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Titre : Paris qui s'en va et Paris qui vient : publication littéraire et artistique / dessinée par Léopold Flameng ; texte par Arsène Houssaye, Théophile Gautier, Paul de Saint-Victor, Henri Murger, Champfleury, Charles Monselet, et al.

Auteur : Flameng, Léopold (1831-1911). Dessinateur

Auteur : Houssaye, Arsène (1814-1896). Auteur du texte

Auteur : Gautier, Théophile (1836-1904). Auteur du texte

Auteur : Saint-Victor, Paul de (1825-1881). Auteur du texte

Auteur : Murger, Henry (1822-1861). Auteur du texte

Auteur : Champfleury (1821-1889). Auteur du texte

Auteur : Monselet, Charles (1825-1888). Auteur du texte

Auteur : Segond, Albéric. Éditeur scientifique

Auteur : La Fizelière, Albert de (1819-1878). Éditeur scientifique

Éditeur : Alfred Cadart (Paris)

Date d'édition : 1859-1860

Sujet : Paris (France)

Sujet : Paris (France) -- Dans l'art

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb403641819

Type : image fixe

Type : estampe

Langue : français

Format : 24 fasc. en 1 vol. : ill. en noir, grav. ; 39 cm

Format : image/jpeg

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Description : Collection numérique : Fonds régional : Ville de Paris

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Description : Mécénat image fixe : Cet ouvrage a été numérisé grâce à Pierre Petitbon à la mémoire de René et Paule Petitbon

Description : Avec mode texte

Description : Vues topographiques -- +* 1870......- 1914......+:1870-1914:

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k10250468

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/10/2011

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LE

CABARET DE LA MERE MARIE.

Le chemin qui y mène, — c'est-à-dire les quelques rues qui partent du boulevard de l'Hôpital et aboutissent à la barrière des Deux-Moulins, — est bordé de maisons basses, bâties comme pour l'amour de Dieu, avec un peu de plâtre et beaucoup de boue. Cela ressemble plus à des huttes de Lapons qu'à des habitations de civilisés : maisons de petites gens, en effet, que ces maisons-là !

Tout ce quartier, d'ailleurs, a une physionomie bien tranchée, — si tranchée même qu'on ne dirait pas qu'il fait partie du Paris de 1859, du Paris élégant, du Paris de la Chaussée-d'Antin, du Paris de Notre-Dame de Lorette. C'est le jour et la nuit, c'est la soie et la bure, l'eau de lavande et l'eau de ruisseau. Les habitants de ce pays-là ne s'occupent pas des habitants des autres pays, — je veux dire des autres quartiers. Ils ont leurs moeurs à part, leur besogne à part, leurs peines à part, — et aussi leurs plaisirs.

Ainsi, quand vient le dimanche, toute cette population de tanneurs et de chiffonniers, de blanchisseuses et de cotonnières, se débarbouille un peu, s'attife, se pomponne, se pimpreloche, et tout cela, — femmes, enfants et vieillards, — se répand dans les guinguettes d'alentour, chez les brandeviniers de la barrière de Fontainebleau et de la barrière des Deux-Moulins. Les jeunes, mâles et femelles, vont « pincer un rigodon » à la Belle-Moissonneuse ; les vieux et les autres vont chez Aury ou chez Flamery, les Richefeu et les Desnoyers de ces parages.

Beaucoup aussi vont chez la Mère Marie, — un marchand de vin qui vit sur une vieille réputation.

Ce cabaret-là est plus engageant que les autres. Il n'y a pas, comme chez les voisins Aury et Flamery, des salons de cinq cents couverts ; on n'y fait pas nopces et festins ; mais, ce qui vaut mieux, on y boit et l'on y mange sous le plafond du bon Dieu, sous les arbres !

Il vous a une physionomie engageante au possible, ce cabaret des anciens jours! Tables rustiques, un peu vermoulues, sur lesquelles pleurent de temps en temps

les acacias qui les entourent, et que commencent à secouer les premières bises d'automne; puis, accoudés sur ces vieilles tables, bruyants et joyeux, des beuveurs de tout âge et de tout sexe, ouvriers et ouvrières, soldats et soldates, vieux et jeunes couples, des invalides de la vie et des invalides du sentiment, des passés et des futurs, des existences ébauchées et des existenc es finies! Les brocs se succèdent avec rapidité, les verres s'entre-choquent, les gibelottes s'engloutissent, les rires des vieux se mêlent aux pleurnichements des marmots, les jurons s'accouplent aux baisers, la santé trinque avec la sénilité, — et l'oubli descend sur toutes ces cervelles, un oubli de quelques heures.

Car ce n'est pas de la joie seulement qu'on vient chercher sous ces arbres, en face de ces pots de faïence et de ces verres à facettes grossières,—miniatures des tonneaux des Danaides; on y vient chercher le repos de la fatigue des six jours de la semaine, l'oubli des misères de la mansarde et de l'atelier. Pour quelques groupes heureux, composés du père, de la mère et des <r mioches» , il y a là aussi, comme dans tous les cabarets du monde, des groupes d'ivrognes endiablés qui viennent noyer leurs soucis dans des flots de vin bleu. « Encore une minute d'attention, et tu vas voir la bestialité dans toute sa candeur, » — dit Méphistophélès à Faust, dans la scène de la taverne, quand les étudiants commencent à se griser. Encore quelques instants et quelques lilies, et vous allez assister au naufrage de toutes ces pauvres raisons, déjà bien chancelantes! Des querelles vont naître, sous n'importe quel prétexte; la colère va monter, les injures et les coups vont s'échanger, — non pas dans le cabaret de la Mère Marie, mais sur le boulevard, dans la boue... Ainsi finira ce dimanche!

Malgré ces mauvais coucheurs, — c'est-à-dire, maigré ces mauvais buveurs qui sont destinés à mourir, un jour ou l'autre, d'une apoplexie de templier, — le cabaret de la Mère Marie est un des plus pittoresques et des plus vivants de la barrière. Il a une physionomie que n'ont pas les autres, et des habitués qui ne sont