accroire qu'il voyait très bien. Quand on plaçait devant lui divers objets, il ne manquait pas de dire « Ceci est beau, cela est laid ». Pour tromper le peuple de cette manière, il s'était concerté avec ses vizirs, qui lui indiquaient par des paroles énigmatiques et inintelligibles pour le vulgaire les réponses qu'il devait faire. Beci était l'oncle maternel de Tenkamenîn. Chez ce peuple l'usage et les règlements exigent que le roi ait pour successeur le fils de sa sœur; car, disent-ils, le souverain a la certitude que son neveu est bien le fils de sa sœur; mais il ne peut pas être assuré que celui qu'il egarde comme son propre fils h- soit en réalité. Tenkamenîn est maître d'un vaste empire et d'une puissance qui le rend formidable. '1 ] Ghana se compose de deux villes situées dans une plaine. Celle qui est habitée par les musulmans est très grande et renferme douze mosquées, dans une desquelles on célèbre la prière le vendredi. Toutes ces mosquées ont leurs imams, leurs moueddins et des lecteurs salariés. La ville possède des jurisconsultes et des hommes remplis d'érudition. Dans les environs sont plusieurs puits d'eau douce, qui fournissent à la boisson des habitants, et auprès desquels on cultive des légumes. La ville habitée par le roi est à six milles de celle-ci et porte le nom d'ElGhaba « la forêt, le bocage Le territoire qui les sépare est couvert d'habitations. Les édifices sont construits avec des pierres et du bois d'acacia. La demeure du [383] roi se compose d'un château et de plusieurs huttes à toits arrondis, et le tout est environné d'une clôture semblable à un mur. Dans la ville du souverain, non loin du tribunal royal, est une mosquée où les musulmans qui viennent remplir des missions auprès du prince se rendent pour faire leur prière. La ville du roi est entourée de huttes, de massifs d'arbres et de bocages, qui servent de