AVANT-PROPOS
Goethe avait raison de dire, peu de temps avant sa mort, que l'Europe ne formait plus qu'une grande patrie littéraire. L'esprit de localité, qui appartenait au moyen Age, et que le morcellement féodal développa si puissamment, est aujourd'hui éteint. L'Europe n'a plus qu'une littérature, soumise à plusieurs influences philosophiques et surtout à des tendances politiques très-diverses mais exempte des entraves de la nationalité ancienne. On comprend assez bien Fichte, Schelling et Hegel, en Italie. Voltaire est lu en Allemagne Manzoni et Pellico auraient pu écrire en français, Walter Scott en allemand; et les nuances qui différencient les bons écrivains des régions diverses de l'Europe vont s'effaçant de jour en jour. M, Bulwer, l'un des romanciers à la mode en Angle-terre, a le même scepticisme, le même goût pour les