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Titre : Masques et visages / Gavarni ; notice par C.-A. Sainte-Beuve

Auteur : Gavarni (1804-1866). Auteur du texte

Éditeur : C. Lévy (Paris)

Date d'édition : 1886

Contributeur : Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869). Préfacier

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30490889q

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (151 p.) : pl., ill., cart. ill. ; in-fol.

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Description : Mécénat texte imprimé : Cet ouvrage a été numérisé grâce à Henri-Jean Rey

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k1025045v

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/10/2011

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modernisé sans le vulgariser; il a inventé le débardeur, ce demi-déshabillé flottant, élégant, engageant, et où tous les avantages et les agréments naturels trouvent leur compte; il a refait un Pierrot tout neuf, original, coquettement coiffé, aux plis mous, relâchés, mais artistement agencés dans leur mollesse, un Pierrot plein de grâce et à faire envie aux plus séduisants minois.

Gavarni en un mot, a introduit et renouvelé la fantaisie dans l'amusement, dans la joie nocturne aux mille falots. Un souffle de Fragonard, de Watteau l'a inspiré à son tour, ou plutôt il n'a obéi qu'à la fée intérieure. Si on allait au fond de cet esprit observateur, un peu triste, un peu silencieux dans l'habitude, il se pourrait qu'en touchant ce luxe, cette élégance, cette poésie de costume, ce gai mensonge d'une heure, on fît vibrer la corde la plus sensible. Il aime assez la vie, il ne la trouve pas mauvaise, il l'a satirisée sans être misanthrope, et seulement parce qu'il ne pouvait s'empêcher de la voir telle qu'elle est; mais enfin la vie dans la réalité lui paraît plate; elle ne lui plaît jamais plus que quand il peut l'animer, la poétiser, la travestir; il eût été capable de faire des folies pour cela. « Mon royaume pour un cheval! » disait ce roi démonté dans une bataille; et lui, il eût été homme à dire jusque dans la détresse : « Je l'ai trouvé! coûte que coûte, à tout prix, il me le faut, ce beau costume que voilà! » C'est sa toquade à lui.

Il dut donc sacrifier au goût du public lorsqu'il travailla pour le Charivari, pour la Caricature. Une remarque pourtant, et bien essentielle, se place ici, aux origines de son talent, et se vérifie dans tout le cours de son oeuvre : une veine y fait défaut; absence heureuse! le crayon de Gavarni est innocent; il est pur et innocent de toute attaque et injure personnelle; cet homme, si habile à saisir le ridicule, ne fit jamais de caricature contre personne. La caricature est l'outrage au vrai, — outrage dans le sens d'outrance. Lui, il est peintre de moeurs; il n'a jamais fait une figure grimaçante exagérée. Gavarni a bien des cordes, il n'a pas celle de la caricature proprement dite ; il la laisse à Daumier, sans rival dans cette partie.

Ni la politique, — orateurs et avocats politiques, — ni la chicane et la basoche, à côté de Daumier; ni le militaire et le troupier après Horace Vernet et Charlet, et à côté de Raffet ; mais à Gavarni l'ordre civil et moral, régulier ou irrégulier dans tous les genres, la femme et tout ce qui s'ensuit, à tous les degrés et à tous les âges. — Il a repris le bourgeois après Henri Monnier, créateur du type; mais au célèbre acteur-auteur il laisse presque exclusivement les abîmes et les bas-fonds d'où l'éloigné et le rejette toujours cette même naturelle et instinctive élégance.

Comment analyser de telles séries? Comment détacher la légende et la séparer du dessin, faire comprendre l'une sans montrer l'autre? Chaque série de Gavarni a une idée philosophique et se pourrait renfermer dans un mot; mais ce mot, ce serait à lui de nous le dire, et il le lui faudrait arracher.

Ainsi, pour les Enfants terribles, le mot générateur de la série, c'est cet égoïsme profond de ces petits êtres qui, sans malice d'ailleurs ni arrière-pensée, leur fait tout voir par rapport à eux et les empêche de se rendre compte en rien de l'effet et de la catastrophe morale que leur imprudence va produire au dehors chez autrui.

Ainsi, pour la série des Coulisses, l'idée mère, c'est un contraste perpétuel entre ce qui se joue à haute voix devant le public et ce qui se dit de près au même moment entre acteurs, — comme quand Talma, par exemple, en pleine tragédie de Manlius, embrassé avec transport par son ami Servilius, lui disait à l'oreille : « Prenez garde de m'ôter mon rouge. »

Ainsi pour la série des Musiciens comiques ou des Physionomies de chanteurs, c'est le contraste et la disparate entre les paroles du chant ou la nature de l'instrument et la taille ou la mine du musicien, du chanteur ou de la cantatrice (une grosse femme chantant langoureusement : Si j'étais la brise du soir!)

Dans les Fourberies de femmes, je ne me flatterai pas de trouver la formule générale, mais cependant tout s'y rapporte à une fin, à la fin féminine par excellence : tromper pour un certain motif. Après La Fontaine, après nos vieux conteurs, après les fabliaux, Gavarni a fait, sans réminiscence aucune, sa série toute moderne, saisie sur le vif, d'après nature. Prenez la plus innocente de ces fourberies, celle de la jeune fille au bras de son papa qui la devine. — « Comment saviez-vous, papa, que j'aimais mosieu Léon? — Parce que tu me parlais toujours de mosieu Paul. » Allez à la plus calme, à la mieux établie et la mieux réglée de ces fourberies conjugales : un jeune homme dans un salon est assis bien à l'aise, installé dans un fauteuil, lisant comme chez lui, le c hapeau sur la tète; avec lui une jeune femme près de la fenêtre, debout, tient à la main son ouvrage et regarde en même temps dans la rue; et pour toute légende, ces mots : « Le v'là!... Ote ton chapeau. » D' un mot, c'est toute l'histoire. C'est l'heure où l'on revient du bureau; le sans-gêne n'est plus permis, il faut que le monsieur ait l'air d'être en visite....

La manière dont Gavarni trouve le plus souvent ses légendes est à noter. Il dessine sur la pierre couramment,