouvrage moins de cinquante ans après la révolte de Talha.

2° Talha était originaire de Tâfarsît; il paraît donc naturel qu'il soit venu se réfugier au milieu de ses contribules. 3° Les Battûya étaient des Çanhâga (Cf. Berb., II, 5 et 123), mais ils comprenaient également des éléments zanâta (Marnîsa, Gaznâya, ûassâsa, Tûzîn) et, précisément, le père d'Umm elYumn, grand-père de Talha, est qualifié d'El-Battîwî /el-Battû'î ez-Zanâtî (Qirfds, 213 Dahlra, 93). Dès lors, le témoignage d'Ibn Çaldûn (Berb., IV, 84) peut s'appliquer aussi bien, sinon mieux, à Azrû de Tâfarsît qu'à Azrù du Fâzâz.

4° La Mapamilitarde Marruecos, au 1 150.000e (Zona Oriental) indique, à la frontière occidentale du territoire de Tafersit, un Azru Mehel-li (= le rocher de Mehelli) et, dans la partie orientale du même territoire, un Sidi Talha qui doivent être en relation avec l'anecdote citée.

On est alors amené à se demander pourquoi les auteurs (ou les interpolateurs) du Qirtâs et de la Dahlra ont situé cette localité au Fâzâz plutôt qu'ailleurs c'est tout simplement, à mon avis, parce que cet Azrû, qui a subsisté jusqu'à nos jours, était plus près de Fès, et était par là mieux connu des lettrés de cette ville. Les toponymes Azrû /Asrû, Tâzrût /Tâsrût, c'est-à-dire en berbère <t rocher, petit rocher », et leurs formes plurielles, sont d'ailleurs des plus communs par tout le Maroc.

Le nom propre Mahlî a subi, du fait des copistes, les traitements les plus divers. De Slane l'a lu Mohalli certains auteurs indigènes, à la faveur d'une mauvaise graphie arabe, ont lu 'Ait (Qirtâs, 213, corrigé en marge; Istiqsâ, II, 10, 1. 17). La lecture Mahlî est cependant assurée car, en divers passages du Maqsad, le hd' porte un gazm (cf. également Dahîra, 93, 1. 2); ajoutons enfin qu'à Tétouan, un bain situé près d'El-Mtâmar porte encore le nom de Hammam Amahlî.

f 382. On lit dans Es-Salsabil el-ma'ln, ft-Uartq el-arba'ln de Muhammad es-Sanûsî, au chapitre relatif aux particularités de la


confrérie des NaqSabandîya Ils mangent un peu de halwd et en donnent une partie en aumône pour l'esprit (rûh) des « maîtres ». 383. Cf. Ibn Batûta, Voyages, I, 101 « Il y a dans Manlawt (ville de Haute-Égypte) onze pressoirs à sucre. C'est la coutume des habitants de n'empêcher aucun pauvre (Jaqtr) d'entrer dans ces pressoirs. Le pauvre apporte un morceau de pain tout chaud, et le jette dans le chaudron où l'on fait cuire le sucre puis il le retire tout imprégné de cette substance et l'emporte ». 384. A rapprocher sans doute des dînâr-s 'âiirî-s frappés en 275 (888-89) par le souverain aglabide Ibrahim ibn Ahmad et qui furent ainsi nommés parce que chaque dinar contenait dix dirham-s. Cf. Dozy, Suppl., s. v.

385. Il a aujourd'hui son sanctuaire dans la montagne des Bni MahsÇn, chez les Bni Tûzîn, où il est connu sous le nom de Sîdi Bû-Rbr.

Les noms propres arabes maghribins composés d'un nom auquel est joint un suffixe personnel de la troisième personne du pluriel mériteraient d'être recueillis et examinés soigneusement. Cela permettrait sans doute d'établir l'origine berbère de ce processus onomastique, déjà entrevue par de Slane (Berb., IV, 582). Sur le type correspondant, en berbère, des noms propres à finale -âsen, cf. R. Basset, Sanctuaires du Dj. Nelousa, in J. As., 9e série, t. XIV, p. 109-112, et Doutté, Marabouts, p. 57, n. 3. Voici les quelques exemples de cette forme que j'ai relevés Mûlâ hum ( ap" Doutté, Marabouts, p. 38, n. 2.

Mfllâ-hum

Olâd Sîd-hum, ap. Basset, Nèdromah, p. 170.

Ûlâd Û-Sîd-hum, in Tanger (Coll. des Villes et Tribus du Maroc), p. 201.

Ibn Sittu-hum, in Maqsad, p. 117 (le redoublement du t et sa vocalisation sont précisés par T).

Ibn Hirzi-him, in Qirtds, p. 191, 1. 3 et 7 a. f. et Salwa, III, p. 69 (à côté des variantes Harâzim, Harazim, Haraza-hum). Bni 'Alâ-hem, Bnî 'Alâ-hum, fraction des Ait TëgrûSSen. Banû Walî-him, ap. El-Idrîsî, éd. Dozy et De Goeje, p. 75, note g.

IJadd-hum, nom de femme.

386. FR Warchûn.

387. gazwa. Ce terme désigne le plus souvent la guerre sainte (nommée plus techniquement §ihdd) et la fréquence de cet emploi est à noter même chez les historiens anciens (notamment Ibn AM Zar') cf. d'autre part el-gâzî, surnom honorifique attribué


aux sultans vainqueurs des Infidèles. Il s'agit en l'occurrence de l'une des nombreuses expéditions des Marocains d'alors contre les Chrétiens d'Espagne.

388. Également appelé Qasr el-Magâz ou Qasr Masmûda. Cet important point de passage pour l'Andalousie, entre Tanger et Ceuta, est aujourd'hui ruiné et n'est plus connu que sous le nom d'El-Qsar ës-sgîr, l'Alcazar Segher des Espagnols. Une étude historique a été consacrée à cette localité par Michaux-Bellaire et Péretié, in Revue du Monde Musulman, XVI, p. 329-375. 389. Vallée proche de la Mecque où s'accomplit une partie des cérémonies rituelles du pèlerinage canonique.

390. F « Reviens à ta première façon de faire, lui dit le « maître », et les fuqard subviendront à tes dépenses » » Il le fit donc et il connut de nouveau l'aisance (bast) comme la première fois la baraka du « maître » devint alors certaine.

391. On a ici un nouvel exemple de la synonymie de râbita et de zâwiya.

392. L'une des trois zduga-s principales des Bnî Tûzîn est encore celle de Sîdi Yahya qui a conservé le nom du frère de son fondateur; elle est située au Nord-Est, dans la fraction des Igarbîyîn, sur les pentes occidentales du Jbel Tâberrânt, au point de réunion de deux torrents qui vont se jeter dans l'Igzçr Amqrân ou grande Rivière des Tëmsâmân. Surmontée d'un minaret blanchi à la chaux, la zaûya est située au milieu de vergers et comporte deux groupes de bâtiments l'un s'élevant à l'entour même de la zduya, l'autre situé un peu plus à l'Est, près de la fontaine dite Tala TiSt une autre fontaine, 'Ain Sîdi Yahya, envoie ses eaux dans le ruisseau au-dessous de la zâuya. Sur la carte de Ghirelli, le clan voisin de la zduya est dit Ait Hassan (sic) sans doute faut-il lire Ait Mahsen, forme vulgaire de Banû Muhsin que donne le Maqsad. Les Ulâd Sîdi Yahya ne sont pas réputés sçrfa mais seulement mrâbtên, et leur ancêtre aurait reçu la baraka du grand saint des Bnî Tûzîn, Sidi Mohammed Bû-Jëddçin; ils suivent actuellement les règles théosophiques de la confrérie nâsirîya (cf. Mouliéras, Maroc inconnu, I, p. 116).

393. T ajoute, dans une note marginale frère de mon seigneur Sulaimân qui a été mentionné avant lui. Il a dû y avoir confusion dans l'esprit d'un copiste avec l'Abû Yahya Zakarîyâ cité dans la biographie précédente comme étant le frère de Sulaimân ibn Yahya ibn Sittuhum. Ceux-ci étaient originaires des Banû Tûzîn, tandis que celui-là était de la région maritime du pays des Baqqûya. 394. C'est-à-dire dans notre ville; cf. p. 135, n. 434.


394a. Aujourd'hui Bù-SSkkûr, ancrage de la côte orientale des Bfiqqôya qui sert de port au bourg de Tafènnsa. C'est le Busencor, Buxancor des portulans. El-Idrîsî, qui l'appelle Bû Zak(k)ûr (texte, p. 171), semble le confondre avec la ville de Nakûr et M. de Castries (Sources. lr» série, dyn. saadienne, Angleterre, t. I, p. 565) est tombé dans la même erreur. Pour ce qui est du texte d'El-Idrîsî, il est permis de supposer qu'il a été altéré par des copistes ceux-ci trompés par la répétition d'un même membre de phrase [.o;£j M.«* T«] qui suit également les toponymes Bû Zakkûr et El-Mazimma, ont dû intervertir les renseignements relatifs à chacun de ces deux ancrages. Je propose donc, du passage en question, la traduction rectifiée suivante « De la ville de Bâdis à l'ancrage de Bû Zakkûr, 20 milles il s'y trouvait un bourg peuplé et un port d'où l'on expédiait des navires chargés. De Bû Zakkûr à El-Mazimma, 20 milles c'était, au temps passé, une ville mais elle a été ruinée et il n'en subsiste plus de vestiges dans les livres d'annales, on la nomme Nakûr. » Ces renseignements sont beaucoup plus compréhensibles et l'on ne peut y relever que l'identification fausse d'El-Mazimma avec Nakûr, adoptée également par Ibn Haldûn (Berb., II, p. 138). Cf. supra, n. 12. A l'époque, en effet, où El-Idrisi recueillait les renseignements qui lui permirent de composer son traité de géographie (cirai 540/1145-46), El-Mazimma était encore prospère, plusieurs passages du Maqsad en font foi, tandis que Nakûr était ruinée depuis 473 (1080-81).

395. F. quatre parasanges. El-Idrîsî (p. 205) situe ces deux localités à 20 milles l'une de l'autre.

396. C'est-à-dire qu'après s'être divisés en deux camps, ils se mirent à se battre à coups de pierres. C'est encore là, de nos jours, l'une des distractions favorites des pâtres montagnards; ce jeu, qui ne laisse pas que d'être dangereux et qui provoque parfois des accidents mortels, se nomme, dans le ôarb, t-trâd les pierres y sont lancées soit à la main, soit au moyen de la fronde (mugla', ivottdf) qu'a toujours avec lui chaque pâtre et qu'il utilise, aux mêmes fins que notre houlette, pour lancer des pierres aux bêtes qui s'écartent du troupeau et, de la sorte, les faire revenir. Cf. Léon l'Africain (II, 129), indiquant les jeux auxquels s'adonne la jeunesse de Fès « et mesmement les jours de festes où ils s'assemblent hors la cité, ruans des pierres sans cesse, jusques à ce que la nuict leur ôte le moyen de pouvoir plus continuer le jeu ».

397. T bi-rasm «à l'intention de » F li-'asûq pour que j'apporte".


398. RT bdliya F haliqa « en loques ».

399. Je lis ainsi, bien que R et T donnent mahraë. 400. Dans le Garb, on nomme actuellement dçidbân, un mirador composé d'un abri sqlla, établi sur une plate-forme srîr, que supportent quatre piliers élevés le veilleur hâde (pl. hoddây) y accède par des barreaux en échelle et s'y installe pour protéger la récolte contre les atteintes des maraudeurs et des animaux c'est là le dispositif employé exclusivement pour les cultures basses vignes et potagers quand il s'agit de cultures arborescentes oliviers, figuiers, etc., le veilleur s'installe dans une simple hutte nwdla construite au ras du sol. Chez les Jbâla du Nord de Taza, un tel abri se nomme aqbu, et le gardien hattâg. De Tétouan à Bâdës, le mot est encore connu il désigne une plate-forme de bois surélevée sur quatre poteaux; on y dort en été et l'on y fait sécher les figues en automne.

400a. Il existe encore dans la région de Tûfîst, dans la partie Sud-Est de la tribu des Bni Ittyft, un saint connu sous le nom de Sîdi 1-hâdg Bûkar (= Bû-Bkar, cf. Biarnay, Dial. Rif, p. 602). Voir également Maroc Inconnu, I, p. 90. Comme Bakkâr ibn elHâgg habitait entre Âsakram et Bâdis, il est fort possible qu'il s'agisse de lui, sous un nom à peine modifié.

401. Ainsi vocalisé dans T F a Hmmar.

402. Cf. n. 259.

402a. Il existe encore un Sidi 1-hâdg Bûkar (=BÛ Bkar), dans la partie septentrionale de la tribu des Bni 'Ammârt, précisément dans le pays des K'ûnÇn, entre les Bni UryâgÇl et les Bni Mëzdûy. On pourrait déduire des renseignements donnés par le Maqsad qu'au xive siècle les Gu'ûna faisaient partie des Banû Yattafat. Il y aurait également un village d'12'ûnçn, chez les Tëmsâmân, près de l'estuaire de Sîdi Drîs.

403. Aujourd'hui Bni Ittôft, au Sud de Bâdés, entre les Boqqôya et les Bni Bû-Frah.

404. F El-Baizaq.

404a. Il doit s'agir de 'Abd er-Rahmân ibn Muhammad elKutâmî es-Sabtî, connu sous l'appellation d'Ibn el-'Agûz (cf. 'Iyâd, Fihrisa, s. v. Gadwa, p. 261 Salwa, III, p. 295). Célèbre juriste de Ceuta, il fut l'un des maîtres du qâdî 'Iyâd. Je ne sais où l'auteur de la Gadwa a pris qu'il mourut à Fès en 510 tout ce que dit 'Iyâd, c'est que Muhammad, le père d"Abd er-Rahmân, mourut à Fès en 515 (1121-22).

405. Qur., XXI, 22.

406. 'amara-nt bi-halli-hi jt-l-md'. L'encre ordinaire des indi-


gènes {smâg) se délaye en effet très aisément au contact de l'eau et disparaît sans laisser de traces.

407. RT ma'âtir F fad'dil.

408. Abû Muhammad 'Abd Allâh b. Nagm Ibn Sâs. Juriste mâlikite d'Égypte, mort en 610 /1213 (Dîbâ§, p. 146) ou en 616 1219 (Dahtra, p. 56) il est l'auteur de l'ouvrage intitulé El-ijawâhir et-tamtna fî madhab 'dlim el-madîna.

409. Fameux juriste, originaire de Fès mais fixé à Cairouan, l'un des premiers champions du rite mâlikite au Maghrib mort en 430/1038. Cf. TaSawwuf, biogr. n° 4; Istiqsd, I, 98, 1. 9. 410. Sa'd b. 'Ubâda. b. el-Hazrag el-Ansârî, l'un des « Compagnons » du Prophète. Cf. Isdba, éd. Maulây 'Abd el-IJafîd, Caire, 1328, II, p. 30.

411. C'est encore l'habitude au Maroc que les cours vaquent du mercredi après-midi au vendredi après la prière solennelle de midi. Cf. W. Marçais, Textes arabes de Tanger, p. 184, n. 2. 412. F Str (?)

413. F el-Mas'ûd.

414. F el-Yasqabîya.

415. Ce sont là quelques-uns des détails rituels observés lors du lavage du corps des défunts.

416.

417. T Banû MStr (?).

418. T el-'Umânî.

419. Er-Rifâ'î mourut en 578 (1182-83) et Abû Madyan en 594 (1197-98) Abû Dâwûd mourut en 578.

420. T ganam « ovins ».

421. F dix.

422. F deux cents.

423. On lit dans le Taëawwuf (Biographie de 'Abd er-Razzâq el-Ôazûlî) une anecdote identique et l'auteur du Bustdn rapporte (p. 111 b.) un prodige semblable de domestication de lion, opéré par Abû Madyan. Plusieurs autres passages du Magsad (p. 31, 73, 131) attestent l'existence des lions dans le Rîf au vie /xne siècle. Fréjus (éd. Londres, 1671, p. 26) en rencontra encore au XVIIe siècle dans la montagne boisée qui domine Nakûr, et il insiste sur leur caractère pacifique. Mais la généralisation de l'emploi des armes à feu dut les obliger bientôt à abandonner les régions habitées.

Sur l'existence des lions, au xvie siècle, dans la forêt d'ElMa'mûra (Mamora), dans les environs de Tifalfalat (Tiflet) et d'Agla (sur l'Warga), cf. Léon l'Africain, II, p. 42, 47 et 231.


424. C'est ce que nous nommons l'arc-en-ciel. Il est à noter que l'arabe ancien a connaître un *qudah, doublet dialectal de quzah seul attesté car, chez les populations arabes du Maroc du Nord, l'arc-en-ciel est appelé zit-gdah (chez les Srâga, ap. Lévi-Provençal, Textes ar. de l'Ouargha, p. 234) qui me parait bien provenir d'un *Saggidî Qudah.

425. F entre deux falaises profondes.

426. On voit fréquemment intervenir les abeilles dans les légendes hagiographiques marocaines. Se souvenir de l'anecdote du nuage d'abeilles qui vint se poser sur 'Abd el-Mu'min b. 'Alî encore enfant et endormi, ce dont un voisin tira le présage que tous les habitants du Magrib se réuniraient sous son autorité (Ibn Hallikân, Wafayât, I, 390). Cf. également Bustdn, p. 104 h. Sur la baraka attachée, dans le folk-lore marocain, aux abeilles et au miel, voir Westermarck, Baraka, p. 62.

427. Note marginale de T Et sa tombe est à Ceuta. Il s'agit de Muhammad ibn Ibrahim ibn Muhammad ibn IbrâMm ibn elFarag el-Aust el-ISbîlî, connu sous l'appellation de Ibn ed-Dabbâg. H fut unique à son époque pour ce qui est de la connaissance de l'école juridique de Mâlik et de la rédaction des actes authentiques il professa à la grande-mosquée de Grenade et mourut en 668 (1269-70).

428. « Pièce de tissu grossier de laine ou de poils de chèvre, servant de tapis ou de couverture, et qui, plié en deux et cousu, est également utilisée comme sac double pour le transport des grains ». Sur ce vocable, cf. W. Marçais, Textes arabes de Tanger, p. 245 Bencheneb, Observations sur le mot « Tellts », in Rev. Africaine, 1912, p. 566.

429. Qur., III, 20 et également LXXXIV, 24.

430. C'est notamment l'opinion du commentateur EI-Baidâwî. Cf. Fleischer, Beidhawii commentarius in Coranum, II, p. 394. 431. Abû Muhammad 'Abd Allâh b. Muhammad Ibn es-Sîd el-Batalyûsî, le grammairien, habita à Valence. Il fut le maître des lettrés de son temps; entre autres ouvrages, on lui doit un Commentaire du livre intitulé Adab el-kuttâb. Il mourut à Valence en 521 /1127. Cf. Brock., I, 427.

432. Bien que l'étymologie commande la vocalisation Siqillt « Sicilia, c'est la forme Saqalll qui est la seule usitée par les lettrés marocains, et les ouvrages sortis des lithographies de Fès en offrent de nombreux exemples. D'autre part, le Tûg" indique, sans préciser davantage, qu'on la rencontre déjà chez Ibn Hallikân.


433. Ce personnage est, très vraisemblablement, Abû-1-Hasan b. el-Qattân, l'un des deux astrologues qui furent chargés par le sultan Abû Yûsuf Ya'qûb de déterminer exactement l'instant propice où l'on commencerait la construction de la « Ville Blanche » ou Nouvelle Fès. Cf. Qirtâs, p. 132; Berb., IV, 84; Istiqsâ, II, 22 il est à noter que dans la Bahtra (p. 187) ce personnage est remplacé par un autre.

434. C'est-à-dire dans notre ville, à Ceuta cf. p. 121, n. 394. 435. lunduq. T semble traiter ce mot comme un féminin fî hâdihi l-funduq, mais ce n'est peut-être qu'une erreur de scribe. 436. qayyima; R a sàhiba « maîtresse, propriétaire ». Pour l'emploi de qaygim avec la valeur spéciale de « gardien ou tenancier d'une hôtellerie », cf. Nail, p. 34, 1. 9-10.

437. Voir sa biographie, 43.

438. Le type onomastique Ibn uht X « Fils de la sœur de X » est assez fréquent au Maghrib. Cf. infra, p. 176; Recueil de mémoires. publié en l'honneur du XIVe Congrès des Orientalistes, Alger 1905, p. 15 Ibn Okht Ghânim, et p. 109 Ibn Oukht el-Warrâq.

439. On sait que les musulmans croient que quatre personnages resteront vivants jusqu'à la fin des temps, deux résidant au ciel Idrîs et Jésus, les deux autres vivant sur terre El-Hadir et Ilyâs.

440. wâlt à la fin de cette anecdote, le même personnage est qualifié de saih.

441. wasat ed-ddr c'est ainsi que le plus souvent on désigne, au Maroc, la cour intérieure ou atrium de la maison. Sur ce mot composé, contracté dans l'usage vulgaire, cf. W. Marçais, Textes arabes de Tanger, p. 494.

442. RT d'Un Tel.

443. RT mamlûka; F hâdim.

444. On a vu plus haut que le personnage biographie ici exerça les fonctions de qâdî.

445. Le texte porte aulâd « enfants métonymie de convenance encore usitée aujourd'hui dans la conversation pour désigner poliment les femmes de la famille. On a vu, p. 107, qu'il s'agissait en réalité de la femme du père de l'auteur, et de deux jeunes sceurs de ce dernier.

446. Ce personnage est cité également dans le Qirtâs (p. 250, 1. 17) où il est rapporté que « le mercredi 2 Rabî' 1 (684 /1285) arriva au camp (du sultan marînide Abû Ya'qûb Yûsuf, en Andalousie) le juriste Qâsim, fils du juriste Abû Qâsim el-'Azafî, qui amenait


les combattants (guzât) de Ceuta, au nombre de cinq cents tireurs ». 447. Le célèbre juriste Abû-1-Qâsim b. Ahmad el-Lahmî el'Azafî, de Ceuta avait reçu le gouvernement de sa ville en 647 1249, lorsqu'à la mort du sultan hafside Abû Zakarîyâ la population s'en était soulevée pour se donner au calife almohade El-Murtadâ. Les historiens lui décernent tantôt le titre desâhib Sabta « dynaste, gouverneur de Ceuta », tantôt celui de kabîr el-maëyaha « président du Sénat », et il semble bien que dans ce port semi-indépendant il ait joué un rôle analogue à celui du Doge à Venise. Il mourut en 677 (1278-79) Ibn Haldûn (Berb., IV, p. 64) relate qu'il devait en grande partie son autorité à la vénération que les habitants de Ceuta professaient pour son père, le juriste Abû-l-'Abbâs Ahmad. Dans ses Prolégomènes (2e partie au sujet de la preuve de la vie d'El-Hadir, l'auteur du Maqsad a inséré le renseignement suivant Le « maître », le savant juriste et traditionnaire Abû-l'Abbâs el-'Azafî a raconté dans son livre intitulé Di'âmat elgaqîn fî za'âmat el-muttaqln qu'Abû-1-Hasan ibn es-Çâ'ig étant parti pour aller rendre visite au « maître » Abû Ya'azzâ, El-Hadir, à une étape, passa la nuit en sa compagnie, occupé à converser avec lui. « Quand Ibrâhîm ibn Adham mourut, lui dit-il à la fin de la nuit, quelqu'un (sârih) cria dans la montagne de Syrie « La sauvegarde des gens de la terre vient de mourir 1 » Or, continua El-Hadir, il vient de mourir en cet instant celui qui était la sauvegarde des gens de la terre, Abû Su'aib Ayyûb la Colonne. » Lorsque je parvins auprès d'Abû Ya'azzâ, dit Abû-1-Hasan, je lui dis « Le « maître» Abu Su'aib vient de mourir I – Je le sais, me réponditil, et je sais qui te l'a fait savoir. »

448. Abû lîâtim b. Abî-1-Qâsim el-'Azafî, succéda à son père comme gouverneur de Ceuta et fut destitué en 678/1279. 449. F pendant la nuit.

450. Voir sa biographie, n° 10.

451. Muhammad b. 'Alî b. Daqîq el-'îd, savant juriste égyptien, né en 625/1228, mort en 702/1302. Cf. Brock., II, 63. 452. L'auteur laisse dans le doute s'il s'agit de la ville de Miknâsa (Meknès), ou de la tribu des Miknâsa, immédiatement au nord de Taza.

453. « Voile de tête pour femme ». Sur ce mot, cf. W. Marçais, Textes arabes de Tanger, p. 405 Biarnay, Dial. berb. Rit, p. 68 Qalc'nbuSO « mouchoir, foulard ».

454. ahl, proprement « famille », métonymie de convenance pour désigner la femme de quelqu'un.

455. F avec son gendre (sihr) Abû Sa'id 'Utmân ibn Dâwûd.


456. Cf. Salwa, II, p. 43, 1. 10.

457. RT ivalt F ibn 'amm.

458. R et T portent tous deux habl « corde » F a §abal a montagne »; j'ai préféré suivre une addition marginale de R qui modifie ainsi le texte « (je vis alors, écrit sur ce témoignage, d'une écriture distincte) le paraphe Çalâma) du qâ4î; l'ayant lu, je trouvai qu'il portait « Artifices (ttiyal) de l'Enfer ». D'autre part, il ne faut pas perdre de vue l'expression hasab" &ahannam de Qur., XXI, 98.

459. F a ici îrzîgîn, tandis que T donne îrzlhan et même trazthân. J'adopte la lecture îrzîgin (ou Îrzlgin, à cause de la sifflante cf. l'alternance voisine Warztj-Warztg) en raison de la fréquence de ce nom dans l'onomastique berbère des Almohades et des Marînides. Le flottement entre a et i pour la vocalisation de la dernière syllabe indique qu'il s'agit d'un son intermédiaire, d'un g, d'où la forme restituée *irzigen, qui a l'aspect d'un participe berbère.

460. T Abû-ë-Sa'bân.

461. îrzîgan semble en effet avoir été un nom porté particulièrement par les nègres cf. également p. 156.

462. RT sahfa, F gudâra « plat en terre cuite

463. F lui répondis-je par signes.

464. T donne la leçon el-masjid el-hemmel (?) R porte elmasgid el-mehmel (?).

465. A Tanger, dëggàg signifie actuellement « bijoutier, qui fabrique des bijoux d'argent » (cf. W. Marçais, Textes ar. de Tanger, p. 300). On pourrait aussi penser au médiéval raqqdq parcheminier » qui était andalous.

466. RT bi-tam; F bi-asfal « à la partie inférieure ». 467. La lecture 'Aqll, et non Uqail, est assurée par la rime en -II du morceau de prose rimée qui sert de « chapeau » à cette biographie.

C'est aujourd'hui, Sîdi Bû-'Aqîl, qui serait enterré dans la partie nord de la tribu des Bni Tûzîn qui confine à celle de Tëmsâmân ses descendants constitueraient le village des Ibû'aqîlçn. 468. F el-Ûassâsî.

469. F 'atahaggad « je récitai les offices nocturnes ». 469a. C'est aujourd'hui Sîdi Bû-Ya'qûb ël-Bâdsi dont le sanctuaire s'élève sur la rive droite de l'embouchure de la rivière de BâdÇs.

L'informateur de M. Mouliéras (Maroc inconnu, I, p. 88) indique que la mosquée consacrée à Sîdi Bû-Ya'qûb, grand saint du moyen


âge, fort vénéré dans le RM, dresse encore son haut minaret près des ruines de Bâdis, dans une dépression du sol, au milieu des figuiers de Barbarie. Un mouvement du terrain masque cet édifice aux Espagnols qui n'ont jamais pu l'atteindre de leurs boulets. Ibn Haldûn (né en 732 /1332) qui fut contemporain et compagnon d'Abû Yahyâ Zakarîyâ, petit-fils du saint, cite Abû Ya'qûb el-Bâdisî comme le plus grand et le dernier des saints au Maroc U précise qu'il vivait du temps de ses maîtres, au début du vme xive siècle, et qu'il était originaire de la tribu des Zahîla (cf. Berb., I, p. 230 Prolég., II, p. 199). C'est encore d'Abû Ya'qûb el-Bâdisî que Léon l'Africain (II, 273) parle lorsqu'il dit qu'à l'extérieur de Bâdis se voit un puits auprès duquel est la sépulture de l'un de leurs saints car une note de Marmol (cf. op. cit., II, p. 284) indique que les Baqqûya étaient exemptés d'impôts parce qu'un saint fameux, enterré près d'un puits, hors de la ville de Bâdis, était originaire de leur tribu. Cette indication permettrait d'inférer que les Zahîla occupaient une partie du territoire des Baqqûya.

470. Juriste mâlikite du ive/x« siècle. Cf. Brock., I, 177. 471. « Groupe d'étudiants accroupis en cercle autour de leur professeur ».

472. On sait que c'est au musallâ « vaste emplacement pour la prière publique en plein air », que se font les prières solennelles à l'occasion des deux fêtes canoniques il s'agit ici de la prière solennelle pour la fête de la rupture du jeûne du Ramadân, 'M el-fitr.

473. La concision de ce passage ne permet pas d'établir si cette prière d'el-iSfâ" du mois de Ramaddn correspond à la prière surérogative d'et-tardwîh, ou à celle A'es-saf wal-witr, ou encore à une combinaison des deux. Dans l'usage de Tanger, on nomme tësfV la série de dix rak'a-s (vulgo ruk'a) exécutée chaque soir de Ramadân à la suite de la prière canonique d'el-'iUd. Quant aux trois rak'a qui la suivent, elles sont appelées l-isfa' ul-ûlçr. 474. On lira une anecdote analogue avec fractionnement de la qibla et apparition de la Ka'ba, ap. Muhammad el-'Arabî b. Yûsuf el-Fâsî, Mir'ât el-mahâsin, lith. Fès, 1324, p. 43. La question de l'orientation exacte de la qibla des mosquées a toujours beaucoup préoccupé les Maghribins et elle est une des nécessités qui ont donné naissance à la science dite 'ilm et-ta'dtl. Cf. W. et G. Marçais, Monuments arabes de Tlemcen, p. 41-43 Bel, Inscriptions arabes de Fès, p. 190, n. 1 du t. à. p.

475. F tous les sanctuaires (ma'âlim).


476. Qur., XX, v. 14-15-16-17. Le texte complet de ce passage est le suivant « (14) Certes, moi, je suis Dieu il n'existe point de divinité si ce n'est moi adore-moi donc et accomplis la prière en souvenir de moi. (15) Certes l'heure vient (j'ai été sur le point de te la cacher), (16) Afin que chaque âme soit rétribuée selon ses efforts (17) Que donc celui qui n'y croit pas et qui a suivi sa fantaisie ne t'en détourne pas, car tu périrais ».

477. RT 'alâ. l-infirâd F 'alâ inlirâd.

478. Ta ici, par erreur, Abû 'Abd Allah l'erreur a pu être amenée soit par la double présence de ce nom un peu avant, soit par la célébrité d'Abû 'Abd Allâh ibn Âgarrûm le grammairien. 479. L'auteur de la Salwa (II, p. 112) donne pour ce nom la vocalisation Âgarrûm, tout en indiquant qu'Es-Suyûtî dans sa Buggat er-ruwât vocalise Âgurrûm, et il ajoute que ce mot, dans la langue des Berbères, signifie « le faqîr, le théosophe »; il est donc apparenté au âgurrâm du Sous (cf. Salwa, II, p. 331 Sayyidi Muhammad Âgurrâm es-Sûsî). C'est vraisemblablement au saint Abu Yahyâ Âgarrûm qu'il faut attribuer la K'oubba-t-el-Djerroumiya (sic) que Mouliéras cite chez les Sanhâga de la plaine (Maroc Inconnu, II, p. 408. Il existe en effet chez les Bnî BSîr, à Utêl, un sanctuaire d'un Sîdi AzÇrrûm que les indigènes identifient à tort, semble-t-il avec le fameux grammairien Abû-l-'Abbâs Muhammad Ibn Âgarrûm, mort à Fès en Safar 723 (février 1323) et enterré dans cette ville, à Bâb çl-Hamra.

480. Vulgo Bnî BSÎr, tribu du Haut-Warga, faisant partie de la confédération des Sënhâza dës-Srâir.

481. Il faut voir dans cette pratique de la délégation d'un bâton de marche appartenant à un saint personnage l'une des origines de la coutume du mëzrâg ce dernier terme désigne proprement un « javelot (ou lance, ou bâton ferré) appartenant à un personnage puissant ou vénéré, et qu'il confie à un individu qu'il veut placer sous sa sauvegarde ». Dans la pratique actuelle, la lance est remplacée d'ordinaire par une pièce d'habillement ou un objet personnel quelconque (mouchoir, bâton, chapelet), bien connu de tous comme appartenant au protecteur, ou encore par un membre de sa famille qui accompagne le protégé mais l'on continue néanmoins à dire de ce dernier qu'il est « dans la lance >. (fî mëzràg) d'Un Tel.

Noter dans le même ordre d'idées que le long bâton de marche qu'affectent de porter les affiliés de certaines confréries religieuses, principalement les Dçrqâwa et les Hâddâwa, doit à sa longue pointe ferrée le nom de harba, littéralement « pique, lance ».


En Oranie, il est dit mëzrâg (Delphin, Recueil. p. 11). Cf. enfin pour une origine semblable de la pratique de la ztdta, Laoust, Mots et choses berbères p. 126 et aussi Notes sur un Vocabulaire maritime berbère (in Hespéris, 1923, p. 37 du t. à p.) s. v. amur. 482. « Beni Ouennjel » de la carte du Maroc au 1 200.000e feuille n°. X, Taberrant (Ouest).

483. Importante tribu située à l'Ouest des Gaznâya, entre les Banû 'Amrât (Bnl 'Amrâ() au Nord, et les §anhâja de Gaddû au Sud.

484. Toponyme fréquent dans le Maroc du Nord, où il s'applique à des gisements d'une pierre qui, friable et tendre lorsqu'elle vient d'être extraite, durcit lorsqu'elle est demeurée quelque temps exposée à l'air. La carte au 1 200.000e feuille no X, TABERRANT (Ouest) porte, sur le territoire des Marnisa, « Df. Ifazza » et Ae e Ifazza peut-être faut-il lire chaque fois Tfazzai

485. F âsbât; R presque âl-mdât T dl-sddt.

486. Ou appartenant à la populace.

487. Léon l'Africain (II, 295) note la fréquence toute particulière des querelles domestiques et des divorces chez les Marnîsa. 488 RT sâr bihâ F istaqarr.

489. Ils habitaient la montagne d'Abû Yarmân (vulgo Bû Yirmân), située dans la partie méridionale du territoire actuel des Marnîsa. La carte française au 1 200.000e, feuille n° X, indique des B' Aïssa, à l'ouest du Df. bou Yrmane, sur l'oued Damasine ils paraissent donc devoir être distingués des Banû 'Isa de l'Warga, cités précédemment.

490. F au village (madëar) où étaient la femme et son père. 491. RT masgid F mafjlis « salle de réunion ». Dans les tribus de montagne, la mosquée sert couramment à tenir des réunions profanes elle constitue une sorte de « maison commune » où l'on discute des affaires publiques et privées. Cf. supra, p. 87, 1.17-19. 492. Ce détail indique qu'à l'époque du Maqsad la coutume s'était conservée d'interpeller les gens en se servant, par politesse, de leur surnom filial réel ou simplement corroboratif au lieu de leur nom personnel.

493. Litt. prendre le droit du Sartf Çahd haqq eS-ëarîf). 494. F Le mu'addin demanda.

495. L'auteur de la Salwa (III, p. 317) a consacré à ce personnage une très brève notice tirée du Maqsad auquel il renvoie pour plus de détails.

496. Parmi les disciples d'Abû-1-yaggâg el-Uqsurî, l'auteur du Tâli' (p. 417, 1. 8) cite un « maître » Sammâs es-Saftî qui doit


être celui dont il est parlé ici. Il existe en Égypte une vingtaine de localités dont le premier élément du nom est Saft. 497. « Second appel à la prière canonique prononcé par le mu'addin à l'intérieur de la mosquée, immédiatement avant le commencement de la prière ».

498. F Que m'incombe l'action d'aller (litt: de marcher) jusqu'à la Mekke.

499. F Habîr el-Baidaqî.

500. Aujourd'hui El-Minyâ (vulgo El-Menya), ville du BasSa'îd, chef-lieu d'un mudîrîya. Sur l'historique de cette localité, cf. J. Maspero et Wiet, Matériaux pour servir à la géographie de l'Egypte p. 206-207, et Ibn Batûta, Voyages (éd. Paris), I, p. 96-97, qui donne l'origine de la dénomination de cette ville. 501. F el-Aufâhî.

502. RT Abû-l-tfaggâg.

503. RT gihâz; F saura.

504. Litt. après que (ba'd ma).

505. F un ballot.

506. C'est immédiatement au sud d'Aswân (l'antique Syène) que le Nil traverse ses derniers rapides (ûanûdit).

507. Litt. de l'étroitesse de sa poitrine.

508. habaëîya ce terme s'applique en général, à tous les noirs esclaves de l'Afrique orientale, qu'ils soient réellement originaires d'Abyssinie, ou qu'ils proviennent, comme c'est le cas le plus fréquent, du pays des Zang (Zanguebar, Zanzibar). 509. RT fâraqP F 'âhadt*.

510. On appelle mug'ûwir celui qui se retire à la Mecque pour y vivre dans le voisinage (mugâwara) constant de la « Maison de Dieu ».

511. Le métier de tailleur est l'un de ceux qu'adoptent le plus volontiers les théosophes qui veulent, sous un voile mondain, dissimuler (tasattur) au vulgaire qui les entoure leur caractère de saints personnages. Dans la montagne marocaine, cette profession est l'apanage presque exclusif des faqîh-s (= imâm-s de mosquée + maîtres d'école coranique) de village. Cf. supra, p. 51 et 121 et H. Basset, Litt. des Berbères, p. 161 Mouliéras, Maroc inconnu, I, p. 143. 512. RT ma'gil; F bi'r. Chez les lexicographes arabes, la valeur de mdgil (ou ma' g al) n'est pas nettement établie (Cf. Tâ{j, s. rad. 'GL et MùL) les uns en font une « flaque d'eau naturelle, sise à la base d'une montagne ou d'une vallée » les autres le définissent comme une sorte de vaste « bassin construit (haud, sihrîi)) où l'on emmagasine l'eau destinée à l'irrigation des céréales ».


Il semble que dans le passage qui nous occupe, on ait affaire à une sorte de citerne ou de puits. Attesté, sous la forme vulgaire mdgen, en Arabie, en Égypte et en Tunisie (cf. Z. D. M. G., 1896, p. 635) ainsi qu'en Algérie (Cf. W. Marçais, Obs. sur. Beaussier p. 485), ce mot est encore connu dans le Maroc du Nord-Est où il figure dans de nombreux toponymes de la région des Bnî Bû Yahî, des Olâd Sëttût et des Këbdâna. Dans l'Indice, qu'il donne à la fin de sa Geografia general (p. 172), Delbrel traduit Mayen (= mdien) par « étang, mare d'eau de pluie ».

513. F des fils qu'elle avait sur elle.

514. C'est de cette valeur de « restituer faire retrouver » qu'est sorti zbar « trouver » du marocain moderne. Cf. le surnom du saint 'Alîibn 'Abd Allâh Gabbâr et-talâ'if « celui qui retrouve (ou fait retrouver) les objets égarés ».

515. Dans F, cette biographie occupe la dernière place du recueil; c'est ce qui explique le ton particulier de cette finale. 516. Aujourd'hui Sîdi Brâhîm, l'un des principaux saints des Këbdâna. Il est enterré dans la partie orientale de cette tribu, entre les fractions dites Ulâd el-]3âdj et Bni Guiaten (graphie espagnole), au village d'El-Arafif (graphie esp.). Cf. Mouliéras, Maroc Inconnu, I, 170 Delbrel, p. 132 et 142).

517. Aujourd'hui Këbdâna, en berbère lyëbdânén. El-Bakr! (p. 90, 1. 4) cite déjà les Ahl Kabdân parmi les tribus limitrophes du territoire de Nakûr, à l'Est.

518. C'est peut-être ce que d'autres appellent Qulû' Gara, ou Gârat (?), région située entre la rivière Kart et la Molouya (ElBakri, p. 90, 1. 5) cf. aussi le nom de la tribu actuelle des Gla'îya « Qilâ'îya, Qila'îya?).

519. Kudyat Gassâsa (voc.). Les ôassâsa étaient une petite tribu de Nafzâwa qui occupaient la presqu'île que termine le cap des Trois-Fourches (Tarf Hurk) Cf. El-Bakrî, p. 90 De Castries, Sources, Espagne, I, p. 62, n. 1. Le toponyme AlKudya se retrouve dans les portulans étudiés par Massignon, Le Maroc, p. 59-60.

A une époque plus rapprochée de nous, ce toponyme a pris la forme Hasâsa. Cf. notamment Salwa, 11, p. 282, 1. 13 et 14 (copiant le NaSr, I1, p. 9. h.) « Hasâsa (voc.), ville sur le littoral de la mer, dans le massif montagneux des Qila'tya; elle possède des points d'eau et des vergers elle est maintenant inhabitée ». Le Memoria. de la Kabila de Beni Sicar (p. 18-19) donne sur cette localité historique les renseignements suivants: «Sur la rive droite de l'embouchure du rio Mesaud (= Wâd Sîdi Mës'ûd)


existe une hauteur portant des restes de fortifications anciennes. Selon les indications du vieux cadi de cette tribu, celui-ci aurait en sa possession un document écrit sur parchemin et relatif à ces ruines (ville de Qolla) voici un extrait de sa traduction « Louanges à Dieu Le sultan des Maures à cette époque était Yusef ben Tasfint elle fut détruite au vme siècle de l'hégire et les Maures habitèrent dans les environs, dans la ville de Zaarur. Ils en partirent, chassés par la famine, au ixe siècle, et se rendirent au Sûs. Cette tribu s'appelle Ysasa (= Çsâsa) et la rivière de Qollas'appelle rivière de Hsâsa. Ce territoire demeura inhabité pendant un siècle et se couvrit de taillis que seuls hantaient les animaux sauvages par la suite, il fut habité par les Arabes. »

520. C'est-à-dire, en berbère, o la plaine de.». ».

521. RT sitl; F itdz.

522. sidra. A la limite Nord-Ouest de la plaine de Bû-'Areg, Delbrel (p. 76) signale un Cedra-EI-Mahrra (= sëdra l-mharra n le jujubier affranchi »). Il s'agit ici, comme dans bien d'autres endroits de l'Afrique du Nord, d'un jujubier vénéré que, par respect, on laisse pousser sans le couper; il n'est pas impossible qu'il y ait là un souvenir de l'anecdote rapportée par l'auteur du Maqead. Azgâr, en berbère, signifie « plaine, campagne » avec quelque chose de la valeur du halâ' arabe. (Cf. Biarnay, Dial. berb. Ril, p. 27 « azgar, dehors », en dialecte des Bgttîwâ) c'est ce terme qui a servi anciennement à dénommer, en gros, la plaine du Bas-Sebou, du Bou Regreg à El-Qsar. Il s'agit en l'occurrence de la plaine de Bû-'Areg qui s'étend en bordure de la lagune du même nom et n'est que le prolongement oriental du désert de Gârët dont le caractère sauvage et l'insécurité sont encore bien connus (cf. Mouliéras, Maroc inconnu, I, p. 168). La carte espagnole (au 1 500.000e) donne, sur le littoral de cette région, le toponyme Yarf er-Rum (= 2arf) « la falaise des chrétiens » qui conserve le souvenir des descentes des corsaires chrétiens sur ces côtes. 524. lusûs.

525. muhdribîn.

526. F l'ennemi maritime. Cf. n. 21.

527. La partie médiane de la région maritime des Kebdâna porte encore le nom d'El-Hnâdeq (cf. Delbrel, p. 121, 122 et carte) d'après la légende locale, elle serait ainsi nommée par ce qu'elle comprend cent un ravins.

528. Aujourd'hui Bni Znâsçn, voisins des Kebdâna dont ils sont séparés par la Molouya.

529. Toponyme berbère, fréquent également sous la forme


Agbûlu, et qui signifie source ». Cette localité est encore l'un des centres les plus importants de la fraction des Bnî HâlÇd (Bnt ZnâsÇn), à environ 5 km. au sud-ouest de Martimprey. 530. Appellation employée avec les individus âgés que l'on veut honorer, notamment ceux qui ont effectué le pèlerinage canonique. 531. L'auteur du Maqsad ne situe pas cette anecdote. Il est cependant à noter que dans cette plaine de Bû-'Areg que fréquentait le saint, il existe, à environ 5 kilomètres à l'est de Selouan, une source dite 'Ain ëd-Dîb « la source du chacal qui doit peutêtre son nom à une pareille aventure.

532. El-qâdiyat el-hâ$ât. Cette épithète permet d'envisager la possibilité de fournir pour le DÇrb qâdi hâia de Fès une explication différente de celle proposée par A. Bel (Inscriptions de Fès, p. 128, n. 5) au lieu de considérer hâia comme un « terme vague », on pourrait traduire par « Derb de celui qui procure ce dont on a besoin ». On trouvera ap. Westermarck, Baraka, p. 20-21, l'indication de saints portant des noms analogues.

533. Ethnique de la tribu arabique des Guhaina.

534. Lettré originaire de Ceuta né en 696 (1296-97) d'une famille alliée à celle des Banû-l-'Azafî. Déporté avec ceux-ci à Grenade, il revint avec eux au Maroc. Son style et son écriture le firent charger à deux reprises de tracer sur les édits le paraphe impérial Çalâma) Il mourut de la peste à Tunis en 749 (1348-49). Cf. Rauda, p. 74, n. 1.

535. C'est celle qui porte le n° 23.

536. Membre de la fameuse famille des Banû-l-'Azafî de Ceuta, descendants du juriste célèbre Abû-l-'Abbâs Ahmad el-Lahmî el-'Azafî (cf. p. 139, n. 447). Déporté à Grenade avec sa famille en 705 (1305-06), il obtint en 709 (1309-10), après la reprise de Ceuta par les Marînides, la permission de se fixer à Fès où il ne fit que deux courts séjours le premier, de la reprise de Ceuta (safar 709 juil. août 1309) à l'avènement du sultan Abu Sa'îd 'Utmân (ragab 710/nov. déc. 1310), le second, du début du soulèvement du prince Abu 'Alî 'Umar contre son père, le sultan Abu Sa'îd (714 /1314-15) jusqu'à la victoire de ce dernier (715 /1315-16). Durant ces deux périodes, Yahya, qui était passionné pour l'étude, suivit assidûment les cours professés à la grande-mosquée d'El-Qarawiyin, notamment ceux du jurisconsulte Abû-1-Hasan es-Sagîr (cf. Berb., IV, p. 198); or ce dernier eut pour compagnon (rallq) Ishâq ibn Yahyâ ibn Mathar el-Waryâgalî (cf. Salwa, III, p. 144, 1. 21) qui fut le professeur de l'auteur du Maqsad pour l'étude de la Mudawwana (cf. supra, n. 352) ce fut sans doute à l'occasion de


ces cours que Yahyâ el-'Azaf fit la connaissance de 'Abd el-Haqq el-Bâdisî. On a vu cependant (p. 139) que les deux familles avaient eu à Ceuta des relations antérieures. Ibn Çaldûn (Berb., IV, p. 200) place la mort de Yahya en 720 (1320-21) on voit que, d'après cette note de 'Abd el-Muhaimin, il aurait encore été vivant en 722 (1322-23).

537. D'après l'auteur de la ùadwa (p. 279,1. 1. 21) on a raconté que son habitation à Fès était, dans la Zanqat Hagëâma, ce qui est aujourd'hui la maison d'Ibn Mâwâs ».


RÉPERTOIRE GENERAL

Ce répertoire comprend

un index de tous les noms propres de personnes, de groupements ethniques, de lieux et d'ouvrages, 2° un glossaire des mots remarquables,

3° un catalogue méthodique et sommaire des renseignements notables,

figurant dans les deux versions de la partie traduite du Maqsad.

1. INDEX DES NOMS DE PERSONNES

A, 'A

el-'Abbâs b. Çâlih, 112, 115, 121. 'Abbâs b. Mirdâs es-Sulamî, 179 (n. 128).

abû-l-'Abbâs el-Qangâ'irî, 96. 'Abd Allah (abû Muhammad) b. 'Alî el-Bâdisî, connu sous le nom d'El-Baidaq, 87, 88, 126, 127.

'Abd Allah b. 'Alî el-Bâdisî, 56. 'Abd Allah (abû 'Âmir) b. Muhammad b. 'Alî b. Mahlî, 113. •Abd Allah el-Massârî, 81. 'Abd Allah (abû Muhammad) b. Muhammad b. Mûsâ ezZuhaili, 121.

'Abd Allah (abû Muhammad) et-Tawîl, connu sous le nom de Subhân Allah, 101-103.

I

'Abd Allâh b. Ya'qûb el-Wîkarnî el-Battiwl, 159.

abû 'Abd Allah, cf. Muhammad. abû 'Abd Allâh el-Barânisî, 132133.

abû 'Abd Allâh ed-Dabbâê, 46, 133-135.

abû 'Abd Allâh el-Fard, 81. abû 'Abd Allâh el-Garnâtî, 63. abû 'Abd Allah b. 'Imrân, 106. 'Abd el-'Azîz (abû Fâris) elGuhanî, 162.

•Abd el-Ôanî, 136.

'Abd el-Galîl b. Mûsâ el-Qasrî, 46, 179 (n. 128).

•Abd el-Haqq b. Sab'în, 47, 48, 157, 180-182 (n. 141).

'Abd el-Karîm b. WûSûn, 117. 'Abd el-Mu'min b. 'Alî, 26. 'Abd el-Malik (abû Marwân) elWahânisî, 88-93.


'Abd el-Malik b. Abî Bakr elYafrâsanî, 77.

'Abd el-Muhaimin b. Muhammad b. 'Abd el-Muhaimin b. Muhammad el-Hadramî, 163. 'Abd er-Rahmân (abû-I-Qâsim) b. es-Sabbân, 40-50, 134. abû 'Abd er-Rahmân es-Sulamî, 92.

'Abd er-Razzâq (abû Muhammad) el-ôazûlî, 45, 46.

'Abd er-Razzâq (abû 'Aqîl) b. 'Abd el-Wâhid el-Battiwî, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31, 33, 34, 36, 37, 76, 145-146. 'Abd el-Wâhid, 30.

'Abdûn b. Yahlaftan el-Baqqiwî, 39, 130-132.

Abraham, 63, 64.

Âgarrûm (abû 'Abd Allah), 149. ibn el-'Agûz, 126.

Ahmad (abû-l-'Abbâs) el-'Azafî, 217.

Ahmad b. el-Hadir, 128. Ahmad b. el-Hatîb, 154, 156. Ahmad b. el-Malmûn, 131. Ahmad b. Muhammad b. elHadir el-Bâdisî el-Ûarnâtî elHazragî, 128-130.

Ahmad b. Muhammad el-Hattâbî, Ahmad b. Muhammad b. 'Abd Allah b. el-ôammâz, 154, 158159.

Ahmad b. Muhammad el-Ansârî el-Adbas, 78.

Ahmad b. Muhammad b. elHadir el-Bâdisî el-Ûarnâtî elHazragî, 50, 128-130.

Ahmad b. Nâhid, 86-87.

Ahmad b. Qâsim el-Miknâsî, 103. Ahmad er-Randâhî, 98.

Ahmad er-Rifâ'î, 38, 39, 130.

Ahmad b. Sammâs en-Nûbî, 156. Ahmad b. Sûsân, 79, 121-122. Ahmad b. Yahyâ b. Sa'îd b. 'Abdûn ez-Zuhailî, 101, 132, 142, 148-149.

el-'Alawî, cf. Sulaimân.

'Alî el-Andalusî, 96, 99.

'Alt (abû-1-Hasan) b. Mâhûh etTûzînî, 72, 74, 110-117.

'Ali b. Muhammad el-Marrâku5î, 51-71, 153.

'Alî b. Muhammad ez-Zuhailî, connu sous le nom d'EnNa'ga, 51, 52, 53.

̃Alî b. Sair b. §âlih el-Himyarî, 95. 'Alî b. Yahyâ el-Gazâ'irî, 182 (n. 141).

'Alî b. Zârî et-Targî, 98. abû 'Alî abû Sâma, 130.

abû 'Alî ed-Daqqâq, 92. Amsûl, cf. 'Imrân.

abû 'Aqîl, cf. 'Abd er-Razzâq. el-Andalusî, cf. 'Alî.

el-A'rag, cf. Ishâq.

ibn el-'Attûr, 106.

Ayyûb (abû Su'aib), 207 (n. 376), 217 (n. 447).

el-'Azafî, cf. Ahmad, abû Hâtim, abû-1-Qâsim, Yahya.

'Azîza, 28.

B

el-Bâdisî, cf. 'Abd AUâh, Ahmad, el-Hasan, Hayyûn, Ismâ'îl. el-Baidaq, cf. 'Abd Allâh. ibn Bâgga, 181 (n. 141). Bakkâr (abû Muhammad), 125126.

abû Bakr b. 'Abd er-Rahmân, 128. abû Bakr es-Çiddîq, 129.


el-Baqqiwî, cf. Sulaimân.

el-Battiwî, cf. 'Abd Allah, Ismâ'îl, Muzâhim, Yahyâ.

Battûy, 22.

el-Batût, 157.

Bulund, 30.

el-Bulundî, cf. Markâb.

D, D, Ç

ed-Dabbâg, cf. abû 'Abd Allâh. ed-Dahmâni, cf. abû Yazîd. ibn Daqîq el-'îd, 142.

ed-Daqqâq, 92.

ed-Daqqûtî, 181.

ibn ed-Dars, 98.

abû Dâwûd, cf. Muzâhim. Dirgâm b. Mahlûf, 65, 67. Dû-n-Nûn, 63.

F

abû-1-Fadl el-Gauharî, 100. el-Fard, cf. abû 'Abd Allâh. el-Fâsî, cf. abû 'Imrân.

el-Fâtimî (le messiefâtimide),112. el-Fatûh (abû Ya'lâ) b. abî Bakr el-Matîwî, 103-105.

G, G, 6

abû Gabal, cf. Ya'lâ.

el-Gallâb, 146.

ibn el-Êammâz, cf. Ahmad, Yûsuf.

Gânâ, 22.

el-6arnâtî, cf. abû 'Abd Allâh. el-6assâsî, cf. Yahyâ.

el-6auharî, cf. abû-1-Fadl.

el-Ûazâ'irî, cf. 'Alt.

el-Gazâlî (abû yâmid), 47. Gubair b. el-Bairaff, 154. el-Gunaid, 48.

el-Gu'ûnî, cf. Sulaimân, Yahyâ. el-6azûlî, cf. 'Abd er-Razzâq. H, H, H

el-Hadir, 60, 61, 63, 69, 120, 136, 148, 203 (n. 352), 217 (n. 447).

el-yadramî, cf. 'Abd el-Muhaimin.

el-Haitami, cf. Ibrâhîm.

abû-1-ÏJaggâè, cf. Yûsuf.

ibn Halâs, 47, 48, 181.

Halîfâ, 156.

el-Hargî, cf. 'Abd Allâh.

el-IJarrâz, cf. Ahmad.

el-Hasan (abû 'Alî) b. Hannâ el-Bâdisî, 54, 93, 97, 98. el-Çasan ed-Daqqâq, 92.

el-îJasan el-Qazzâz, 96-100. abû-1-Hasan el-Afwâhî, 154. abû-1-Çasan b. Yahya, connu sous le nom d'Ibn es-Çâ'ig, 217.

Çassûn el-Baqqiwî, 38-39, 130, 132.

abû Hâtim b. abî-1-Qâsim el•Azafî, 140.

Hayyûn, 128.

el-Hazra|î, cf. Ahmad, Ismâ'îl. el-^imyarî, cf. Ibrâhîm, Muhammad.

I, 'I

Ibrâhîm, 128.

Ibrâhîm b. Adham, 217 (n. 447)


Ibrâhîm (abû Ishâq) el-Battâl, 159-161.

Ibrâhîm b. 'Ali b. Muhammad en-Na'ga, 53.

Ibrâhîm b. 'îsâ b. abî Dâwûd, 22, 23, 33, 34.

Ibrâhîm b. Mûsâ el-I;Iaitamt, 77. Ibrâhîm b. §âlih el-IJimyarî, 95-96.

Ilyâs, 136.

ibn el-Imâm, 135.

'Imrân (abû Mûsâ) Amsûl, 79-81, 131.

abû 'Imrân el-Fâsî, 128. abû 'Imrân, cf. Mûsâ.

el-'Imrânî, 130.

îrzîgan (abû Sa'bân), 120, 144145, 156.

'Isa b. Hammû b. 'Abd Allâh elYaslîtanî, 24.

'Isa b. abî Dâwûd Muzâhim, 30. Isaac, 64.

Ishâq (abû Ibrâhîm) b. Mathar el-a'raë el-Waryâgalî, 105-109, 202-204 (n. 352).

abû Ishâq b. 'Ubaidîs, 75. Ismâ'îl b. Ahmad el-Bâdlsî, 48, 51, 107, 125, 127, 136-141, 146. Ismâ'îl (abû Ibrâhîm) b. Sayyid en-Nâs el-Battiwî, 32-33, 72, 76.

el-'Izz, 131.

J

Jésus, 54.

Jonas, 39, 63.

L

el-Lahmî, cf. Yahyâ.


ibn el-Qattân, 135.

el-QuSairî, 92.

el-Qurfubî, cf. abû Zaid. Quzah, 133.

R

abû-r-Rabî', cf. Sulaimân.

er-Randâfcî, cf. Ahmad.

er-Rifâ'î, cf. Ahmad.

el-Matîwî, cf. el-Fatûh.

el-Mazimmî, cf. Muhammad. el-Miknâst, cf. Ahmad, Muhammad.

Mufarrag, 68, 71.

Muhammad (abû 'Abd Allâh) b. 'Abd Allâh e§-Sarîf, 149152.

Muhammad, fils d'Abû-1-Qâsim 'Abd er-Rahmân ibn es-Sabbân, 40, 46, 47, 135-136, 147, 148.

Muhammad b. 'Ait, 86.

Muhammad b. Daunâs, 33-34. Muhammad b. Ga'far, 138.

Muhammad el-ôumârî, 85. Muhammad b. Idris, 54.

Muhammad (abû Jâlib) el-Makkl, 47.

Muhammad b. Qâsim el-Miknâsî, connu sous le nom de Qird el-Laun, 103.

Muhammad b. Sulaimân el-Miknâsî, 142.

Muhammad el-Yastîtanî, 71-75, 76, 110, 142.

Muhammad b. abt Yahya b. abî Bakr b. 'Abd Allâh elMazimmt el-Himyarî, 79.

abû Muhammad, cf. 'Abd elfialîl, 'Abd er-Razzâq, Sâlih.

Mûsâ (abû 'Imrân) b. 'Abd esSalâm, 32, 72, 142.

Mûsâ b. el-'Attâr, 74.

Mûsâ b. 'Isa Àtartûr, 109-110. Mûsâ b. Markâb b. 'îsâ el-Bulundî, 25.

S, S, §

Sa'âda, 156.

abû Sa'bân, cf. îrzîëan.

ibn es-Çabbâg, 101.

ibn es-Çabbân, cf. 'Abd erRahmân, Muhammad.

ibn Sab'în, cf. 'Abd el-Haqq. Sa'd b. 'Ubâda, 128.

Safîya bint Bi5r b. el-Maimûn el-Yasêafîya, 129.

Sa'îd (abû 'Utmân) el-Masattâsî, 50-51.

ibn es-Çâ'ig, cf. abû-1-Hasan. Çâlih (abû Muhammad) el-Haskûrî, 105, 143.

§âlih (abû Muhammad) el-Mâgirt, 92, 114.

Sammâs en-Nûbl, 153, 154, 155. es-§aqallî, 135.

e5-Sarîf, cf. Muhammad.

ibn Sâs, 127.

Satan, 133.

ibn es-Sîd, 134.

ibn Sînâ, 181.

Sitt el-Banât, 28.

ibn Sittuhum, cf. Sulaimân. Subhân Allâh, cf. 'Abd Allâh. Sulaimân (abû-r-Rabf) b. abî Bakr el-Ôu'ûnî, 143-144.

Sulaimân b. Idrîs el-'Alawî elBaqqiwî, 125, 127.

Sulaimân el-Waryâgalt, 73, 76, 110.


Sulaimân b. Yahya connu sous le nom de Ibn Sittuhum, 117-120.

es-Sulamî, cf. 'Abbâs, abû 'Abd er-Rahmân.

T, T, T

et-Tâdilî, cf. Yûsuf.

ibn Tâfîlâlat, 150.

Talhat b. Mahlî, 115.

abû Tâlib el-Makkî, 47.

Tamîm (abû Tâhir) b. el-'Allâm el-Baqqiwî, 76-79.

et-Tan|î, cf. 'Umar.

et-Targî, cf. 'Alî.

et-Tûzînî, cf. 'AIÎ.

ibn Uht ibn 'Allai, 135.

'Umar (abû 'Alî) et-Tangî, 142. el-Uqsûrî, cf. Yûsuf.

'Utmân (abû Sa'îd) b. Dâwûd b. abl Muhammad 'Abdûn, 39, 130, 131, 159.

Wartardâ, 22.

el-Waryâèalî, cf. Ishâq.

el-Wîkarnî, cf. 'Abd Allâh b. Ya'qûb.

el-Wattâsî, cf. Yahya, Yâsîn. Y

abû Ya'azzâ, 217.

el-Yafrâsanl, cf. 'Abd el-Malik, Yahyâ.

U, 'U

W

Yahyâ (abû 'Amr) b. abt Tâlib 'Abd Allâh b. abî-1-Qâsim elLahmî el-'Azafî, 163.

Yahyà (abû Zakarîyâ) b. abî Bakr el-Ûu'ûnî, 126-128, 143. Yahyâ b. 'Alî el-6assâsî elBattiwî, 25, 31, 145.

Yahya b. ÏJassûn, 59, 62, 86, 88, 89, 112, 127, 153-157. Yahyà b. Luqmân, 25.

Yahyâ b. Mahlûf el-Yafrâsanî el-Baqqiwî, 76, 122-125.

Yahyâ b. el-Wazîr el-WaUâsî, 77. Ya'lâ (abû Gabal) el-Gazzâr, 100. Ya'qûb (abû Yûsuf) b. 'Abd elHaqq, sultan martnide, 106, 107, 115.

Ya'qûb el-Mataèrî, 116.

abû Ya'qûb el-Iiassânî, 106. el-Yasêafîya, cf. Çafîya.

Yâsîn b. el-Wazîr el-Wattâsî, 37. Yaslîtan, 22.

el-Yaslîtanî, cf. 'îsâ.

el-Yastîtanî, cf. Muhammad. abû Yazîd ed-Dahmânî, 45. umm el-Yumn, 80.

Yûsuf, 67.

Yûsuf (abû-1-ÏJaggâë) b. 'Abd Allâh el-Maddîfanî, 82, 85, 97, 126, 141.

Yûsuf b. abî Dâwûd Muzâhim, 28.

Yûsuf b. Ahmad el-Bâdisî, 93. Yûsuf el-Bahrî, 54.

Yûsuf (abû Ya'qûb) b. eS-Saffâf, 82, 88.

Yûsuf b. Muhammad b. 'Abd Allah ez-Zuhaili, connu sous le nom d'Ibn el-ôammâz, 135, 146-148.

Yûsuf (abû-1-IJaggâë) el-Uqsûrt, 58, 59, 67, 116, 153.


Yûsuf el-Qasîr, 93-95.

Yûsuf (abû Ya'qûb) b. Yahyâ b. •îsâ b. 'Abd er-Rahmân etTâdilî, connu sous le nom d'Ibn ez-Zayyât, 92.

Yûsuf b. abt Yùsuf Ya'qtib, sultan marînide, 113, 115, 116. Z

ez-Zahrâ el-Fahhârîya, 104. abû Zaid b. Hiba, 26.

2. INDEX GÉOGRAPHIQUE ET ETHNOGRAPHIQUE

A, 'A

banù 'Abd el-Mu'min, 26. A|bâl, 160.

Âglâs, 38.

'Aidâb, 68.

Alexandrie, 45, 64.

aulâd 'Alî, 79.

aulâd 'Alî b. Gummar, 125. Almohades, 35, 51.

banû abl 'Amr, 76.

Andalousie, 22, 89, 117, 122, 142. Arabes, 35, 56, 85, 86, 114. Asfî, 92.

Âsakram, Âsikram, 81, 125. Aswân, 68, 70, 156.

Awîzagt, 103.

Azgâr-an-Warfg, 159.

Azrû, 115.

abû Zaid el-Qurfubî, 63. Zainab, 50, 128.

Zainab Kaffinûnî, 104.

Zakarîyâ (abû Yahya) b. Yahyâ, 80, 120-121.

Zakarîyâ b. Yahya, frère d'Ibn Sittuhum, 119.

abû Zakarîyâ, cf. Markâb, Yahyâ. Zantût, 156.

ibn ez-Zayyât, cf. Yûsuf. ez-Zuhailî, cf. Ahmad, 'Alî, Muhammad.

B

Bâdis, 34, 38, 48, 50, 51, 54, 55, 56, 74, 76, 82, 83, 84, 85, 88, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 112, 113, 117, 120, 125, 126, 132, 135, 144, 145, 148, 149, 153, 154, 158.

Bagdâd, 39.

abû Bagl, 79.

el-Bahr (bâb), à Bâdis, 101. Baqqûya, 38, 76, 77, 79, 81, 120, 122, 125, 130.

Barqa, 44, 45, 100, 158.

banû BaSîr, 149.

Bassûl (mer de), à Ceuta, 98. Batâlisa, 109, 115.

Battûya, 22, 26, 33, 34, 71, 75, 110, 145.


Bethléem, 53.

banû Bulund, 30.

el-BuSârât, 90.

le Caire, 62, 89, 90, 100.

Ceuta, 21, 40, 46, 47, 48, 83, 86, 87, 88, 93, 94, 98, 105, 126, 133, 134, 135, 139, 145, Chrétiens, 22, 23, 24, 35, 36, 54, 84, 86, 142, 160.

ed-Damâmîn (localité de HauteEgypte), 68.

Damas, 109.

ed-Daqqâqîn (quartier de Ceuta), 145.

Egypte, 54, 92, 101.

Fagg el-'Arûs, 75.

Fès, 26, 40, 43, 49, 87, 101, 106, 157, 163.

banû Gamîl, 34, 112.

Garb, 75.

Gassâsa, 108, 159.

Gaznâya, 75.

Grenade, 75.

Gumâra, 107.

C

D

E

F

G, G

H, tf, H

Habt, 149.

IJagar Tâfazzâ, 150.

banû Haitam, 77.

Hammâm el-qâ'id (à Ceuta), 98. Handaq el-Gawârt, 120.

Handaq en-Nâqa, 134.

eî-Hauzât, 126.

Hébron, 63.

Higâr es-Sûdân, Higârat es-Sûdân, 91.

Higâz, 99, 116, 158.

Hunain, 54, 55.

tarf Hurk, 97.

I, fI

Hrîqiya, 101.

banû 'îsâ, 150.

banû "îsî, 32, 33, 71.

J

Jérusalem, 54, 63.

K

el-Ka'ba, 148.

Kabdân, 159, 160.

el-Kattânîyîn (mosquée d). à Ceuta, 140.

el-Kuhl (bâb), à Marrakech, 113. M

madrasa (de Fès), 106.

madrasa (de Ceuta), .134.


el-Mahalla (mosquée d'), à Ceuta, 46.

aulâd Mahli, 115.

el-Maimûn, 59, 62.

Majorque, 107.

Makram, 79.

Malaga, 76, 86, 96.

Malâmatîya, 52.

Marnîsa, 150.

Marrakech, 26, 27, 113.

Masâmida, 103, 118, 154. Masattâsa, 50, 97, 98, 104. el-Mazimma, 22, 95, 110, 113, 114, 121.

Mazyât, 26.

Médine, 53, 122.

la Mekke, 53, 57, 67 70. 122, 158.

Melilla, 159, 160.

el-Mihmal (mosquée d'), à Ceuta, 145.

Miknâsa, 142.

Mina, 118.

el-Mînâ, à Ceuta, 140.

Moulouya, 22, 159.

banû Muntasir, 130.

Munyat Abî-UJasîb, 154. Murcie, 180 (n. 141).

Nakûr, 22.

le Nil, 59, 68, 156.

Occident, 54, 114.

Oran, 97.

Orient, 40, 43, 49, 51, 54, 114, 117, 122, 157, 159.

N

O

Q

el-Qal'a, 94.

Qal'at Çanhâga, 84.

el-Qarawîyîn, 43, 106, 107, 163. el-Qarrâqîn (mosquée d'), à Ceuta, 145.

Qasr el-6awâz, 118.

Qasr Kutâma, 46, 82, 83.

el-Qilâ' (pays d'), 159.

Qûs, 57, 68, 70.

R

Râbitat el-Bahr, à Bâdis, 93, 96, 120, 144.

Râbitat es-Çaid, à Ceuta, 40. Râbitat Umm el-Yumn, chez les Baqqûya, 79.

Rahbat el-Baqar, à Fès, 106. Rahbat Ibn el-Hattâb, à Ceuta, 140.

er-Rakîba (rive d'), à Bâdis, 56. Rîf, 21, 38, 56, 86, 87, 113, 121, 122, 159.

S, 5, S

Çaddarâta, 105.

es-Saff (rive d'), à Bâdis, 56. Ça'îd, 116, 153.

abû Sakkûr, 121, 123.

banû Çâlih, 22.

Sanhâga, 34, 112.

Sanhûr el-Madîna, 64.

Sâwiya, 114.

Séville, 97.

Syrie, 54, 88, 102.


TâbalhâSat, 30.

Tâfarsît, 115, 119, 142.

Tâgassâ, 104.

tarf Taglâl, 22.

Tâmdâ, à Bâdis, 52.

Tâmasnâ, 114.

Tamsâmân, 30, 38.

Târgâ, 87.

Targâ, 98, 132.

Tasaft (montagne), 110.

Tâzrût, 32.

Tîgîsâs, 107.

Tiqqit, 120.

Tlemcen, 21, 51, 114.

banû Tûzîn, 110, 117.

el-'Ubbâd, 22.

el-Uqsûr, 57, 59, 68, 70, 153. W

Wahânis, 88.

banû Wângan, 150.

3. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1

kitâb el-Anwâr*, d'Eç-ÇaqaUÎ, 135.

k. Budd el-'Arif d'Ibn Sab'tn, 48.

1. On ne trouvera ici que la liste des ouvrages cités dans le texte du Maqsad; les titres suivis d'un astérisque sont ceux qui ne figurent pas dans Brockblmann, Gesehiehte der arabischen Litteratur. La Bibliographie donnée en tête du présent volume, (p. 1819), contient l'indication des textes qui ont été le plus utilisés dans les notes.

T, T

U,'U

banû Waraggîn, 120, 121.

Warga, 149.

banû Wartardâ, 22, 23, 29, 35. Wârûgan, 38.

banû Waryâgal, 105.

banû Wattâs, 37, 113, 114.

Y

aulâd Yadîr, 94.

banû Yafrâsan, 77, 122, 130. YâlliS, 84, 94, 97, 107.

banû Yammalak, 105.

abû Yarmân (montagne), 150. banû Yastîtan, 32, 71.

banû Yattafat, 126.

banû Yaznâsan, 160.

Z

Zâwiyat 'Amr ibn el-'Âsî, au Vieux-Caire, 62.

Zâwiyat el-Bahr, à Bâdis, 148. Zâwiyat Handaq en-Nâqa, 134. Zuqâq es-Sulfân, à Ceuta, 145.

k. Di'âmat el-yaqtn fi za'âmat el-muttaqîn*, d'Abû-l-'Abbâs el-'Azafî, 217.


k. el-Faqîrîya*, d'Ibn Sab'in, 181.

Ouvrage anonyme d'El-ôallâb, 146.

k. el-Gawâhir, d'Ibn Sâs, 127. k. Ihyâ 'ulûm ed-dîn, d'ElOazâlî, 135.

k. Manâqib el-auliyâ wa-sifat sulûk el-asfiyâ*, de 'Alî b. Muhammad el-Marrâku§î, 53, 153, 183 (n. 150).

k. el-Mudawwana, 203.

k. el-Mustasfâ, [d'El-Ôazâlîl, 82.

k. en-Nafh wat-taswiya, d'ElGazâlî, 181.

k. garh Adab el-Kuttâb, de 'Abd Allâh, b. es-Sîd el-Batalyûsî, 134.

k. Sarh el-Kitâb el-*azîz, de 'Abd el-6alîl el-Qasrî, 46.

k. e§-§u'ab*, de 'Abd el-Galîl elQasrî, 179 (n. 128).

k. et-TaSawwuf*, d'Ibn ez-Zayyât, 1, 5, 92.

k. Talqîn el-murîd*, d'Abû Muhammad §âlih el-Mâgirî, 92.


II

GLOSSAIRE

tdâm « corps gras » (p. 90), = samn « beurre fondu » (n. 86). mu'addin « muezzin » et, par extension, « appel à la prière » (p. 53). urguwàn « pourpre » (p. 85).

ahl « femme, épouse » ( n. 454).

barâh « terrain vague », = mardh (n. 44).

barrant « du Nord-Est (vent) » (n. 317).

barrîya « amarre » (p. 94).

burnus, burnûs [in F] « sorte de manteau d'homme » (p. 39, 115, 132).

bazzâz « marchand de tissus » (p. 119).

mabtûl « estropié » (p. 136).

banitf « sorgho », = durra (p. 90).

binnîs « fiole pour l'huile » (p. 90).

bait « logis » (p. 125, n. 25) = manzil (n. 129, p. 151).

tiïtts « sorte de manteau d'homme» (p. 134).

Ornât « sorte d'arbuste [?] » (p. 95).

atwâb « tissus », p. 143 atwdb = tiyâb « vêtements » (n. 156) taub qamt? « sorte de tunique d'homme » (n. 337).

gubb « citerne » (p. 135).

jubba « tunique n (p. 51, 85, 148).

gabar-yagbur 'alû X « restituer quelque chose à X » (p. 84, 158, n. 264).

gafn « vaisseau » (p. 87) ijafnharbl ~aiti sorte de vaisseau de guerre » (n. 172).

taglît « action d'enduire [de suif la coque d'un bateau] » (p. 84). galmds « sorte de vêtement d'homme, à capuchon » (n. 66). tfamâ'a « assemblée de tribu » (p. 35).

mugdhada « lutte contre les passions (p. 72).

gihâz « trousseau de mariée », = Saura (n. 503).

fî gauf « au fond de, à l'intérieur de » = fi qalb (n. 274). habba « numératif pour les fruits une (figue) » (p. 36). mihrdb « oratoire » (n. 45).

muhârib « brigand (p. 33, n. 525).


frarast « garde, gendarme » (n. 359).

mahras « poste de guet d'où l'on surveille un champ » (p. 124). harakûi « occupation domestiques », = tasarrufdt (n. 41). ihrâm « sorte de manteau d'homme (p. 51, 129, 148). haStS « hachich », = haSUa (n. 290).

huffâd « dignitaires du gouvernement almohade », = 'ummdl (p. 51, n. 154).

halaqa « cercle d'étudiants assis autour de leur professeur n (p. 146). halwd « mélasse » (p. 117).

hitâm « tampon fermant l'orifice d'une jarre d'huile » (p. 74). hâdim « servante, esclave », = mamlûka (n. 171, n. 443). hadîm « serviteur religieux d'un saint » = faqîr (n. 240) huddûm = fuqarâ (n. 238).

huddâm el-bahr « ouvriers des chantiers maritimes » (n. 333). harîta « sachet pour mettre de l'argent » = hartqa ou huraiqa (n. 355 et cf. p. 141, 1. 13).

balwa « cellule de retraite » (p. 45).

hangar « poignard » (p. 102).

handaq, pl. handdiq « ravin » (p. 120, 134, 160).

darwaz « mendier, en faisant de la mendicité son seul moyen de subsistance » (p. 67).

madSar « village », = manzil (n. 490).

daSîS « bouillie [de sorgho] » (p. 90).

daidabân « mirador du haut duquel on surveille un champ » (p. 124).

midyân « créancier » (p. 119).

htS$a nom du dernier mois de l'année » (p. 141). ra's a sommet, partie culminante d'un col [fa§g] » (p. 75). ru'asd « principaux notables » (p. 139).

râbita « ermitage » (n.17) = zûwiya (n. 391).

mirbat « ceinture », = nilâq (n. 354).

rabl' « herbe » (n. 256).

râtib « [imam] appointé » (n. 204, p. 120).

murâga'a « remontrances » (p. 116).

rahba « place [avec ou sans marché] » (p. 106, 140).

rasm « biographie » (p. 24, 147) bi-rasm «dans l'intention de, pour (n. 397).

rasad « poste de guet, embuscade » (n. 78).

muraqqa'a « tunique rapiécée, souquenille en loques des théosophes » (p. 59, 118, 157).

rakwa « gourde de voyageur n (n. 334).

ramaka « jument» (p. 161).


marâh « terrain vague » (n. 44).

rauda « cimetière » (p. 32) = maqbara (n. 294); « enclos funéraire [dans un cimetière] » (p. 91).

zawâq « peintures, décors peints » (p. 29).

zait en-nuqla, expliqué n. 270.

zâwiya « ermitage où vit un saint avec ses disciples et ses serviteurs religieux », 45, 47, 59, 62, 63, 65, 66, 73 = rdbita (n. 391).

mas'ala « incident, affaire, aventure » (p. 38).

asbâb « marchandises » (p. 85).

masgid « mosquée », = maglis « salle de réunion » (n. 491). sirâij « lampe à huile » (p. 133), = qindll « lampe de verre » (p. 91, n. 265).

sarîr « banc d'une boutique « (p. 74).

sarrâf « sorte de grand coutelas [sikkîn] » (p. 33).

sarraq « égarer quelqu'un [mauvais chemin] » (p. 68). sitl « seau où l'on met l'eau pour les ablutions », =kûz (n. 312, 521). asqât « ustensiles domestiques », peut-être avec une valeur détériorative (p. 74, 1. 27, p. 87, 93), = métûn al-bait (n. 303). saqîfa « abri, hangar » (p. 123).

sikkl « de bon aloi [monnaie] » (p. 52).

maskan « habitation » (p. 30).

sullûra « brigantin » (p. 36, 84).

sâq-gasûq « apporter » (p. 67, 119, n. 397).

tasawwaq o se rendre au marché » (p. 119).

sûqî « revendeur » ou « homme du vulgaire » (p. 150, n. 186). sawtq « sorte d'aliment qu'on emporte en voyage » (p. 115). sayyid « saint » (p. 57, 60, 61).

sahm « suif [pour enduire la coque d'un bateau] » (p. 84). muëâraka « intercession d'un saint » (p. 108).

ëatba « buisson » (p. 142).

muëlagil « qui est chargé de la levée des impôts » (n. 246). Ufâ" « prière spéciale prononcée pendant le mois de Ramadan » (p. 147).

Siqqa « pièce d'étoffe » (p. 143).

ëukrdn « pénalité, amende religieuse (n. 215).

ëaura « trousseau de mariée », – tfihâz (n. 503).

ëaih « maître en théosopliie », passim; « chef civil » (p. 77, 138, n. 246).

ëaitî « sorte de navire de guerre », = ga/n harbt (n. 172). sahfa « mesure pour les grains » (p. 74, 108) « plat », = gudâra (n. 462).


tasarrufdt « occupations domestiques », = harakât (n. 41). eulh « arrangement » (p. 35).

asâb « causer du dommage à quelque chose » (p. 25). sd'ifa « moisson (p. 109, 137).

4arl' « algues rejetées par la mer » (p. 44).

daflr el-'azaf « tresse en folioles de palmier nain » (p. 124). matrah « matelas » (p. 108).

atartûr, en berbère « sourd, asamm » (p. 109).

tarf « cap » (p. 22, n. 316).

ta'âm « nourriture cuisinée et, peut-être « couscouss » (n. 85). tâ'tla, pl. fawd'if « groupement de théosophes, confrérie religieuse » (p. 124, n. 376).

tâ'ifî « épithète s'appliquant à des sandales » (p. 51). dalâma « oppression, injustice » (p. 77), = madlima ce taxe injuste » (n. 246).

ma'gûn « marmelade [de cédrats] r (p. 75).

'idl « sac ou pain de figues » (n. 321).

'arûsa « jeune femme récemment mariée » (n. 42).

'azaf « folioles de palmier nain » (p. 124).

'aSarî « épithète de dînâr-s d'argent » (p. 117).

'astda « mets d'orge grillée et moulue » (p. 51).

ma'qûd « coagulé [lait] » (p. 65).

ma'qil « refuge fortifié dans les montagnes » (p. 32, n. 56, 75). 'ilâqa « anse de pot en tresses de folioles de palmier nain » (p. 124). mu'allim « maître d'école » (p. 39, 132).

'amara « matelots » (p. 55, 97).

'imâra « équipage » (p. 87).

'anz [F] « chèvre » = sa'1 [T] « brebis » (n. 228).

'dhad « quitter quelqu'un à condition de lui promettre quelque chose, promettre quelque chose à quelqu'un en le quittant », = fâraq (n. 509).

'iyâl « femmes de la famille » (p. 87).

garb « le Maroc proprement dit [pour les habitants du Rif] » (p. 75).

magram « tribut » (p. 35).

gazwa « guerre sainte » (n. 387).

guzé « combattants de guerre sainte » (p. 99).

gudâra « plat », = sahfa (n. 462).

gulâm « jeune homme [nègre] » (p. 120).

agtâl « dépouiller [des voyageurs] » (p. 102), = salab (n. 340) futûh « aumône spontanée » (p. 98, 114, 117).

faûg'<i col, défilé» (p. 75).


fahd « fraction de tribu » (p. 110).

ajrab « pondre [abeilles] » (p. 133).

faras « cheval », = gawâd (n. 35).

istafrag « tomber en pâmoison » (p. 100).

fdraq, cf. 'âhad.

faqlr, pi. fuqard « théosophe, vivant dans la pauvreté » (passim) = hadtm, pl. tj.ud.ddm « serviteur religieux d'un saint (n. 238, 240) = tilmld, pl. ialâmtd « disciple d'un saint » (n. 123). falwa « chaloupe » (n. 318).

fam « partie d'une rue [zuqdq] », bi-asfal (n. 466). qarrâq « savetier », peut-être plus précisément « fabricant de chaussures à semelles de liège » (p. 86, 145).

qirmizîya « nom d'une tunique d'initiation théosophique (hirqa) remise à Er-Rifâ'î par Abu Madyan [?] » (p. 39).

qazzâz « tisserand en soie » (n. 201), = tisserand en brocart » (p. 96).

qizâza « travail du tisserand en soie » (p. 66).

qasrlya « cuveau (p. 138).

qata' li- « réserver à quelqu'un un emplacement » (p. 87). qâia' 'alâ X bi- « s'engager à verser une certaine somme pour la rançon de X » (p. 108).

fl qalb, cf. yauf.

maqlû' « qui va mettre à la voile, qui va partir [navigateur] » (p. 94).

qayyim « gérant, celui qui est préposé à la gérance d'une zâwiya » (p. 63).

qayyima « gérante d'un funduq », = sâftiba (n. 436).

kurst « banc sur lequel on s'assied pour procéder aux ablutions (p. 83).

làsâ « sorte de manteau d'homme », = gubba (n. 26). kanbûs « voile de femme » (p. 143).

kûz « seau pour mettre l'eau destinée aux ablutions », sitl (n. 521).

milhafa « sorte de manteau d'homme » (p. 116, 123).

lass « voleur de grand chemin, s'attaquant auxpersonnes (p. 33, n. 524).

ma'gil « puits », = bi'r (n. 512).

mu'na « travail [pénible], corvée » (p. 29).

matQ` « objets » (p. 85); matâ` el baü « objetsdomestiques (n. 301); il s'agit exactement d'une natte et de quelques ustensiles (asqdf). maJSyân, farîq el-maSyân « le chemin des piétons [?], entre la Mekke et Médine (p. 122).


mdsiya « bétail » (p. 25, 130).

mu'aizât [T] « quelques chèvres » = gunaimât [F] a quelques moutons » (n. 111). Cf. s. v. 'anz.

mamlûka « servante, esclave », = hâdim (n. 171, 443). nibl « arbalète » (p. 102).

munsid « chantre religieux » (n. 271).

nassaf « faire verser une amende par quelqu'un (n. 214). ansaf « faire amende honorable, verser une amende » (p. 92, n. 214). insâf « correction, politesse », = adab (n. 293).

manzil « logis » (p. 120), = bait (n. 129); « halte, gîte d'étape » (p. 27) « village » (p. 38, 38, 59, 76, 81, 95, 125, 125), = madsar (p. 151, n. 490), = balad (n. 361).

nilâq « ceinture », = mirbat (n. 354).

nau'a « tempête » (n. 317).

wâza « arriver près de », = qarub (n. 244) cf. izâ.

wasat ed-dâr « cour intérieure de la maison » (n. 441). wdkal « faire manger quelqu'un, tenir compagnie à quelqu'un tandis qu'il mange » (p. 65).

wakll « intendant » (p. 98, n. 318).

aulâd « les femmes de la famille » (n. 445); cf. 'iydl walt « cousin », = ibn el-'amm (n. 457).

bi-izâ « près de », = qartV1 min (n. 364).


III

CATALOGUE MÉTHODIQUE

DES PRINCIPAUX RENSEIGNEMENTS

1. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET ETHNIQUE Ceuta. Il y existe un ermitage dit Râbitat es-said (p. 40). On y construit une barque sur le rivage de la mer de Bassûl, dans la direction de la qibla par rapport aux thermes dits IJammâm el-qâ'id (p. 98). Endroit appelé El-Manâra, d'où l'on domine la mer de Bassûl (p. 99). Madrasa (p. 134). Zâwiyat Handaq en-Nâqa [= ermitage du ravin de la chamelle] (p. 134). Place dite Rahbat Ibn el-^attâb, dans la partie de la ville nommée El-Mînâ (p. 140). Cinq mosquées indiquées Masgid el-Kattânîyîn (p. 140), M. el-Qarrâqîn (p. 145), M. el-Mahalla (p. 46), M. el-Mihmal, à l'entrée (ou à la partie inférieure) de la rue dite Zuqâq es-Sultân, au quartier d'Ed-Daqqâqîn (p. 145), M. IJigar es-Sûdân, à l'extérieur de la ville (p. 91). Montagne d'El-Mînâ (p. 140).

Targa. Indiquée (p. 98, 132).

Târgd. Indiquée (p. 87).

Tâgassâ. Indiquée (p. 104).

Awîzagt. Localité du pays des Matiwa (p. 103).

Masattdsa. Tribu indiquée le marché s'y tient le jeudi (p. 97). Banû Gamtl. Ils font partie des Sanhâga de Bâdis (p. 112). YâlliS. Localité avec mouillage, à 6 milles de Bâdis (p. 94) une rivière porte son nom (p. 94) dans la baie existent des îles dont une est qualifiée d'orientale (p. 84).

Sanhâga. Leur montagne est proche de celle de Bâdis et de celle des Banû Gamîl (p. 34).

El-Qal'a ou Qal'at Sanhâga. Localité située entre YâlliS et Bâdis (p. 84, 94) elle est habitée par les Aulâd Yadtr (p. 94).


Bâdis. Ville avec mouillage, à 6 milles de Yâllis (p. 94). Ile dans la baie (p. 56). La rivière y détermine deux rives 'Udwat es-Safï et 'Udwat er-Rakîba (p. 56). Mosquée à la partie supérieure de la ville (p. 52). Citadelle (p. 74). Faubourg de Tâmdâ (p. 52). Musalia situé à l'extrémité de l'aile occidentale de la ville, auprès du tîrnât qui pousse au pied du grand rocher; c'est là que se trouve enterré le fameux saint Yûsuf Ibn el-Gammâz (p. 95). Ermitage de la Mer, sur la montagne qui domine la mer (p. 93, 96, 120, 144, 148). La montagne dite Gabal el-'Aqaba surplombe Bâdis du côté de la Qal'a des Sanhâga (p. 84). Band Yattafat. Tribu située à une journée de marche de Bâdis (p. 126) un personnage qui en est originaire porte l'ethnique d'El-Gu'ûnî.

Baqqûya. La montagne des Baqqûya est à 4 (p. 38) ou 5 (p. 76) parasanges de Bâdis. Grande et fameuse montagne d'Abû Bagl, près de la source des Aulâd 'AH (p. 79). Ermitage dit Râbitat Umm el-Yumn sur la montagne qui domine le rivage de Makram, à environ un mille du ravin de Tîqqît (p. 79, 81 et 120). Fractions mentionnées Banû Abî 'Amr (p. 76) Banû Yafrâsan (p. 77, 122, 130); Banû Haitam (p. 77); Banû Waraggîn, sur le territoire de qui se trouvent le mouillage d'Abû Sakkûr, à 12 milles d'ElMazimma (p. 121, 123) et le Ravin scabreux de Tîqqît qui, dans sa partie maritime, s'appelle Handaq el-Gawârî (p. 120); Banû Muntasir (p. 130) Aulâd 'AU, près de la montagne d'Abû Bagl (p. 79) Aulâd 'AU ibn Gummar, chez qui se trouve la localité d'Asikram/Asakram (p. 81, 125).

El-Mazimma. Ville à 12 milles du mouillage d'Abû Sakkûr (p. 121). Certains habitants sont d'origine himyarite (p. 79, 95). Vergers à l'extérieur de la ville (p. 95). Rocher surélevé à la partie supérieure de la ville (p. 113). Rempart (p. 113).

Banû Waryâgal. Une de leurs fractions est celle des Banû Yammalak (p. 105).

Batlûya. Tribu qui s'étend de la rivière de Nakûr à la Moulouya (p. 22). Fractions mentionnées Banû 'îsî (p. 32, 33, 71), le rocher sur lequel se trouve leur forteresse est dit Tâzrût (p. 32, 33); Banû Wartardâ, occupent le littoral qui fait face à ElMazimma, à l'est de cette localité (p. 22) c'est sur leur territoire que fut édifié l'ermitage d'Abû Dâwûd (p. 22, 29) et ce saint y fut enterré à Aglâs (p. 38) de leur pays dépend le cap dit Tarf Taglâl (p. 22); Tamsâmân, chez qui est enterré Ibrahim, fils


d'Abû Dâwûd, à Wârûgan (p. 38); Banû Bulund, limitrophes des Tamsâmân dont ils sont séparés par la montée dite 'Aqabat TâbalhâSat (p. 30) Banû Tûzfn, chez qui se trouve la montagne dite Gabal Tasaft, à 20 milles d'El-Mazimma (p. 115); une de leurs fractions est celle des Banû Muhsin (p. 117) Tâfarsît, marché, surplombé par le rocher d'Azrû (p. 115) Aulâd Mahlî, à Tâfarsît (p. 115).

Gassdsa. Colline [Kudyat Ôassâsa] (p. 108, 159). Peut-être faisaient-ils partie des Battûya car Yahyà ibn 'AU porte les deux ethniques el-ôassâsî el-Battiwî.

Bildd el-Qilâ'. Région citée (p. 159).

Melilla. Ville mentionnée (p. 159, 160).

Azgâr-an-Warîg. Désert affreux, d'une longueur de 40 milles, qui s'étend depuis la frontière de Melilla jusqu'aux premiers ravins des Kabdân (p. 159).

Kabddn. Tribu mentionnée (p. 159, 160).

Banû Yazndsan. On y trouve la localité d'Agbâl (p. 160). Batâlisa. Tribu citée (p. 105, 115).

Gaznâya. Tribu limitrophe de celle des Battûya dont elle est séparée par le col dit Fagg el-'Arûs (p. 75).

Marntsa. Localité dite Hagar Tâfazzâ (p. 150) montagne dite Gabal Abî Yarmân, chez les Banû €îsâ (p. 150). Tri bus du bassin du Warga. Banû BaSîr (p. 149); Banû Wângan (p. 150) Banû 'îsâ (p. 150).

Mazydt. Tribu de la région de Fès (p. 26).

Mikndsa. Tribu ou ville (p. 142).

2. ZOOLOGIE

Anecdotes établissant l'existence de lions dans le Rff (p. 31, 73, 131).

Les sangliers s'attaquent à un champ de blé (p. 124). Invasion de sauterelles (p. 108).

Emploi, par les Chrétiens d'Espagne, de chiens de guerre qui recherchent les fugitifs (p. 142).


3. SOCIOLOGIE

Alimentation. Voir au glossaire daStë, sawîq, la' dm, 'astda, ka'k. Noter la consommation du haëiS par un faqlr venu d'Orient (p. 91) et celle du vin, à Fès (p. 49).

Costume. Détail du costume d'un « maître » élégant (p. 51) et de celui d'un berbère du commun (p. 33-34). Voir au glossaire âubba, (jalmûs, ihrâm, muraqqa'a, sarrâf, tâ'ift, kisâ, kanbûS, milhafa.

Vie religieuse islamique. Indication de 8 ermitages (rdbita ou zâwiya) dans le Rîf Râbitat es-Said, à Ceuta zdwiya de Handaq en-Nâqa, à Ceuta [?] Râbitat el-Bahr, à Bâdis; rdbita de Umm el-Yumn et zdwiya de 'Abdûn ibn Yahlaftan (p. 131), chez les Baqqûya râbita d'Abû Dâwûd, sur le littoral des Tamsâmân zâwiya de Muhammad et-Yastîtanî, chez les Banû "îsî [?] zâwiya de 'AU ibn Mâhûh, dans le Gabal Tasaft, chez les Banû Tûzîn.

Les dévots, les saints et les « maîtres » d'entre les Baqqùya se réunissent à la rdbita de Umm el-Yumn la nuit de la Mi-Sa'bân, celle du 27 Ramadân et celle de 'ÂSûrâ (p. 79).

Les serviteurs et les fuqard de la zdwiya de 'Alî ibn Mâhûh vont chaque année jusqu'en Tâmasnâ recueillir les offrandes versées par les disciples du « maître » Muhammad el-Yastîtanl (p. 114).

Célébration de la Fête de la Nativité à Ceuta (p. 90). Fréquence de l'apparition de pèlerins originaires du groupement des Masâmida (p. 103, 118, 154).

Présence de fuqard orientaux dans le Magrib (p. 53, 91, 134). Intervention fréquente d'El-^îadir (cf. index) dans la vie des saints, à comparer au rôle effacé qu'y joue le prophète Mahomet. Vie économique. On exporte par mer, de Bâdis à Hunain, du bois et du goudron (p. 54). Une barque, transportant des figues et de l'huile de Séville à Oran, fait escale à Bâdis (p. 94). Vente, à Bâdis, d'huile de Séville (p. 74). Célébrité du pain et des figues de Malaga (p. 76). Marmelade de cédrat expédiée de Grenade au Rif (p. 75).

Marché de Tâfarsît fréquenté par des marchands de tissus (p. 119, 142). La route qui conduit de la tribu des Battûya au Garb (ou Maroc proprement dit) passe par le col dit Fagg el'Arûs, situé entre le pays des Battûya et celui des Gaznâya (p. 75).


Famines chez les Battûya (p. 36, 37), à Ceuta (p. 46), à Bâdis (p. 108).

Prix Une sahfa de blé vaut quarante dirhams (p. 74). Durant une période de famine, une sahfa de blé atteint le prix de quatre dtnâr-s d'or (p. 108-109).

Monnaies dtnâr d'or (p. 109) dtndr 'asarî d'argent (p. 117) dirham, passim; quart de dirham (p. 141); qtrât (p. 109). 4. HISTOIRE

L'un des princes de la dynastie des Banû 'Abd el-Mu'min [= Almohades] est atteint de la lèpre (p. 26).

Les Banû Wattâs se rendent maîtres de la région de Nakûr (p. 37) Yahyâ ibn el-Wazîr el-Wattâsî impose des taxes exagérées (p. 77); les Banû Wattâs ont à El-Mazimma, en 686/1287, un parti de cavalerie (p. 113); conflit qui éclate dans cette ville parmi les Banû Wattâs (p. 114).

Les Arabes [– Marînides?] imposent leur domination dans le Rîf lors de la décadence des Almohades (p. 35, 86) en 635 1237-38, ils envahissent le Rîf et occupent Bâdis (p. 56) l'un d'eux attaque et dépouille des commerçants dans la région de Bâdis (p. 85).

Le jour de 'ÂSûrâ de l'année 686 (26 février 1287), le pèlerin El-'Abbâs ibn Sâlih, originaire de la tribu des Banû Gamîl, se soulève en se prétendant le serviteur du messie fâtimide il prend et pille Bâdis, mais est tué à El-Mazimma (p. 112-113). Uamîr marinide Abû Yûsuf Ya'qûb assiège le rebelle ÎTalhat ibn Mahlî sur le rocher d'Azrû qui domine Tâfarsît et l'oblige à capituler (p. 115).

Activité des corsaires chrétiens sur les côtes du Rtf. Ils viennent se ravitailler en eau à une source située sur le littoral des Tamsâmân, auprès de l'ermitage d'Abû Dâwûd (p. 22, 35) ils capturent de nuit ce saint dans son ermitage (p. 23-24) ils capturent également son fils, Ibrâhîm, alors qu'il suivait le rivage en revenant de la tribu des Banû Wartardâ (p. 35) ils accostent pour embarquer des indigènes affamés qui se livrent à eux pour obtenir de la nourriture (p. 36) ils débarquent et pillent l'ermitage d'Abû Dâwûd (p. 36) ils descendent sur l'île de Bâdis où ils tirent au sec leur brigantin pour l'enduire de suif; ils ont avec eux


plusieurs prisonniers musulmans (p. 84) ils capturent avec son équipage, près de Bâdis, une barque se rendant de ce port à Ceuta (p. 83); ils enlèvent, à YâlliS, la marâtre et les deux jeunes sœurs de l'auteur qu'ils emmènent en captivité à Majorque (p. 107); ils débarquent entre Melilla et le pays des Kabdân, dans le désert d'Azgâr-an-Warîg, pour s'y mettre en embuscade (p. 160) une barque de Bâdis revenant de Hunain rencontre un vaisseau de guerre ennemi (p. 55).





INTRODUCTION 1 Bibliographie 18 Système de transcription 20 TRADUCTION DE LA TROISIÈME PARTIE DU « MAQSAD 1. Abû Dâwûd MuzâMm 21 2. Abf1 Zakarîyâ Markâb b. 'îsa el-Bulundt 30 3. Abu Ibrâhim Ismâ'il b. Sayyid en-Nâs el-Battiwî 32 4. Abti 'Abd Allâh Muhammad b. Daunâs 33 5. Ibrâhîmb. 'îsâ b. Abi Dâw&d. 34 6. Abti 'Alt Hassûn. 38 7. Abû-1-Qâsim 'Abd er-Rahmân b. es-$abbân 40 8. Abb 'U!mân Sa'îd. 50 9. Abù-1-Hasan 'Alî b. Muhammad el-Marrâku~f 51 10. Abu 'Abd Allâh Muhammad el- Yastitanf 71 11. Abû Tâhir Tamîm b. el-'Allâm 76 IZ.–AbûMûsâ'ïmrânAmsûl 79 13. Abû Muhammad 'Abd Allâh el-Massâri 81 14. Abü `Abd Allâh el-Fard 81 15. Abu Ya'qbb Yûsuf b. eS-SaNâf 82 16. Abû-1-`Abbâs Ahmad b. N.4hil 86 17. Abû Marwân'Abd el-Malik 88 18. Abû-1-Haggâg Yûsuf el-Qa~ir 93 19. Abû Ishâq Ibrâhfm b. Sâlih 95 20.–Abu'Alîel-I~asamel-Qazzâz 96 21. Abu Muhammad 'Abd AUâh et-Tawîl 101 22. Abû Ya'lâ El-Fatûh b. AM Bakr el-Matîwî. 103 23. Abu Ibrâhfm Ishâq b. Mathar et-Waryagalî 105 24.–Abû'ImrânMûsab.'îsaAtartûr 109 25. Abù-1-Hasan 'AN b. Mâhflh et-Tflzfnf 110 26. Ab~1-r-Rabf` Sulafmân b. Yahyâ b. Sittuhum 117 27. Abû Yahyâ Zakarîyâ b. Yahya. 120 28. Abû-l-'Abbâs Ahmad b. Sûsâm 121

TABLE DES MATIÈRES

Pages.


Pages.

29. Yahyd b.MahIûf. 122 30. Abu Muhammad Bakkâr 125 31. Abû Zakarîyâ Yahyâ b. Abi Bakr el-~`ru`ûnf. 126 32. Abü-1-`Abbâs Ahmad b. Muhammad el-]3âdist 128 33. Abu Muhammad 'Abdûn b. Yablaftan el-Baqqiwi. 130 34. Abu 'Abd Allâh el-Barânisî 132 35. Abu 'Abd Allâh ed-Dabbâg. 133 36. AM 'Abd Allâh Muhammad b. AM-1-Qâsim b. esSabbân 135 37. Ismâ'îl b. Ahmad el-Bâdisi 136 38. Abû 'Ali 'Umar et-Tangf 142 39. Abu 'Imrân Mûsâ b. Abî 'Abd es-Salâm 142 40. AbO.-r-Rabi' Sulaimân b. Abl Bakr el-ûu'ûnt 143 41. Abu Sa'bân Îrzigan 144 42. Abu 'Aqil 'Abd er-Razzâq 145 43. Abu Ya'qûb Yûsuf b. Muhammad ez-Zuhaili, célèbre sous le nom d'Ibn el-6ammâz. 146 44. AM-l-'Abbâs.Al;1mad b. Yahyâ b. Sa'id 148 45. Abû'Abd Allâh Muhammad b. 'Abd Allâh e~arff.. 149 46. –Yahyab.t:[assùnel-Bâdisî. 153 47. Elbfl-1= Abbâs Ahmad b. Muhammad b. el-ûammâz. 158 48. AM Ishâq Ibrâhim el-Battâl 159 Noticesterminales. 162 NOTES. 165

RÉPERTOIRE GÉNÉRAI,

I. Index des noms de personnes 227 Index géographique et ethnographique 233 Index bibliographique 236 IL Glossaire 238 III. Catalogue méthodique des principaux renseignements. 244 CROQUIS Du RiF. ~r~ 251 TABLE DES MATIÈRES .<i~ 253