Ces deux décroissances sont réelles et les causes qui les ont produites méritent d'être signalées. « L'abaissement du chiffre de la population en 1847, dit levolume officiel, a sa cause naturelle et principale dans la crise financière qui a pesé sur les villes les plus importantes en 1845 et 1846. Le développement exagéré des spéculations sur les terrains, et les constructions, dans les villes d'Alger, Blidah et Oran avaient attiré dans ces localités une population ouvrière considérable et naturellement flottante, qui s'est retirée tout d'un coup, quand la crise s'est déclarée et que les travaux ont été suspendus. En même temps, cet esprit de spéculation avait retenu dans les mêmes villes un grand nombre d'individus qui se destinaient d'abord à l'exploitation des concessions rurales'et qui, ruinés dans leurs spéculations, aventureuses, à bout de ressources, se sont. retirés de l'Algérie avec la population ouvrière que ces spéculations alimentaient.
« Il faut ajouter enfin que la dernière insurrection de 1845-1846 avait aussi contribué à ralentir le mouvement de l'émigration Européenne, par un contre-coup qui s'est fait ressentir dans les deux années suivantes. M Ainsi donc émigration considérable, phénomène rare et, à coup sur, désastreux dans une colonie, immigration ralentie, telles sont les deux causes qui expliquent l'abaissement de la population pendant l'année 1847, le plus considérable qu'ait jamais éprouvé l'Algérie. A ces deux causes principales peut s'en ajouter une troisième un excédant assez sensible des décès sur les naissances, qui s'est élevé à 3,853 pendant les années, 1845, 1846, 1847.
En 1849 l'abaissement de la population s'expliq.ue trop sûrement, par l'apparition du choléra dont les ravages ont été d'autant plus meurtriers, qu'elle a coïncidé avec l'installation de 42 nouveaux villages agricoles. Les 13,000 colons Français que le décret du 19 septembre 1848 avait implantés en Algérie, ont été cruellement décimés par le fléau. Ces nouveaux venus, composés d'éléments divers, empruntés surtout aux villes, se~ livrant, sans préparation, à des défrichements étendus, étaient des victimes prédestinées. On voit les décès s'éle-