bœufs, les chevaux, les moutons (et autrefois les esclaves) sont de monnaie courante lorsqu'il «'agit d'offrir la ziara à un cheikh renommé ou redouté les M!oA:<Mf</ew les plus ordinaires ramassent auprès de chaque fidèle des sommes variant de 0 fr. 80 à 10 francs.
J'ai employé à. dessein le mot « ndèle et non le mot « adepte ». C'est qu'en effet, non seulement les quêteurs adoptent à la fois le a&t~)' des deux confréries principales afin de pouvoir s'adresser en même temps aux Kadria et aux Tidjania, mais encore ils vont aussi quémander la sadaka auprès des musulmans qui ne sont affiliés à aucune confrérie. Je pourrais même citer des exemples d'aumônes faites par des animistes & des quêteurs musulmans.
En général, le quêteur ne s'adresse qu'aux adeptes de sa confrérie dans les pays où il est connu mais il préfère s'éloigner de son pays et se rendre dans des contrées lointaines où personne ne le connaît et où la religion est plus fruste et moins éclairée il lui suffit là d'afficher des allures compassées, une piété excessive, un grand zèle contemplatif, pour opérer de fructueuses moissons. Si le quêteur a un aspect extérieur un peu étrange par exemple s'il appartient & la race blanche ou porte de longs cheveux il a toutes chances de remplir très rapidement son escarcelle. Aussi les marabouts maures ou marocains font-ils plus vite fortune chez les Noirs que leurs compatriotes se livrant au commerce, et cette particularité n'est sans doute pas étrangère à la naissance du proverbe arabe qui dit qu' « un voyage au Soudan guérit de la misère ». Jamais les donateurs ne demandent compte de l'emploi de leurs offrandes, jamais même ils ne cherchent à savoir ce que le quêteur fait de l'argent qu'il reçoit. Seuls, les membres du clergé local, qui voient d'un mauvais ceil les ressources de leurs fidèles s'en aller du pays, font parfois une enquête discrète sur l'emploi des sommes recueillies et c'est par eux, le plus souvent, que l'on a pu apprendre que des aumônes pieuses destinées soi-disant à telle ou telle confrérie servaient en réalité à approvisionner de poudre les bandes de Ma-el-Aïnïn et de ses partisans.